Le général Robert Aubinière
208 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Le général Robert Aubinière , livre ebook

-

208 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Robert Aubinière est l'un de ceux qui ont donné une place à la France et à l'Europe dans la conquête de l'espace. Dans ce dialogue sans apprêt, tenu en 2001, année de sa disparition, il retrace ce que furent sa jeunesse, sa famille, ses études, son engagement dans la guerre et dans l'action clandestine. Un parcours qui l'a conduit de la nuit des camps nazis à la création des outils de l'ambition spatiale : le Centre National d'Etudes Spatiales dont il fut le premier directeur général et le Centre Spatial de Guyane à Kourou.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2008
Nombre de lectures 173
EAN13 9782336262567
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Réflexions stratégiques
dirigée par Guillaume Schlumbergcr.
La collection « réflexions stratégiques » a pour but de faire connaître des itinéraires d’exceptions ou de porter à la connaissance du public les analyse d’acteurs civils ou militaires de premier plan dans le domaine des relations internationales, de la diplomatie et de la stratégie. Elle privilégie les mémoires et les essais visant soit à laisser la trace de destins exceptionnels soit à donner une lecture théorique de l’histoire immédiate et des grands enjeux contemporains.
© L’Harmattan, 2008 5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan l@wanadoo.fr
9782296051935
EAN : 9782296051935
Le général Robert Aubinière
Propos d'un des pères de la conquête spatiale française

Robert Aubiniere
André Lebeau
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Préface Avant-propos 1 - Les années de jeunesse (1912-1939) 2 - La guerre (1939 — 1945) 3 - L’officier de l’armée de l’Air (1945-1957) 4 - Colomb-Béchar : le Centre interarmées d’essais d’engins spéciaux (1957-1959) 5 - L’École de l’air, la DTI (1959-1962) 6 - Les débuts de l’espace (1960-1962) 7 - Le Centre national d’études spatiales 8 - La Guyane 9 - La coopération spatiale franco-soviétique (1966-1971) 10 - L’ELDO (1972-1975) Repères chronologiques Remerciements
Préface
Une grande institution se doit à elle-même de connaître son histoire et de conserver la mémoire de ceux qui l’ont honorée.

La publication des propos en forme de mémoires du général Aubinière répond à ce dessein.

Il fut, on le sait, le premier directeur général du CNES, de sa création en 1962 jusqu’à 1972. Il en avait porté l’idée lorsqu’il était à la tête de la Direction technique et industrielle de l’armée de l’Air. Sa première rencontre avec les pionniers de la technique spatiale date de l’époque, un peu antérieure, où il dirigeait le centre d’essais d’engins spéciaux de Colomb Béchar, d’où furent tirées les premières fusées Véronique. C’est là sans doute, et des contacts qu’il y eut avec ces précurseurs, que se forma chez lui l’idée qu’il y avait dans ce domaine une voie à ouvrir.

À la tête de l’équipe qu’il avait choisie, aussi diverse par les origines que par les talents, il a construit ce qui est demeuré l’outil central de l’ambition spatiale française et l’un des plus puissants moteurs de l’ambition européenne. À l’époque où il a conduit cette tâche, les enjeux de l’espace n’étaient pas aussi clairement visibles qu’ils le sont aujourd’hui. S’engager dans cette voie encore incertaine en abandonnant une carrière militaire prometteuse n’était pas un choix ordinaire ; il y fallait un mélange d’esprit d’aventure et de foi. Les mêmes vertus qui, au cours de la Seconde Guerre mondiale, l’avaient fait s’engager dans la lutte clandestine et de là conduit à connaître la nuit des camps nazis.

Dans ces propos où il se raconte avec simplicité et souvent avec humour, on perçoit la puissance d’une personnalité qui a marqué les débuts d’une entreprise dont nous sommes les héritiers. La générosité de son caractère transparaît dans les images qu’il trace de ses collaborateurs de la première heure et dans l’hommage qu’il rend au professeur Jean Coulomb, le président du CNES, auquel le liait une profonde unité de vue.

L’évocation de ces débuts de l’aventure spatiale française, si proches et qui semblent déjà si lointains, nous conforte dans la volonté de poursuivre la tâche. Elle nous rappelle aussi que tout commence et que tout finit par des hommes.
Yannick d’Escatha Président du CNES
Avant-propos
Le général Robert Aubinière a été le premier directeur général du Centre national d’études spatiales (CNES). J’ai eu le privilège d’être l’un de ses collaborateurs, depuis mon entrée au CNES, en 1965, jusqu’à son départ pour l’ELDO en 1972.

