Pauvretés et Territoires en Nord-Pas-de-Calais : Mettre en regard ressources et besoins d un foyer
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L'image qu'une société retient de la pauvreté dépend des valeurs qui l'animent, et du niveau général de richesse dont elle bénéficie. Dans les pays en développement, la pauvreté est la situation la plus courante, celle de tout un chacun : ainsi est-elle perçue comme une norme sociale. Dans les pays développés, au contraire, la pauvreté se doit d'être une exception, une situation anormale. C'est la philosophie qui sous-tend le dispositif des aides sociales en France : les minima sociaux délimitent la population que les pouvoirs publics considèrent être « pauvre », dans le même temps qu'ils contribuent à la sortir de la pauvreté. Les minima sociaux ont ainsi cette ambiguïté : outil de lutte contre la pauvreté, ils servent également de référence pour distinguer les pauvres des autres. Pourtant, des personnes peuvent ne pas être éligibles à un minimum social tout en disposant de ressources faibles, voire insuffisantes, pour faire face à leurs besoins. Pour prendre en compte la pauvreté à laquelle ils font face, il est nécessaire de s'appuyer sur une autre approche, qui met en regard les ressources et les besoins des ménages, indépendamment de leur droit à bénéficier d'un minimum social. Une toute autre image de la pauvreté se dessine alors, une image dans laquelle l'insertion professionnelle ne préserve pas nécessairement de la précarité, où les ménages pauvres ne sont pas en majorité des personnes isolées ou des familles monoparentales, mais des couples avec enfants.

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Langue Français
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Extrait

