Corrigé bac 2014 - Séries techno - Philo - Sujet 2 : Une vérité peut-elle être définitive ?
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CORRECTION DU BACCALAUREAT DE PHILOSOPHIE 2014 Séries technologiques Sujet 2 : Une vérité peut-elle être définitive ? Il s’agit là d’un sujet très classique sur la définition de la vérité. Je ne propose pas de plan-type car il n’y en a pas. L’essentiel pour les élèves qui ont pris ce sujet, était de bien réfléchir à tout ce que pouvait impliquer le terme « définitif ». Commençons par une réflexion sur les termes : la réalité existe. Elle est indépendante de l’homme. La vérité concerne nos jugements sur la réalité. Ceux-ci peuvent être qualifiés de « vrais » ou « faux » selon qu’ils sont conformes ou non à la réalité. Ce qui est qualifié de « définitif » est considéré comme achevé, certain, irrévocable. Cela s’oppose au temporaire, au variable. L’analyse du sujet pourrait partir d’un paradoxe : si la vérité est l’adéquation de mon jugement à la réalité, alors cette vérité est nécessairement définitive. Pourquoi alors poser cette question ? Est-ce parce que je ne suis jamais certain que mon jugement soit « vrai » ? Cela pose la question du degré de certitude de mon jugement, de ma capacité à prouver ce que j’affirme, à éliminer tout doute. Le problème est alors celui des moyens d’accès à la vérité. Y a-t-il une « méthode » rigoureuse qui me permettrait d’éliminer toute incertitude ? (cf Descartes, le doute méthodique). Ou est-ce parce que lorsque l’on emploie le mot « vérité », on ne parle pas toujours de la même chose ?

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Publié le 16 juin 2014
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Langue Français

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CORRECTION DU BACCALAUREAT DE PHILOSOPHIE 2014
Séries technologiques
Sujet 2 : Une vérité peut-elle être définitive ?
Il s’agit là d’un sujet très classique sur la définition de la vérité. Je ne propose pas de plan-type
car il n’y en a pas. L’essentiel pour les élèves qui ont pris ce sujet, était de bien réfléchir à tout ce
que pouvait impliquer le terme « définitif ».
Commençons par une réflexion sur les termes : la réalité existe. Elle est indépendante de
l’homme. La vérité concerne nos jugements sur la réalité. Ceux-ci peuvent être qualifiés de
« vrais » ou « faux » selon qu’ils sont conformes ou non à la réalité. Ce qui est qualifié de
« définitif » est considéré comme achevé, certain, irrévocable. Cela s’oppose au temporaire, au
variable. L’analyse du sujet pourrait partir d’un paradoxe : si la vérité est l’adéquation de mon
jugement à la réalité, alors cette vérité est nécessairement définitive. Pourquoi alors poser cette
question ?
Est-ce parce que je ne suis jamais certain que mon jugement soit « vrai » ? Cela pose la question
du degré de certitude de mon jugement, de ma capacité à prouver ce que j’affirme, à éliminer
tout doute. Le problème est alors celui des moyens d’accès à la vérité. Y a-t-il une « méthode »
rigoureuse qui me permettrait d’éliminer toute incertitude ? (cf Descartes, le doute méthodique).
Ou est-ce parce que lorsque l’on emploie le mot « vérité », on ne parle pas toujours de la même
chose ? S’agit-il de certitudes objectives obtenues par la raison ? De certitudes subjectives,
convictions personnelles argumentées ? De croyances solidement ancrées ? De préjugés que
mon esprit admet pour vrais par « paresse » comme dirait Kant ?
èreSi l’on parle en toute rigueur, seule la 1 catégorie de jugement aurait bien « droit » au titre de
vérité, elles seules pourraient être qualifiées de définitives. Mais là même, l’erreur est possible :
les sciences utilisant de moyens d’observation comme le télescope ou le microscope sont en un
sens « vulnérables » car tributaires des progrès techniques. Une vérité scientifique peut donc
être en toute bonne foi considérée comme définitive à une époque donnée car à cette époque, il
était impossible de « faire mieux ». Seules alors les vérités mathématiques qui sont « l’accord de
la pensée avec elle-même » (donc ne dépendant pas de données empiriques) pourraient être
qualifiées de définitives …
Mais la réalité elle-même peut évoluer. La vérité considérée comme définitive, peut alors ne plus
l’être. Les hommes appellent peut-être « définitives » les affirmations dont ils ne voudraient pas
èmequ’elles changent. Si nous considérons le 2 sens attribué au terme de vérité (des certitudes
subjectives, argumentées, donc fondées sur la raison), nous aurions là un exemple possible : Si
ma conviction est que la paix en Europe de l’Ouest ne sera jamais remise en question (conviction
étayée par ma connaissance de l’histoire ou de l’actualité), alors je souhaite que ce soit « vrai ».
En ce sens ce n’est peut-être pas « vrai » au sens strict (l’avenir contredira peut-être cette
affirmation) mais « je crois, «j’espère » que ce soit vrai. Ceci rejoint les 2 derniers sens cités (les croyances). On peut en effet se demander si tout jugement sur le réel n’est pas une « croyance »,
une sorte de pari. Seul un être supérieur, omniscient pourrait au sens strict savoir que les
jugements formulés par les hommes sont bien vrais.
On peut maintenant observer cet énoncé de manière plus critique et se demander s’il n’est pas
dangereux de prétendre qu’un jugement « est » une vérité définitive : C’est ce qu’on appelle le
« dogmatisme » : J’impose « ma vérité » comme étant La Vérité. Ce faisant je refuse tout dialogue.
J’affirme qu’il n’y a pas à revenir dessus, pas à discuter, que toute nouvelle recherche est inutile.
Cette attitude peut être rapprochée de ce que Bachelard appelle « l’instinct conservatif », c’est-à-
dire le fait de s’accrocher à une théorie existante considérée comme vraie et de refuser toute
remise en question par peur de devoir rompre avec nos habitudes et certitudes.
Conclusion
En apparence affirmer qu’une vérité est temporaire semble contredire l’idée-même de vérité
(soit c’est vrai, soit ça ne l’est pas). Cependant ce que les hommes nomment « vérité » est relatif à
leur capacité de réflexion, leur état d’esprit, leur culture, leurs moyens techniques etc. D’où il est
logique que le statut de leurs affirmations (vraies ou fausses) évoluent avec eux. On peut alors se
demander si la possibilité d’une vérité définitive existe bien (cf le scepticisme). D’un autre côté,
on a vu que le concept de vérité définitive pouvait en lui-même être problématique car il peut
sous-entendre l’absence de débat, de remise en cause, l’appropriation, la confiscation de la vérité
par ceux qui prétendent la détenir.

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