Nuit Debout et maintenant ?
208 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
208 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Paris, mars 2016. Nuit Debout prend son essor sur la place de la République et rejoint le mouvement des récentes résistances civiques qu’on aura vu fleurir un peu partout dans le monde, de Wall Street à Gezi, de la Puerta del Sol à Syntagma.
Dès le début, Nuit Debout bouscule les représentations de la prise de parole et de l'action citoyennes. Sur la place, on s’organise, on échange, on écoute, on argumente. Certaines personnes se tiennent à distance. D’autres s’engagent avec énergie. Parmi les médias qui couvrent l’événement, il y en a pour dire qu’on n’y fait rien, qu’on n’agit pas. D’autres, au contraire, y voient un mouvement engagé dans une dynamique pour le changement.
Une pluralité d’expériences et de témoignages qui révèlent à quel point il peut être aujourd’hui malaisé de concevoir qu’un mouvement, qui s’interroge pourtant sur les modalités – et les faillites – de l’institution démocratique, puisse prendre la forme d’un débat sur sa propre identité et sur son devenir. C’est là le point de départ de cet ouvrage qui rassemble des chercheurs en sciences humaines et sociales – établis en France ou ailleurs –, mais aussi des Nuitdeboutistes actifs.
Ce livre entend ainsi questionner le triptyque médias, médiation et immédiation pour tenter de saisir ce qui s’est finalement joué sur la place de la République.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 32
EAN13 9791092305425
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

[collection les essais médiatiques]

dirigée par Michaël Bourgatte


sous la direction de
Joëlle Le Marec, Ugo Moret, Hécate Vergopoulos



Ouvrage collectif avec les contributions de :

Marine Allein Travouillon
Bermal Aydin
Idil Başural
Eylem Çamuroğlu Çiğ
Juliette Charbonneaux
Sophie Corbillé
Raphaël Delarge
Valérie Jeanne-Perrier
Julie
Joëlle Le Marec
Loïc
Ugo Moret
Josiane, Fañch et Denis Ruellan
Julien Tassel
Thibaud
Hécate Vergopoulos
Camille Zéhenne


Les auteurs n'ont pas souhaité être différenciés par leur statut ou rattachement individuels.
Un certain nombre d'entre eux travaillent dans l'enseignement secondaire ou supérieur, avec des statuts multiples. Mais ils sont avant tout inspirés par les conditions de réflexion et de prise de parole qui ont été développés dans Nuit Debout.
[la collection]


Les Essais médiatiques donnent aux lecteurs les clefs d’un débat sur les enjeux culturels, économiques, politiques et sociologiques liés aux médias et à la médiation. L’objectif est de permettre à chacun de se forger une opinion et d’appréhender ce qui se joue actuellement dans notre société, dans le cadre d’une réflexion ouverte et critique.
Chaque pan de notre vie est aujourd’hui concerné par les médias et les systèmes médiatiques. Ils nous entourent et sont omniprésents dans notre quotidien : la presse, la radio ou la télévision, bien évidemment. Mais également tout un ensemble de formes médiatiques telles que les rassemblement citoyens, les festivals, les expositions… Par ces biais, nous nous distrayons, nous nous informons, nous nous cultivons, nous façonnons nos représentations et nos idéologies.
Il s’avère aujourd’hui essentiel de s’interroger sur la relation que chaque individu entretient avec ces formes médiatiques. Il importe également de se pencher sur les mutations de notre société façonnée par des médias et des médiations qu’elle a elle-même fabriquées.

Pourquoi une importance toujours plus grande est-elle donnée aux systèmes médiatiques dans notre société ? De quelle manière impactent-ils notre relation au monde ? Quel portrait dressent-ils des événements qui ponctuent notre quotidien ?
La collection souhaite mettre l’ensemble de ces questions en débat.
Pour y répondre, nous souhaitons privilégier une réflexion pluridisciplinaire et transversale. Ainsi, des approches anthropologiques, communicationnelles, économiques, ethnologiques, historiques, philosophiques ou encore sociologiques vont se croiser et se côtoyer.
Il importe à la collection de mettre en discussion un phénomène complexe afin que Les Essais médiatiques rencontrent un écho tant par leur capacité à poser des questions que par leur intention de réunir une somme d’exposés lucides et éclairés sur le sujet.
[introduction]

