Une page d’amour
318 pages
Français

Une page d’amour

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
318 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

Une page d’amour est le huitième volume de la série Les Rougon-Macquart. L’héroïne est Hélène Grandjean, fille d’Ursule Macquart et du chapelier Mouret. À l’âge de dix-sept ans, elle épouse un nommé Grandjean qui lui a donne une fille, Jeanne, maladive et en proie à des « crises » régulières. Extrait : Mon Dieu ! et ne savoir que faire ! Comme ça, brusquement, dans la nuit. Pas même de lumière. Ses idées se brouillaient. Elle continuait de causer à sa fille, l'interrogeant et répondant pour elle. C'était dans l'estomac que ça la tenait 

Informations

Publié par
Nombre de lectures 31
EAN13 9782824702575
Langue Français

Extrait

ÉMI LE ZOLA
U N E P A GE D’AMOU R
BI BEBO O KÉMI LE ZOLA
U N E P A GE D’AMOU R
1878
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-0257-5
BI BEBO OK
w w w .bib eb o ok.comLicence
Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
Except where otherwise noted, this work is licensed under
h tt p : / / c r e a ti v e c o m m on s . or g / l i c e n s e s / b y - s a / 3 . 0 /
Lir e la licence
Cee œuv r e est publié e sous la licence CC-BY -SA, ce qui
signifie que v ous p ouv ez lég alement la copier , la r e
distribuer , l’ env o y er à v os amis. V ous êtes d’ailleur s
encourag é à le fair e .
V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.Pr emièr e p artie
1CHAP I T RE I
 ,  un cor net bleuâtr e , brûlait sur la cheminé e ,
der rièr e un liv r e , dont l’ ombr e no yait toute une moitié de laL chambr e . C’était une calme lueur qui coup ait le guéridon et la
chaise longue , baignait les gr os plis des ride aux de v elour s, azurait la glace
de l’ar moir e de p alissandr e , placé e entr e les deux fenêtr es. L’har monie
b our g e oise de la piè ce , ce bleu des tentur es, des meubles et du tapis, pr
enait à cee heur e no ctur ne une douceur vague de nué e . Et, en face des
fenêtr es, du côté de l’ ombr e , le lit, ég alement tendu de v elour s, faisait une
masse noir e , é clairé e seulement de la pâleur des draps. Hélène , les mains
cr oisé e s, dans sa tranquille aitude de mèr e et de v euv e , avait un lég er
souffle .
A u milieu du silence , la p endule sonna une heur e . Les br uits du
quartier étaient morts. Sur ces hauteur s du T r o cadér o , Paris env o yait seul son
lointain r onflement. Le p etit souffle d’Hélène était si doux, qu’il ne
soulevait p as la ligne chaste de sa g or g e . Elle sommeillait d’un b e au sommeil,
2Une p ag e d’amour Chapitr e I
p aisible et fort, av e c son pr ofil cor r e ct et ses che v eux châtains
puissamment noués, la tête p enché e , comme si elle se fût assoupie en é coutant.
A u fond de la piè ce , la p orte d’un cabinet grande ouv erte tr ouait le mur
d’un car ré de ténèbr es.
Mais p as un br uit ne montait. La demie sonna. Le balancier avait
un baement affaibli, dans cee for ce du sommeil qui ané antissait la
chambr e entièr e . La v eilleuse dor mait, les meubles dor maient  ; sur le
guéridon, près d’une lamp e éteinte , un ouv rag e de femme dor mait. Hélène ,
endor mie , g ardait son air grav e et b on.
and deux heur es sonnèr ent, cee p aix fut tr oublé e , un soupir
sortit des ténèbr es du cabinet. Puis, il y eut un fr oissement de ling e , et le
silence r e commença. Maintenant, une haleine oppr essé e s’ entendait.
Hélène n’avait p as b oug é . Mais, br usquement, elle se soule va. Un
balbutiement confus d’ enfant qui souffr e v enait de la ré v eiller . Elle p ortait les
mains à ses temp es, encor e ensommeillé e , lor squ’un cri sourd la fit
sauter sur le tapis.
― Je anne  !. . . Je anne  !. . . qu’as-tu  ? rép onds-moi  ! demanda-t-elle .
Et, comme l’ enfant se taisait, elle mur mura, tout en courant pr endr e
la v eilleuse  :
― Mon Dieu  ! elle n’était p as bien, je n’aurais p as dû me coucher .
Elle entra viv ement dans la piè ce v oisine où un lourd silence s’était
fait. Mais la v eilleuse , no yé e d’huile , avait une tr emblante clarté qui
env o yait seulement au plafond une tache r onde . Hélène , p enché e sur le lit de
