L évolution des conditions de travail
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Des pénibilités physiques qui ne diminuent pas, des contraintes organisationnelles qui s’accroissent, des marges de manoeuvre non négligeables, des rythmes de travail plus exigeants mais avec une stabilisation sur la dernière période : l’évolution des conditions de travail apparaît contrastée. Alors que les accidents du travail connaissent une lente décrue, les maladies professionnelles sont en forte augmentation depuis 15 ans, notamment les cancers professionnels et les troubles musculo-squelettiques.

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Profil couleur : Profil d’imprimante CMJN gØnØrique
Composite 150 lpp 45 degrØs
L’évolution des conditions de travail
Jennifer Bué, Thomas Coutrot et Nicole Guignon*
Des pénibilités physiques qui ne diminuent pas, des contraintes organisationnelles qui
s’accroissent, des marges de manœuvre non négligeables, des rythmes de travail plus
exigeants mais avec une stabilisation sur la dernière période : l’évolution des conditions de
travail apparaît contrastée.
Alors que les accidents du travail connaissent une lente décrue, les maladies professionnelles
sont en forte augmentation depuis 15 ans, notamment les cancers professionnels et les
troubles musculo-squelettiques.
Le débat social autour des conditions de travail a longtemps été éclipsé par les questions de
l’emploi et du chômage. Mais depuis plusieurs années, on observe un retour au premier plan
des questions de conditions de travail et de santé au travail : l’amiante, le stress, le harcèlement
moral ou la souffrance au travail sont régulièrement évoqués dans les médias. Les enquêtes
statistiques sur les conditions de travail, menées à intervalles réguliers par l’Insee et le
ministère du Travail depuis la fin des années 1970, permettent d’éclairer les causes de ce
regain d’intérêt.
Les contraintes et pénibilités physiques ne reculent pas
Les contraintes et pénibilités physiques, souvent associées au travail industriel, se sont
développées dans le secteur des services depuis le début des années 1990. De fait, malgré le
recul de la part des emplois industriels, ces pénibilités « traditionnelles » ne diminuent guère
entre 1991 et 2005.
Certaines pénibilités décroissent ou se stabilisent dans la période récente après avoir
augmenté dans les années 1980-1990 (figure 1) : devoir rester longtemps debout, travailler
dans une posture pénible ou fatigante à la longue, travailler dans le bruit. D’autres
pénibilités continuent à se développer : port de charges lourdes, vibrations transmises par des
machines, mouvements douloureux ou fatigants. Le travail répétitif concerne encore 28 % des
salariés en 2005, davantage les femmes que les hommes. Les ouvriers, et surtout les ouvrières,
travaillent de plus en plus souvent à la chaîne ou sous cadence automatique (figure 2).
Les horaires atypiques se développent
La durée collective du travail, mesurée par semaine ou par année, a diminué fortement entre
1998 et 2002 suite aux lois sur la réduction du temps de travail : de 39 heures par semaine
en 1998 à 35,5 heures en 2002. Mais les horaires atypiques se sont développés. La proportion
* Jennifer Bué, Thomas Coutrot et Nicole Guignon, Dares.
Dossier - L’évolution des conditions de travail 61
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de salariés travaillant la nuit, restée stable durant les années 1980, a légèrement augmenté au
cours de la décennie 1990 (figure 3). En 2005, 15 % des salariés, soit 22 % des hommes et 8 %
des femmes, travaillent habituellement ou occasionnellement la nuit, contre 18 % et 6 % en
1991. L’augmentation du travail de nuit concerne plus particulièrement les ouvrières (10 % en
2005 contre 2 % en 1991).
Le travail du samedi, qui concerne un salarié sur deux, demeure stable depuis 15 ans, mais la
pratique régulière s’est développée au détriment de la pratique occasionnelle. Le travail du
dimanche tend à se développer. Le travail en deux équipes alternantes (2X8) continue à
progresser continûment, surtout pour les ouvrières : en 2005, 19 % d’entre elles travaillent en
deux équipes, contre 11 % en 1984.