Lorsque Nuit Debout a démarré Place de la République à Paris le 31 mars 2016 après la première des manifestations de protestation contre la réforme du droit du travail, nous étions nombreux à sentir qu’il y avait là quelque chose qu’il fallait essayer de vivre et/ou de comprendre. Les médias assénaient volontiers que le rassemblement n’était le mouvement de rien et pourtant celui-ci continuait de prendre de l’ampleur, dans d’autres villes, sur d’autres places, dans toute la France.
Rapidement, beaucoup ont ressenti le besoin de se rendre sur place, « pour voir », mais avec la crainte cependant de ne rien saisir : « pour voir quoi ? ».
En réalité, l’aporie portait peut-être moins sur le « spectacle » qui s’y offrait au regard que sur la capacité qu’a celui-ci de transformer certaines situations en objet de spectacle : en occupant la position d’observateur – curieux – ne risquait-on pas finalement de requalifier les Nuits Deboutistes et leur mouvement en objets quasi pittoresques – de curiosité – alors qu’il était clair que quelque chose d’à la fois plus grave et plus intense s’y jouait ? Aux origines, c’était aussi ça, Nuit Debout quand on n’y était pas (et qu’on n’en était pas) : une impasse ; puisque ne pas y aller, c’était se condamner à n’y rien comprendre ; mais qu’y aller en visiteur, c’était sans doute aussi passer à côté.
Au sein du laboratoire dont nous faisons partie, le Groupe de recherche interdisciplinaire sur les processus d’information et de communication (GRIPIC 1 ), nous réfléchissons quotidiennement aux médias, aux médiations et à leurs écritures, à l’espace public et aux dynamiques de communication qui y prennent place, à la consommation et à ses effets aussi, mais encore au travail, aux activités et à leurs modes d’organisation, comme aux savoirs et à la manière dont ils prennent forme et circulent dans les différents espaces sociaux. Nous réfléchissons aussi à nos espaces communs quotidiens, à notre manière de les occuper, d’y assumer des pratiques de débat, d’écoute, et d’y partager ou non des visions de la société.
C’est finalement par cette porte dérobée que nous avons collectivement fait notre entrée sur la place.
Dans un café, non loin de la République, tous les membres de notre laboratoire étaient invités, semaine après semaine, à se retrouver. Nous discutions de ce que nous comprenions du mouvement, de ce que nous en avions lu, vu et fait pour certains, de ce qu’il nous faisait aussi et de la manière dont il nous mettait face à notre propre statut d’observateur du social en tant que chercheurs. Puis, ceux qui le souhaitaient allaient ensuite y faire un tour, discutaient et échangeaient avec ceux qu’ils croisaient (des participants plus impliqués que nous, et notamment les membres de deux des commissions qui y effectuent un véritable travail politique quotidien) ou simplement observaient : aucun mot d’ordre.


Dès le début, Nuit Debout nous a ainsi bousculé(e)s. D’abord, parce que le mouvement nous faisait réfléchir à nos propres objets d’étude et nos propres pratiques. Ensuite, parce qu’il nous amenait à les examiner à nouveau dans un espace autre – hors de l’université – dans le temps suspendu de l’incertitude – nous discutions et réfléchissions collectivement sans autre désir que celui de partager et confronter nos questions, nos sensations, et ce à quoi chacun les reliait compte tenu de sa trajectoire de vie et de recherche.
Le présent ouvrage est le résultat de cet exercice que nous avons conduit plusieurs semaines durant sans en connaître ni la fin ni le but et de ces infimes déplacements qui l’ont rendu possible : déplacements dans l’espace, déplacements dans le temps, déplacements dans la certitude que les objets vivent et perdurent, déplacements dans la manière de travailler collectivement, déplacements dans la finalité même de la recherche et dans le statut de ceux qui sont pris dans son cheminement.

Pour mettre malgré tout un peu d’ordre dans ce foisonnement, nous nous sommes concentré(e)s autour d’une tension que nous avons jugée structurante pour l’étude et la compréhension du mouvement ; celle que tissent entre elles, dans leurs pleines polysémies, les notions de média, de médiation et d’immédiation : comment Nuit Debout a-t-il été traité par les médias ? Refusant les médias dits « traditionnels », mais inventant les siens, quelle place le mouvement a-t-il finalement attribué aux médiations ? Investissant l’espace, dans la continuité des mouvements Occupy, était-il d’emblée sa propre médiation ou cherchait-il à réaliser l’ambitieux projet d’une immédiateté et d’une immédiation du politique vécu ici et maintenant ?

Ce sont ces questions que nous nous sommes posées dans cet ouvrage collectif qui rassemble des auteurs issus d’horizons divers et qui, à la manière dont le sont les animaux dans l’encyclopédie chinoise de Borges, peuvent être répartis comme suit : a) enseignants-chercheurs (jeunes et confirmés), b) professeurs (en collège ou à l’université), c) historien, d) urbaniste, e) artiste, f) commissionnaires, g) parisiens, h) non parisiens, i) bretons (ou assimilés), j) présents lors des événements, k) orateurs, l) et scribes, m) qui ont bu un café juste avant, n) ou qui chaque soir étaient là.

H&#

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents