La pauvreté en Espagne, en France, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni Une méthode pour les comparaisons internationales de niveau de pauvreté
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Les comparaisons internationales de niveau de pauvreté sont en règle générale très sensibles aux conventions retenues pour identifier les ménages pauvres ou pour passer de la mesure des revenus à celles des niveaux de vie. Les résultats des comparaisons peuvent ainsi varier beaucoup selon le choix du seuil de pauvreté, de l'échelle d'équivalence, ou de l'indicateur de mesure de la pauvreté. Il est cependant possible de construire des critères plus qualitatifs permettant de classer les pays selon la pauvreté à défaut de donner une mesure précise des écarts existant entre eux. Ces critères résultent d'une adaptation et et d'une extension du critère séquentiel introduit par Atkinson et Bourguignon (1987). En appliquant ces critères aux données du récent Panel européen, il apparaît que le seul diagnostic robuste est celui selon lequel la distribution des revenus génère moins de pauvreté en France qu'au Royaume-Uni et moins au Royaume-Uni qu'aux Pays-Bas. En revanche, s'agissant de l'Espagne, aucun diagnostic qui la situe par rapport à la France, au Royaume-Uni ou aux Pays-Bas, ne résiste aux différents changements de conventions envisageables.

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INTERNATIONAL
La pauvreté en Espagne,
en France, aux Pays-Bas
et au Royaume-Uni
Une méthode pour les comparaisons
internationales de niveau de pauvreté
Christine Les comparaisons internationales de niveau de pauvreté sont en règle générale très
Chambaz et sensibles aux conventions retenues pour identifier les ménages pauvres ou pour
Éric Maurin* passer de la mesure des revenus à celle des niveaux de vie. Les résultats des
comparaisons peuvent ainsi varier beaucoup selon le choix du seuil de pauvreté,
de l’échelle d’équivalence, ou de l’indicateur de mesure de la pauvreté.
Il est cependant possible de construire des critères plus qualitatifs permettant de
classer les pays selon la pauvreté à défaut de donner une mesure précise des écarts
existant entre eux. Ces critères résultent d’une adaptation et d’une extension
du critère séquentiel introduit par Atkinson et Bourguignon (1987).
En appliquant ces critères aux données du récent Panel européen, il apparaît que
le seul diagnostic robuste est celui selon lequel la distribution des revenus génère
moins de pauvreté en France qu’au Royaume-Uni et moins au Royaume-Uni
qu’aux Pays-Bas. En revanche, s’agissant de l’Espagne, aucun diagnostic qui
la situe par rapport à la France, au Royaume-Uni ou aux Pays-Bas, ne résiste
aux différents changements de conventions envisageables.
*Christine Chambaz fait a plupart des pays industrialisés souffrent quelques années à bien mieux contenir le chô-
partie de la division Re- L aujourd’hui du même déficit d’emplois mage que nombre de leurs partenaires de l’Union
venus et patrimoine des
stables et bien rémunérés. Les inégalités de- européenne. Dans leur récente analyse de laménages de l’Insee et
Éric Maurin de la divi- vant l’emploi et les salaires n’en revêtent pas distribution des revenus au sein de l’OCDE,
sion Conditions de vie moins une intensité et des formes très variables Atkinson et al. (1995) suggèrent néanmoins
des ménages.
d’un pays à l’autre. que ces deux pays sont de ceux où les inégalités
Les noms et dates entre et la pauvreté se sont le plus aggravées au cours
parenthèses renvoient à Pour s’en tenir à des exemples européens, le des années quatre-vingt. La même étude montre
la bibliographie en fin
Royaume-Uni et les Pays-Bas réussissent depuis par ailleurs que la France, malgré un niveau etd’article.
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 308-309-310, 1997 - 8/9/10 229une durée de chômage parmi les plus préoc- Une méthode pour les comparaisons
cupants d’Europe, est l’un des pays de internationales
l’OCDE où la pauvreté et les inégalités se
sont le moins développées au cours de cette Pour éviter un exposé d’emblée trop technique,
même période. la présentation de la méthode va s’appuyer sur
une mesure particulière de la pauvreté : la part
Du point de vue des inégalités et de la pauvreté, de la richesse nationale qu’il serait nécessaire
la diversité des situations rend finalement diffi- de redistribuer aux ménages pauvres pour faire
cile de hiérarchiser sans ambiguïté les pays et disparaître la pauvreté. Ce principe revient à ju-
leurs institutions, de bonnes performances ger que la pauvreté est plus forte dans le pays A
selon un critère étant souvent ternies par de que dans le pays B si et seulement si le revenu
moins bons résultats dans un domaine voisin. dont manquent les pauvres pour sortir de la
Il apparaît d’autant plus important de proposer pauvreté représente une part plus importante du
des méthodes synthétiques et robustes de revenu national dans le pays A que dans B.