1. Les pénibilités
en % qui se stabilisent en % qui se développent
60 40
1984
1991
50
1998
302005
40
30 20
20
10
10
00
Rester longtemps Posture pénible Bruit Charges lourdes Vibrations Mouvements
debout douloureux
Lecture : en 2005, 51 % des salariés disent devoir rester longtemps debout dans Lecture : en 2005, 39 % des salariés disent devoir porter des charges lourdes,
leur travail, contre 50 % en 1984. contre 22 % en 1984.
Note : les données concernant les mouvements douloureux ne sont pas disponibles pour 1984 et 1991.
Source : enquêtes Conditions de travail, Dares, 1984, 1991, 1998, 2005.
2. Le travail à la chaîne des ouvriers en %
30
1984
1991
25
1998
2005
20
15
10
5
Lecture : en 2005, 8 % des ouvriers hommes disent travailler à la chaîne,
contre 25 % des ouvrières. 0
Source : enquêtes Conditions de travail, Dares, 1984, 1991, 1998, 2005. Hommes Femmes
62 L’emploi, nouveaux enjeux - édition 2008
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Le contrôle des horaires par l’entreprise s’est renforcé, mais a changé de forme : le contrôle par
la hiérarchie devient moins fréquent au profit de méthodes plus formalisées telles les horloges
pointeuses et les signatures de registres. Les horaires deviennent par ailleurs plus prévisibles :
la proportion de salariés qui n’apprennent leurs horaires que la veille est passée de 8 % en
1998 à 5 % en 2005. La réduction du temps de travail s’est souvent accompagnée d’une plus
grande formalisation des plannings [Coutrot, 2006].
3. Le développement des horaires de travail atypiques
en %
60
Occasionnellement
50 Habituellement
40
30
20
10
0
1991 1998 2005 1991 1998 2005 1991 1998 2005
Le samedi Le dimanche La nuit
Lecture : en 2005, 48 % des salariés disent travailler le samedi (27 % « habituellement » et 21 % « occasionnellement »).
Source : enquêtes Conditions de travail, Dares, 1991, 1998, 2005.
La charge mentale s’accroît, avec la diffusion des nouvelles technologies et
l’accroissement des contacts avec le public
Les nouvelles formes d’organisation du travail rendent le travail à la fois plus intéressant et plus
exigeant. Elles sollicitent la réactivité des salariés face aux imprévus. Le travail doit souvent
être réalisé dans l’urgence. Au cours des années 1980 et 1990, les rythmes de travail ont été de
plus en plus imposés par la demande de clients à satisfaire immédiatement ou dans des délais
très courts, avant de connaître une stabilisation au début des années 2000 (figure 4). Les
salariés se sont trouvés de plus en plus souvent au contact direct du public ou de la clientèle,
ce qui occasionne parfois des tensions, voire des agressions. Ainsi en 2003, selon l’enquête
Sumer (encadré), 22 % des salariés en contact avec le public signalaient avoir subi une
agression verbale, et 2 % une agression physique au cours des douze derniers mois [Bué,
Sandret, 2007].
4. Un travail plus bousculé
en %
Demande Être en contact Connaître
Interruptions Devoir
à satisfaire avec le public des tensions
fréquentes se dépêcher
immédiatement sans tensions avec le public
1984 … 28 … … …
1991 48 46 … 40 21
1998 56 54 52 33 30
2005 60 53 48 40 29
Lecture : en 2005, 60 % des salariés disent « devoir souvent interrompre une tâche pour une autre non prévue à l’avance » contre 48 % en 1991.
Source : enquêtes Conditions de travail, Dares, 1984, 1991, 1998, 2005
Dossier - L’évolution des conditions de travail 63
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Au cours des vingt dernières années, la diffusion des nouvelles technologies (figure 5)a
concerné toutes les catégories de salariés, même si les ouvriers demeurent les moins
concernés. L’usage croissant de l’informatique et la formalisation des procédures de travail
amènent les salariés à devoir plus souvent recourir à des documents écrits, ce qui renforce
l’exigence de vigilance et de concentration au travail (figure 6).
Les risques psycho-sociaux peuvent notamment se développer quand l’organisation du travail
impose une forte charge mentale (pression temporelle, travail haché, tâches complexes) sans
accorder suffisamment de marges de manœuv

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