Baisse de régime de l'industrie automobile en 2005

Thierry Méot

Description

La production de l'industrie automobile en France baisse de 3,5 % en volume en 2005. Les exportations fléchissent et les marques françaises perdent des parts de marché en Europe. La demande intérieure reste ferme mais fait une plus large part aux importations. La forte hausse du prix des achats pénalise de surcroît les entreprises de la branche. L'emploi en France résiste néanmoins et les groupes automobiles français compensent un contexte européen difficile par leurs résultats à l'échelle mondiale, en particulier dans les pays émergents. Manœuvrant entre difficultés conjoncturelles et défis pour son avenir, l'industrie automobile maintient son effort de recherche et d'innovation en France. Des coûts de production accrus Un marché français de plus en plus hétérogène L'excédent des échanges extérieurs se réduit L'emploi et l'investissement en panne L'horizon du monde, dans une concurrence exacerbée Un premier semestre 2006 décevant

Sujets

• INSEE
• Automobile
• Entreprise
• Europe
• Industrie
• Production
• Transport
• Valeur ajoutée

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Extrait

N° 1103 - SEPTEMBRE 2006
PRIX : 2,30€
Baisse de régime
de l'industrie automobile en 2005
Thierry Méot, division Comptes et études de l'industrie, Insee
a production de l'industrie automo- véhicules industriels est le seul segment épar-
gné. La valeur ajoutée suit la même pente,bile en France baisse de 3,5 % en
avec une diminution de 3 % en volume (gra-Lvolume en 2005. Les exportations
phique 1).
fléchissent et les marques françaises per-
Les entreprises de l'automobile ont subi en
dent des parts de marché en Europe. La 2005 une très forte hausse du prix de leurs
demande intérieure reste ferme mais fait approvisionnements. L'indice des prix en euros
une plus large part aux importations. La des matières industrielles importées a par
exemple bondi de 17,5 %, celui des métauxforte hausse du prix des achats pénalise
non ferreux de 21,8 %, après des haussesde surcroît les entreprises de la branche.
comparables en 2004. Globalement, le prix des
L'emploi en France résiste néanmoins et
consommations intermédiaires de la branche
les groupes automobiles français com- automobile croît de 4,9 % en 2005, ce qui cons-
pensent un contexte européen difficile titue un record dans la chronique des quinze
par leurs résultats à l'échelle mondiale, dernières années (graphique 2). Confrontés à
la morosité du marché européen et à la guerreen particulier dans les pays émergents.
des prix qui en découle, les constructeurs ontManœuvrant entre difficultés conjonctu-
accentué leur pression sur les équipementiers ;
relles et défis pour son avenir, l'industrie
les plus touchés sont surtout ceux situés le plus
automobile maintient son effort de re- en amont de la filière, comme la fonderie ou le
cherche et d'innovation en France. travail des métaux. Les groupes automobiles
continuent d'adapter leur processus de produc-
Après les forts taux de croissance de la fin des tion. Par exemple le groupe PSA poursuit la
années quatre-vingt-dix, la production de l'in- généralisation des plates-formes communes à
dustrie automobile (définitions) en France plusieurs modèles, tandis que l'Alliance
oscille entre baisse et faible hausse depuis Renault-Nissan développe celles communes
2001. En 2005, le recul annuel atteint 3,5 % en aux modèles des deux partenaires. Les entre-
volume. Il affecte aussi bien les constructeurs prises de la branche bénéficient en outre de la
français qu'étrangers, qui assurent 10 % de la progression de 3,3 % de la productivité horaire
production sur le territoire. La fabrication de du travail en France en 2005.
Baisse de la valeur ajoutée de l'industrie automobile
en %
25 10
9
20
8
15 Part de l'automobile dans la valeur ajoutée
7des industries manufacturières (échelle de droite)
10
6
5 5
4
0
3
-5
2
-10
1
Évolution de la valeur ajoutée de la branche automobile (échelle de gauche)
-15 0
1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005
Source : comptes nationaux base 2000, Insee.
INSEE
PREMIERE(+ 17,2 %) qui contribuent à cette crois-Un marché français L'excédent des échanges
sance, et plus de 90 % des 8 100 immatri-de plus en plus hétérogène extérieurs se réduit
culations neuves sont de marque
étrangère.Les immatriculations de voitures neu- Malgré la bonne tenue de la compétiti-
ves par les particuliers augmentent de vité-prix française, les exportations de
Les prix de la production et des2,4 % (+ 1,2 % en 2004) et représentent l'industrie automobile baissent de
consommations intermédiaires59 % du marché national en 2005. La 1,3 % en volume en 2005. Ce sont pour
