Les cimetières militaires en France
216 pages
Français

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Les cimetières militaires en France , livre ebook

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Description

De quels messages les cimetières militaires étaient-ils porteurs à la fin de chacune des deux guerres mondiales ? Quel rôle jouent-ils aujourd'hui, soixante ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, dans la mémoire des peuples ? Les cimetières militaires ne sont pas des constructions dues au hasard. Ils ont été imaginés par des architectes qui ont voulu rendre compte de l'ampleur des massacres avec une approche culturelle propre à chaque pays. Cet ouvrage, à travers l'étude des cimetières du Commonwealth, américains, allemands et français, décrypte la scénographie de ces lieux chargés d'histoire et d'émotion.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2005
Nombre de lectures 243
EAN13 9782336254555
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Histoires et Idées des Arts
Collection dirigée par Giovanni Joppolo

Cette collection accueille des essais chronologiques, des monographies et des traités d’historiens, critiques et artistes d’hier et d’aujourd’hui. À la croisée de l’histoire et de l’esthétique, elle se propose de répondre à l’attente d’un public qui veut en savoir plus sur les multiples courants, tendances, mouvements, groupes, sensibilités et personnalités qui construisent le grand récit de l’histoire de l’art, là où les moyens et les choix expressifs adoptés se conjuguent avec les concepts et les options philosophiques qui depuis toujours nourrissent l’art en profondeur.
Déjà parus
M. VERGNIOLLE-DELALLE, Peinture et opposition sous le franquisme, 2004.
Anna CHALARD-FILLAUDEAU, Rembrandt, l’artiste au fil des textes, 2004.
Giovanni JOPPOLO, L’art italien au vingtième siècle, 2004.
Dominique BERTHET (sous la dir.), L’art à l’épreuve du lieu, 2004.
Olivier DESHAYES, Le corps déchu dans la peinture française du XIX e siècle, 2004.
Camille de SINGLY, Guido Molinari, peintre moderniste canadien. Les espaces de la carrière, 2004.
Christine DAVENNE, Modernité du cabinet de curiosités, 2004
Sylvie COËLLIER, Lygia Clark: le fin de la modernité et le désir du contact, 2003
Pascale WEBER, Le corps à l’épreuve de l’installation-projection, 2003.
Andrea URLBERGER, Parcours artistiques et virtualités urbaines, 2003.
© L’Harmattan, 2005
9782747582308
EAN : 9782747582308
Les cimetières militaires en France

Anne Biraben
Sommaire
Histoires et Idées des Arts Déjà parus Page de Copyright Page de titre Dedicace REMERCIEMENTS PREFACE - par Alfred Grosser Introduction 1/ LES CIMETIERES NUS 2/ LA MORT INDUSTRIELLE 3/ LA MORT ANONYME 4/ LA CREATION DES CIMETIERES MILITAIRES 5/ LE CHOIX DES ARCHITECTES 6/ ARCHITECTURES, PAYSAGES et CONTEXTE CULTUREL 7/ ENVIRONNEMENT ET ORGANISATION SPATIALE 8/ LE SILENCE DES MORTS 9/ LA MEMOIRE DES TOMBES CONCLUSION SELECTION DES PRINCIPAUX LIEUX DE MEMOIRE DES DEUX GUERRES MONDIALES EN FRANCE BIBLIOGRAPHIE
A mon grand-père Maurice Biraben qui s’engagea volontaire en décembre 1914, à l’âge de 16 ans. En 1939, il a été mobilisé, puis a rejoint la Résistance en Dordogne. Il est mort en 1969.
A ses frères aînés, Jean Biraben, qui est “Mort pour la France” le 26 septembre 1914 à Stenay (Meuse) à l’âge de 26 ans. Il était fiancé à une jeune fille allemande.
Gérard Biraben qui combattit dans la Marine pendant la Première Guerre mondiale. Dernier survivant des Dardanelles, il s’est éteint en 1995, à l’âge de 102 ans.
REMERCIEMENTS
COMMONWEALTH WAR GRAVES COMMISSION
Commission des Sépultures de Guerre du Commonwealth
Rue Angèle Richard, 62217 Beaurains
Madame Colette Vandeville et Monsieur David Stacey
AMERICAN BATTLE MONUMENTS COMMISSION
Commission Américaine des Monuments de Guerre
68 rue du 19 janvier, 92380 Garches
Monsieur Gene Dellinger et Monsieur David Bedford
VOLKSBUND DEUTSCHE KRIEGSGRÄBERFÜRSORGE
Service pour l’Entretien des Sépultures Militaires Allemandes
9 rue du Pré Chaudron, BP 75123, 57074 Metz cedex 03
Monsieur Eckard Holtz et Monsieur Vincent Knellwolf
MINISTERE DE LA DEFENSE
Direction de la Mémoire, du Patrimoine et des Archives
37 Rue Saint Dominique, 75007 Paris
Je tiens à remercier
la photographe Pascale Mercier pour la qualité de ses clichés, Emmanuel Déjonquères pour ses conseils et ses corrections, Marc, mon mari, qui a relu ce livre et m’a soutenue, le Professeur Alfred Grosser qui a bien voulu rédiger la préface. Ses remarques m’ont été particulièrement utiles.
Je remercie Bruno Péquignot, mon éditeur
Toutes les photos et tous les plans de cet ouvrage sont publiés avec les autorisations requises.
PREFACE
par Alfred Grosser
Professeur émérite à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris

Dans son célèbre livre souriant et profond, Les Silences du Colonel Bramble, paru en 1921, André Maurois décrit la visite, avant la fin de la guerre, d’officiers britanniques et de l’officier-interprète Aurelle à la tombe d’un aumônier tué sur la Somme :
“- J’espère, dit Aurelle, qui regardait les innombrables petites croix, tantôt groupées en cimetières, tantôt isolées, j’espère que l’on consacrera à ces morts la terre qu’ils ont reconquise et que ce pays restera un immense cimetière champêtre où les enfants viendront apprendre le culte des héros.
- Quelle idée, réplique l’un des Anglais ; sans doute on respectera les tombes, mais autour d’elles on fera de belles récoltes dans deux ans. Cette terre est trop riche pour rester veuve”.
Le groupe se rend ensuite au lieu proche où s’est déroulée en 1346 la bataille de Crécy. Ils évoquent la stratégie de Philippe VI de France et de son vainqueur Edouard III d’Angleterre. Mais ils ne parviennent pas à se repérer. Ils interrogent un vieux paysan en train de labourer.
“- Est-ce bien ici qu’a eu lieu la bataille ?
- La bataille ? dit le vieux... Quelle bataille ? ”

La belle étude d’Anne Biraben, par-delà la description des cimetières militaires, pose la question de la mémoire, de son utilisation, de sa durée. Faut-il vraiment parler de “mémoire collective” ? J’avoue ne pas aimer l’expression. Je ne peux pas me souvenir de Verdun : je n’étais pas né. Ce qu’on appelle mémoire collective est un transmis qui devient un acquis. Transmis par les manuels scolaires, les récits familiaux, par les médias. Transmis aussi pas les monuments, les cimetières, les cérémonies. La transmission aurait pu se faire autre, donnant lieu à un autre contenu de la “mémoire collective”.

Ainsi pour la commémoration du 11 novembre 1918. Déjà en 2003, plus encore en 2004, articles, émissions, films, débats, discours n’évoquaient plus guère la victoire sur le méchant ennemi, moins encore le triomphe de la nation sur une autre nation. Ce qui dominait, c’était la souffrance dans les tranchées, presque indépendamment de la nationalité des souffrants. La guerre à mémoriser était maintenant celle de Remarque, de Dorgelès, de Barbusse, et non celle de Maurice Barrès.

A Versailles, le 23 janvier 2003, les parlements de France et d’Allemagne avaient tenu séance commune. On effaçait ainsi ensemble l’humiliation française de 1871 et l’humiliation allemande de 1919.

En 2004, les cimetières contenant les tombes des morts de juin 1944 ont reçu la visite conjointe du président français et du chancelier allemand. Dans les deux pays, les sondages montraient 80 % de gens favorables à ce geste.

Un vieux texte se révélait alors prophétique. Dans un pamphlet contre un littérateur plein de haine contre la France, Ludwig Borne, écrivain allemand juif en exil politique à Paris (sa tombe est au Père-Lachaise), a en effet écrit en 1837 : “Qu’il sera beau, le jour où Français et Allemands s’agenouilleront ensemble sur les champs de bataille où leurs pères s’étaient entr’égorgés et, en s’embrassant, prieront sur les tombes qui leur seront communes”.

Anne Biraben dresse un tableau impressionnant d’une évolution, à savoir celle de la conception même des cimetières militaires, de leur architecture, de la façon de les concevoir comme lieu de recueillement, de commémoration moins de victoires que de sacrifices. Des sacrifices pas toujours héroïquement consentis. A l’entrée du grand cimetière allemand de Normandie, il est rappelé que les jeunes soldats n’avaient pas été volontaires.

Les cimetières militaires dont, lecture faite de ce livre à la fois précis et humain, on comprend la nature et les fonctions, sont géographiquement liés à des batailles, à des affrontements meurtriers. En ce sens, ils sont fort différents des monuments qui ont été dressés au centre des cimetières de la plupart des communes de France. Un village, une ville, rappelle combien des siens - et lesquels - ont été arrachés aux leurs par la mort guerrière. Pour faire comprendre à un étranger pourquoi, entre les deux guerres, la politique de la France a été dominée par l’idée de sécurité, pourquoi la ligne Maginot a été édifiée, pourquoi on a reculé devant toute intervention extérieure, eût-elle, comme en 1935, brisé

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