Une nouvelle carte de la mobilité professionnelle
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La fréquence des changements d'entreprise ou de catégorie socioprofessionnelle fournit une mesure de la mobilité professionnelle susceptible d'être mise en rapport avec le contexte conjoncturel dans lequel elle s'effectue. Si la mobilité professionnelle s'est légèrement intensifiée de 1985 à 1993, elle concerne essentiellement des passages entre catégories voisines. Cette intensification est plus sensible pour les femmes que pour les hommes et pour les moins de 40 ans. Les hommes demeurent cependant plus mobiles que les femmes. Leurs mouvements professionnels continuent à s'effectuer principalement selon trois filières de promotion : la mise à son compte, la filière administrative (itinéraire reliant les employés aux cadres administratifs), et la filière technique (des ouvriers qualifiés vers les techniciens, et de ces derniers vers les ingénieurs). La mobilité professionnelle des femmes tend à rattraper celle des hommes. L'avancement administratif demeure, pour elles, une voie privilégiée, que ce soit en entreprise ou dans la Fonction publique. Sur l'ensemble de la carrière, le brassage professionnel demeure finalement intense, même s'il résulte, pour l'essentiel, d'une succession de mouvements professionnels de faible amplitude tout au long de cette carrière. Par ailleurs, la mobilité est toujours sensiblement plus favorisée par une formation initiale générale que par une formation technique.

