Les Américains en Algérie 1942-1945
442 pages
Français

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Les Américains en Algérie 1942-1945 , livre ebook

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Description

Que penser des trois années de présence américaine en Algérie pendant la Seconde Guerre mondiale ? De l'opération Torch le 8 novembre 1942 à la signature de l'Armistice, les Etats-Unis ont surtout pratiqué l'ingérence dans les affaires intérieures de la France, cherchant à imposer une vision puritaine et anticoloniale de la politique, à contrarier la volonté de De Gaulle d'assumer à Alger le leadership du Comité de libération nationale, à donner aux nationalistes musulmans des raisons d'espérer en une Algérie indépendante.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2013
Nombre de lectures 764
EAN13 9782296515352
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
Alfred Salinas






LES AMÉRICAINS EN ALGÉRIE

1942-1945
Copyright

© L’Harmattan, 2013
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

EAN Epub : 978-2-336-28755-3
Sommaire Couverture 4e de couverture Titre Copyright Sommaire Avant-propos Chapitre 1 - Le client du Grand Hôtel Chapitre 2 - L’expédient provisoire Chapitre 3 - La bataille d’Alger Chapitre 4 - Oran brûle-t-elle ? (le bombardement allemand du 19 mai 1943) Chapitre 5 - La révolte des GI’s (Oran, 17-24 mai 1943) Défoulement collectif ou tentative de putsch ? Chapitre 6 - Un été à Alger Chapitre 7 - L’axe Oran – Melilla – Berlin Chapitre 8 - La guerre des mots et des images Chapitre 9 - L’Algérie épurée et repensée Chapitre 10 - Roosevelt en Oranie (20 novembre 1943) « Je vous amène le soleil » Chapitre 11 - Le droit des peuples Chapitre 12 - Convoitises territoriales Sources et bibliographie L’histoire - aux éditions L’Harmattan Adresse
Avant-propos
Que penser des trois années de présence américaine en Algérie à l’époque de la Seconde Guerre mondiale ? Furent-elles une simple parenthèse dans l’histoire coloniale ou plutôt l’un de ses moments clés, accélérateurs des événements ?
La mémoire se dénude. A lire aussi bien les témoignages d’anciens GI’s que les souvenirs laissés par leurs chefs et divers autres protagonistes, à dépouiller les archives gouvernementales alliées, notamment les rapports des officines américaines de contre-espionnage, de l’action psychologique et de l’aide humanitaire, c’est à se demander si l’Algérie en tant que possession française n’était pas déjà à son crépuscule, si les circonstances n’avaient pas créé une situation irréversible.
La relation historique se déploie autour de repères chronologiques disposés comme autant de séquences d’une période aux multiples résonances et déclinaisons. Trois dates particulières éclairent le rabaissement du prestige français.
Alger, dimanche 30 mai 1943 :
« Je suis ici chez moi », lance agacé le général de Gaulle, sitôt arrivé dans la ville blanche en provenance de son exil londonien. Son rival Henri Giraud, d’un fatalisme gracieux, lui a en effet recommandé de rendre sans tarder une visite de courtoisie à Dwight Eisenhower, le commandant en chef des troupes alliées, qui à la suite du débarquement de novembre 1942 régente depuis son QG de l’hôtel Saint-George les affaires civiles et militaires de l’Algérie. De Gaulle rechigne à faire le premier pas. A ses yeux, l’honneur de la France s’y oppose. De Gaulle se résoudra quand même trois jours plus tard à faire ce premier pas.
Oran, samedi 20 novembre 1943 :
« Je vous amène le soleil », s’exclame le président Franklin Roosevelt, pointant malicieusement du doigt ce ciel radieux qui, au terme d’une semaine de grisaille, illumine soudain la baie d’Oran où, sous le regard attendri de ses fils, lui et son armada de conseillers ont débarqué du croiseur USS Iowa pour rejoindre à l’aérodrome de La Sénia le C-54 qui l’emmènera à Tunis. Tout le gratin du commandement allié s’est déplacé pour lui souhaiter la bienvenue. Point de personnalité française dans l’assistance. Les Américains ont décidé de n’en inviter aucune.
Alger, dimanche 18 février 1945 :
« De Gaulle ne viendra pas », fait dire Georges Bidault, ministre des Affaires étrangères, à Roosevelt qui, se croyant propriétaire des lieux, a invité le président du Gouvernement provisoire français à venir le rencontrer à Alger où il se trouve alors en escale après avoir participé à la conférence de Yalta sur le partage du monde en compagnie de Churchill et de Staline.
