Investissement direct à l étranger et échanges extérieurs : un impact plus fort aux États-Unis qu en France
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L'investissement direct à l'étranger (IDE) et l'activité étrangère des firmes multinationales se développent à un rythme soutenu. De tels investissements sont susceptibles de se substituer directement aux échanges, les exportations se trouvant remplacées par les ventes sur place des filiales implantées à l'étranger. Mais ils peuvent également accroître la compétitivité des firmes concernées sur le marché d'accueil, contribuant ainsi à favoriser les exportations en provenance du pays investisseur : l'IDE s'avère alors complémentaire des échanges internationaux. De la substitution (aux conséquences négatives pour l'activité de la firme ou du secteur économique dans le pays de départ) à la complémentarité (aux conséquences au contraire positives), bien des situations intermédiaires peuvent se rencontrer, suivant le niveau d'analyse retenu : micro ou macroéconomique, dans ce dernier cas, détail plus ou moins grand des nomenclatures d'activité suivant lesquelles sont appréhendés investissement et échanges. Au niveau microéconomique, l'effet de substitution serait prédominant : l'IDE constituerait pour la firme une alternative aux échanges de biens notamment lorsque les coûts de transport sont élevés. Á l'inverse, au niveau macroéconomique l'effet d'entraînement sur les exportations jouerait à plein et cela en contradiction avec le principe de substitution de Mundell. La controverse reste cependant ouverte, avec ses conséquences importantes du point de vue des économies d'origine et d'accueil des investissements. Une base de donnée portant sur les échanges et les IDE entre 1984 et 1994 permet d'y apporter quelques éléments de réponse, en testant les relations entre exportations, importations et solde commercial d'une part, et IDE d'autre part, dans le cas de la France et des États-Unis. L'IDE sortant s'avère alors avoir un impact sur les échanges beaucoup plus fort aux États-Unis. Des effets de substitution peuvent être compensés par les exportations induites par ...