- CHAPITRE III -
Mettre en regard ressources
et besoins d’un foyer- CHAPITRE III -
Mettre en regard ressources
et besoins d’un foyer
’image qu’une société retient de la pauvreté dépend des valeurs qui l’animent, et du niveau général de
richesse dont elle bénéficie. Dans les pays en développement, la pauvreté est la situation la plus courante, celleL de tout un chacun: ainsi est-elle perçue comme une norme sociale. Dans les pays développés, au contraire, la
pauvreté se doit d’être une exception, une situation anormale. C’est la philosophie qui sous-tend le dispositif des
aides sociales en France : les minima sociaux délimitent la population que les pouvoirs publics considèrent être
« pauvre », dans le même temps qu’ils contribuent à la sortir de la pauvreté. Les minima sociaux ont ainsi cette
ambiguïté : outil de lutte contre la pauvreté, ils servent également de référence pour distinguer les pauvres des
autres. Pourtant, des personnes peuvent ne pas être éligibles à un minimum social tout en disposant de ressources
faibles, voire insuffisantes, pour faire face à leurs besoins. Pour prendre en compte la pauvreté à laquelle ils font
face, il est nécessaire de s’appuyer sur une autre approche, qui met en regard les ressources et les besoins des
ménages, indépendamment de leur droit à bénéficier d’un minimum social. Une toute autre image de la pauvreté
se dessine alors, une image dans laquelle l’insertion professionnelle ne préserve pas nécessairement de la précarité,
où les ménages pauvres ne sont pas en majorité des personnes isolées ou des familles monoparentales, mais des
couples avec enfants.
Cette nouvelle conception de la pauvreté, appelée «approche par les bas revenus», nécessi-
te en premier lieu de prendre en compte l’ensemble des revenus dont dispose chaque foyer: les
revenus déclarés aux impôts, mais aussi l’ensemble des revenus de transfert, depuis les minima
sociaux jusqu’aux allocations familiales et aides au logement. En Nord-Pas-de-Calais plus
qu’ailleurs, ces aides ont un effet très important sur le budget des ménages. Les aides au loge-
ment, conçues pour réduire les charges de loyer ou de remboursement de prêt, sont versées à
plus de 440000 foyers de la région. En prenant en compte la famille de l’allocataire, un tiers des
habitants de la région sont couverts par ces aides. De même, les «allocations familiales» à elles
seules sont versées à plus de 310000 foyers de la région. Toutes les aides monétaires liées à l’en-
fance sont également ajoutées, qu’elles soient ponctuelles comme l’allocation de rentrée sco-
laire, ou versées pendant plusieurs années comme l’allocation parentale d’éducation, qu’elles
visent à financer un service spécifique comme la garde des enfants par une assistante mater-
nelle ou à domicile, ou accompagner plus généralement une nouvelle naissance comme l’allo-
cation pour jeune enfant.
Pour autant, comparer directement les revenus des foyers entre eux n’a pas grand sens. Une
mère élevant seule un enfant avec un revenu global de 1300 euros par mois est-elle moins riche
qu’un couple avec deux enfants dont le revenu atteint 1 700 euros par mois ? Pour répondre à
cette question, deux éléments doivent auparavant être pris en considération. D’une part, les
besoins croissent avec le nombre de personnes – par exemple, pour se nourrir, se vêtir, se loger.
D’autre part, des économies d’échelle apparaissent du fait de la vie en groupe. Si une personne
seule a besoin d’une cuisine et d’une salle de bains, un couple sans enfant n’a pas besoin de deux
cuisines et de deux salles de bains.
La méthode retenue consiste à convertir le nombre de personnes du foyer en «équivalents-
adultes», encore appelés «unités de consommation» (UC). Le premier adulte du foyer compte
pour 1 UC, à laquelle il faut ajouter 0,5 UC par adulte ou enfant de plus de 14 ans supplémen-
taire, et 0,3 UC par enfant de moins de 14 ans. Afin de rendre compte de dépenses spécifiques
liées à la monoparentalité, est ajoutée 0,2 UC pour les familles monoparentales.
Dès lors, un couple avec deux jeunes enfants a des besoins comptant pour 1 + 0,5 + 0,3 + 0,3
= 2,1 unités de consommation, tandis qu’une mère isolée avec un jeune enfant a des besoins
équivalant à 1 + 0,3 + 0,2 = 1,5 unité de consommation. Cette mesure prend ainsi directement
en compte la dimension familiale et l’importance des enfants dans la détermination du niveau
de vie d’un foyer.
INSEE Nord-Pas-de-Calais Dossiers de Profils N°82 - Juin 2006
27- Chapitre III -
Comparer les ressources et besoins des foyers du Nord-Pas-de-Calais n’est alors plus un pro-
blème: le couple avec enfants, disposant de 1 700 euros / 2,1 UC = 810 euros par UC, est moins
«riche» que la famille monoparentale, disposant de 1300 euros / 1,5 UC= 865 euros par UC.
voir moins que son voisin, A est-ce être pauvre ?
Mais quand faut-il parler de pauvreté ? Si le couple avec enfants est moins riche que la
famille monoparentale, est-il pour autant «pauvre»? Il y a deux façons de tracer la frontière de
la pauvreté à partir des revenus des ménages.
• Une première conception, dite objective, vise à déterminer le panier des biens considérés
comme «le minimum acceptable». Ces biens ont un coût, et les foyers disposant d’un revenu
par UC inférieur à ce coût seront dits pauvres. Reste toutefois à établir la liste des biens jugés
nécessaires. Avoir un toit, se nourrir, se vêtir, en font indéniablement partie. Les foyers qui ne
peuvent subvenir à ces besoins élémentaires sont pourtant, et heureusement, bien rares –
aussi nombreux que puissent apparaître les cas de mal-logement. Faut-il étendre cette liste et
introduire dans le « minimum acceptable », par exemple, l’accès aux loisirs (équipement
audiovisuel, télécommunications, sorties, vacances, etc.)?
• Plutôt que de définir «le minimum acceptable» de façon exhaustive et objective, il est possi-
ble de le définir de façon relative. En effet, ce qu’une société juge être un bien nécessaire, et
le coût de ce dernier, dépend en grande partie du niveau de vie dont bénéficie la population.
Notamment parce que la pauvreté comporte, dans les sociétés développées, une dimension
psychologique importante: être pauvre c’est en partie ne pas pouvoir accéder aux biens que
possèdent les autres. Dès lors, les différences de revenus entre les foyers compteront plus
encore que le niveau de ce revenu. Est pauvre un foyer qui dispose de revenus « notable-
ment» inférieurs à la moyenne observée France entière.
La suite de l’analyse se fonde sur cette dernière approche. Plus précisément, on calcule le
revenu médian par UC qui sépare la population française en deux groupes: le premier a un reve-
nu par UC inférieur à ce montant, le second a un revenu par UC supérieur. Ce revenu médian
donne une mesure approximative du niveau de vie généralement rencontré parmi la population.
Les personnes en situation de pauvreté sont celles qui ont des ressources « notablement »
inférieures à ce revenu médian. Le statisticien est alors obligé de faire un choix arbitraire pour
traduire cette idée en un seuil mesurable. Dans cette étude, le seuil retenu correspond à 50%
du niveau de revenu médian.
Repères sur la pauvreté en France métropolitaine
Pascal Chevalier, chef de la division Revenus et Patrimoine des ménages à l’Insee Paris, donne quelques points de
repère sur la pauvreté en France.
Il faut avant tout noter le recul important des situations de pauvreté qui a été enregistré en France au cours des
années soixante-dix et quatre-vingt. La part de la population pauvre a été divisée par deux sur la période. Mais ces
dernières années, la baisse semble s’être interrompue.
Ce recul de la pauvreté a plus particulièrement concerné les personnes âgées: ainsi, le risque de pauvreté au seuil de
50% de la médiane est aujourd’hui deux fois moins élevé parmi les personnes de plus de 60 ans, que sur l’ensemble de
la population. À l’inverse, les jeunes sont les plus touchés par la pauvreté, et le sont sans doute plus qu’aut

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