Des études supérieures inégalement rentables selon les milieux sociaux
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Les générations nées à la fin des années soixante ont massivement poursuivi leurs études au-delà du baccalauréat, en partie sous la pression du chômage, en partie dans l'espoir de promotion sociale. Malgré l'afflux de nouveaux étudiants, la rentabilité des diplômes a été confirmée. Pourtant, au cours des années quatre-vingt, les jeunes d'origine populaire hésitent encore à s'engager au-delà du premier cycle de l'enseignement supérieur. Il est vrai que les enfants des couches sociales favorisées tirent un meilleur parti que les autres de leur diplôme pour accéder au statut de cadre au début de leur vie professionnelle. Et dans tous les milieux, les hommes le valorisent plus que les femmes.

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Langue Français

Extrait

N° 469 JUILLET 1996
PRIX : 14 F
Des études supérieures inégalement
rentables selon les milieux sociaux
Olivier Galland, Observatoire sociologique du changement, CNRS
Dominique Rouault, Division des enquêtes et études démographiques, Insee
qui ont obtenu le baccalauréat poursuiventes générations nées à la fin des an-
leurs études en 1990. Dans cette génération
nées soixante ont massivement 1971, 95 % des bacheliers de père ouvrierL poursuivi leurs études au-delà du s’engagent dans l’enseignement supérieur :
ils ont donc intégralement rattrapé leur re baccalauréat, en partie sous la pression
tard sur ceux qui proviennent des milieux les
du chômage, en partie dans l’espoir de plus favorisés.
promotion sociale. Malgré l’afflux de nou Aujourd’hui, pourtant, les Français semblent
douter de l’efficacité de l’investissementveaux étudiants, la rentab ilité des diplô-
scolaire. D’après une récente étude du
mes a été confirmée. Pourtant, au cours CREDOC, une large majorité d’entre eux
des années quatre vingt, les jeunes d’ori-(62 %) pense qu’il est préférable d’acquérir
rapidement une expérience professionnellegine populaire hésitent encore à s’enga-
plutôt que de poursuivre des études lon
ger au-delà du premier cycle de gues. La démocratisation de l’enseignement
l’enseignement supérieur. Il est vrai que supérieur, déjà entamée, s’en est elle trou
vée ralentie ? Cette inquiétude collectiveles enfants des couches sociales favori-
est elle sans grand fondement objectif ou
sées tirent un m illee ur parti que les autres est elle alimentée par une dévaluation réelle
de leur diplôme pour accéd er au statut de des diplômes ?
cadre au début de leur vie profession-
Une démocratisation encore limitée
nelle. Et dans tous les milieux, les hom-
au premier cycle
mes le valorisent plus que les femmes.
Si les portes des universités se sont large
ment ouvertes au cours de la décennie qua
Les générations nées à la fin des années tre-vingt-dix, les abandons en cours
soixante ont initié le processus d’allonge d’études contribuent à relativiser le bilan
ment des études après le baccalauréat qui dressé à l’entrée du cycle supérieur. Au delà
s’est accéléré au cours des années quatre de 18 ans, les jeunes de toutes catégories
vingt dix. La montée du chômage fournit une sociales ont bien participé au mouvement
première explication. Alors qu’elle avait général les portant à prolonger leurs études
presque complètement épargné les jeunes après le baccalauréat, mais les écarts de
nés dans la première moitié des années cin scolarisation entre catégories, mesurés
quante, elle a frappé de plein fouet leurs
successeurs immédiats qui n’avaient en
Activité des jeunes entre 19 et 21 ans
core que timidement prolongé leurs études.
En adoptant massivement ce comporte-
ment, les générations suivantes reculent le
moment de se présenter sur le marché du
travail tout en améliorant leur capital sco
laire et leurs chances de trouver un emploi
(graphique 1). Cette démarche a d’ailleurs
été explicitement encouragée par les pou
voirs publics qui ont affiché l’objectif de con
duire 80 % d’une classe d’âge au niveau du
bac.
L’allongement de la scolarité s’inscrit ce
pendant dans un mouvement de plus long
terme lié à la perspective d’ascension so
Champ : jeunes de 19 à 21 ans.
ciale. A 18 ans, la quasi totalité des jeunes
Source : Echant illon démographique permanent, Insee
?
