Méfiance Cordiale. Les relations franco-espagnoles de la fin du XIXe siècle à la première Guerre mondiale (Volume 2)
933 pages
Français

Méfiance Cordiale. Les relations franco-espagnoles de la fin du XIXe siècle à la première Guerre mondiale (Volume 2) , livre ebook

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933 pages
Français

Description

Cette étude embrasse histoire comparative, diplomatique, militaire, coloniale, stratégique, économique, migratoire, culturelle, afin de montrer combien les relations entre ces deux vieilles nations européennes, assoupies après la bourrasque napoléonienne, se sont réveillées à la suite des défaites et des retraits des années 1898-1899.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2011
Nombre de lectures 740
EAN13 9782296459540
Langue Français
Poids de l'ouvrage 47 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

MÉFIANCE CORDIALE
Les relations coloniales franco-espagnoles
ede la fin du XIX siècle à la Première Guerre mondiale
VOLUME 2 JEAN-MARC DELAUNAY
MÉFIANCE CORDIALE
Les relations coloniales franco-espagnoles
ede la fin du XIX siècle à la Première Guerre mondiale
VOLUME 2
Ouvrage publié avec le concours
de l’École doctorale "Espace Européen Contemporain",
de l’Équipe d’accueil "Intégration et Coopération dans l’Espace Européen",
du Conseil scientifique
de l'Université Paris-3 Sorbonne Nouvelle,
et avec le soutien
du Centre national du livre
Préface de Jean-Claude ALLAIN
L’Harmattan
Paris
2010




































© L'HARMATTAN, 2010
5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-54484 -0
EAN : 9782296544840 DEUXIÈME PARTIE
RIVALITÉS COLONIALES,
QUESTIONS NATIONALES ? CHAPITRE 8
MIETTES
D’AMÉRIQUE, D’ASIE ET D’AFRIQUE DU NORD
L’ALGÉRIE "ESPAGNOLE"
C’est une focalisation de plus en plus précise vers le Maroc - la grande affaire
franco-espagnole du moment - qui guidera notre travail sur l’outre-mer. En se rétractant
à des horizons africains, elle allait gagner en intensité ce qu'elle perdait en extension.
Pour un demi-siècle au moins. Si le voisinage promis en Afrique septentrionale
promettait d'être trilatéral, avec le parrainage anglais (Tanger, Gibraltar), la promiscuité
du fin fond du golfe de Guinée serait hispano-franco-allemande, au moins - mais on ne
le savait pas alors - pour quelques modestes années. Il était bien difficile d’être seuls au
monde … De ce point de vue, l'Afrique était une nouveauté coloniale franco-espagnole.
Elle n'était pas le champ d'application des voisinages d'antan.
Réduire pourtant les relations franco-espagnoles aux horizons européens et
africains serait à coup sûr abusif. Paradoxalement, les relations les plus anciennes entre
les royaumes de France et d’Espagne furent nouées sous des horizons bien éloignés
des côtes métropolitaines. Les deux États avaient animé ensemble la vaste remue
internationale depuis plus de quatre siècles, vers ce grand large que des seigneurs
e siècle d'un archipel jusqu'alors d'origine normande entrevirent en s'emparant au XV
inconnu qu'ils cédèrent aux rois de Castille. Des Canaries, les vents allaient pousser vers
l’inconnu d'autres navigateurs, italiens, portugais, espagnols, puis, avec un temps de
retard, français, anglais et hollandais. C'est bien dans un contexte plus large - bilatéral
autant que multilatéral, historique autant que géographique - qu'il faut replacer l'entente
e
coloniale de ce début de XX siècle ... car s'il était un peuple que les Français avaient
rencontré sans désemparer au fil des derniers siècles, c'était bien, à travers le monde, les
Espagnols. Outre les Anglais. Le "grand jeu" international fut autant européen que
e e siècle au début du XIX siècle, pour s'apaiser colonial, de la seconde moitié du XVI
ensuite, sans jamais disparaître comme le montra le projet d'expédition tripartite – avec
la Grande-Bretagne - vers le Mexique au début des années 1860 et l’expédition
conjointe d’Indochine. Un impérialisme de meute se mettait en place. Jusqu’alors
agissant en ordre dispersé et concurrentiel, les puissances européennes - en attendant
d’autres nations du vaste monde - s’entendaient désormais entre elles, en petits comités
ou en grandes conférences.
ePourtant, en ce début de XX siècle, une large partie de la mémoire
francoespagnole s'évaporait au gré des alizés et des moiteurs tropicales d'Amérique, d'Asie et
d'Océanie. L'OUTRE-MER TRANSATLANTIQUE