fer , ne put rien distinguer d’ab ord. Puis, dans la lueur bleuâtr e , au milieu
des draps r ejetés, elle ap er çut Je anne raidie , la tête r env er sé e , les muscles
du cou rigides et dur s. Une contraction défigurait le p auv r e et adorable
visag e , les y eux étaient ouv erts, fix és sur la flè che des ride aux.
― Mon Dieu  ! mon Dieu  ! cria-t-elle , mon Dieu  ! elle se meurt  !
Et, p osant la v eilleuse , elle tâta sa fille de ses mains tr emblantes. Elle
ne put tr ouv er le p ouls. Le cœur semblait s’ar rêter . Les p etits bras, les
p etites jamb es se tendaient violemment. Alor s, elle de vint folle , s’ép
ouvantant, bég ayant  :
― Mon enfant se meurt  ! A u se cour s  !. . . Mon enfant  ! mon enfant  !
Elle r e vint dans la chambr e , tour nant et se cognant, sans sav oir où elle
allait  ; puis, elle r entra dans le cabinet et se jeta de nouv e au de vant le lit,
3Une p ag e d’amour Chapitr e I
app elant toujour s au se cour s. Elle avait pris Je anne entr e ses bras, elle lui
baisait les che v eux, pr omenait les mains sur son cor ps, en la suppliant de
rép ondr e . Un mot, un seul mot. Où avait-elle mal  ? D ésirait-elle un p eu
de la p otion de l’autr e jour  ? Peut-êtr e l’air l’aurait-il ranimé e  ? Et elle
s’ entêtait à v ouloir l’ entendr e p arler .
― Dis-moi, Je anne , oh  ! dis-moi, je t’ en prie  !
Mon Dieu  ! et ne sav oir que fair e  ! Comme ça, br usquement, dans
la nuit. Pas même de lumièr e . Ses idé es se br ouillaient. Elle continuait
de causer à sa fille , l’inter r og e ant et rép ondant p our elle . C’était dans
l’ estomac que ça la tenait  ; non, dans la g or g e . Ce ne serait rien. Il fallait
du calme . Et elle faisait un effort p our av oir elle-même toute sa tête . Mais
la sensation de sa fille raide entr e ses bras lui soule vait les entrailles. Elle la
r eg ardait, conv ulsé e et sans souffle  ; elle tâchait de raisonner , de résister
au b esoin de crier . T out à coup , malgré elle , elle cria.
Elle trav er sa la salle à mang er et la cuisine , app elant  :
― Rosalie  ! Rosalie  !. . . Vite , un mé de cin  !. . . Mon enfant se meurt  !
La b onne , qui couchait dans une p etite piè ce der rièr e la cuisine ,
p oussa des e x clamations. Hélène était r e v enue en courant. Elle piétinait
en chemise , sans p araîtr e sentir le fr oid de cee glaciale nuit de fé v rier .
Cee b onne laisserait donc mourir son enfant  ! Une minute s’était à p eine
é coulé e . Elle r etour na dans la cuisine , r entra dans la chambr e . Et, r
udement, à tâtons, elle p assa une jup e , jeta un châle sur ses ép aules. Elle
r env er sait les meubles, emplissait de la violence de son désesp oir cee
chambr e où dor mait une p aix si r e cueillie . Puis, chaussé e de p antoufles,
laissant les p ortes ouv ertes, elle descendit elle-même les tr ois étag es, av e c
cee idé e qu’ elle seule ramènerait un mé de cin.
and la concier g e eut tiré le cordon, Hélène se tr ouva dehor s, les
or eilles b ourdonnantes, la tête p erdue . Elle descendit rapidement la r ue
Vineuse , sonna chez le do cteur Bo din, qui avait déjà soigné Je anne  ; une
domestique , au b out d’une éter nité , vint lui rép ondr e que le do cteur était
auprès d’une femme en couches. Hélène r esta stupide sur le tr ooir . Elle
ne connaissait p as d’autr e do cteur dans Passy . Pendant un instant, elle
bait les r ues, r eg ardant les maisons. Un p etit v ent glacé soufflait  ; elle
mar chait av e c ses p antoufles dans une neig e légèr e , tombé e le soir . Et
elle avait toujour s de vant elle sa fille , av e c cee p ensé e d’ang oisse qu’ elle
4Une p ag e d’amour Chapitr e I
la tuait en ne tr ouvant p as tout de suite un mé de cin. Alor s, comme elle
r emontait la r ue Vineuse , elle se p endit à une sonnee . Elle allait toujour s
demander  ; on lui donnerait p eut-êtr e une adr esse . Elle sonna de nouv e au,
p ar ce qu’ on ne se hâtait p as. Le v ent plaquait son mince jup on sur ses
jamb es, et les mè ches de ses che v eux s’ env olaient.
Enfin, un domestique vint ouv rir et lui dit que le do cteur D eb erle était
couché . Elle avait sonné chez un do cteur , le Ciel ne

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents