De la ville en politique

Robert Spizzichino

Description

Cet ouvrage décrit les évolutions récentes touchant la pensée politique sur la ville, tant en France que dans les pays anglo-saxons et il propose une vision alternative permettant de rompre radicalement avec les tendances néfastes de l'urbanisation moderne. Il fournit enfin des orientations sur quelques politiques à mettre en oeuvre rapidement pour commencer à faire ville ensemble.

Sujets

• Politique
• Sociologie urbaine
• Aménagement du territoire
• Urbanisme
• Science politique

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 septembre 2011
• Nombre de lectures: 209
• EAN13: 9782296465862
• Langue: Français

Extrait

DE LA VILLE EN POLITIQUE
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’École polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
[e-mail]
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ISBN : 978-2-296-55257-9
EAN : 9782296552579
DE LA VILLE EN POLITIQUE
ROBERT SPIZZICHINO
Postfaces
de ALAIN BOURDIN,PATRICK BRAOUEZEC,YVES DAUGE,
MICHEL DELEBARRE,CHRISTIAN DEVILLERS,LAURENTTHÉRY

«La ville est le lieu où viennent aujourd’hui converger trois crises:
une crise de notre représentation du conflit social
et des formes prises par la fracture sociale dans notre société,
que résume bien l’expression de société duale ou société d’exclusion;
une crise de l’urbanité, c’est-à-dire des formes de sociabilité
traditionnellement liées à l’habitat urbain,
due à la pression individualiste;
enfin, une crise des formes instituées de la communication sociale,
de l’échange politique et ultimement de la représentation politique.»
Joël Roman,
«La Ville: chronique d’une mort annoncée»,
Esprit , juin 1994.


Editions L’Harmattan
5-7, rue de l’Ecole Polytechnique
75005 Paris
Questions Contemporaines
Collection dirigée par J.P. Chagnollaud,
B. Péquignot et D. Rolland

Chômage, exclusion, globalisation… Jamais les « questions contemporaines » n’ont été aussi nombreuses et aussi complexes à appréhender. Le pari de la collection « Questions Contemporaines » est d’offrir un espace de réflexion et de débat à tous ceux, chercheurs, militants ou praticiens, qui osent penser autrement, exprimer des idées neuves et ouvrir de nouvelles pistes à la réflexion collective.

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AVANT-PROPOS
Lors de l’introduction d’un colloque au Sénat sur « les villes du futur : rêves ou cauchemar?», Jean-Pierre Sueur, ancien ministre, sénateur du Loiret, justifiait l’organisation de cette manifestation en disant : « On parle très peu dans le champ de la politique du sujet qui nous intéresse ici. Je porte une grande attention, comme chacune et comme chacun d’entre vous, à ce qui est dit lors des élections présidentielles ou législatives. Si vous cherchez un débat, ou même quelques propos ou propositions, portant sur la question: “Quel est notre projet pour les villes dans vingt ans, trente ans? Que voulons-nous?” , vous vous rendez vite compte qu’on n’en parle quasiment jamais.»
Et pourtant, les rapports de la ville et de la politique sont consubstantiels: lorsqu’Aristote distinguait la«polis», cité organisée, Sophocle insistait sur la « politeia » , c’est-à-dire sur l’ensemble des citoyens ayant droit de cité, et affirmait : « La cité, c’est le peuple. » De là, des débats forts anciens et forts pertinents sur le gouvernement démocratique ou non de la cité, sur la citoyenneté, sur la médiation politique, et sur les risques de conflits internes et externes.
Il y a eu dans l’histoire de l’Humanité des moments plus intenses de questionnement sur les rapports de la ville et de la politique, mais aussi des creux conceptuels ou bien des débats annexes sur les formes urbaines ou sur les utopies urbaines par exemple. Plus récemment, c’est sans doute Henri Lefebvre qui, à partir d’une analyse marxiste, a le plus marqué son temps en inspirant toute une génération de chercheurs. Au même moment, Fernand Braudel évoquait la ville dans son remarquable essai Civilisation matérielle et capitalisme . Depuis, de brillantes analyses ont été faites sur des thèmes comme ceux de la cohésion sociale, de la mobilité, de la démocratie participative ou du développement durable appliqué à l’aménagement urbain; mais il faut bien constater qu’au moment où l’on parle d’une crise majeure de civilisation, on manque cruellement d’une analyse critique et d’un projet politique global pour la ville. Et, curieusement, comme on le verra, les travaux européens et français sur cette thématique sont plutôt plus faibles que ceux qui se développent dans les pays anglo-saxons. En général, toutefois, il est intéressant de constater qu’un renouveau se fait jour actuellement du fait de la crise écologique d’une part et des difficultés de fonctionnement des grandes métropoles mondiales de l’autre.
Ce renouveau doit être approfondi. Ce qui frappe néanmoins, c’est la richesse de la matière produite ces dix dernières années, même si le point de vue politique en est estompé, et le peu de profit qui en a été tiré, notamment par les politiques.

Mais il convient avant tout d’affirmer la modestie du propos exprimé dans cet ouvrage. L’auteur n’est pas un chercheur ou un universitaire; il n’est qu’un praticien expérimenté de l’aménagement urbain qui, en parallèle, s’est toujours trouvé engagé à gauche en politique et a eu le privilège de vivre avec cette double appartenance des moments importants de notre histoire récente. Il n’est donc pas question d’exprimer ici une nouvelle approche politique théorique appliquée à la ville. Il s’agit avant tout d’ouvrir la voie d’un débat collectif sur ce sujet au moment où l’objet ville est mis en cause par les divers types de ségrégation, par l’urgence écologique, par les exigences de la globalisation financière et par la terrible croissance de la pauvreté et de la précarité. L’ouvrage présente donc une lecture politique des problèmes urbains d’aujourd’hui, sans pour autant renoncer à une posture experte.
C’est pourquoi certains chapitres sont complétés par de courtes «historiettes vécues » tirées d’expériences professionnelles accumulées au cours d’une trentaine d’années; ces historiettes illustrent tout à la fois des points d’histoire de la question urbaine en France et mettent en évidence de manière concrète la dimension politique des interventions sur la ville.
Le débat que cet ouvrage souhaite ouvrir n’a d’intérêt que s’il peut, en tenant compte des urgences politiques, contribuer à mieux répondre aux immenses aspirations des citadins-citoyens qui se manifestent dans la construction, le renouvellement, le développement et la gestion des territoires urbains. Il faut en effet noter que trop de publications à visée théorique sur la ville nous offrent des récits séduisants, mais situés hors du champ politique ou bien elles ne daignent pas l’expliciter, comme si cela allait de soi. Or, justement, faire de la politique, c’est vouloir peser sur le cours des choses, c’est être capable d’exprimer des choix relevant d’une vision de société mais aussi tournés vers l’action. C’est pourquoi l’ouvrage s’engagera aussi sur le terrain des propositions.
Par ailleurs, il y a un paradoxe que nous devons assumer : c’est dans les pays en développement et dans les pays pauvres que les problèmes urbains sont les plus critiques et les plus difficiles