Les jeunes en apprentissage ou en lycée professionnel
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La formation professionnelle des jeunes passe par la voie de l'apprentissage (formation en alternance) ou le lycée professionnel. Qui choisit la formation par l'apprentissage et quelle formation donne le plus de chances de s'insérer dans la vie professionnelle ? Dans une première analyse descriptive, on constate que les collégiens sont deux fois plus nombreux à s'orienter vers le lycée professionnel. Grâce au maître d'apprentissage, les jeunes en formation en alternance semblent s'insérer plus rapidement sur le marché du travail. Être en emploi est certainement une mesure trop instantanée de l'insertion des jeunes sur le marché du travail et avoir un contrat à durée indéterminée est trop restrictif. On propose donc ici une approche quantitative de l'insertion professionnelle par la mesure du temps d'activité passé en emploi sur une période donnée. Le salaire perçu à la fin de cette période permet d'en apprécier la qualité. En neutralisant le biais introduit par les différences des populations des deux filières de formation, on mesure également les effets propres à chaque formation. L'apprentissage est la filière de formation la plus souvent choisie par les jeunes qui, même s'ils ont redoublé en primaire, n'ont pas redoublé au collège. Leur temps passé en activité, pendant les cinq années qui suivent leur sortie d'apprentissage, est plus long que celui des anciens lycéens, mais leurs salaires sont relativement plus faibles. Aussi les performances d'une filière par rapport à l'autre sont-elles plus nuancées qu'une simple analyse descriptive pouvait le laisser paraître.