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Langue Français

Extrait

INVESTISSEMENT
Investissement direct à l’étranger
et échanges extérieurs : un impact
plus fort aux États-Unis qu’en France
L’investissement direct à l’étranger (IDE) et l’activité étrangère des firmesLionel
multinationales se développent à un rythme soutenu. De tels investissements sontFontagné
susceptibles de se substituer directement aux échanges, les exportations seet Michaël
trouvant remplacées par les ventes sur place des filiales implantées à l’étranger.Pajot*
Mais ils peuvent également accroître la compétitivité des firmes concernées sur le
marché d’accueil, contribuant ainsi à favoriser les exportations en provenance du
pays investisseur : l’IDE s’avère alors complémentaire des échanges
internationaux. De la substitution (aux conséquences négatives pour l’activité de la
firme ou du secteur économique dans le pays de départ) à la complémentarité (aux
conséquences au contraire positives), bien des situations intermédiaires peuvent se
rencontrer, suivant le niveau d’analyse retenu : micro ou macroéconomique, dans
ce dernier cas, détail plus ou moins grand des nomenclatures d’activité suivant
lesquelles sont appréhendés investissement et échanges.
Au niveau microéconomique, l’effet de substitution serait prédominant : l’IDE
* Lionel Fontagné est
professeur à l’université constituerait pour la firme une alternative aux échanges de biens notamment
Paris I (TEAM-CNRS) et lorsque les coûts de transport sont élevés. À l’inverse, au niveau
conseiller scientifique au
CEPII et Michaël Pajot macroéconomique, l’effet d’entraînement sur les exportations jouerait à plein et
est économiste à la Di-
cela en contradiction avec le principe de substitution de Mundell. La controverserection de la Prévision,
bureau des échanges reste cependant ouverte, avec ses conséquences importantes du point de vue des
extérieurs et membre de
économies d’origine et d’accueil des investissements.TEAM-CNRS.
Une base de données, portant sur les échanges et les IDE entre 1984 et 1994 permet
d’y apporter quelques éléments de réponse, en testant les relations entre
exportations, importations et solde commercial d’une part, et IDE d’autre part,
dans le cas de la France et des États-Unis.
L’IDE sortant s’avère alors avoir un impact sur les échanges beaucoup plus fort
aux États-Unis. Des effets de substitution peuvent être compensés par les
exportations induites par l’IDE dans d’autres branches (effets de stimulation).
L’IDE d’une branche industrielle à destination de l’étranger stimule autant les de cette dernière que celles du reste de l’industrie, et cet effet
d’entraînement est encore plus marqué pour l’IDE réalisé en France par
Les noms et dates entre l’étranger. Aux États-Unis, qu’il soit entrant ou sortant, l’IDE favorise le déficit
parenthèses renvoient à
commercial. Enfin, l’IDE entrant est en moyenne plus défavorable que l’IDEla bibliographie en fin
d’article. sortant à la balance commerciale.
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 326-327, 1999 - 6/7 71a division internationale du travail a ré- des effets défavorables pour la balance com-L cemment profondément évolué. L’usine merciale du pays d’origine de cet IDE. Toute-
est devenue globale : différentes filiales d’un fois, cette complémentarité peut également
même groupe, localisées dans différents pays, concerner les importations en provenance du
concourent à la production d’un même bien. pays hôte. Ainsi, dans le cas d’une délocalisa-
Une part importante des échanges internatio- tion, une partie de la production à l’étranger
naux portent donc sur des produits destinés à pourra être réexpédiée par la filiale vers l’éco-
retourner dans les processus de production : nomie d’origine. Il est toutefois difficile de dis-
biens intermédiaires, composants ou pièces cerner dans ce dernier cas les effets sur
détachées. Les économies tendent alors à se l’activité dans le pays d’origine. Sans délocali-
spécialiser verticalement sur certains stades du sation, la production aurait pu être amenée à
processus de production, plutôt que sur des disparaître tout ou partie, en raison de la perte
branches. Et au sein même des branches, les d’avantage macroéconomique de l’économie
échanges croisés se développent rapidement, d’origine. Finalement, assimiler l’effet net de
en particulier ceux associés à des positionne- l’IDE sur la balance commerciale à un indica-
ments de gamme différents (voir Fontagné et teur des changements du niveau d’activité qu’il
Freudenberg, dans ce numéro). Plus générale- induit dans le pays d’origine revient à en gon-
ment, la technologie, l’éducation, l’innovation fler de manière exagérée les effets négatifs.
apparaissent comme les clés de la compétitivi-
té dans la nouvelle société de l’information. Cette question de la complémentarité entre in-
vestissement direct et échanges internationaux
Mais surtout, l’investissement direct à l’étran- a été examinée par un groupe de travail de
ger (appelé IDE dans ce qui suit) (1), et l’activi- l’Organisation Mondiale du Commerce
té étrangère des firmes multinationales se (OMC), mis en place lors de la Conférence
développent à un rythme soutenu. Ils touchent de Singapour à la fin 1996 et ayant rendu ses
tous les secteurs : agriculture, industrie, servi- conclusions deux ans plus tard (WTO, 1998).
ces. Les flux d’IDE ont enregistré une augmen- Elles soulignent que la complémentarité est
tation record de 19 % en 1997, et à nouveau de pour l’IDE un contexte beaucoup plus fréquent
10 % en 1998, pour atteindre environ 440 mil- que celui de substitution. Toujours à l’OMC,
liards de dollars. Environ 450 000 filiales de c’est également le point de vue de Drabek
firmes multinationales sont installées dans le (1998) qui réfute l’inquiétude des politiciens
monde (UNCTAD, 1998). Ces filiales repré- voyant dans les interrogations sur la nature de
sentent aujourd’hui 6 % du Produit Intérieur cette relation un motif de refus d’un accord
Brut (PIB) mondial, chiffre à comparer à 2 % international sur l’investissement : (« la plupart
en 1982 (Hummels et al., 1998). Le commerce des auteurs laissent à penser que la complémen-
intra-firme représente un tiers des exportations tarité est le cas courant ») (p.11).
mondiales et les ventes des filiales étrangères
augmentent plus vite que les exportations mon- Ces affirmations tranchent avec les conclusions
diales. Les exportations totales des filiales ont plus nuancées de la littérature. C’est la complé-
atteint le chiffre de 2 000 milliards de dollars en mentarité qui semblerait ainsi prévaloir au ni-
1997, et leurs ventes sur place 9 500 milliards. veau macroéconomique, alors que les relations
entre IDE et échanges au niveau microécono-
Ces bouleversements justifient que l’on s’inter- mique ou au niveau sectoriel détaillé sont plus
roge sur les relations entre échanges internatio- complexes. Les effets nets sur la balance com-
naux et IDE (cf. encadré 1). Du point de vue du merciale du pays d’origine et du pays hôte méri-
pays d’origine (2) de l’IDE, si l’investissement tent également d’être examinés attentivement.
direct est un substitut aux échanges, les expor- Enfin, les déterminants communs de l’IDE et du
tations seront partiellement remplacées par des commerce doivent être pris en compte. Investir
ventes sur place des filiales implantées à et exporter dans une même branche ne signifie
l’étranger. Le niveau d’activité dans le pays pas nécessairement qu’il y ait complémentarité
d’origine en sera affecté et avec lui l’emploi
dans la branche concernée (3). À l’opposé, en 1. Par convention, la détention par l’investisseur de plus de 10 %
du capital de l’entreprise destinataire de son apport financiercas de complémentarité, investir à l’étranger si-
(cible de l’investissement) constitue le critère permettant de
gnifiera une plus grande compétitivité sur le dis

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