Voilà le décor planté. Certes, l’Amérique ne fut pas seule à intervenir en Algérie. L’Angleterre fut associée au débarquement de 1942, mais la dramatique affaire de Mers-el-Kébir l’empêcha de jouer un rôle majeur : les 3 et 6 juillet 1940, les canons de la Royal Navy avaient causé la mort de près de 1300 marins français. Le traumatisme restait encore tel dans la mémoire des Français d’Algérie que les Britanniques jugèrent prudent de s’effacer devant l’allié américain qui, à la faveur de son formidable complexe militaro-industriel, s’assura la maîtrise des territoires et des hommes. L’Afrique du Nord devint une sorte de pré-carré d’une Amérique impérialiste, un terrain d’essai pour la politique hégémonique de Roosevelt.
Les enjeux se dessinent. On imagine le jeu des acteurs, partenaires exécrés ou dociles, adversaires velléitaires ou puérils, subalternes silencieux ou repoussoirs. Les histoires se croisent, se confondent, puis se séparent. Bien d’autres images défilent, des flashes et des formules qui restituent l’atmosphère trouble d’une Algérie à la croisée des chemins. « Maréchal, nous voilà ! », chantaient sur le quai de la gare de Constantine des bataillons de zouaves de l’armée d’Afrique qui partaient se battre en Tunisie, aux côtés des boys américains et des tommies britanniques, contre les troupes de l’Axe. « L’Amérique sauvera les Arabes et restaurera leurs libertés », rapportaient complaisamment au printemps 1943 les agents de la propagande américaine. Ils attribuaient la paternité de ce slogan aux milieux nationalistes musulmans avec lesquels ils entretenaient des relations d’étroite complicité.
Les Américains avaient une grille de lecture conforme à leur culture politique. Une Algérie leur fut révélée, ce fut celle des inégalités sociales et ethniques, de la misère récurrente et de la saleté des rues, des maladies et des moustiques, des intrigues de palais, des luttes franco-françaises pour le pouvoir. Mais, le temps d’une permission, ils découvrirent aussi une autre Algérie, celle de la beauté des paysages et de la douceur de vivre, des couchers de soleil à Chréa et des baignades à Tipasa, des tournées de bière sur la terrasse algéroise de l’hôtel Aletti et des repas chaleureux au restaurant du Grec à Oran, des soirées au bordel du Tunisien à Biskra et des après-midis récréatifs au club de la Croix-Rouge rue Michelet à Alger, des galas patriotiques de Joséphine Baker et des spectacles déjantés de Bop Hope dans les casernements de l’US Army. En acceptant de gré et de force sur son territoire la présence des troupes alliées, l’Algérie française s’est exposée aux regards critiques de l’étranger. Elle a donné à voir ses problèmes, ses incohérences et ses faiblesses, la mentalité passéiste de ses administrateurs, leur vision rétrécie de la démocratie, l’enfermement d’une grande partie de ses populations dans des catégories politiques inférieures.
Aussi le discours de l’Amérique s’est-il voulu moralisateur. Plus que des formules et des phrases toutes faites, il charriait du rêve, suscitait parmi les autochtones des attentes qui donnaient aux gouvernants français la prescience d’un ouragan dont la violence risquait de dévaster leurs assises. Le pays de Roosevelt dénonçait et condamnait, mais condamnait toutefois à mots couverts. Au gré des événements, il jouait sur l’équivoque. Tantôt il se présentait aux populations nord-africaines comme une puissance libératrice uniquement préoccupée de les soustraire à la tutelle ennemie. Or par l’effet d’un glissement de sens savamment orchestré, le message finissait par être perçu sous un angle anticolonial, le mot « ennemi » pouvant aussi bien s’appliquer au tuteur français qu’aux pays totalitaires de l’Axe. L’Amérique apparaissait à nombre d’observateurs comme une puissance occupante qui s’immisçait dans les affaires locales pour y imposer, sous prétexte de démocratisation, sa propre représentation de la politique française ainsi que les dirigeants qui lui seraient le plus utiles et n’entraveraient point ses projets planétaires d’après-guerre.
Au départ des troupes américaines en 1945, l’Algérie saigne déroutée et usée. Leur présence n’aura engendré que malentendus et rancœurs.
Chapitre 1 Le client du Grand Hôtel
« Des froussards, ces résistants ! ».
D’ordinaire,

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