Orientation économique et croissance locale de l emploi dans les bassins de vie des bourgs et petites villes
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Orientation économique et croissance locale de l'emploi dans les bassins de vie des bourgs et petites villes

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L'examen de la façon dont se combinent localement les principales activités économiques met en évidence le poids croissant dans les emplois ruraux, des activités destinées à satisfaire les besoins des populations locales, activités qui constituent le socle d'une économie dite « résidentielle ». Parallèlement, l'agriculture et les secteurs qui lui sont directement liés, base traditionnelle des économies rurales, pèsent aujourd'hui peu et sont largement devancés par les secteurs industriels. Ainsi, alors qu'en 1990, seul un tiers des bassins de vie animés par un bourg ou une petite ville comptent plus d'emplois résidentiels que d'emplois agricoles et industriels, ils sont, en 1999, plus de la moitié à être dans ce cas. Au cours de la période, ces bassins à économie résidentielle ont connu un développement économique plus favorable que les bassins à caractère plus industriel ou agricole. En outre, toutes choses égales par ailleurs, la croissance de l'emploi a été plus marquée dans les bassins proches des grands pôles urbains et la dynamique démographique locale influence positivement le développement des activités économiques. Si, en parallèle, la croissance de la population a été favorisée par la croissance économique locale, cette dernière engendre plus de croissance démographique locale que la croissance démographique n'engendre de croissance économique locale.

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Langue Français

Extrait

TERRITOIRE
Orientation économique et cr oissance
locale de l’emploi dans les bassins de vie
des bourgs et petites villes
Michel Blanc * et Bertrand Schmitt **
avec la collaboration de Éric Ambiaud ***

L ’examen de la façon dont se combinent localement les principales activités économi-
ques met en évidence le poids croissant dans les emplois ruraux, des activités destinées
à satisfaire les besoins des populations locales, activités qui constituent le socle d’une
économie dite « résidentielle ». Parallèlement, l’agriculture et les secteurs qui lui sont
directement liés, base traditionnelle des économies rurales, pèsent aujourd’hui peu et
sont largement devancés par les secteurs industriels. Ainsi, alors qu’en 1990, seul un
tiers des bassins de vie animés par un bourg ou une petite ville comptent plus d’emplois
résidentiels que d’emplois agricoles et industriels, ils sont, en 1999, plus de la moitié à
être dans ce cas. Au cours de la période, ces bassins à économie résidentielle ont connu
un développement économique plus favorable que les bassins à caractère plus industriel
ou agricole. En outre, toutes choses égales par ailleurs, la croissance de l’emploi a été
plus marquée dans les bassins proches des grands pôles urbains et la dynamique démo-
graphique locale infl uence positivement le développement des activités économiques.
Si, en parallèle, la croissance de la population a été favorisée par la croissance écono-
mique locale, cette dernière engendre plus de croissance démographique locale que la
croissance démographique n’engendre de croissance économique locale.


