Les fumeurs face aux récentes hausses du prix du tabac
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Entre 1991 et 1996, le prix du paquet de cigarettes a été multiplié par deux. Dans le même temps, la loi Evin interdisait de fumer dans les locaux à usage collectif ainsi que toute publicité pour le tabac. Les fumeurs ont réagi en diminuant leur consommation et en privilégiant les cigarettes moins chères et le tabac en vrac. Si la proportion de fumeurs a continué de diminuer chez les hommes, elle augmente toujours chez les femmes, sauf chez les cadres où elle diminue sensiblement. Le lien étroit entre politique tarifaire et baisse des quantités consommées est un phénomène observé dans l'ensemble des pays de l'Union européenne depuis une dizaine d'années.

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Nombre de lectures 16
Langue Français

Extrait

N° 551 OCTOBRE 1997
PRIX : 15 F
Les fumeurs face aux récentes
hausses du prix du tabac
Marie Anguis, Division Syntèses dh es Biens et Services,
Dominique Dubeaux, Département de l’Édition, Insee
hausse de prix du tabac a été mise enntre 1991 et 1996, le prix du paquet
place : entre septembre 1991 et décembre
de cigarettes a été multiplié par 1996, l’indice du prix du tabac a pratique E deux. Dans le même temps, la loi ment doublé (+ 96,5 % soit 74 points de plus
que l’inflation). Sur la même période, lavin interdisait de fumer dans les locaux
quantité de tabac vendue a baissé de 8,5 %.
à usage collectif ainsi que toute publicité Cette relation inverse entre prix et consom
pour le tabac. Les fumeurs ont réagi en mation de tabac est conforme aux observa
tions sur le passé (graphique 1). Ainsi, ladiminuant leur consommation et en privi-
baisse continue du prix relatif ( cf. Pour com
légiant les cigarettes moins chères et le prendre ces résultats ) du paquet de cigaret
tabac en vrac. Si la proportion de fumeurtes de la fin des années soixante au milieus
des années soixante dix s’était accompa-a continué de diminuer chez les hommes,
gnée d’une augmentation de la consomma
elle augmente toujours chez les femmes, tion, la quantité moyenne par personne de
sauf chez les cadres où elle diminue sen15 ans et plus, fumeur ou - non, étant passée
de 4,6 cigarettes par jour en 1968 à 5,9 ensiblement. Le lien étroit entre politique
1975. Ensuite, jusqu’au début des années
tarifaire et baisse des quantités consom- quatre vingt dix, le prix relatif du paquet de
mées est un phénomène observé dans cigarettes était resté stable. Dans le même
temps, la consommation stagnait autour del’ensemble des pays de l’Union euro-
5,8 cigarettes par jour.
péenne depuis une dizaine d’années.
Le doublement du prix du paquet de
cigarettes a entraîné une baisse des
En 1996, en France, les fumeurs (8 millions quantités fumées ...
d’hommes et 5,5 millions de femmes) ont
dépensé 72 milliards de francs pour leur Entre septembre 1991 et décembre 1996, le
budget tabac (450 francs par mois et par fu tabac a subi neuf hausses successives ( gra
meur) et fumé au total 95 milliards de ciga phique 2). Ces augmentations, fortes et ré
rettes (ou équivalent), soit 19 cigarettes parpétées, ont découragé les fumeurs : la
fumeur et par jour en moyenne. consommation de cigarettes a baissé, passant
Depuis une vingtaine d’années, les campa de 5,8 cigarettes par jour et par personne de
gnes contre le tabagisme se succèdent et 15 ans et plus à 5 cigarettes.
informent les Français des méfaits du ta-
bac : “ prenez la vie à pleins poumons ”, “ ne
Consommation de cigarettes
fumez pas, n’enfumez plus ”. Des mesures
et prix relatif du paquet
gouvernementales ont été prises (loi Veil en
1976 puis loi Evin en 1991) pour limiter la
consommation de tabac et protéger les non
fumeurs contre les risques du tabagisme
passif. Il est désormais interdit de fumer
dans les lieux affectés à un usage collectif,"
notamment scolaire, et dans les moyens de
transports collectifs, sauf dans les emplace
ments expressément réservés aux fu
meurs". De même, "toute propagande ou
publicité, directe ou indirecte, en faveur du
tabac ou des produits du tabac ainsi que
toute distribution gratuite sont interdites".
Sources : Seita, InseeDans le même temps, une politique de
?
INSEE
PREMIEREL’étude approfondie de l’impact d’une dépendants, le tabac est un bien de de francs en 1996 contre 45 milliards
augmentation du prix sur la consom première nécessité. Ainsi, depuis en 1991. Cela s’est donc traduit par