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Langue Français

Extrait

MARCHÉ DU TRAVAIL
Les jeunes en apprentissage ou
en lycée professionnel
Une mesure quantitative et qualitative de
leur insertion sur le marché du travail
Michel La formation professionnelle des jeunes passe par la voie de l’apprentissage
Sollogoub et (formation en alternance) ou le lycée professionnel. Qui choisit la formation par
Valérie Ulrich* l’apprentissage et quelle formation donne le plus de chances de s’insérer dans la
vie professionnelle ? Dans une première analyse descriptive, on constate que les
collégiens sont deux fois plus nombreux à s’orienter vers le lycée professionnel.
Grâce au maître d’apprentissage, les jeunes en formation en alternance semblent
s’insérer plus rapidement sur le marché du travail.
Être en emploi est certainement une mesure trop instantanée de l’insertion des
jeunes sur le marché du travail et avoir un contrat à durée indéterminée est trop
restrictif. On propose donc ici une approche quantitative de l’insertion
professionnelle par la mesure du temps d’activité passé en emploi sur une période
donnée. Le salaire perçu à la fin de cette période permet d’en apprécier la qualité.
En neutralisant le biais introduit par les différences des populations des deux
filières de formation, on mesure également les effets propres à chaque formation.Michel Sollogoub appar-
tient à TEAM (Université
de Paris I et CNRS) et L’apprentissage est la filière de formation la plus souvent choisie par les jeunes
Valérie Ulrich à TEAM et qui, même s’ils ont redoublé en primaire, n’ont pas redoublé au collège. Leur
au laboratoire de micro-
économétrie du Crest de temps passé en activité, pendant les cinq années qui suivent leur sortie
l’Insee.
d’apprentissage, est plus long que celui des anciens lycéens, mais leurs salairesLes auteurs remercient
Véronique Simonnet, les sont relativement plus faibles. Aussi les performances d’une filière par rapport à
membres du séminaire
l’autre sont-elles plus nuancées qu’une simple analyse descriptive pouvait leLAMIA, Claude Mont-
marquette pour ses laisser paraître.
remarques et conseils et
son accueil chaleureux à
l’université de Montréal
i l’importance de la formation profession- à une formation générale, ou en emploi sous
et à CIRANO et les deux Snelle dans l’amélioration de la productivité contrat de travail une fois que les jeunes sont en-rapporteurs.
Les données utilisées des jeunes travailleurs a été soulignée par la trés sur le marché du travail, ou encore de ma-
dans cet article sont
théorie du capital humain, peu a été dit sur la nière alternée en emploi et à l’école. Face au
disponibles auprès des
meilleure façon d’offrir aux jeunes une telle for- nombre important de jeunes qui se retrouventauteurs.
Les noms et dates entre mation. De manière schématique, elle peut être sans emploi à la sortie de leur formation initiale,
parenthèses revoient à
dispensée sous statut scolaire au cours de la for- savoir comment leur dispenser une formation
la bibliographie en fin
mation initiale, souvent comme une alternative professionnelle de qualité qui faciliterait leurd’article
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 323, 1999 - 3 31insertion sur le marché du travail est une ques- détention de capacités spécifiques à un emploi
tion qui se pose dans de nombreux pays et reste sont importants sur le marché du travail, l’ap-
sans réponse précise (Elias et al., 1994). En par- prentissage confère un avantage par rapport au
ticulier, les mérites de la formation en alter- lycée professionnel ; mais si, au contraire, ce
nance, qui existe dans de nombreux pays sous la qui importe est de posséder des capacités géné-
forme du contrat d’apprentissage (1), ne sont rales « valorisables » à travers différents em-
pas mis en évidence de façon claire dans les dif- plois, l’efficacité supérieure d’une formation
férentes études. En effet, lesautresmodesde en alternance paraît moins évidente.
formation professionnelle sont rarement des al-
ternatives directes au contrat d’apprentissage, Parce que les formations dispensées dans les
ce qui rend le rapprochement délicat (Ryan, deux voies peuvent être assez différentes dans
1998). En France, la comparaison du contrat leur contenu, même si elles conduisent au
d’apprentissage avec une formation profession- même diplôme, la confrontation de l’insertion
nelle reçue sous statut scolaire (en lycée profes- professionnelle des apprentis et des lycéens
sionnel), au regard de l’insertion sur le marché exige de prendre quelques précautions. En ef-
du travail des jeunes qui les empruntent, est re- fet, le contrat d’apprentissage et le lycée pro-
lativement aisée : ces deux modes de formation fessionnel au niveau du secondaire ne sont pas
coexistent pour la préparation de diplômes infé- toujours, dans les faits, des filières alternatives
rieurs au baccalauréat. Certes, l’apprentissage immédiates pour les jeunes. D’abord, les spé-
aux niveaux supérieurs de formation se déve- cialités proposées par chaque formation ne sont
loppe, mais de façon trop récente et partielle pas identiques. Il devient alors difficile de sépa-
pour être étudié ici. rer le rôle de la filière de celui de la spécialité de
formation. Ensuite, elles ne conduisent pas for-
cément aux mêmes positions, ni surtout aux
Apprentissage et lycée professionnel : mêmes secteurs d’activité. Aussi les entrepri-
une comparaison délicate ses qui embauchent les apprentis peuvent-elles
être différentes de celles qui recrutent les ly-
La formation professionnelle sous contrat d’ap- céens. Enfin, les deux voies ne sont pas tou-
prentissage est souvent vue comme une solution jours suivies par les jeunes dans le même
aux difficultés d’insertion des jeunes sur le mar- objectif : l’apprentissage est, le plus souvent,
ché du travail. Ce type de formation, par rapport à choisi dans le but d’une insertion directe sur le
une formation sous statut scolaire, réduirait les marché du travail à l’issue du contrat alors que
difficultés d’adéquation entre les capacités pro- la poursuite d’études vers un baccalauréat après
fessionnelles et techniques acquises par les jeunes le lycée professionnel est plus fréquente. Res-
et les besoins en main d’œuvre des entreprises. treindre le champ de l’étude, pour la démarche
De plus, les apprentis, qui bénéficient d’une for- économétrique (« toutes choses égales par
mation « sur le tas » par le maître d’apprentissage ailleurs »), aux jeunes hommes entrant en ap-
et les autres travailleurs de l’entreprise d’accueil, prentissage ou au lycée professionnel après la
développeraient une capacité à établir un lien en- classe de cinquième du collège permet de ré-
tre la théorie et la pratique qu’une formation à duire l’hétérogénéité des individus au moment
l’école autorise plus difficilement, dans la mesure du choix du mode de formation et de rendre ain-
où l’environnement de travail n’y est que simulé. si les deux voies les plus comparables possible.
L’apprentissage consistant en une mise en situa-
tion professionnelle réelle devrait, par ailleurs, De plus, les populations de ces deux filières
permettre au jeune d’acquérir des « habitudes » peuvent présenter des caractéristiques inobser-
de travail (horaires, conditions de travail) et des vées très différentes. Il est alors difficile
capacités générales à s’intégrer dans une entre- d’identifier, dans l’impact du mode de forma-
prise. Toutefois, tous les arguments ne sont pas en tion professionnelle, ce qui vient de la filière
faveur du contrat d’apprentissage. Les em- elle-même (effet réel) de ce qui vient des fac-
ployeurs qui accueillent les jeunes apprentis ont teurs inobservés qui différencient les deux po-
tendance à les former dans le seul intérêt de la pulations (effet de sélection). Ce biais de
production immédiate. Le lycée professionnel sélection (éventuel) est corrigé, ici, par une mé-
permettrait mieux que le contrat d’apprentissage thode statistique développée par Barnow, Cain
d’acquérir des connaissances «

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