Avant l'Afrique - en plein processus d'appropriation et de voisinage à la fin du
eXIX siècle - l'Amérique fut certainement l'espace lointain le plus marqué par la geste
coloniale des deux pays. Cette Amérique latine a depuis longtemps connu un lourd
problème de définition. Était-ce - est-ce encore ? - l'ensemble de ces terres américaines
de langues latines, espagnole, portugaise mais aussi française, ou s’agit-il simplement
l'Amérique hispano-portugaise ?
Français et Espagnols d’Amérique
e A l’extrême-fin du XIX siècle, malgré la prégnance linguistique espagnole,
l’influence française était loin d’être négligeable. Elle avait joué un rôle éminent dans la
formation des États-nations d’Amérique latine, comme l’a rappelé le bicentenaire de la
Révolution française, ainsi que certains travaux postérieurs. La large contribution des
références extérieures avait laissé une bonne place au modèle français. Ce fut
particulièrement le cas au Mexique, mais aussi en Argentine et au Pérou, à vrai dire les
trois espaces les plus prometteurs. La francisation semblait avoir remplacé, par sa
modernité émancipatrice, l’hispanisation coloniale qui, elle-même, par la force, la
1
langue et la croyance, avait soumis "l’indigénité" originelle . Il y avait bien là une
concurrence qui était encore renforcée par la différences de rythmes migratoires.
Pourtant, pour les Espagnols, les Hispano-Américains ne pouvaient être
considérés comme des étrangers. Ainsi s'exprimait Ángel Ganivet, dans son Idearium
Español, en 1896. Ils étaient des cousins, des frères - d'origine, de culture, de race et de
langue - de ceux qui étaient demeurés en Europe. Son tocayo français, Angel Marvaud,
l'avait bien noté, les savants espagnols qui vinrent animer les cours du nouvel Institut
Espagnol de Buenos-Aires - fondé en 1910 par la colonie espagnole de la grande cité
2
portuaire - étaient des "professeurs d'énergie" . La même année, à l'occasion du centenaire
de l'Indépendance, un imposant monument fut offert par la riche colonie française de
3
Buenos-Aires à la nation argentine . L'infante Isabelle représenta la famille royale
espagnole aux festivités. Le roi, son neveu, avait renoncé au "vieux rêve" du périple
américain. En plein processus d’expansion dans le nord marocain, il ne pouvait être en
4même temps Alphonse l'Africain et Alphonse l'Américain. Cette vague des
indépendances américaines fut naturellement un élément d'hostilité historique

1 Outre Annick Lempérière, Denis Rolland et alii, L’Amérique latine et les modèles européens, Paris, 1998, p.
243-391, Denis Rolland, La crise du modèle français. Marianne et l'Amérique latine : culture, politique et
identité, P. U. Rennes, p. 12-13.
2 A. Niño Rodriguez, "L'expansion culturelle espagnole en Amérique hispanique (1898-1936)", RI, n°50,
e1987, p. 197-206, qui cite Angel Marvaud, L'Espagne au XX siècle, étude politique et économique, Paris,
1913. Vision générale chez S. Palazón, Los Españoles en América latina (1850-1990), Madrid, 1995. Un
tocayo est une personne qui porte le même prénom qu'une autre.
3 Monument encore en place dans le quartier résidentiel de la Recoleta, face au Musée national des Beaux-Arts
(témoignage J.-M. Delaunay, Buenos-Aires, novembre 1996).
4 AMAE-Paris, NS Mexique 19, d. n°6, c., Légation-Mexico (A. Dumaine) à MAE-Paris, 23. 1. 1908 : une
tournée du roi d’Espagne en 1909 n'était pas prise au sérieux par la presse locale.
101supplémentaire - apparemment discret - de la part des Espagnols envers les Français .
Pourtant, le dynamisme des Français en Amérique latine ne devait pas les empêcher de
collaborer dans certaines affaires avec les Espagnols, ainsi, à partir de 1886, dans la
Banque Espagnole du Rio de la¨Plata/Banco Español del Río de la Plata dont la Banque
2
Française pour le Commerce et l’Industrie était le représentant à Paris .

Malgré leur faible propension à s'installer dans d'autres pays d'Europe - dont
l'Espagne - les Fran

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