Les jeunes partent toujours au même âge de chez leurs parents
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Le développement des situations intermédiaires entre habiter chez ses parents et s'installer dans un logement personnel qui ne soit pas à la charge des parents complique l'analyse de l'accès à l'indépendance résidentielle. L'installation dans un logement indépendant est de plus en plus tardive, alors que l'âge au départ du domicile familial est stable depuis le début des années 90, davantage de jeunes partant avec l'aide de leurs parents. Cette aide s'est intensifiée aussi bien à la fin des études qu'après. Elle s'ajoute aux allocations logement dont les bénéficiaires sont plus nombreux qu'auparavant. Résider chez ses parents tout en s'en absentant plus de la moitié du temps constitue un mode de transition possible vers l'indépendance résidentielle. Cette double résidence concerne, à un moment donné, un jeune sur dix, et davantage les étudiants que les actifs et les chômeurs. Un premier départ sur cinq s'avère provisoire, et l'on enregistre deux fois plus de retours chez les parents après un départ aidé qu'après un départ non aidé. Neuf fois sur dix, des difficultés professionnelles jouent un rôle dans les retours après une première indépendance résidentielle. En revanche, s'ils interviennent moins souvent, les problèmes non professionnels (rupture sentimentale, problèmes familiaux, problèmes de santé) incitent davantage les jeunes à revenir chez leurs parents. Les départs les plus tardifs ne s'effectuent pas à un âge plus élevé qu'auparavant : une preuve de plus à l'encontre de l'idée suivant laquelle les enfants partiraient de plus en plus tard. Les difficultés professionnelles jouent un rôle central dans cette prolongation du séjour dans le giron familial, et rien n'indique que ce soit les enfants qui s'entendent le mieux avec leurs parents qui ont le plus de mal à les quitter.

