La complémentaire santé : une généralisation qui nefface pas les inégalités
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Neuf personnes sur dix disposent en 2003 d’une couverture maladie complémentaire contre sept sur dix en 1981. En 2003, les plus pauvres et les étrangers restent moins couverts. Les ménages sans enfant ont une probabilité plus élevée que les autres de ne pas être couverts par une complémentaire. Les chômeurs aussi. Le statut professionnel joue également un rôle important : pour près d’un assuré social sur quatre ayant une complémentaire, cette adhésion était rendue obligatoire par son entreprise. Ces différences ne sont pas sans lien avec le recours aux soins : les individus non couverts sont deux fois plus nombreux à ne pas avoir consulté de médecin au cours des douze derniers mois. La couverture maladie complémentaire se généralise mais reste inégale Les plus pauvres et les étrangers restent les moins couverts L’importance des facteurs familiaux et professionnels Les bénéficiaires de la sécurité sociale 100 % sont moins souvent couverts Couverture santé et recours aux soins sont liés

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Nombre de lectures 27
Langue Français

Extrait

N° 1142 - JUIN 2007
PRIX : 2,30€
La complémentaire santé :
une généralisation
qui n’efface pas les inégalités
François Marical, division Études sociales,
Thibaut de Saint Pol, division Conditions de vie des ménages, Insee
euf personnes sur dix disposent complémentaire qui est financée par les pouvoirs
publics) et 7 % par les individus eux-mêmes. Leen 2003 d’une couverture maladie
nombre de personnes bénéficiant d’une com-Ncomplémentaire contre sept sur
plémentaire santé a augmenté à tous les âges.
dix en 1981. En 2003, les plus pauvres et
La part des individus non couverts parmi les
les étrangers restent moins couverts. 18-29 ans est ainsi passée de 33 % en 1981 à
Les ménages sans enfant ont une proba- 23 % en 1992 et 14 % en 2003, tandis que pen-
bilité plus élevée que les autres de ne pas dant la même période elle passait chez les plus
de 70 ans de 54 % à 10 % (graphique 1). Paral-être couverts par une complémentaire.
lèlement, les écarts entre classes d’âge ont for-Les chômeurs aussi.
tement diminué. En 2003, c’est parmi les
Le statut professionnel joue également
jeunes que le taux de non-couverture est le
un rôle important : pour près d’un assuré plus fort, du fait en particulier de la perte du
social sur quatre ayant une complémen- bénéfice de la complémentaire de leurs
taire, cette adhésion était rendue obliga- parents, de revenus plus faibles et d’une meil-
leure santé en moyenne. La couverture relati-toire par son entreprise.
vement plus mauvaise des personnes les plusCes différences ne sont pas sans lien
âgées s’est effacée.
avec le recours aux soins : les individus
non couverts sont deux fois plus nom-
breux à ne pas avoir consulté de médecin Les plus pauvres et les étrangers
au cours des douze derniers mois. restent les moins couverts
La couverture maladie complémentaire s’est
En 2003, 99,6 % de la population de France diffusée dans l’ensemble de la population, mais
métropolitaine est couverte par l’assurance reste fortement corrélée au niveau de vie (gra-
maladie de la sécurité sociale. Cela n’a pas phique 2) : plus le niveau de vie de leur ménage
toujours été le cas. En effet, cette proportion
est passée de 76 % en 1960 à 99 % en 1981. Part de personnes non couvertes par une
Mais la sécurité sociale ne prend pas en charge complémentaire santé en fonction de l’âge
en %la totalité des dépenses de santé et le montant
60
restant à la charge des patients dépend du fait
qu’ils bénéficient ou non d’une couverture 50
maladie complémentaire (définitions). En effet,
dès la création de la sécurité sociale en 1945 40
se sont mis en place des systèmes de couver-
ture complémentaire. Celle-ci peut prendre la 30
forme d’une mutuelle, d’une assurance ou de la
20couverture maladie universelle complémen-
taire (CMU complémentaire, définitions) créée
10en 2000. En 1981, 69 % de la population béné-
ficiaient d’une couverture complémentaire.
0Cette proportion dépasse 90 % en 2003. 18-29 30-39 40-49 50-59 60-69 + 70
Âge1981 1992 2003En 2003, 83 % des dépenses de santé sont
Lecture : en 1981, 33 % des personnes âgées de 18 à 29 ans n’étaientfinancées par la sécurité sociale, l’État et les col-
pas couvertes.
lectivités territoriales, 10 % par les couvertures Champ : individus de 18 ans et plus vivant en France métropolitaine.
Source : enquêtes Santé 1981, 1992 et 2003, Insee.maladie complémentaires (en dehors de la CMU
