Analyse des Espaces et des Sociétés 2005 Master Carrières Internationales IEP Paris - Sciences Po Paris
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Analyse des Espaces et des Sociétés 2005 Master Carrières Internationales IEP Paris - Sciences Po Paris

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Examen du Supérieur IEP Paris - Sciences Po Paris. Sujet de Analyse des Espaces et des Sociétés 2005. Retrouvez le corrigé Analyse des Espaces et des Sociétés 2005 sur Bankexam.fr.

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Publié le 21 mars 2008
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Langue Français

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 Annéeuniversitaire 2004/2005 Master Carrières InternationalesSemestre d’automne ÉPREUVE DE FIN DE SEMESTRE ANALYSE DES ESPACES ET SOCIETES jeudi 10 février de 08h30 à 11h30 Durée de l'épreuve : 3h00 Veuillez traiter l’un des deux sujets proposés : Sujet n°1 Dissertation "Migrations et développement : à l'aide d'exemples pris dans les pays du Sud, étudier l'impact des migrations internationales sur les transformations des espaces et des sociétés". Sujet n°2 Analyse de texte Le texte qui suit est extrait du chapitre introductif de la version française de « Putting People First », ouvrage coordonné par Michael Cernea, premier anthropologue à être entré à la Banque Mondiale. Vous analyserez le texte (par exemple, sa conception des « variables sociales et culturelles », sa conception de la place des sociétés locales et du rôle des sciences sociales dans les projets de développement. A partirdes enseignements du cours «Espaces et sociétés» (mais aussi d’autres références), vous préciserez les élé-ments de compréhension des sociétés, qui vous paraissent indispensables à la conception de projets pertinents et efficaces. *******
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Extrait de « Les sciences sociales dans les projets de développement » de Michael Cernea in Cernea M.M. ed, 1998,La dimension humaine dans les projets de développement, Paris, Karthala (traduction française révisée de « Putting people first »). (…) Exiger que ceux qui conçoivent les projets de développement, c’est-à-dire principalement des planificateurs techniques et économiques des programmes de développement, accordent une place centrale pour les populations dans les projets des personnes qui les conçoivent, implique d’inverser la démarche classique de la conception des projets. Nous ne prétendons pas que l’aspect humain est totalement délaissé dans les approches conventionnelles. Mais de très nombreuses approches sont à ce point dominées par les facteurs techniques ou les modèles économiques - à cent lieues des réalités de la vie - que l’organisation sociale et les acteurs mêmes du développement ne sont pris en compte qu’après coup. La thèse développée [ici] est que le modèle adopté dans les projets qui ne mettent pas l’aspect humain au premier plan est incompatible avec le modèle permettant un processus social réel de développement, au cœur duquel se trouvent ses ac-teurs. Cette incompatibilité nuit gravement à l’efficacité des projets qui tentent de planifier et d’accélérer le développement. Mettre l’aspect humain au premier plan constitue une inversion car cela suggère un point de départ différent pour la planifi-cation et la conception des projets par rapport à celui de l’approche techno-centrique traditionnelle. Cette inversion exige l’identification - dans chaque intervention technique, économique ou administrative - des variables sociologiques structurant l’organisation sociale impliquée par le projet. Pour toutes ces raisons, «penser d’abord aux populations» n’a rien d’une simple métaphore : il s’agit plutôt d’un appel pressant pour que soit repensée en profondeur l’approche des projets de déve-loppement. Ces derniers temps, on constate que même le discours officiel soutient les projets « centrés sur les populations ». Mais, ce plaidoyer est fait de manière telle qu’il limite souvent ce concept aux projets des secteurs dits «sociaux »,à savoir l’éducation, la santé, la planification des naissances, la nutrition, etc. Or, l’importance de ce concept où l’organisation sociale constitue l’élément central est telle qu’il doit être reconnu pour tous les projets, et pas uniquement pour ceux qui concernent les secteurs sociaux. Il est essentiel