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Langue Français

Extrait

FAMILLE
Les jeunes partent toujours au
même âge de chez leurs parents
Catherine Villeneuve-Gokalp*
Le développement des situations intermédiaires entre habiter chez ses parents et s’ins-
taller dans un logement personnel qui ne soit pas à la charge des parents complique
l’analyse de l’accès à l’indépendance résidentielle. L’installation dans un logement indé-
pendant est de plus en plus tardive, alors que l’âge au départ du domicile familial est
stable depuis le début des années 90, davantage de jeunes partant avec l’aide de leurs
parents. Cette aide s’est intensifiée aussi bien à la fin des études qu’après. Elle s’ajoute
aux allocations logement dont les bénéficiaires sont plus nombreux qu’auparavant.
Résider chez ses parents tout en s’en absentant plus de la moitié du temps constitue un
mode de transition possible vers l’indépendance résidentielle. Cette double résidence
concerne, à un moment donné, un jeune sur dix, et davantage les étudiants que les actifs
et les chômeurs.
Un premier départ sur cinq s’avère provisoire, et l’on enregistre deux fois plus de
retours chez les parents après un départ aidé qu’après un départ non aidé. Neuf fois sur
dix, des difficultés professionnelles jouent un rôle dans les retours après une première
indépendance résidentielle. En revanche, s’ils interviennent moins souvent, les
problèmes non professionnels (rupture sentimentale, problèmes familiaux, problèmes
de santé) incitent davantage les jeunes à revenir chez leurs parents.
Les départs les plus tardifs ne s’effectuent pas à un âge plus élevé qu’auparavant : une
preuve de plus à l’encontre de l’idée suivant laquelle les enfants partiraient de plus en
plus tard. Les difficultés professionnelles jouent un rôle central dans cette prolongation
du séjour dans le giron familial, et rien n’indique que ce soit les enfants qui s’entendent
le mieux avec leurs parents qui ont le plus de mal à les quitter.
* Catherine Villeneuve-Gokalp appartient à l’Ined. L’auteur remercie Arnaud Bringé, de l’Ined, pour sa participation au traitement
des données.
Les noms et dates entre parenthèses renvoient à la bibliographie en fin d’article.
61ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 337-338, 2000 - 7/8La diversité des situations intermédiairese fait que les enfants restent chez leurs
entre habiter chez ses parents et s’installerLparents de plus en plus tard est aujourd’hui
dans un autre logement autorise une certaineune idée largement répandue. L’allongement
gradation des concepts susceptibles de recou-des études, le chômage des jeunes, l’améliora-
vrir la notion de départ. La définition la plustion de leurs relations avec leurs parents ainsi
restrictive s’appuiera ainsi uniquement surque les avantages du domicile familial en
l’observation transversale et ignorera les pre-
matière de confort pourraient l’expliquer. Les
miers départs s’ils ont été suivis d’un retour
chiffres confirment-ils ce jugement ou le retard antérieur à la date d’enquête : l’âge au départ
du départ des jeunes n’est-il qu’une idée est calculé à partir de l’observation à chaque
préconçue ? Il est nécessaire, au préalable, de âge de la proportion d’enfants ne résidant pas
définir ce que l’on entend par départ : la multi- chez leurs parents – exception faite des appelés
plication, au cours de la période récente, de et des internes dans un établissement scolaire,
situations intermédiaires entre l’installation des affectés sauf cas particulier par convention au
jeunes dans un autre logement que celui domicile parental (cf. encadré 1). Une défini-
tion plus large considère le premier départdes parents (la décohabitation), et leur acces-
dans un logement distinct de celui dession à une réelle indépendance résidentielle
parents pour une durée minimum de six mois(les parents n’assurant plus le financement de
consécutifs. Elle sera désignée par la suitece logement), complique l’analyse de leur accès
sous la dénomination de premier départ. Uneà l’autonomie résidentielle (Galland, 1995;
définition plus générale encore adjoindra àVilleneuve-Gokalp, 1997). L’accès à l’indépen-
ces premiers départs les jeunes qui sont
dance résidentielle a été de plus en plus précoce
absents de chez leurs parents plus de la moitié
jusqu’à la génération 1957, puis s’est fait de plus du temps, alors qu’ils déclarent pour résidence
en plus tardif pour les générations suivantes (1). principale celle de leurs parents (on désignera
Ce retard ne s’accompagne pas toujours de celui ce type de lien ténu avec le domicile parental
de la décohabitation, et les jeunes doivent sous le nom de résidence à temps partiel, par
parvenir à concilier leur besoin d’indépendance opposition avec la résidence chez les parents à
avec les contraintes financières. temps plein). Selon la définition, la proportion
de jeunes de 19 à 24 ans partis de chez leurs
parents varie considérablement, les filles seUne définition extensible du départ
révélant plus précoces que les garçons.
Considérer les résidences à temps partielLa résidence à un âge donné, complétée par la
comme une forme déguisée de départ neconnaissance des retours éventuels au domi-
modifie guère l’âge au premier départ. Encile familial, confirme le caractère progressif
revanche, tenir compte des retours après de l’accès à l’indépendance, ainsi que ses
un premier départ augmente sensiblement le
principales étapes. Elle se révèle cependant
pourcentage de départs par rapport à la
insuffisante pour déterminer l’âge au départ. définition la plus restrictive (cf. tableau 1).
Entre 19 et 24 ans, 56 % des hommes vivent
chez leurs parents de manière quasi perma- Il est difficile de dater précisément un départ
nente et n’en sont jamais partis. À l’autre quand les jeunes quittent leurs parents pro-
extrémité, 17% résident dans un logement gressivement, en habitant en partie chez eux,
personnel dont ils paient eux-mêmes le loyer. en partie ailleurs. Deux définitions fournissent
Entre ces deux situations extrêmes, qui des repères permettant cependant de décrire
avec une précision suffisante le processusmarquent le début et la fin du processus,
d’accès à l’indépendance. Le premier repères’intercalent des conditions résidentielles
coïncide avec le premier départ (ou départprovisoires : habiter chez ses parents tout en
dans un logement personnel) tel qu’il a étés’absentant de chez eux plus de la moitié du
défini plus haut : installation du jeune plus detemps, vivre dans un autre logement payé par
six mois d’affilé dans un logement distinct de
leurs soins, être de retour après un départ
celui de ses parents et qui lui permet de vivre
provisoire (cf. tableau 1). Aux mêmes âges, les
femmes connaissent aussi fréquemment une
1. Cf. l’article de Daniel Courgeau dans ce numéro.situation résidentielle transitoire, mais, plus
2. Dans la mesure où, par convention, les appelés vivant dans
précoces que les hommes, elles sont près de une caserne (6 % des hommes âgés de 19 à 24 ans), et les
internes de moins de 21 ans sont considérés comme vivant tou-deux fois plus nombreuses à avoir déjà acquis
jours chez leurs parents s’ils n’en étaient pas déjà partis aupa-
leur indépendance résidentielle (2). ravant, ces données sous-estiment la complexité du processus.
62 ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 337-338, 2000 - 7/8Encadré 1
LES RÉSIDENCES COLLECTIVES
Le mode de résidence des internes et des appelés peut être l’occasion d’occuper un logement personnel.
n’a pas été recueilli à l’identique dans l’enquête Jeunes Le mode de logement pendant le service national était
et dans l’enquête Jeunes et carrières. Pour permettre détaillé dans l’enquête de 1997 : caserne, logement
des comparaisons, les conventions adoptées pour ces personnel ou résidence des parents. En revanche, la
catég

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