comparaison des niveaux de pauvreté et
d’inégalités. Pour mesurer le revenu total nécessaire à l’éli-
mination de la pauvreté, il est a priori néces-
De telles comparaisons ont déjà été menées par saire de fixer un seuil de référence en deçà
le passé et on sait désormais assez bien les diffi- duquel une personne isolée est réputée pauvre,
cultés auxquelles elles demandent de se con- et de recourir à une échelle d’équivalence per-
fronter. Étudiant la façon dont se distribuent les mettant de calculer les seuils en deçà desquels
revenus dans une dizaine de pays industrialisés, les ménages comprenant plusieurs individus
Buhman et al. (1988) aboutissent à des diag- peuvent également être considérés comme pau-
nostics tout à fait différents selon le seuil en vres. Ayant identifié les ménages pauvres, il
deçà duquel ils choisissent de classer les ména- suffit ensuite d’évaluer pour chacun d’eux le
ges comme pauvres ou selon l’échelle d’équi- supplément de revenu nécessaire pour sortir de
valence retenue pour comparer les niveaux de la pauvreté.
vie des familles de tailles différentes.
Il est malheureusement très difficile de répon-
De fait, comme il s’avère très difficile de jus- dre à ces exigences de façon satisfaisante. Il n’y
tifier le choix de conventions de mesure parti- a en effet pas de « bon » critère d’identification
culières parmi l’ensemble des critères des personnes pauvres, ni de « bon » critère
possibles, on est le plus souvent conduit à d’évaluation du revenu dont elles manquent
une impasse et à la tentation de ne rien con- pour ne plus être pauvres.
clure. Il est pourtant possible de présenter et
d’appliquer une méthode qui renverse les De fait l’objectif de cette étude ne va pas être de
perspectives habituellement retenues. Plutôt déterminer les « bons » critères d’identification
que de comparer d’un pays à l’autre une ou des pauvres et de la profondeur de leur pauvre-
plusieurs mesures particulières de la pauvre- té, ni de livrer une estimation exacte du poids de
té, forcément discutables, la question va être la pauvreté dans le revenu national des diffé-
celle de l’existence de conditions simples sur rents pays. L’approche va être plus inductive et
la distribution des revenus qui – lorsqu’elles qualitative : elle va consister simplement à
sont vérifiées – permettent d’identifier un chercher les conditions sous lesquelles il est
classement des pays selon leur pauvreté res- possible d’affirmer que la part de la pauvreté
tant valable pour une gamme la plus large est plus importante dans le pays A que dans le
possible de conventions de mesures envisa- pays B quelles que soient les conventions rete-
geables. nues pour identifier les pauvres, du moment
que ces conventions sont communes aux deux
À certains égards cette approche est plus mo- pays. Au bout du compte, quand ces conditions
deste que l’approche traditionnelle. Elle ne seront vérifiées, on ne saura pas dire de combien
propose aucune quantification précise des dif- la pauvreté est plus forte en A qu’en B, mais on
férences de pauvreté existant entre les pays. Elle a saura que le diagnostic « la pauvreté est plus forte
toutefois l’avantage considérable de livrer des dans le pays A que dans le pays B » peut être
diagnostics dont on n’a pas à suspecter qu’ils porté de façon robuste, et rester valide sur un en-
changeraient si l’on modifiait les conventions semble très large de définitions de la pauvreté.
retenues pour identifier les pauvres ou pour me-
surer la pauvreté d’un ménage en fonction de Pour en venir tout de suite au principe central
son revenu et de sa taille. de la méthode, supposons que l’on puisse
230 ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 308-309-310, 1997 - 8/9/10distinguer un nombre fini de tailles de ménages avec au moins deux enfants) et de vérifier que le
T ,...,T : les ménages de taille T sont les plus poids des pauvres dans cette population est plus1 K 1
grands et ont les plus grands besoins (familles important dans le pays A que dans le pays B. Il
nombreuses) les ménages de taille T sont les demande ensuite de considérer ensemble lesK
plus petits (personnes seules). S’il existe un ménages dont la taille est la plus importante et
seuil de revenu relatif (noté Z) tel que la part des ceux dont la taille et les besoins sont immédia-
ménages pauvres et de taille supérieure à T est tement inférieurs (couples avec au moins un en-k
plus importante dans le pays A

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