mation de tabac (cf. encadré) montre 1991, chaque augmentation de prix a une augmentation des profits pour les
que la hausse de prix doit être forte et entraîné une baisse de la consomma fabricants et les débitants, mais aussi
continue pour freiner notablement et tion de cigarettes au profit du tabac à pour l’État. En effet, le poids des taxes
durablement la consommation. En ef rouler. Certes, l’attrait du tabac à rou sur les cigarettes a augmenté entre
fet, après une hausse de 1 % du prix ler (4,8 % des quantités de tabac ven 1992 et 1996, passant de 70 à 76 % de
du tabac, les achats baissent immé dues en 1990, 7,4 % en 1996) ne leur prix de vente, ce qui correspond à une
diatement de 0,5 % ( graphique 3). compense pas la désaffection pour leshausse d’environ 25 % du prix des ciga
Cette brusque diminution est due pour cigarettes : la quantité globale de ta rettes, toutes choses égales par ailleurs.
une part au contrecoup des achats bac fumée a diminué de 8,5 % depuis
souvent massifs effectués en anticipa 1991. Cependant les achats de ciga
tion de l’augmentation. Aussi, très ra rettes ont baissé de 11,3 % alors que Élasticité-prix
pidement, les achats de tabac la consommation de tabac en vrac a de la consommation de tabac
redémarrent et, au bout d’une période augmenté de 43 % ( graphique 2).
de six mois à un an, la consommationA l’inverse, la baisse tendancielle du
de tabac n’est plus inférieure que de prix relatif du tabac observée entre
0,2 % à son niveau d’origine : les 1970 et 1985 avait favorisé le déplace
stocks de tabac acheté d’avance sont ment de la consommation vers les ca
épuisés et certains fumeurs, désireux tégories de cigarettes moins nocives
de stopper ou de diminuer leur con mais également plus chères. Ainsi, les
sommation, ont échoué. Enfin, à long cigarettes avec filtre, qui représen
terme, la consommation de tabac taient seulement un tiers de la con
baisse de nouveau et se stabilise à sommation de cigarettes à la fin des
0,3 % au dessous du niveau d’origine.années soixante, en représentaient
Cette nouvelle baisse vient de ce que 70 % en 1985 (86 % en 1996). De
Lecture : Une hausse de 1 % du prix du tabac
l’augmentation de prix a dissuadé de même, la part des cigarettes blondes induit au bout de trois mois une baisse de sa
futurs fumeurs éventuels. est passée de 8 % en 1981 à 50 % en consommation dont la valeur médiane est d’envi
ron 0,5 %. Cette baisse est comprise entre 0,35 %1985 (74 % en 1996).
et 0,65 % avec une probabilité de 90 %.
... et un regain daveure f pour
Une hausse qui bénéficie auxle tabac à rouler
Les “ élasticités prix et revenu ” de lafabricants et à l’État
Face à une augmentation de prix, sur consommation de tabac
tout si elle est répétée, les consomma Le doublement du prix du tabac, même
L’élasticité de la consommation de tabac
teurs, plutôt que de réduire leur s’il a entraîné une baisse de la quanti par rapport à son prix et au revenu des
consommation en quantité, peuvent li té fumée, s’est traduit par une très ménages a été estimée à l’aide d’un mo
miter son coût en privilégiant les pro forte augmentation des dépenses des dèle économétrique reliant la consomma
duits moins chers. Pour les fumeurs fumeurs : ils ont déboursé 72 milliards tion de tabac à cinq variables : la
consommation hors tabac des ménages
au prix de 1980, la consommation de ta Évolution de la consommation de tabac
bac des ménages aux prix de 1980, le
revenu disponible brut des ménages, le
prix relatif du tabac, le prix à la consom
mation hors tabac. Ce modèle a été esti
mé sur les données trimestrielles de la
période 1976 1995. Il donne, pour des
horizons de plus en plus éloignés, l’effet
sur la consommation de tabac d’une
hausse initiale de 1 % de son prix (les prix
des autres produits étant maintenus à leur
niveau sur toute la période) ou bien du
revenu des consommateurs.
Selon ce modèle, une hausse de 1 % du
prix du tabac induirait, au bout de trois
ans, une baisse médiane de 0,3 % de sa
consommation (graphique 3).
De même, une hausse de 1% du revenu
disponible brut des ménages entraînerait
sur le long terme une augmentation de
0,3% de la consommation de tabac, avec
cependant une incertitude plus grandeLecture : Sur le graphique sont indiqués la date et le montant de la variation de prix du tabac. Ainsi, entre
que dans le cadre d’une variation des prix.1991 et 1996, le tabac a subi neuf hausses successives, la première, de + 5,2 %, en septembre 1991.
Sources : Seita, Insee
´`En 1997, les taxes s

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