Les gorges de la Salouen moyenne et les montagnes entre Salouen et Mékong - article ; n°283 ; vol.50, pg 180-195
29 pages
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Description

Annales de Géographie - Année 1941 - Volume 50 - Numéro 283 - Pages 180-195
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1941
Nombre de lectures 86
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

André Guibaut
Louis Liotard
Les gorges de la Salouen moyenne et les montagnes entre
Salouen et Mékong
In: Annales de Géographie. 1941, t. 50, n°283. pp. 180-195.
Citer ce document / Cite this document :
Guibaut André, Liotard Louis. Les gorges de la Salouen moyenne et les montagnes entre Salouen et Mékong. In: Annales de
Géographie. 1941, t. 50, n°283. pp. 180-195.
doi : 10.3406/geo.1941.11765
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1941_num_50_283_11765180
LES GORGES DE LA SALOUEN MOYENNE
ET LES MONTAGNES ENTRE ET MÉKONG1
(Pl. I VI.)
Partis de France en avril 1936 pour tenter une reconnaissance des
territoires encore inexplorés aux confins de la Chine, de la Birmanie
et du Tibet, nous avons gagné Yunnan-Fou par le chemin de fer, puis
Tali-Fou par la route, bientôt abandonnée pour la piste muletière. Là,
apprenant que les autorités s'opposaient à ce que nous continuions
par la route du Tibet, nous avons décidé de suivre, non plus le Mékong,
mais la Salouen. Nous savions les difficultés d'une telle entreprise
qui n'avait jamais encore été réalisée par aucun voyageur européen
ou américain, et qui avait même coûté la vie à deux explorateurs
allemands. Elle valait la peine d'être tentée, avec l'espoir d'effacer
une tache blanche de la carte2.
En route le 22 août avec une caravane de muletiers chinois, nous
franchissions le Mékong le 29 sur le vieux pont à chaîne de Ping Po
(pl. I, A) et atteignions la Salouen, franchie au bac de Kanglang, le
4 septembre (voir l'itinéraire, carte hors texte : pl. VI). Les Chinois
refusant de pousser plus loin, il a fallu continuer à pied avec une
équipe de porteurs indigènes, souvent renouvelée. Le 1er octobre, nous
abordions, à Chitzelo,le vrai pays Lissou, complètement inconnu. C'est
là, à quelques kilomètres de Changpa, où nous sommes arrivés le 15,
1. Ces pages sont le résumé d'une rédaction plus longue que les auteurs ont confiée,
avec tous les documents de géographie physique de leur voyage, à l'Institut de Géogra
phie de l'Université de Paris, au moment de repartir pour une expédition plus aventu
reuse encore. A cette expédition, dont l'objectif était la région presque entièrement
inconnue des frontières orientales du Tibet entre le haut Yangtsé et le haut Hoangho,
ils allaient bien mieux équipés et mieux préparés à tous égards et on était en droit d'en
attendre des résultats beaucoup plus importants. D'après des nouvelles qui n'ont pu
être précisées, la caravane aurait été attaquée par des brigands, et Mr Liotard aurait
été tué, le sort de Mr Guibaut restant inconnu. A en juger d'après ce qu'a rapporté
l'exploration de la Salouen moyenne, accomplie dans des conditions matérielles qu'on
pourrait qualifier de misérables et dont la réussite a été une chance récompensant le
courage, on doit doublement regretter le sort qui frappe la nouvelle tentative sur
un des rares domaines encore mystérieux de l'Asie centrale. Nous avons voulu ne rien
négliger pour tirer parti des résultats de l'exploration de la moyenne Salouen. Les
documents ethnologiques déposés au Musée de l'Homme et les notes qui s'y rapportent
pourront faire l'objet d'un second article. — Emm. de Mahtonne.
2. La partie moyenne du cours de la Salouen, que nous avons réussi à suivre, n'avait
été reconnue qu'en aval de Chitzelo par Lytton et Foirest, venant de Birmanie
(G. Forrest, Journey on upper Salween, Geogr. Journ., 1908, t. XXXII, p. 239-264,
carte à 1 : 750 000), et en amont de Latsa par Kingdon Ward qui venait du Nord
(Through the Lutzu country to Mekong, Geogr. Journ., 1912, t. XXXIX, p. 582-592, carte
à 1 : 500 000). Le Prince Henri d'ORLÉANs a vu lui-même le fleuve entre Loukou et
Lotsolo dans son voyage de 1895 (Prince Henri d'O iléans, Du Tonkin aux Indes, Paris,
