1983-1997 : les Français se parlent de moins en moins
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Que ce soit avec les parents, les amis, les collègues, voire les commerçants, les relations directes d'ordre privé (hors téléphone) sont en baisse. Ainsi en quinze ans, le nombre de salariés ayant eu dans la semaine une conversation extra-professionnelle (cinéma, politique, sports...) avec un collègue s'est réduit de 12 %. Simultanément, les relations accusent une perte de 26 % avec les commerçants et de 17 % avec les amis alors que les relations de voisinage et de parenté résistent mieux avec - 7 %. Cet affaiblissement de la sociabilité dans le monde professionnel, mais au-delà dans la sphère privée, semble être en partie la conséquence des évolutions récentes du monde du travail.

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Langue Français

Extrait

N° 571 MARS 1998
PRIX : 15F
1983 -1997 : les Français
se parlent de moins en moins
Nathalie Blanpain, Jean Loui- s Pan Ké Shon,
Division Conditions de vie des ménages, Insee
et d’autre part, la réduction des temps mortsue ce soit avec les parents, les
au sein des entreprises contracte encore le
amis, les collègues, voire les temps pendant lequel il est potentiellementQ commerçants, les relations di- possible d’établir des contacts.
L’enquête de l’Insee va plus loin que larectes d’ordre privé (hors téléphone) sont
mesure des contacts de travail. Elle porte
en baisse. sur la sociabilité au sens plus large : en
Ainsi en quinze ans, le nombre de salarié1997, 43 % des individus ont ainsi déclarés
avoir discuté au cours de la semaine avecayant eu dans la semaine une conversa
au moins un commerçant ou un prestataire
tion extra-professi onnelle (cinéma, politi- de service (médecins, enseignants, etc.)
que, sports...) avec un collègue s’est d’un sujet non directement lié à ce service.
En 1983, ils étaient 58 % dans ce cas. Ici, laréduit de 12 %. Simultanément, les rela-
mesure retenue de la sociabilité baisse de
tions accusent une perte de 26 % avec les26 %. On peut de nouveau y voir l’effet d’un
commerçants et de 17 % avec les amis individualisme croissant des Français. On
peut plus prosaïquement rapporter cette évo alors que les relations de voisinage et de
lution aux modifications intervenues dans la
parenté résistent mieux avec 7 %. distribution commerciale. Le développement
Cet affaiblissement de la sociabilité dans des grandes surfaces au détriment des petits
commerces de proximité a contribué à réduirele monde professionnel, mais au-delà
sensiblement les relations entre les consom
dans la sphère privée, semble être en par-mateurs et les commerçants.
tie la conséquence des évolutions récen- Entre 1983 et 1997, au delà des relations de
travail ou des relations avec les commerçants,tes du monde du t avair l.
Proportion de personnes ayant
En 1997, l’Insee a interrogé les Français sur
discuté avec au moins un interlocuteur
la fréquence des relations directes (hors
selon le type de relation
téléphone) qu’ils entretiennent avec leur paren
té, leurs amis, leurs collègues de travail,
leurs voisins ou leurs autres relations. En
particulier, il ressort que 72 % des salariés
ont eu une conversation non professionnelle
avec au moins un collègue de travail au cours
d’une semaine. En 1983, l’Insee avait procédé
à un questionnement similaire, au cours duquel
il apparaissait que 82 % des salariés avaient
discuté avec au moins un ollègue pendantc
la semaine. En 15 ans, selon cet indicateur,
les contacts entre collègues de travail ont
donc baissé d’environ 12 % pour les sala
riés. On pourrait lire dans cette tendance le
résultat d’un plus grand individualismlié ene,
partie à l’évolution des entreprises et au dur-
* Y compris les camarades d’étudescissement du marché du travail. On pourrait
Champ : Personnes de 18 ans et plus habitant en France métropolitaine
également l’interpréter à la lumière de la 1. Ensemble
hausse du recours aux divers contrats de 2. Salariés occupant un emploi
Lecture : En 1997, 73 % des personnes de 18 ans et plus ont discuté,courte durée : d’une part, ces ne
dans la semaine, avec un membre ou plus de leur parenté.
favorisent pas l’établissement de relations Sources : Enquête Permanente sur les Conditions de vie des ména
avec des collègues, ce qui requiert du temps ges, mai 1997, Insee. Enquête Contacts, 1983, Ined et Insee
INSEE
PREMIEREla fréquence des contacts a diminué rents par semaine tableau 1( ). Ceux ci mode de vie favorise les contacts ami