INSEE PREMIEREterruption de leurs études n’ont prati Taux de réussite* des étudiants du supérieur de 1982
quement pas bougé entre 1982 et
selon l’origine sociale En %
1990 : entre 19 et 21 ans, elles ont à
Catégorie socioprofessionnelle du père 1er cycle 2ème cycle peine baissé, de 21 % à 19 %, avec le
baccalauréat, et sont restées stables
Ensemble 78,7 74,1
à 45 % avec un niveau bac + 2 ou
Cadres, professions intellectuelles supérieures 84,5 80,8
plus ; entre 22 et 24 ans, avec un di
Professions intermédiaires 80,4 70,9 plôme supérieur, elles ont seulement
Artisans, commerçants 78,6 80,4 diminué de 68 % à 64 %.
Agriculteurs 79,0 60,8 Certes, le mouvement général de pro
longation des études conduit toujoursEmployés 77,9 74,0
moins de jeunes de chaque génération
73,0 64,7Ouvriers
à opter pour cette insertion profession
er ème* Le taux de réussite est mesuré par la possession en 1990 d’un diplôme du 1 ou du 2 cycle, plus élevé que celui de 1982. nelle précoce. Les jeunes des cou
Champ : Etudiants du supérieur de 18 à 25 ans en 1982.
ches populaires participent à cette
Source : Echant illon démographique permanen t,Insee
évolution mais, à bagage scolaire
cette fois un peu plus tard, entre 19 etcycle de l’enseignement supérieur et équivalent, continuent à être davan-
21 ans, ne se sont pas resserrés (en les écarts entre catégories s’amplifient tage tentés par un choix qui leur as
termes de rapport des chances relati encore (tableau 1). En outre, les en sure une promotion immédiate par
ves ; cf. Pour comprendre ces résul fants des familles les plus favorisées rapport à la situation sociale de leurs
tats). abandonnent moins facilement lorsqu’ils parents : entre 22 et 24 ans, 46 % des
La propension à poursuivre ses étu connais sent des difficultés solaires.c enfants d’ouvrier munis d’un diplôme
des continue, à âge et niveau de di Par la suite, entre 22 et 24 ans, les supérieur occupent en 1990 un emploi
plôme égal, de dépendre du milieu comportements des jeunes déjà diplô salarié de niveau au moins intermé
familial (graphiques 2 et 3 ). A un mo més du supérieur, rescapés des sélec diaire, contre 37 % seulement des en
ment donné, le jeune a le choix entretions antérieures, sont plus homo fants de cadre.
s’insérer immédiatement dans la vie gènes et les différences d’arbitrage Ainsi, au cours de la décennie quatre
professionnelle ou prolonger sa scola liées à l’origine sociale se réduisent. vingt, le premier palier de la démocra
rité dans l’espoir d’intégrer plus tard laCependant les enfants de cadres ou tisation de l’enseignement supérieur a
hiérarchie sociale à un niveau supé professions supérieures ont un peu été franchi avec la généralisation de la
rieur. Or, à chaque nouvelle bifurca accrû leur avance en termes de scola poursuite d’études après le baccalau
tion du parcours scolaire où a lieu cet risation entre 1982 et 1990 vis à vis de réat. D’ores et déjà, dans les généra
arbitrage, le rapport coût/avantage de presque toutes les autres catégories tions 1965 1967, un enfant d’ouvrier
la poursuite d’études apparaît moins (graphique 3). sur huit et un enfant d’employé sur
favorable aux enfants des couches po Même les étudiants qui réussissent cinq disposaient en 1990 d’un diplôme
pulaires. peuvent préférer s’engager immédia supérieur (graphique 4). Leur handi
Les étudiants d’origine modeste cou tement dans une profession intermé cap par rapport à la moyenne des jeu
rent effectivement plus de risques diaire (infirmier, instituteur, techni nes de leur génération est resté le
d’échouer en continuant leurs étu cien, agent de maîtrise...). D’autant même, mais s’est amélioré par rapport
des après le baccalauréat. Ces ris que les chances pour les jeunes d’ac aux enfants des professions intermé
ques augmentent dans le second céder à ce type d’emploi en cas d’in diaires, qui se sont laissé distancer
Taux de poursuite d’études entre Taux de poursuite d’études entre Taux de possession d’un
19 et 21 ans avec niveau bac 22 et 24 ans avec niveau bac+2 diplôme supérieur entre 22
ou plus, selon l’origine sociale ou plus, selon l’origine sociale et 24 ans selon l’origine sociale
Champ : jeunes diplômés du supérieur de 22 à 24 ans.Champ : jeunes bacheliers de 19 à 21 ans. Champ : jeunes de 22 à 24 ans.
Source : E

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