d’en faire l’objectif principal des projets qui soutiennent des activités productives, où la primauté donnée aux variables techniques ou économiques sert encore de justification pour négliger les variables de l’organisation sociale. (…) Les activités économiques des populations sont ancrées dans une structure de relations sociales ; dès lors, il est impor-tant de définir avec exactitude les « degrés » et les formes de cet ancrage dans chaque société dans le cadre de la théorie et de la pratique du développement. Le niveau d’ancrage des activités techniques et économiques dans la structure des relations sociales et leur degré d’équilibre constituent un problème qui ne relève pas exclusivement de la recherche fonda-mentale, c’est aussi un problème concret. L’État doit éviter de provoquer le déséquilibre et le dysfonctionnement par ses interventions. (…) Il est important de souligner que le développement induit dépend en fin de compte de la qualité d’ensemble du projet, plutôt que des sommes investies. En d’autres termes, l’impact des ressources d’aide peut être amélioré à condition que la qualité d’ensemble du projet, au niveau de sa conception et de sa mise en œuvre effective, soit optimale et ce, sans augmentation du flux financier qui peut même être réduit. Ainsi, la mise en œuvre de projets participatifs et l’amélioration de la gestion peuvent permettre d’obtenir un meilleur bénéfice que ne le ferait la simple augmentation des flux financiers sans mise en œuvre participative. Le besoin de ressources financières est certes incontestable ; il est néanmoins essentiel de comprendre que les program-mes d’aide internationaux ont souvent échoué non pas en raison du manque de financement, mais à cause de l’inaptitude de la société à l’exploiter de manière optimale ou de celle des planificateurs à formuler une politique efficace de construction sociale pour absorber ces nouvelles ressources.(…) L’afflux de moyens financiers dans le cadre du projet peut créer l’illusion provisoire que tout est possible, mais ce n’est qu’une apparence trompeuse et transitoire. Des facteurs sociocultu-rels incontournables continuent d’agir sous la couche fragile de cette apparence. Si les variables sociales continuent d’être
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négligées ou mal exploitées, le projet ne sera pas durable et échouera, quelle que soit l’organisation nationale ou internatio-nale qui le soutient. Le savoir sociologique - et les sociologues - peuvent contribuer à identifier, à conceptualiser et à traiter les variables sociales et culturelles impliquées dans les programmes financés. De cette manière, l’apport du sociologue consiste non seulement à dévoiler les variables négligées par l’approche du planificateur, mais aussi à reformuler les problèmes à résoudre. (…) Dans les situations telles que celles évoquées ici, le sociologue impliqué dans la conception d’une intervention posera une série de questions sociologiques fondamentales : les structures sociales et institutionnelles peuvent-elles fonctionner effica-cement au rythme accéléré imposé par l’apport massif de moyens financiers ? Quels ajustements sociaux sont nécessaires pour tenir le rythme des autres éléments de l’intervention ? Le sociologue doit aider à préciser les étapes opérationnelles pour l’introduction des changements institutionnels indispensables à la durabilité sociale et culturelle du projet de dévelop-pement. Le déroulement pratique du projet peut donc être modifié. Les dommages causés par l’absence d’analyse sociologique et la non intégration du savoir sociologique dans la croissance induite par des moyens financiers sont coûteux et trop soudains. Une étude anthropologique portant sur cinquante sept projets financés par la Banque, axée sur la relation entre l’adéquation socioculturelle (ou son absence) des projets et le taux de rentabilité économique prévu au terme du projet (audit), a révélé que la prise en compte des aspects relatifs à la compa-tibilité socioculturelle était réellement payante en termes économiques. Plus précisément, on a estimé que la conception de trente des cinquante sept projets était compatible avec le contexte traditionnel et socioéconomique local, tandis que les vingt sept projets restants comportaient de graves incompatibilités socioculturelles. Le principal résultat de cette étude montre que les projets compatibles présentent un taux moyen de rentabilité économique de 18,3 % au moment de l’audit, soit un taux deux fois plus élevé que celui (8,6 %) des vingt sept projets. L’analyse de vingt cinq autres projets financés par la Banque et réévalués plusieurs années après la fin du transfert des fonds des projets mène à une autre conclusion intéressante. L’objectif de l’analyse était d’apprécier la durabilité de ces pro-jets. Sur les vingt cinq projets, treize ont été déclarés non durables. Le manque d’argent n’était pas à l’origine de la non durabilité mais, parmi les principales raisons, figuraient les facteurs socioculturels (principalement l’absence d’associations d’agriculteurs et leur manque de participation) dont la formulation et la mise en œuvre des projets n’avaient pas tenu compte. (…) L’EVALUATION PROSPECTIVED’après les expériences de la Banque mondiale, l’évaluation prospective sociologique doit se concentrer sur quatre élé-ments principaux : - lescaractéristiques socioculturelles et démographiques des bénéficiaires locaux, y compris les groupes qui risquent d’avoir à subir des effets néfastes, et l’identification de toutes les parties prenantes ; - l’organisationsociale des activités de production de la population dans la zone du projet ; - l’acceptabilitéculturelle du projet et sa compatibilité avec les besoins des bénéficiaires cibles ; - lastratégie sociale de la mise en œuvre et du fonctionnement du projet, y compris la participation des bénéficiaires. Ces quatre éléments sont décrits ci-après. Dans le cadre de l’évaluation prospective sociale, on vérifiera si la conception des projets tient compte des caractéristiques socioculturelles et démographiques - le nombre d’habitants de la zone de projet, leur structure sociale, la densité de popula-tion et les modèles de stratification, notamment la composition ethnique et les classes sociales. Cette vérification revêt une importance toute particulière lorsque les projets affectent des groupes cibles spécifiques (tels que des groupes ethniques ou les femmes). Elle passe par l’appréciation de la réceptivité de la population et de ses institutions communautaires à l’égard des conventions proposées pour fournir les intrants, pour recueillir les résultats et pour faciliter l’accès à l’éducation, aux soins de santé et aux autres services sociaux. L’évaluation prospective devra également servir à déterminer si la conception du projet repose sur une compréhension exacte de l’organisation sociale des activités de production :
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a) Commentles bénéficiaires potentiels accèdent-ils aux ressources naturelles disponibles dans la région ? Comment les exploitent-ils ? Comment les maîtrisent-ils ? Quels sont les changements dans les conventions sociales existantes qu’il convient d’encourager ? b) Dequelle manière les caractéristiques des ménages et des systèmes familiaux prédominants dans la région affectent-elles le potentiel et les contraintes de développement, l’offre de main-d’œuvre et les modèles de propriété ? c) Lespetits producteurs ont-ils accès aux marchés plus importants et à l’économie régionale? Disposent-ils d’informations à ce sujet ? d) Dansquelle mesure les systèmes d’occupation des sols et les possibilités alternatives d’emploi influencent-ils les inté-rêts des bénéficiaires potentiels dans les activités proposées ? Les projets doivent être culturellement compatibles, c’est-à-dire compréhensibles, acceptables et conçus pour pouvoir être mis en œuvre et entretenus par les acteurs sociaux locaux et leurs institutions. Ainsi, des projets qui visent à regrouper des éleveurs et des agriculteurs au sein de programmes de gestion combinée de zones de pâturage et de terres de culture ris-quent fort d’échouer si l’histoire des relations entre les deux groupes n’a pas été prise en compte. De même, à défaut d’une coopération des bénéficiaires, les avantages sanitaires qui auraient pu résulter de l’amélioration de l’approvisionnement en eau ou de l’élimination des déchets ne verront pas le jour. L’évaluation de l’acceptabilité culturelle du projet et de la volonté des bénéficiaires de contribuer à son succès doit, dès lors, prendre en considération les valeurs, les coutumes, les croyan-ces et les besoins perçus chez ceux-ci. (…) ******
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