* Inra, ESR, Toulouse ; ** Inra, CESAER, Dijon ;*** Insee Midi-Pyrénées, Toulouse.
Ce travail a été, pour une large partie, réalisé dans le cadre du groupe de travail Insee-IFEN-Inra-Scees « Structuration
de l’espace rural : une approche par les bassins de vie », coordonné par le Pôle de services de l’action régionale
Analyse territoriale de la DR-Insee PACA, Marseille. Les auteurs tiennent à remercier les membres de ce groupe pour
leurs remarques et conseils, et plus particulièrement les animateurs effi caces du groupe de travail que furent Philippe
Julien et Michel Gaudey. Ils remercient également les deux relecteurs anonymes pour leurs judicieuses suggestions.
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 402, 2007 57 éfi nir l’espace rural n’est jamais opéra- l’emploi. Un tel découpage territorial permet D tion aisée. Dans la plupart des conventions de préciser ce qui différencie les espaces ruraux
statistiques, il est identifi é comme un reste : la entre eux. Cet angle d’attaque, complémentaire
partie du territoire qui n’est pas urbaine, la ville de l’examen des critères de différenciation entre
pouvant, quant à elle, être défi nie de différen- espaces ruraux, périurbains et urbains (Inra et
tes manières. Dans l’opposition ancienne entre Insee, 1998 ; Bessy-Pietri et al. , 2000 ; Morel
communes rurales et communes urbaines, elle et Redor, 2006), est celui qui est adopté ici pour
est conçue comme un espace caractérisé par la analyser la différenciation spatiale des orienta-
continuité du bâti et par le regroupement d’une tions économiques des territoires ruraux et de
population dépassant un certain seuil. Elle peut leur croissance.
aussi être vue comme un centre d’emploi polari-
sant, autour de lui, des espaces plus résidentiels Étant donnée la for te différenciation, notam-
dont les habitants travaillent en majorité dans ment intersectorielle, des évolutions de l’emploi
ce centre. C’est cette logique qui a présidé au (Doguet, 2004), on peut supposer que les dyna-
zonage en aires urbaines et en aires d’emploi miques économiques rurales sont particulière-
de l’espace rural (ZAUER) dans lequel les aires ment dépendantes des structures productives
urbaines sont constituées par des pôles urbains locales. Nombreux sont aujourd’hui les travaux
(unités urbaines offrant au moins 5 000 emplois) d’économie régionale ou urbaine qui révèlent le
entourés de leur couronne périurbaine principa- rôle-clé joué par la nature des structures éco-
lement peuplée de migrants alternants, le reste nomiques sur la croissance locale de l’emploi
du territoire constituant soit une frange périur- (Gaigné et al., 2005). Ainsi, bien que leurs
baine multipolarisée, soit l’espace à dominante résultats soient contrastés, Glaeser et al. (1992),
rurale (Vallès, 2002). Henderson et al. (1995) tout comme Combes
(2000) ou Combes et al. (2004) ont montré que
la nature plus ou moins spécialisée de la struc-Cependant, une enquête réalisée par le Credoc a
ture industrielle locale infl uence fortement la révélé que les Français avaient une conception
croissance économique des zones d’emploi et/beaucoup plus large du rural (Bigot et Hatchuel,
ou des zones urbaines.2002). Ainsi, l’immense majorité des résidents
des couronnes périurbaines considèrent qu’ils
vivent dans le rural. Il en va aussi de même
L ’impor tance de l’économie pour certains habitants des pôles urbains. Vivre
« résidentielle » parmi les emplois rurauxà la campagne consisterait donc à résider dans
des espaces de faible densité et en des lieux où
l’on est à proximité immédiate d’espaces natu- En complément à la classifi cation traditionnelle
rels ou cultivés. C’est à cette notion de rural des activités économiques en trois secteurs pro-
élargi, c’est-à-dire regroupant avec l’espace à posée par Clarke (1951) et en s’inspirant d’ap-
dominante rurale, l’ensemble des communes proches comme la théorie de la base exporta-
périurbaines et les pôles urbains de moins de trice, on doit aujourd’hui, et notamment quand
30 000 habitants, que se réfère le découpage en on s’intéresse aux bassins de vie des bourgs et
bassins de vie des bourgs et petites villes qui petites villes, considérer que l’économie de ces
a été réalisé pour le Comité interministériel de territoires est structurée par deux grands types
l’aménagement et du développement du terri- d’activités : celles essentiellement destinées à
toire (Insee, 2003). Ainsi délimité, le territoire satisfaire les besoins des populations locales
« rural » recouvre quasiment les quatre cinquiè- (qu’elles soient permanentes ou temporaires) et
mes (79 %) de la superfi cie du pays et abrite celles produisant ou contribuant à produire des
un peu plus du tiers de sa population (36 %). biens et services destinés à un marché plus vaste
La densité d’habitants y est faible (49 habitants que le seul marché local, que celui-là soit régio-
au kilomètre carré) comparée au reste du pays nal, national ou international. Les premières sont
(324 habitants au kilomètre carré). Au sein de beaucoup moins exposées que les secondes à la
ce territoire, 1 745 communes ou unités urbai- concurrence d’entreprises situées à l’extérieur de
nes constituant des centres de services ont été leur bassin de vie et leur dynamique est davan-
identifi ées. Chacune polarise autour d’elle tage affectée par les évolutions démographi-
d’autres communes avec lesquelles elle forme ques locales. Parmi les activités répondant aux
un « bassin de vie ». Ces bassins, dont on trou- demandes de marchés externes au bassin de vie,
vera une défi nition précise dans Julien (2007), il convient de distinguer tout d’abord celles qui
constituent la plus petite maille territoriale sur relèvent de la production agricole et de sa trans-
laquelle les habitants ont un accès aux princi- formation, qui, du fait de leur fort attachement
paux services et, dans une certaine mesure, à au sol, ont longtemps été considérées comme
58 ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 402, 2007l’élément structurant de l’économie des espaces peu plus de la moitié (51,6 %) des emplois dans
ruraux. Plus « footloose » (c’est-à-dire moins un bassin de vie sur deux ( cf. tab leau 1), plus
dépendantes, dans leur choix de localisation, de de 44 % dans trois quarts d’entre eux, et moins <

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