Des crimes contre l humanité en République française
403 pages
Français

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Des crimes contre l'humanité en République française , livre ebook

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Description

Cet ouvrage observe les comportements de l'Etat français vis-à-vis des crimes de masse qui se sont déroulés en Europe et en Afrique, sur fond d'une montée en puissance du "devoir de mémoire" et de l'éthique "humanitaire". Cette période a vu d'un côté la laborieuse digestion du passé vichyste, la reconnaissance litigieuse du génocide arménien, et le lent désenfouissement du passé colonial ; elle a vu, de l'autre, les menées de l'Etat français en ex-Yougoslavie, en Algérie, au Rwanda... Certains vont jusqu'à parler d'une tradition française de déni, voire de "complicité de génocide".

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Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2006
Nombre de lectures 249
EAN13 9782336266763
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Questions Contemporaines
Collection dirigée par J.P. Chagnollaud, B. Péquignot et D. Rolland
Chômage, exclusion, globalisation... Jamais les « questions contemporaines » n’ont été aussi nombreuses et aussi complexes à appréhender. Le pari de la collection « Questions contemporaines » est d’offrir un espace de réflexion et de débat à tous ceux, chercheurs, militants ou praticiens, qui osent penser autrement, exprimer des idées neuves et ouvrir de nouvelles pistes à la réflexion collective.
Dernières parutions
Gautier PIROTTE, Une philosophie pour la physique quantique, 2006.
M.A. ORAIZI, La culpabilité américaine : assaut contre l’Empire du droit international public, 2005.
Maïko-David PORTES, Les enjeux éthiques de la prostitution, éléments critiques des institutions sociales et ecclésiales, 2005.
Florence HODAN, Enfants dans le commerce du sexe. Etat des lieux, état d’urgence, 2005.
V. TONEV STRATULA, La liberté de circulation des travailleurs en question, 2005.
Henri SOLANS (sous la direction de), Faire société sans faire souffrir  ?, 2005.
Aziz HASBI, ONU et ordre mondial : Réformer pour ne rien changer, 2005.
Pierre-Alain PORTE, La valeur du sport, 2005.
Dimitri MIEUSSENS, L’exception corrida : de l’importance majeure d’une entorse mineure, 2005.
Bernard SALENGRO, Le stress des cadres, 2005.
Dominique GARRIGUES, Manuel des réformateurs de terrain, 2005.
Jean-Baptiste RUDELLE, Vous avez dit progrès ?, 2005.
Bernard L. BALTHAZARD, Le développement durable face à la puissance publique, 2005.
Laurent SALIN, Vers une Europe vaticane ?, 2005.
David MATHEWS, Politique par les citoyens, 2005.
Des crimes contre l'humanité en République française