de l'automobiledifférenciation des acquisitions se pour- la plus grande part les exportations à
en %suit, dessinant peu à peu une demande destination des pays européens qui flé-
5
à deux vitesses : certains consomma- chissent (tableau 2), du fait de l'atonie
teurs plébiscitent de plus en plus les des marchés et d'une moindre attracti-4
Indice de prix des consommations intermédiaires
voitures « low cost » comme la Logan vité des marques françaises (tableau 3).de la branche automobile
3
(10 000 ventes en France en 2005, le La baisse affecte aussi bien les exporta-Indice de prix de la production
de la branche automobiledouble attendu en 2006) ; d'autres 2 tions de véhicules que celles des équi-
consommateurs prisent les voitures pements (définitions).
1
haut de gamme, particulièrement les La croissance des importations en
4 x 4 de luxe et les sportives, en pro- 0 volume (+ 3,5 %) est par contre plus forte
gression régulière. Ces derniers seg- pour les véhicules que pour les équipe-
-1
ments ne sont pas favorables aux ments. Les importations d'automobiles
-2marques françaises, qui continuent de de marque étrangère se conjuguent aux
perdre des parts de marché au profit achats de véhicules de marque fran-
-3
1991 1993 1995 1997 1999 2001 2003 2005des marques allemandes et japonaises. çaise fabriqués en Espagne ou dans les
Source : comptes nationaux base 2000, Insee.En hausse depuis 2003, la part des pays d'Europe centrale et orientale.
immatriculations étrangères en France
La demande reste soutenue pour l'industrie automobile en 2005atteint 44 %, frôlant ainsi son plus haut
évolution en %niveau historique de 1997.
L'investissement des entreprises en 2003 2004 2005
produits de la branche automobile Valeur
Volume Prix Volume Prix Volume Prix
(milliards d'euros)croît de 4,3 % en volume en 2005
(tableau 1). Après trois années de Production – 3,0 – 1,9 1,7 1,5 – 3,5 2,0 90,5
Importations 2,1 – 0,4 7,9 0,9 3,5 2,6 43,7vaches maigres, les immatriculations
de voitures par les sociétés progres- Consommation intermédiaire -8,4 0,0 -2,6 0,5 – 5,4 7,5 34,6
Consommation des ménages – 1,7 1,6 2,9 2,3 1,9 1,5 55,4sent de 3,1 %. Celles des véhicules
Formation brute de capital fixe – 1,3 1,8 4,2 2,2 4,3 1,7 23,0utilitaires légers restent bien orien-
Exportations 8,6 -5,7 7,0 0,9 – 1,3 – 0,9 52,2
tées (+ 2,8 %). Mais ce sont
essentiellement les véhicules industriels Source : comptes nationaux base 2000, Insee.
Les échanges extérieurs de la France en produits de l’industrie automobile avec ses partenaires de l’Union européenne
en millions d’euros
Exportations (FAB) Importations (CAF) Solde
2002 2003 2004 2005 2002 2003 2004 2005 2002 2003 2004 2005
Construction automobile 28 253 29 251 32 106 31 305 23 221 22 682 24 618 26 632 5 032 6 569 7 488 4 673
dont Belgique et Luxembourg 2 976 3 217 3 452 3 211 1 298 1 160 1 300 1 288 1 678 2 057 2 151 1 923
Allemagne 5 158 6 110 6 368 6 777 9 287 9 009 9 689 10 535 – 4 129 – 2 899 – 3 321 – 3 758
Italie 4 395 4 523 4 650 4 231 1 815 1 698 1 697 1 766 2 580 2 825 2 952 2 465
Royaume-Uni 4 730 3 791 4 719 3 929 2 020 1 786 2 167 2 133 2 710 2 004 2 552 1 796
Espagne 6 084 6 599 7 227 7 664 6 930 7 214 7 678 8 001 – 846 – 615 – 451 – 337
République tchèque 294 292 306 333 259 225 252 453 36 67 53 – 120
Hongrie 262 275 306 235 91 48 71 185 171 227 235 50
Pologne 587 689 728 597 75 104 140 186 512 585 588 411
Slovénie 195 225 306 359 346 254 315 588 – 152 – 29 – 8 – 229
Équipements automobiles 11 070 10 841 10 501 10 175 9 168 9 928 10 731 11 061 1 902 913 – 230 – 885
dont Belgique et Luxembourg 569 547 641 684 454 436 503 534 115 111 138 149
Allemagne 2 703 2 638 2 594 2 444 3 777 3 985 4 295 4 299 – 1 074 – 1 346 – 1 701 – 1 855
Italie 784 770 792 791 1 353 1 465 1 578 1 625 – 569 – 695 – 786 – 834
Royaume-Uni 1 797 1 821 1 853 1 678 755 902 903 841 1 043 919 950 837
Espagne 3 512 3 485 2 844 2 750 1 610 1 745 1 949 2 090 1 902 1 741 895 660
République tchèque 132 140 159 195 200 215 196 237 – 68 – 75 – 38 – 42
Hongrie 115 82 48 66 29 30 43 46 86 52 5 20
Pologne 117 153 158 166 163 228 284 284 – 45 – 76 – 126 – 118
Slovénie 305 247 302 378 83 77 85 88 222 170 217 290
Sources : Douanes ; Insee.
INSEE - 18, BD ADOLPHE PINARD - PARIS CEDEX 14 - TÉL. : [phone]
INSEE
PREMIEREAprès un excédent record en 2004 Valeo et Bosch les suivent respective- constructeurs généralistes. Ceux-ci ont
(12,2 milliards d'euros), le solde du com- ment en quatrième et cinquième position. fait la preuve de leur capacité à rebondir :
merce extérieur reste largement positif leur production mondiale hors de France
mais baisse de 3,7 milliards. croît et représente 47 % de leur production
L'horizon du monde, totale. Ils consolident leurs implantations
sur les march&