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Langue Français

Extrait

ACTIVITÉ
Une nouvelle carte
de la mobilité professionnelle
Simone Chapoulie*
La fréquence des changements d’entreprise ou de catégorie socioprofessionnelle fournit
une mesure de la mobilité professionnelle susceptible d’être mise en rapport avec le
contexte conjoncturel dans lequel elle s’effectue.
Si la mobilité professionnelle s’est légèrement intensifiée de 1985 à 1993, elle concerne
essentiellement des passages entre catégories voisines. Cette intensification est plus
sensible pour les femmes que pour les hommes et pour les moins de 40 ans . Les hommes
demeurent cependant plus mobiles que les femmes. Leurs mouvements professionnels
continuent à s’effectuer principalement selon trois filières de promotion : la mise à son
compte, la filière administrative (itinéraire reliant les employés aux cadres
administratifs), et la filière technique (des ouvriers qualifiés vers les techniciens, et de ces
derniers vers les ingénieurs). La mobilité professionnelle des femmes tend à rattraper
celle des hommes. L’avancement administratif demeure, pour elles, une voie privilégiée,
que ce soit en entreprise ou dans la Fonction publique.
Sur l’ensemble de la carrière, le brassage professionnel demeure finalement intense,
même s’il résulte, pour l’essentiel, d’une succession de mouvements professionnels de
faible amplitude tout au long de cette carrière. Par ailleurs, la mobilité est toujours
sensiblement plus favorisée par une formation initiale générale que par une formation
technique.
* Simone Chapoulie est professeur de sciences économiques et sociales au lycée Janson de Sailly à Paris.
Les noms et dates entre parenthèses renvoient à la bibliographie en fin d’article.
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 331, 2000 - 1 25a mobilité professionnelle recouvre une réalité succéder deux années de relative croissance avec
Lcomplexe dans laquelle interfèrent des para- baisse du chômage (1988-1989), et trois années de
mètres individuels (niveau de formation, ancienne- ralentissement pendant lesquelles le nombre de de-
té et expérience professionnelle) et économiques mandeurs d’emploi augmente (1990-1993). Le taux
(marché du travail). L’orientation du marché du tra- de chômage de 1993 dépasse celui de 1988. Les
vail est profondément affectée par les cycles conclusions de cet article doivent donc être relativi-
conjoncturels. Dans une période de récession, sées en tenant compte de ce contexte. Les évolutions
l’offre d’emploi se raréfiant et les licenciements se de la mobilité sont obtenues en comparant les résul-
multipliant, la mobilité est souvent contrainte : les tats de l’enquête de 1993 à ceux des enquêtes anté-
individus sont obligés d’accepter des changements rieures : 1970, 1977, et 1985.
d’entreprise, de catégorie socioprofessionnelle ou
même de résidence, pour préserver leur emploi. À
La fréquence des changements d’établisse-l’inverse, une période de croissance laisse davan-
tage de latitude aux préférences individuelles, de par ments et de catégories sociales augmente
la plus grande abondance de l’offre d’emplois : la
mobilité est alors plus souvent volontaire. Les chan- Mesurée à la fréquence des changements d’établis-
gements professionnels sont appréhendés par une sements ou d’entreprises, la mobilité augmente
enquête : l’enquête Formation Qualification Profes- sensiblement entre l’enquête de 1985 et celle de
sionnelle (FQP) qui saisit la situation des personnes 1993 (cf. tableau 1). Elle retrouve ainsi un niveau
au moment où elles sont interrogées, cinq ans aupa- équivalent à celui qu’elle atteignait à l’enquête de
ravant, et au début de leur vie professionnelle (pre- 1970, après avoir sensiblement fléchi de 1972 à
mier emploi occupé) (cf. encadré). Elle ne fournit 1977 et de 1980 à 1985. Deux explications ont été
donc que trois points de repère et ignore les événe- avancées à ce fléchissement : d’une part, une chute
ments qui ont pu intervenir dans l’intervalle : chan- de la mobilité volontaire liée à la montée du chô-
gements de catégorie, période de chômage, mage de la fin des années 70 (Chenu, 1992),
interruption d’activité. D’autre part, les périodes de d’autre part, une raréfaction des promotions
la vie professionnelle qu’elle recouvre ont en géné- qu’aurait provoqué la concurrence des nouvelles
ral connu des retournements conjoncturels : l’en- générations plus diplômées (Goux, 1991). Mais en
quête de 1993 servant de matière à cet article permet s’accélérant à la fin des années 80 et au début des
de rapprocher la situation des personnes interrogées années 90, le bouleversement des activités produc-
en 1988 et en 1993. Cette période de cinq ans voit se tives et de l’organisation des entreprises a, au
Tableau 1
Changement d’établissement ou d’entreprise et changement de catégorie sociale
selon le sexe et l’âge (1985-1993)
En %
Changement d’établissement ou d’entreprise Changement de catégorie sociale (1)
1980-1985 1988-1993 1980-1985 1988-1993
Hommes
20-24 ans 41,0 80,8 40,1 51,2
25-29 ans 48,7 62,2 28,5 32,7
30-34 ans 38,3 49 19,9 22,8
35-39 ans 30,1 37,6 15,6 20,2
40-45 ans 24,4 31,8 11,8 15,6
45-49 ans 20,6 22,4 9,8 10,9
50-54 ans 16,3 24,4 6,3 12,0
55-59 ans 13,0 13,8 5,5 7,1
60-64 ans 6,4 10,9 (2) 3,5 10,2 (2)
Total 29,0 35,4 15,1 18,0
Femmes
20-24 ans 53,9 88,1 24,2 28,3
25-29 ans 39,1 58,7 12,8 26,1
30-34 ans 30,3 45,9 12,7 16,1
35-39 ans 25,5 33,8 10,5 13,5
40-45 ans 19,8 28,0 7,7 13,1
45-49 ans 17,6 22,3 5,4 11,5
50-54 ans 16,1 24,2 6,1 9,0
55-59 ans 11,4 15,0 4,4 6,6
60-64 ans 5,9 19,8 (2) 1,3 8,8 (2)
Total 24,5 33,6 9,3 14,0
1. Catégories socioprofessionnelles : nomenclature PCS regroupée en 7 postes.
2. L’augmentation du taux pour les 60-64 ans concerne des actifs beaucoup moins nombreux en 1993 qu’en 1985.
Lecture : 41 % des hommes âgés de 20 à 24 ans en 1985 ont changé d’établissement ou d’entreprise entre 1980 et 1985.
Champ : actifs occupés en 1980 et 1985 ou en 1988 et 1993.
Source : enquête FQP, Insee.
26 ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 331, 2000 - 1contraire, engendré un regain de mobilité : ce que que le nombre de cadres et de professions intermé-
suggère l’enquête FQP 1993. À partir de 1985, diaires des deux sexes, ainsi que celui des
s’est développée progressivement une certaine employés femmes augmente, les agriculteurs, les
flexibilité de l’emploi : cela explique l’augmenta- artisans commerçants, ou les ouvriers s’avèrent des
tion de la fréquence des changements d’établisse- catégories en déclin, ceci quel que soit le sexe
ments ou d’entreprises, qui relèveraient alors (cf. tableau 2).
davantage d’une mobilité contrainte que volon-
taire. Cette progression est spectaculaire pour les En dehors de la mobilité, les effectifs des différen-
20/24 ans, et plus sensible pour les femmes que tes catégories socioprofessionnelles résultent des
pour les hommes. facteurs suivants : entrées des jeunes sur le marché
du travail, départs en retraite, retraits temporaires
La modification de la structure des emplois a favo- et retours en activité des femmes. L’importance
risé les changements de catégories socioprofes- relative de ces différents mouvements permet de
sionnelles qui se font aussi de nouveau plus caractériser le degré d’ouverture ou au contraire de
nombreux. De 1988 à 1993, et mesuré au niveau le fermeture de chaque groupe. Les graphiques I-A à
plus agrégé de la nomenclature (PCS en sept pos- I-G décrivent l’importance des mouvements
tes), plus de 16 % des actifs ont changé de catégorie d’entrée ou de sortie qui ont affecté en cinq ans (de
sociale. Ce pourcentage est nettement supérieur à 1988 à 1993) certains groupes.
celui de l’enquête de 1985 (12,9 %) et à celui de
1977 (14,5 %). Là encore, la hausse est plus pro- Entre 1988 et 1993, les agriculteurs constituent
noncée pour les femmes, dont la mobilité reste ainsi une catégorie particulièrement close : la dimi-
cependant encore inférieure à celle des hommes nution de ses effectifs résulte de l’importance des
(cf. tableau 1). Concernant toutes les tranches départs en retraite, de la faiblesse d

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