INSEE
PREMIEREest faible, plus les individus se trouvent Part de personnes non couvertes par une complémentaire en fonction du
sans complémentaire santé. En 2003, quintile de niveau de vie
en %
21 % des individus appartenant aux 50
20 % de ménages ayant le niveau de vie
erle plus faible (1 quintile) ont déclaré ne 40
pas avoir de complémentaire contre 4 %
30pour le quintile le plus élevé, soit un rap-
port de un à cinq. Destinée aux foyers à
20très bas revenus (moins de 562 euros
mensuels pour une personne seule), la
10CMU complémentaire, qui concernait
plus de 4,5 millions de bénéficiaires fin
0
Q2 Q3 Q4 Q52003, devrait en principe assurer une Q1
1981 1992 2003 Niveau de vie du ménage
couverture à l’ensemble de la population
Lecture : en 1981, 46 % des personnes appartenant aux 20 % de ménages (Q1) ayant le niveau de vie le plus faible n’avaient
concernée. La réalité est plus complexe pas de couverture maladie complémentaire.
Champ : individus de 18 ans et plus vivant en France métropolitaine.et ce dispositif, dont le bénéfice néces-
Sources : enquêtes Santé 1981, 1992 et 2003, Insee.site une démarche administrative,
souffre d’un non-recours important Les déterminants de la non-couverture par une complémentaire santé en 2003
(entre 14 et 15 % en 2003), pour des pro-
Variable Modalités Odds ratio
blèmes d’information d’une part mais
Sexe Femme 1
aussi parce que certains des bénéficiai-
Homme 1,1
res potentiels, notamment les plus jeu-
Âge 18-29 ans 2
nes, éprouvent moins de besoins de 30-39 ans 1,8
soins. 40-49 ans 1,3
50-59 ansAinsi, les populations les plus vulnéra-
60-69 ansbles sont les moins couvertes : 13 % des
70 ans et plus 1
personnes appartenant à une famille erNiveau de vie 1 quintile 3,3
monoparentale n’ont pas de complé- e2 2
ementaire, contre 5 % des individus vivant 3 quintile 1,4
e4dans un ménage composé d’un couple
e5 quintile 1et de deux enfants. C’est aussi le cas
Nationalité Français de naissance 1des étrangers : 46 % des Africains non
Français par acquisition 2,5
maghrébins, 42 % des Maghrébins vivant
Europe 3,7
en France, 33 % des ressortissants des Afrique 6,2
pays européens hors UE et 21 % des Reste du monde 5,4
ressortissants des pays de l’Union euro- Enfants mineurs dans le ménage Oui 1
Non 1,7péenne ne sont pas couverts, contre 8 %
Occupation Actif ayant un emploi 1des Français de naissance. La diffé-
Chômeur 3rence entre Français de naissance et
Inactif 1,6
Français par acquisition est également 1Catégorie professionnelle N’a jamais travaillé
importante (13 points). Elle cache en Agriculteur
réalité des situations très différentes Artisan/Commerçant/Chef d’entreprise 1,8
Profession intellectuelle supérieure (libérale) 3,7selon le pays de naissance de ces der-
Profession intellectuelle supérieure (salarié)niers : 26 % des individus qui ont acquis
Profession intermédiaire dans les services 1
la nationalité française mais qui sont nés
Profession intermédiaire hors services
au Maghreb restent sans couverture Employé dans les services
complémentaire contre 9 % de ceux nés Employé hors services
Ouvrier dans l’industrieen Europe (hors UE).
Ouvrier hors industrie 1,7
Zone d’habitation Rurale 1
Urbaine 1,4
L’importance des facteurs
Sécurité sociale 100 % Non 1
familiaux et professionnels Oui 1,3
Note : une régression qualitative a été effectuée pour comparer la probabilité d’avoir une couverture complémentaire maladie
Être couvert par une complémentaire des assurés sociaux selon leur situation. Le modèle est à résidus logistiques (logit). Les variables prises en compte figurent
dans le tableau ci-dessus. Le modèle permet d’estimer l’effet de chacune d’entre elles, en neutralisant l’effet des autressanté ne dépend pas uniquement de
variables.
facteurs individuels. Le contractant peut 1. La catégorie professionnelle d’une personne qui ne travaille plus mais a travaillé est celle de son dernier emploi.
en effet en faire bénéficier ses proches. Lecture : un homme a 1,1 fois plus de risque qu'une femme de ne pas être couvert par une complémentaire santé, toutes choses
égales par ailleurs. Les coefficients qui n'apparaissent pas ne sont pas significativement différents de 1 au seuil de 5 % . La mo-La profession de l’individu joue, mais la
dalité de référence est indiquée en italique.
probabilité qu’une personne soit cou- Champ : assurés sociaux de 18 ans et plus vivant en France métropolitaine.
verte ou non par une complémentaire Source : enquête Santé 2003, Insee.
INSEE - 18, BD ADOLPHE PINARD - PARIS CEDEX 14 - TÉL. : 33 (0) 1 41 17 50

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