Le marché du travail après 50 ansEléments de comparaison franco-américaine
31 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Le marché du travail après 50 ansEléments de comparaison franco-américaine

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
31 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Le taux d'emploi des plus de 50 ans est l'un des enjeux majeurs du débat sur la retraite. Mais le sujet a aussi une dimension économique plus large. La prise de conscience d'une divergence des PIB par tête entre l'Europe et les États-Unis a conduit de nombreux observateurs à s'interroger sur les raisons de cet écart. Des évolutions différentes de la productivité ont pu y contribuer. Mais il y a peu de doutes que l'essentiel du phénomène tient à l'écart entre les volumes de travail par tête dans les deux zones géographiques. Cet écart résulte à la fois d'une durée usuelle du travail plus courte pour les individus en emploi et d'une durée totale de la vie en emploi qui est elle aussi plus courte. Le problème se pose avec une acuité particulière en France, où le taux d'emploi des 50 ans et plus est l'un des plus bas d'Europe. Cette étude évoque notamment ce que pourrait être l'incidence des réformes françaises de 1993 et 2003 sur l'offre de travail après 55 ans. Elle s'intéresse aussi au côté de la demande. Elle discute notamment d'un des obstacles les plus souvent cités à l'emploi des travailleurs âgés en France, à savoir le rapport entre leur salaire et leur productivité.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 40
Langue Français