Au début de l’année 2001, il a accepté de retracer pour moi son existence au cours de cinq entretiens qui vont de son enfance jusqu’à son départ de l’ELDO en 1975. J’avais espéré qu’il me serait possible de revenir avec lui sur ces propos pour les approfondir et les étendre à la période ultérieure. Après qu’il eut quitté les activités spatiales, il s’est consacré à l’histoire de l’art révélant par là une dimension de sa culture que bien peu de gens connaissaient. Sa disparition en décembre 2001, alors que je venais de terminer la transcription des cinq premiers entretiens, m’a privé de cette perspective.

Le texte qui est présenté dans cet ouvrage n’a pas été réécrit ; il est tel que l’a formulé le général Aubinière. Le retoucher risquait de lui faire perdre cette relation avec la personnalité de son auteur qui transparaît dans la verdeur du ton et que ceux qui l’ont connu retrouveront au fil des pages.

Avec le président Jean Coulomb, auquel le liait une indéfectible complicité, le général Aubinière est celui qui a façonné, pour les décennies qui ont suivi, la personnalité du CNES.

À ceux qui ont eu l’honneur de travailler sous sa direction, il laisse le souvenir d’une personnalité parfois rugueuse mais toujours généreuse, d’un homme peu soucieux de paraître mais déterminé à faire. Il était au sens plein du terme, un homme de caractère.
André Lebeau
1 - Les années de jeunesse (1912-1939)

Les origines
Je crois que la première chose à faire, c’est d’indiquer mes origines ; ma famille est plus compliquée qu’on ne le considère généralement. Je m’appelle Aubinière, par conséquent le père officiel est monsieur Aubinière et la mère est une demoiselle Conraux qui est devenue madame Aubinière par mariage. Ce qu’il est important de voir, c’est que, quoique jamais mes parents ne me l’aient dit — jamais personne ne me l’a dit - je pense que, en réalité, je ne suis pas le fils de monsieur Aubinière, mais je suis le fils d’un monsieur Lippmann dont je parlerai tout à l’heure. Nous allons d’abord parler de monsieur Aubinière, de madame Aubinière-Lippmann et de monsieur Lippmann.

Il y a donc trois familles. La famille de mon père est une famille de Laval. Ils étaient ébénistes, ils faisaient des meubles à Laval et c’est une vieille famille lavalloise ; il y a encore des Aubinière en Maine-et-Loire et en Loire-atlantique. Il y a d’ailleurs un village qui s’appelle Aubinière ; je ne sais pas si ça a un rapport avec la famille, mais c’est un nom de la région. Cette famille Aubinière avait deux fils, Arthur Aubinière et celui qui nous intéresse, qui est mon père officiel, Gaston Aubinière. Arthur Aubinière était médecin ; il était le médecin de la famille de ma mère à Paris et c’est comme cela que ma mère a connu le frère de ce médecin et l’a épousé. Ce Gaston Aubinière était, lui, employé de banque et, en fait, il ne faisait pas grand-chose ; c’était un homme assez paresseux et les rapports avec ma mère se sont très vite détériorés ; j’en parlerai tout à l’heure. Donc une famille Aubinière originaire de Laval, ayant deux fils à Paris, l’un, Arthur Aubinière, qui est médecin, et Gaston, qui est le père officiel.

Parlons maintenant du côté de ma mère. Ce sont des gens des Vosges, de la région d’Épinal ; le village, c’est Gercourt à côté d’Épinal. Cette famille a une première anomalie qui apparaît dans les chiffres. Cette famille s’appelait Conraux. Monsieur Conraux, curieusement, a épousé une demoiselle beaucoup plus âgée que lui, ce qui est anormal pour l’époque ; il a donc dû y avoir un problème à l’origine. Et en plus ces gens de Gercourt, monsieur Conraux et sa femme, sont partis pour Paris ; lui travaillait dans les Postes, un emploi très modeste genre facteur ou quelque chose de cet ordre, et ils ont eu trois enfants, une fille aînée qui est morte très rapidement et puis ma mère et la sœur de ma mère. Ma mère, elle a étudié jusqu’au brevet supérieur ; c’était l’époque où les femmes faisaient des études différentes des hommes, et donc il n’y avait pas le problème du latin ; elle a passé son brevet supérieur ; elle a débuté comme institutrice. Elle a épousé ce monsieur Aubinière et à l’issue de ce mariage, un premier enfant est né qui est mon frère Yves Aubinière dont je parlerai tout à l’heure. Ce mariage n’a pas été heureux parce que monsieur Aubinière travail

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents