Contribution à l Histoire des deux Indes
148 pages
Français

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Contribution à l'Histoire des deux Indes , livre ebook

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Description

L'Histoire philosophique et politique des établissements et du commerce des Européens dans les deux Inde,ou Histoire des deux Indes est une encyclopédie sur le commerce européen en extrême-orient, publiée en 1770 et attribuée à l’abbé Raynal. Diderot en est l'un des auteurs principaux.

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2012
Nombre de lectures 920
EAN13 9782820628855
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0026€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Collection
«Essai»

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ISBN : 9782820628855
Sommaire


FRAGMENTS DIVERS
HISTOIRE DES DEUX INDES
CHAPITRE PREMIER
CHAPITRE II
CHAPITRE III
CHAPITRE IV
CHAPITRE V
CHAPITRE VI
CHAPITRE VII
CONTRIBUTIONS
A L’HISTOIRE DES DEUX INDES
FRAGMENTS DIVERS
1 . Vous dites qu’il y a une morale universelle, et je veux bien en convenir ; mais cette morale universelle ne peut être l’effet d’une cause locale et particulière. Elle a été la même dans tous les temps passés, elle sera la même dans tous les siècles à venir ; elle ne peut donc avoir pour base les opinions religieuses qui, depuis l’origine du monde et d’un pôle à l’autre, ont toujours varié. Les Grecs ont eu des dieux méchants ; les Romains ont eu des dieux méchants ; nous avons un dieu bon ou méchant selon la tête de celui qui y croit ; l’adorateur stupide du fétiche adore plutôt un diable qu’un dieu : cependant ils ont tous eu les mêmes idées de la justice, de la bonté, de la commisération, de l’amitié, de la fidélité, de la reconnaissance, de l’ingratitude, de tous les vices, de toutes les vertus. Où chercherons-nous l’origine de cette unanimité de jugement si constante et si générale au milieu d’opinions contradictoires et passagères ? Où nous la chercherons ? Dans une cause physique constante et éternelle. Et où est cette cause ? Elle est dans l’homme même, dans la similitude d’organisation d’un homme à un autre, similitude d’organisation qui entraîne celle des mêmes besoins, des mêmes plaisirs, des mêmes peines, de la même force, de la même faiblesse ; source de la nécessité de la société ou d’une lutte commune et concertée contre des dangers communs et naissants du sein de la nature même qui menace l’homme de cent côtés différents. Voilà l’origine des liens particuliers et des vertus domestiques ; voilà l’origine des liens généraux et des vertus publiques ; voilà la source de la notion d’une utilité personnelle et publique ; voilà la source de tous les pactes individuels et de toutes les lois ; voilà la cause de la force de ces lois dans une nation pauvre et menacée ; voilà la cause de leur faiblesse dans une nation tranquille et opulente ; voilà la cause de leur presque nullité d’une nation à une autre.
2. Il semble que la nature ait posé une limite au bonheur et au malheur des espèces. On n’obtient rien que par l’industrie et par le travail, on n’a aucune jouissance douce qui n’ait été précédée par quelque peine ; tout ce qui est au-delà des besoins physiques rigoureux ne mérite presque que le nom de fantaisie. Pour savoir si la condition de l’homme brut abandonné au pur instinct animal, dont la journée employée à chasser, à se nourrir, à produire son semblable et à se reposer est le modèle de toutes ses journées et de toute sa vie, pour savoir, dis-je, si cette condition est meilleure ou pire que celle de cet être merveilleux qui trie le duvet pour se coucher, file le cocon du ver à soie pour se vêtir, a changé la caverne sa première demeure en un palais, a su multiplier, varier ses commodités et ses besoins de mille manières différentes, il faudrait, à ce que je crois, trouver une mesure commune à ces deux conditions ; et il y en a une : c’est la durée. Si les prétendus avantages de l’homme en société abrègent sa durée, si la misère apparente de l’homme des bois allonge la sienne, c’est que l’un est plus fatigué, plus épuisé, plus tôt détruit, consommé par ses commodités, que l’autre ne l’est par ses fatigues. C’est un principe généralement applicable à toutes les machines semblables entre elles. Or je demande si notre vie moyenne