dans tous les autres domaines figurant interviennent près de 3 fois sur cette caux. Moins astreints par les tâchescette enquête : relations d’ami période, ce qui équivaut à 26 conversa- quotidiennes, la plupart du temps allé
tié, de parenté, de voisinage et l’ensem tions. Plus d’un quart des interlocuteurs gés des soucis matériels qui reposent
ble des autres relations. fait partie de la parenté, un autre quart encore en grande partie sur les pa-
Ainsi, les relations entre personnes est représenté par les amis, environrents, amenés à côtoyer un grand
ayant une proximité géographique ou un sixième est désigné comme des col- nombre de personnes dans la même
affective (voisins, membres d’une même lègues de travail ou d’étude. Le reste situation, les élèves et étudiants mon
famille...) ont légèrement diminué : en des contacts se partagent entre les trent une plus grande disponibilité
1997, 51 % des Français ont parlé voisins, les relations de service et les dans la constitution de leur réseau de
avec un voisin au cours de la semaine, autres connaissances. relations. Environ 40 % de leurs inter
contre 55 % en 1983 (graphique). Cet locuteurs sont des relations d’amitié.
effritement est le moins important parmi Cette proportion est particulièrementÉtudiant, actif, retraité :
l’ensemble des catégories recensées. élevée : elle n’est que de 24 % danstrois types de sociabilité
Les relations de parenté fléchissent et l’ensemble de la population ; même
passent de 78 % en 1983 à 73 % en L’intensité des contacts sociaux varie parmi les jeunes qui ne sont plus en
1997. Mais la parenté ne constitue avec l’âge, le sexe, le niveau d’étude, cours d’étude, mais qui travaillent, elle
pas un ensemble homogène aux compor la position sociale, le fait de vivre seuln’est que de 30 %. Cette proportion
tements identiques. La parenté directe ou en famille, d’être étudiant, actif ou est d’autant plus forte qu’elle ne prend
(parents, enfants...) résiste mieux à la retraité, etc. Ainsi, la sociabilité reflètepas en compte les personnes dési
baisse de fréquentation que celle plus l’évolution des personnes au cours gnées comme des camarades de
éloignée (oncles, cousins, neveux...). des trois périodes majeures du cycle classe ou de faculté qui représentent
Ce repli des contacts sur le cercle le de vie : la période d’étude, le temps deen plus 24 % des interlocuteurs des
plus étroit de la parenté trouverait un l’activité et la retraite. Mais, il est diffi étudiants (pour des conversations tou
début d’explication dans la mobilité cile d’isoler les influences récipro- chant d’autres sujets que les cours).
géographique qui s’est développée ques de l’âge et du statut d’activité En contre partie, les autres relations
entre 1983 et 1997. L’éparpillement sur le comportement relationnel des sont limitées. Les étudiants prêtent
géographique expliquerait le recen individus. très peu d’attention à leurs voisins et
trage des contacts sur la parenté la ont peu de contact avec les relations
plus proche avec qui les liens sociaux de service.Elèves et étudiants :
sont culturellement les plus forts. Cepen les copains d’abord
dant, il s’agit d’une mesure particulière Jeunesse passe,
de la sociabilité qui ne rend notamment Les élèves et les étudiants se distin amitiés trépassent
pas compte de la qualité et de l’intensité guent des jeunes actifs du même âge
de la relation. par une fréquentation plus intense de Le nombre de discussions hebdoma
L’amitié subit elle un effet identique, c’est-leurs relations. En effet, les actifs occupésdaires par interlocuteur distingue les
à dire un rapprochement des meilleurs amisâgés de moins de 25 ans ont 9 interlo jeunes de 15 à 24 ans des autres clas
au détriment des « copains » ? L’enquête cuteurs différents par semaine, soit ses d’âge : plus de quatre en moyenne,
ne permet pas de le dire, les relations autant que les élèves et les étudiants contre près de trois pour le reste de la
amicales n’étant pas aussi aisément (tableau 2). En revanche, ils se limi population. Le nombre des discussions
identifiables que les relations familiales. tent à 31 discussions hebdomadaires régresse ainsi avec l’âge. Les elationsr
Les contacts amicaux fléchissent de en moyenne, contre 42 pour les étu amicales diminuent également au fil
17 % entre les deux dernières enquê diants. Au moment des études, le du temps, le nombre moyen d’

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