Catherine Coquio
www.librairieharmattan.com Harmattan1@wanadoo.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr
© L’Harmattan, 2006
9782296000346
EAN : 9782296000346
Sommaire
Questions Contemporaines - Collection dirigée par J.P. Chagnollaud, B. Péquignot et D. Rolland Page de titre Page de Copyright Avertissement Remerciements I. INTRODUCTION
D’un art français de la « parenthèse »
II. OUBLI ET MÉMOIRE : L’ETAT, LE DROIT ET L’HISTOIRE
1. Le génocide des Arméniens 2. Le génocide des Juifs
III. L’EX-YOUGOSLAVIE
La guerre française contre la Bosnie Les lavandières du parlement La politique française face à l’épuration ethnique au Kosovo
IV. L’AFRIQUE
1. Synthèses 2. Le génocide des Tutsi au Rwanda 3. L’Algérie ; le Soudan
V. LA FRANCE, L’ONU ET LE DROIT INTERNATIONAL
L’inégalité devant le droit international humanitaire : l’ONU et la France instruments de cette inégalité La France et la Cour pénale internationale
VI. DOCUMENT
Communiqué de la Commission d’enquête citoyenne, 19 décembre 2005
Avertissement
Le présent livre est issu d’un travail collectif qui s’est déroulé pendant 5 ans dans le cadre de l’Association Internationale de Recherche sur les Crimes contre l’Humanité et les Génocides 1 . Ce travail a commencé, parallèlement à un séminaire sur les « Formes du déni » 2 , par un colloque qui s’est tenu à la Sorbonne au printemps 2000, sous le titre « Politiques françaises et crimes contre l’humanité : France 1990-2000 » – dont on trouvera plus bas l’argumentaire. Il y s’agissait d’isoler la dernière décennie pour observer les comportements de l’État français vis-à-vis des crimes de masse qui s’y étaient déroulés, sur fond d’une montée en puissance du « devoir de mémoire » et d’un essor de l’éthique « humanitaire » ou « citoyenne » dans le monde associatif.
À considérer cette période, qui a vu la laborieuse digestion française du passé vichyste, puis la reconnaissance litigieuse du génocide arménien, parallèles aux sinistres politiques de l’État français en ex-Yougoslavie, en Algérie et au Rwanda, certains vont jusqu’à parler d’une tradition française de déni politique, voire de « complicité de génocide » ou de crime contre l’humanité.
Qu’on veuille ou non aller jusque là, il est impossible de ne pas constater une réalité tenace en France : une « amnésie nationale » spécifique 3 , une « maladie de la lenteur ou de l’éviction » 4 concernant la reconnaissance de certains faits passés, accompagnent des conduites politiques propres à produire de futurs dénis d’histoire et « devoirs de mémoire ». Durant la période qui nous occupe, le lent désenfouissement d’une part sombre de l’histoire française est allé de pair avec la menée de certaines guerres, politiques et militaires, gardées secrètes ou camouflées sous le manteau humanitaire. Ainsi l’État français n’a pas craint de se compromettre activement, et parfois de la manière la plus grave, avec des régimes criminels au nom d’options géopolitiques déphasées, mettant entre parenthèses la réalité du génocide.
On a ainsi vu ces formes de violence politique, intégrées sur un mode sourd et diffus à l’intérieur de l’hexagone, exploser dans un espace post-colonial gagné à l’indifférence ou la réappropriation. Dans les deux cas se voit contredit sans vergogne l’idéal républicain et démocratique censé inspirer les agissements de l’État français : celui d’un espace public « indivisible » unifié par la « volonté populaire » issue du suffrage universel au nom des Droits de l’homme, et constitué par la libre circulation de l’information. Or ce flagrant démenti est accepté par la majorité de l’opinion.
Une telle « intégration » du crime contre l’humanité dans l’histoire et la politique de la République française suscite pourtant bien ça et là des protestations, qui conduisent même parfois à certaines réactions déclaratives et législatives. Bon gré mal gré, la réalité du crime d’Etat se voit ainsi inscrite dans l’arsenal républicain et l’espace démocratique. Mais ce mode rétrospectif d’intégration, pour l’essentiel juridique, est voué à de nouvelles ambiguïtés et contradictions, voire à de nouvelles formes de déni.
Comment expliquer cette dérégulation majeure de l’État français, au-delà de l’éclatement normal des instances de légitimité en démocratie (droit, loi, savoir), inhérent aux luttes politiques et conflits d’interprétation ? Pourquoi cet écartèlement plus visible que jamais, au sein de l’État, entre règles et conduites, discours et actes, relativement à politique extérieure de la France ? N’y faut-il pas voir un certain processus de régulation, fondé sur un clivage accepté jusque dans ses effets les plus destructeurs, parfois reconnus comme d’indubitables « erreurs » ? Mais à quelle fin alors ce système se perpétue-t-il, et pour protéger quoi ?
Pourquoi le divorce entre la réalité et l’image de soi en France a-t-il atteint un tel degré ? Le mensonge politique, la perméabilité des institutions et comportements à certaines pratiques criminelles sont-ils le fruit d’un système institutionnel, ou ses dérives et effets pervers ?
La faille est-elle dans la Constitution de la V ème République, dans ses récents modes d’actualisation, ou dans un passé plus ancien, colonial en particulier, voire dans l’idée fondatrice ambiguë d’une « République française » définie comme « Nation des droits de l’homme et du citoyen » ? Quelle part prend le mythe dans la représentation que se fait l’État français de lui-même et de son histoire, et qui s’exprime, dans l’opinion, par une inertie entrecoupée de protestations de rue dont l’enjeu semble toujours décalé  ?
On est tenté en effet d’interpréter comme un retour du refoulé la montée des violences raciales dans les rues et le vote lepéniste du printemps 2002, suivi d’un contre-vote réactif qui reconduisit massivement J. Chirac à la présidence – malgré la connaissance qu’avaient les Français des affaires graves où il avait trempé 5 . Car si Mitterrand est le Président de duplicité, Chirac fut et reste celui de l’ impunité. La violence sociale et raciale que la France a secrétée non plus dans ses marges, mais en plein cœur de la cité et des urnes, et qui a fait parler à J. Chirac de « fracture ethnique, voire religieuse », et non plus seulement « sociale » 6 , était ce que la République avait pour vocation présumée de dissoudre, au nom de la démocratie, par l’intégration des différences et la résolution des conflits. La violence qui vient d’embraser les banlieues en est un effet plus lointai

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