est plus longue ou plus courte que la vie moyenne de l’homme des bois. N’y a-t-il pas parmi nous plus de maladies héréditaires et accidentelles, plus d’êtres viciés et contrefaits ? N’en serait-il pas des commodités de la vie comme de l’opulence ? Si le bonheur de l’individu dans la société est placé dans l’aisance, entre la richesse extrême et la misère, le bonheur de l’espèce n’aurait-il pas aussi son terme d’heureuse médiocrité placé entre la masse énorme de nos superfluités et l’indigence étroite de l’homme brut ? Faut-il arracher à la nature tout ce qu’on en peut obtenir, ou notre lutte contre elle ne devrait-elle pas se borner à rendre plus aisées le petit nombre de grandes fonctions auxquelles elle nous a destinés, se loger, se vêtir, se nourrir, se reproduire dans son semblable et se reposer en sûreté ? Tout le reste ne serait-il pas par hasard l’extravagance de l’espèce, comme tout ce qui excède l’ambition d’une certaine fortune est parmi nous l’extravagance de l’individu, c’est-à-dire un moyen sûr de vivre misérable en s’occupant trop d’être heureux ? Si ces idées étaient vraies cependant, combien les hommes se seraient tourmentés en vain ! Ils auraient perdu de vue le but primitif, la lutte contre la nature. Lorsque la nature a été vaincue, le reste n’est qu’un étalage de triomphe qui nous coûte plus qu’il ne nous rend.
3. L’habitant de la Hollande placé sur une montagne et découvrant au loin la mer s’élevant au-dessus du niveau des terres de dix-huit à vingt pieds, qui la voit s’avancer en mugissant contre les digues qu’il a élevées, rêve et se dit secrètement en lui-même : Tôt ou tard cette bête féroce sera la plus forte. Il prend en dédain un domicile aussi précaire, et sa maison en bois ou en pierre à Amsterdam n’est plus sa maison ; c’est son vaisseau qui est son asile et son vrai domicile, et peu à peu il prend une indifférence et des mœurs conformes à cette idée. L’eau est pour lui ce qu’est le voisinage des volcans pour d’autres peuples. L’esprit patriotique doit être aussi faible à La Haye qu’à Naples.
4. Quelqu’un disait : « Telle est la sagesse du gouvernement chinois, que les vainqueurs se sont toujours soumis à la législation des vaincus. Les Tartares ont dépouillé leurs mœurs pour prendre celles de leurs esclaves. – Quelle folie, disait un autre, que d’attribuer un effet général et commun à une cause aussi extraordinaire ! N’est-il pas dans la nature que les grandes masses fassent la loi aux petites ? » Eh bien ! c’est par une conséquence de ce principe si simple que l’invasion de la Chine n’a rien changé ni à ses lois, ni à ses coutumes, ni à ses usages. Les Tartares répandus dans l’empire le plus peuplé de la terre, s’y trouvaient dans un rapport moindre que celui d’un à soixante mille. Ainsi, pour qu’il en arrivât autrement qu’il n’en est arrivé, il eût fallu qu’un Tartare prévalût sur soixante mille Chinois. Concevez-vous que cela fût possible ? Laissez donc là cette preuve de la prétendue sagesse du gouvernement de la Chine. Ce gouvernement eût été plus extravagant que les nôtres, que la poignée des vainqueurs s’y seraient conformés. Les mœurs de ce vaste empire auraient été moins encore altérées par les mœurs des Tartares que les eaux de la Seine ne le sont, après un violent orage, de toutes les ordures que les ruisseaux de nos rues y conduisent. Et puis ces Tartares n’avaient ni lois ni mœurs ni coutumes ni usages fixes. Quelle merveille qu’ils aient adopté les institutions qu’ils trouvaient tout établies bonnes ou mauvaises ?
5. Ce qui constitue essentiellement un état démocratique, c’est le concert des volontés. De là l’impossibilité d’une grande démocratie, et l’atrocité des lois dans les petites aristocraties. Là on rompt le concert des volontés qui se touchent en les isolant par la terreur ; on établit entre les citoyens une distance morale équivalente pour les effets à une distance physique ; et cette distance morale s’établit par un inquisiteur civil qui rôde perpétuellement entre les individus la hache levée sur le cou de quiconque osera dire ou du bien ou du mal de l’administration. Le grand crime dans ces pays est la satire ou l’éloge du gouvernement. Le sénateur de Venise caché derrière une grille dit à son sujet : « Qui es-tu pour oser approuver notre conduite ?

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