1898). La section complètement inconnue s'étendait, en somme, de Latsa à Lotsolo. Z rí de Géographie. № 283. Tome L. Pl. I. Annales
Ш
A. - I>ONT IIOUTIÎ DE PING DE PO TAM-h'OU (1390 m..) A BAHJK). SUR LE MÉKONG.
B. VILLAGE DE CHITZELO ET PIC YAKO (PAYS LISSOU).
Clichés G ч iba и L-I-iala vil. GORGES DE LA SALOUEN MOYENNE 181 LES
qu'ont été massacrés les Allemands Brunhuber et Schmitz. Nous
avons décidé de donner leur nom au pic déchiqueté qui domine les
gorges où nous avons dû, vers Lisati, escalader des murailles à pic
(pi. II, A, et IV, A)1.
C'est la région où Mékong et Salouen sont le plus rapprochés ; la
construction de notre itinéraire a révélé que leur distance à vol
d'oiseau n'est ici que de 13 km.
Le 2 décembre, après une rude montée, nous arrivions à la Mission-
catholique de Bahang, qui nous retint, à 2 500 m., pour un hivernage
de sept semaines. Après une pointe en territoire tibétain, en compag
nie du Père Bardin, nous quittions enfin la vallée de la Salouen, que
nous avions suivie presque continuellement à pied, et, franchissant
dans la neige, à 5 000 m., le col de Ghoula, nous descendions au
Mékong, atteint à 2 300 m. La tache blanche de la carte était ef'acée ;
au prix de quels dangers et de quelles fatigues, ce n'est pas le lieu d'y
insister.
On voudrait donner ici une idée de cette vallée de la Salouen, la
plus profonde et la plus sauvage des grandes gorges par lesquelles
les grands fleuves, nés sur les plateaux de l'Asie Centrale, entament
la bordure de ces hautes terres pour déboucher dans les régions péri
phériques du Sud-Est de l'Asie. C'est probablement une des plus
impressionnantes gorges du monde entier. En tout cas, quoique le
cours de la Salouen ne soit pas encore entièrement connu, il est permis
de dire que nulle part en amont ou en aval il n'existe rien de semb
lable. Coulant à 2 000 m. d'altitude au Nord entre des versants
desséchés couronnés de neiges et de glaces, le fleuve est, 400 km. plus
loin, à 900 m. seulement, à la lisière de la jungle indo-malaise. Sur
tout ce parcours, il coule à 400 ou 500 m. plus bas que le Mékong. Ce
fait, ajouté à la pente moyenne de près de 3 p. 1 000, pour un fleuve
de gros débit, donne une idée de la puissance d'érosion et des effets
grandioses qui ont pu être atteints. Des semaines et des mois passés
à peiner au milieu de spectacles aussi impressionnants finissent par
laisser le voyageur insensible ou incapable de traduire ce qu'il voit.
On perd la notion de la hauteur et de la pente, en même temps que
celle du danger. Il faut le témoignage des instruments et des photograp
hies pour apprécier les accidents d'un relief déconcertant.
La vallée de la Salouen n'est point cependant une gorge continue ;
à plusieurs reprises sa section s'évase, sans cesser d'être très profonde.
Од pourrait y distinguer de l'amont à l'aval (c'est-à-dire en sens con
traire de notre voyage) le secteur tibétain du Tsarong, où le fleuve
achève la traversée du plateau central et commence à s'encaisser,.
1. C'est le point le plus septentrional qu'ont pu apercevoir les malheureux explo
rateurs. La vallée de la Salouen avait vu déjà disparaître un autre Européen, l'Anglais
Margary, empoisonné. 182 ANNALES DE GÉOGRAPHIE
la Grande Gorge traversant une importante chaîne qui pourrait être
rattachée au système himalayen ; — le secteur du Loutseu Kiang,
séparé par les gorges de Lisati du Pays Lissou ; — ■ enfin les gorges
d'Herpielo, dernier obstacle avant l'apparition de la véritable jungle
et des petites plaines comme celle du bac de Kanglang.
Secteur du Tsarong (Tibet). — A Tchrana (à près de 2 000 m.), la
Salouen a déjà commencé à approfondir sa vallée ; la différence d'alti
tude entre le thalweg et les lignes de partage des eaux dépasse proba
blement 3 500 m. Mais les sommets de 5 500 et même de 6 000 m.
sont relativement assez éloignés, les deux fleuves voisins, Iraouaddi
et Mékong, étant à 70 km. à vol d'oiseau. La pente générale des
versants est étonnamment régulière ; leurs longues courbes ne sont
rompues par aucun des innombrables accidents qu'on rencontre dans
le Sud (falaises, pitons isolés, coupures étroites de torrents, etc.).
A Tchrana même, le

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