Extrait

LE MARCHÉ DU TRAVAIL APRÈS 50 ANS :
éléments de comparaison franco-américaine
Le taux d’emploi des plus de 50 ans est l’un des enjeux majeurs du débat sur la
retraite(Conseil d’Orientation desRetraites, 2002 et 2004). Maislesujet a aussi
une dimension économique plus large. La prise de conscience d’une divergence
des PIB par tête entre l’Europe et les États-Unis a conduit de nombreux
observateurs à s’interroger sur les raisons de cet écart. Des évolutions
1
différentes de la productivité ont pu y contribuer . Mais il y a peu de doutes que
l’essentiel du phénomène tient à l’écart entre les volumes de travail par tête dans
les deux zones géographiques (Ménard, 2004). Cet écart résulte à la fois d’une
durée usuelle du travail plus courte pour les individus en emploi et d’une durée
totale de la vie en emploi qui est elle aussi plus courte. Une telle prise de
conscience avait conduit l’Union européenne à promouvoir la remontée des taux
d’emploi aux âges élevés, à travers les objectifs dits de Stockholm puis de
Barcelone. Le premier objectif visait à un taux d’emploi de 50 % pour les
55-64 ans ; le second visait à remonter de cinq ans l’âge moyen de sortie
d’activité. On sait que le problème se pose avec une acuité particulière en
France, où le taux d’emploi des 50 ans et plus est l’un des plus bas d’Europe.
Au cours des années écoulées, une littérature abondante a été consacrée à
l’emploi des seniors (Guillemard, 2004). Les travaux économiques ont souvent
mis l’accent sur les mécanismes qui jouent du côté de l’offre de travail (Blöndal
et Scarpetta, 1999 ; Gruber et Wise, 2004 ; Duval, 2004). Ces études suggèrent
que les faibles taux d’activité aux âges élevés pourraient s’expliquer par la
faiblesse des incitations financières au travail passé un certain âge, qu’elles
soient dues au système de retraite proprement dit ou à différents dispositifs de
retraite anticipée ou de préretraite. Un tel facteur joue certainement un rôle en
France. Notre système de retraite avait précisément été réformé au début des
années 1980 pour conduire à une concentration des liquidations à l’âge de
60 ans. Maisdesproblèmesseposentégalementdu côtédela demandedetravail
des entreprises. Si le but est de rétablir des taux d’emploi plus élevés pour les
55-64 ans, nous avons besoin de politiques qui jouent sur deux leviers :
améliorer l’incitation au travail pour les travailleurs âgés, mais également
encourager les employeurs à conserver voire à embaucher ces travailleurs.
1. Voirledossier«Laproductivitédepuis1990»publiédansl’éditionprécédentedecerapport(Insee,2004).
93Les approches les plus récentes du sujet s’efforcent donc de combiner ces deux
aspects du problème (Lerais et Marioni, 2004 ; Marioni, 2005 ; OCDE, 2005).
Suivant une démarche analogue, ce dossier propose une synthèse de quelques
travaux récents consacrés à ces deux aspects du marché du travail des seniors et
met ces travaux en regard d’éléments équivalents relatifs à la situation
américaine. L’optique est de faire ressortir quelques-uns des contrastes les plus
importants entre les deux pays et non de conduire un examen systématique de
tout ce qui différencie les marchés du travail des seniors : un tel examen
2dépasserait largement le format de ce dossier .
Après un bref rappel de quelques faits stylisés concernant l’emploi des
travailleurs âgés en France et aux États-Unis, la deuxième section se centrera
sur le côté offre de travail. Elle évoquera notamment ce que pourrait être
l’incidence des réformes françaises de 1993 et 2003 sur l’offre de travail après
55 ans.
La troisième section s’intéressera au côté de la demande. Elle discutera
notamment d’un des obstacles les plus souvent cités à l’emploi des travailleurs
âgés en France, à savoir le rapport entre leur salaire et leur productivité. On
verra que les résultats empiriques sur ce point restent ambigus. Les travailleurs
âgés qui sont encore en emploi ne semblent pas voir leur productivité chuter
fortementendessousdeleurniveaudesalaire.Maiscecinepermetpasderejeter
l’idée que les travailleurs âgés qui ont été exclus du marché du travail l’aient été
en raison d’une productivité relative devenue insuffisante, que cela résulte de
problèmes de santé, de l’obsolescence des technologies qu’ils maîtrisaient ou de
certaines formes de concurrence internationale, celles visant les industries
3
traditionnelles où la main-d’œuvre âgée est davantage représentée.Faceàce
type de problème, il existe deux réponses polaires. Le système américain fait
assez largement peser le poids de l’ajustement sur les salariés: ceux-ci
parviennentcertesassezfréquemmentà seréinsérerdansl’emploi, maisc’estau
prixdepertesdesalairesubstantielles.LaFranceaplutôtchoisideprivilégierla
couverturepassivedecerisquedefindecarrière.Untelsystèmeasesavantages,
mais il pose un problème de régulation : il faut éviter que ce type de dispositif ne
soitsur-utilisé. Cetterégulation peutconsisteren un contrôlequantitatifdesflux
d’entrée dans les dispositifs ou s’appuyer sur des pénalités financières. La
quatrième section de ce dossier résumera des travaux récents qui ont cherché à
évaluer les effets de ce second groupe d’instruments. On conclura sur les
conséquences de ces divers constats pour l’évolution future du marché du travail
des travailleurs seniors.
2. Ce dossier est une adaptation de Aubert, Blanchet et Blau (2004).
3. Voir à cet égard le dossier « délocalisations », dans ce même rapport.
94L’emploi après 55 ans : données de base
Pour commencer, nous rappellerons quelques données de base concernant l’emploi des
travailleurs âgés en France. En matière de taux d’emploi des travailleurs âgés, la France
se situe loin derrière une majorité de pays développés, non seulement le Japon et les
États-Unis où ces taux restent plutôt élevés, mais aussi en comparaison avec la moyenne
des pays de l’Union européenne à quinze (voir les graphiques 1 et 2 dans le cas des hom-
mes). Tel n’était pas le cas au début des années 1970, où les taux français étaient compa-
rables à la moyenne. La baisse relative du taux d’emploi français a commencé vers 1974
4pour le groupe des 60-64 ans , puis durant la première moitié des années 1980 pour le
groupe des 55-59 ans. Depuis le milieu des années quatre-vingt, le taux d’emploi des
55-59 ans s’est plus ou moins stabilisé autour de 65 %, alors que celui des 60-64 ans a
continué à baisser et n’est plus que de l’ordre de 15 %.
Nous ne montrerons pas les graphiques correspondant pour les femmes, dont l’interpré-
tation est moins directe parce qu’ils combinent deux mouvements contraires : l’effet de
l’avancement de l’âge de cessation d’activité et la hausse de l’activité entre générations
successives. Mais nous donnons, pour les hommes et les femmes, les probabilités de
transition sur le marché du travail entre les âges de 50 et 70 ans qui expliquent les profils
des taux d’emploi à ces âges (graphique 3). L’une est la probabilité annuelle de sortie de
l’emploi, que ce soit vers le chômage, la préretraite, la retraite ou toute autre forme d’i-
nactivité. L’autre est la probabilité de reprise d’emploi pour un individu qui est initiale-
ment hors de l’emploi. Les probabilités de sortie de l’emploi présentent des pics aux
âges de 60 et 65 ans, dont on connaît le rôle particulier dans le système de retraite fran-
çais. Mais avant l’âge de 60 ans, les probabilités de quitter ou perdre son emploi sont
déjà élevées ; elles dépassent 10 % par an entre 55 et 59 ans. Une analyse plus détaillée
de Behaghel (2003) montre par ailleurs que cette probabilité s’est fortement accrue entre
la fin des années 1970 et les années 1990 : le groupe d’âge des plus de 50 ans est un

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents