Prévoir l investissement des entreprises Un indicateur des révisions dans l enquête Investissement
26 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Prévoir l'investissement des entreprises Un indicateur des révisions dans l'enquête Investissement

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
26 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

L'enquête trimestrielle sur les investissements dans l'industrie de l'Insee est une source d'information très importante sur les évolutions conjoncturelles de l'investissement productif. Toutefois, la nature annuelle des questions posées rend difficile son utilisation pour des prévisions selon un rythme trimestriel. Pour cela, cet article propose un indicateur trimestriel des révisions d'anticipations d'investissement des industriels. Cet indicateur mesure les adaptations des projets d'investissement au cours de l'année, en fonction des évolutions conjoncturelles. Bien corrélé aux évolutions trimestrielles de l'investissement des entreprises, il est disponible environ trois mois avant la publication des premiers résultats des comptes nationaux trimestriels. Les distributions étudiées ne vérifiant pas certaines caractéristiques de la loi normale (les valeurs extrêmes y sont plus fréquentes, et on observe de fortes concentrations autour de la valeur zéro), il est nécessaire de mettre en oeuvre une méthode d'estimation robuste aux révisions des valeurs extrêmes. En prenant également en compte la présence d'hétéroscédasticité, il a été choisi d'utiliser la méthode dite des « M-estimateurs Quasi Généralisés ».

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 48
Langue Français

Extrait

CONJONCTURE
Prévoir l’investissement des entreprises
Un indicateur des révisions dans l’enquête Investissement
Nicolas Ferrari*
L’enquête trimestrielle sur les investissements dans l’industrie de l’Insee est une source
d’information très importante sur les évolutions conjoncturelles de l’investissement
productif. Toutefois, la nature annuelle des questions posées rend diffi cile son utilisa-
tion pour des prévisions selon un rythme trimestriel. Pour cela, cet article propose un
indicateur trimestriel des révisions d’anticipations d’investissement des industriels. Cet
indicateur mesure les adaptations des projets d’investissement au cours de l’année, en
fonction des évolutions conjoncturelles. Bien corrélé aux évolutions trimestrielles de
l’investissement des entreprises, il est disponible environ trois mois avant la publication
des premiers résultats des comptes nationaux trimestriels.
Les distributions étudiées ne vérifi ant pas certaines caractéristiques de la loi normale
(les valeurs extrêmes y sont plus fréquentes, et on observe de fortes concentrations
autour de la valeur zéro), il est nécessaire de mettre en œuvre une méthode d’estimation
robuste aux révisions à valeurs extrêmes. En prenant également en compte la présence
d’hétéroscédasticité, il a été choisi d’utiliser la méthode dite des « M-estimateurs Quasi
Généralisés ».
* Nicolas Ferrari travaillait au Département de la conjoncture de l’Insee lors de la rédaction de cet article. Il remercie
Olivier Biau, Michel Devilliers, Eric Dubois, Hélène Erkel-Rousse, Philippe Scherrer et Fabien Toutlemonde pour leurs
nombreux conseils. Courriel : nicolas.ferrari@m4x.org
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 395-396, 2006 39es indicateurs conjoncturels relatifs à l’in- tion conjoncturelle de questions qui s’y prê-Lvestissement productif sont rares et leur tent mal à première vue.
qualité prédictive est souvent faible (cf. Fer-
rari, 2005a, et aussi pour un panorama global Il est possible de construire un indicateur de
de l’analyse conjoncturelle de l’investissement révision de l’investissement simplement en
des entreprises, l’ouvrage de Fayolle, 1987). calculant la différence entre le taux de crois-
L’enquête sur les investissements dans l’indus- sance de l’investissement prévu à la dernière
trie (nommé ici enquête Investissement), menée enquête et celui prévu à l’enquête précédente.
trimestriellement (depuis 2003) par l’Insee, est Un tel indicateur se révèle toutefois décevant
une des rares sources conjoncturelles relatives car peu corrélé aux évolutions trimestrielles de
aux dépenses d’équipement des entreprises. Elle l’investissement. Une première explication à
permet de prévoir l’investissement industriel cette déception vient du fait que les révisions
annuel de manière relativement fi able et avan- des prévisions de taux de croissance provien-
cée dans le temps. L’invnent pour partie d’une modifi cation de l’échan-
est également bien corrélé avec celui des autres tillon des entreprises répondantes. Il est ainsi
secteurs d’activité. L’enquête Investissement nécessaire de ne retenir que les seules entrepri-
offre donc une information intéressante concer- ses ayant répondu aux deux enquêtes. En outre,
nant l’investissement productif de l’ensemble parmi les entreprises ayant répondu aux deux
des secteurs d’activité. enquêtes, les révisions de taux de croissance
découlent dans certains cas de modifi cations
des évaluations par les entreprises du mon-Toutefois, cette enquête se prête à première
tant de leur investissement au cours de l’année vue mal à une utilisation conjoncturelle. En
antérieure : ces révisions n’ont aucune raison effet, les entreprises sont interrogées sur leurs
de modifi er les investissements sur le reste de investissements de l’ensemble de l’année, si
l’année en cours. Il apparaît alors plus effi cace bien qu’on ne sait pas a priori dire à quelle
de raisonner sur les révisions apportées aux période de l’année ont été ou seront effectués
montants mêmes d’investissements prévus par ces investissements. Une deuxième analyse
les entreprises.conduit toutefois à réviser ce premier jugement
négatif. Intuitivement, lorsqu’une entreprise
révise en cours d’année à la baisse sa prévision Mais cela ne suffi t pas. En effet, la révision
d’investissement, ce peut être parce qu’elle moyenne calculée sur l’ensemble des entre-
est confrontée à une dégradation imprévue prises est très affectée par les valeurs extrê-
de son environnement économique. Dans ces mes : une part non négligeable des entreprises
conditions, on s’attend à ce qu’elle ajuste ses interrogées connaît en effet des fl uctuations
plans d’investissement pour les trimestres qui importantes de ses rythmes d’investissement
suivent : une révision à la baisse de la crois- sans relation interprétable avec les modifi ca-
sance prévue des investissements devrait donc tions de son environnement économique. Ces
être associée à un ralentissement des investis- fl uctuations, importantes pour une entreprise
sements sur le reste de l’année, et inversement donnée, ne sont pas pour l’essentiel liées à un
une révision à la hausse de la croissance prévue mouvement économique global. Il est donc
des investissements serait liée à une accéléra- nécessaire de recourir à des techniques de sta-
tion sur le reste de l’année. tistique « robuste » aux révisions extrêmes (au
sens précis où l’infl uence que sont susceptibles
d’avoir les révisions « extrêmes » de projets Cet article s’attache à extraire l’information
d’investissement est limitée de manière à ce contenue dans ces révisions, sans s’intéres-
que le retrait d’une entreprise de l’échantillon ser précisément aux canaux de transmission
ne modifi e pas beaucoup le résultat global). qui lient les évolutions de l’environnement
L’utilisation de statistiques robustes permet de de l’entreprise aux révisions d’investisse-
diminuer le poids de ces révisions extrêmes. ment. Un examen plus attentif de ces éléments
Cet article propose ainsi un indicateur trimes-nécessiterait un modèle structurel exprimant
triel des révisions d’anticipations d’investisse-des arbitrages inter-temporels des entrepri-
ment des industriels basé sur la méthode d’es-ses. Cette approche, plus « économique »,
timation robuste des M-estimateurs proposée au sens où elle identifi erait les déterminants
par Huber (1964).du comportement des entreprises pour ce
qui concerne leurs investissements, n’entre
pas dans le champ du travail présenté ici. En L’ampleur des révisions étant très corrélée à la
effet, dans cet article, l’accent est mis sur la taille, nous devrons également tenir compte de
méthode retenue pour extraire une informa- cet effet « taille ».
40 ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 395-396, 2006L’indicateur des révisions ainsi construit se - d’autre part, ils émettent une opinion sur les
révèlera alors être bien corrélé aux varia- évolutions passées et prévues de leurs dépenses
tions trimestrielles de la FBCF des ENF (1) semestrielles d’investissement. Ces opinions
en valeur. Il apparaît ainsi comme un indica- sont formulées par un choix entre les modalités
teur utile pour prévoir les variations de cette « en hausse », « stable » et « en baisse ». Elles
variable. sont agrégées et publiées sous formes de soldes
d’opinion (différences des proportions pondé-
rées de réponses « en hausse » et de réponses Dans un premier temps, nous présentons l’en-
« en baisse »). (1) (2)quête Investissement et nous proposons un guide
de lecture des résultats publiés pour l’analyse
conjoncturelle de l’investissement. Ces résul- Ces deux types de questions sont présents à cha

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents