Action, énaction
272 pages
Français

Action, énaction , livre ebook

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272 pages
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Description

Cet ouvrage se propose de s'interroger sur la façon dont les paradigmes issus des technologies contemporaines, du numérique en particulier, ont une incidence sur les processus de création artistique, dès lors que les artistes ont recours, problématiquement, à ces technologies. Les contributions présentes traitent de trois grands thèmes : L'émergence numérique, L'acte plastique et L'action énactive.

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Publié par
Date de parution 01 mars 2017
Nombre de lectures 7
EAN13 9782140030741
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1150€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sous la direction de Xavier Lambert
ACTION, ÉNACTIONL’émergence de l’œuvre d’art
OUVERTUREPHILOSOPHIQUE
Action, énaction
Ouverture philosophique Collection dirigée par, Dominique Chateau, Jean-Marc Lachaud et Bruno Péquignot Une collection d’ouvrages qui se propose d’accueillir des travaux originaux sans exclusive d’écoles ou de thématiques. Il s’agit de favoriser la confrontation de recherches et des réflexions, qu’elles soient le fait de philosophes « professionnels » ou non. On n’y confondra donc pas la philosophie avec une discipline académique ; elle est réputée être le fait de tous ceux qu’habite la passion de penser, qu’ils soient professeurs de philosophie, spécialistes des sciences humaines, sociales ou naturelles, ou… polisseurs de verres de lunettes astronomiques. Dernières parutions Alessia J. MAGLIACANE,Zéro. Révolution et critique de la raison. De Sade et Kierkegaard à Adorno et Cavell, 2017. Olivier NANNIPIERI,Du réel au virtuel. Les paradoxes de la présence, 2017. Miklos VETÖ, Pierre de Bérulle.Les thèmes majeurs de sa pensée,2016. Paul DUBOUCHET,La théologie politique de René Girard et la gauche chrétienne, 2016. Bertrand DEJARDIN,Nietzsche ou la « sagesse sauvage », 2016. Yann FACHE,Métaphysique du quelque chose. Enquête sur une occasion manquée, 2016. Philippe FLEURY,et mondialisation Désenchantement , 2016. Julie RUOCCO,Et si jouer était un art ?Notre subjectivité esthétique à l’épreuve du jeu vidéo,2016 Anne BOUILLON,Gilles Deleuze et Antonin Artaud. L’impossibilité de penser, 2016. Fabrice JAMBOIS,Deleuze et la mort, Chemins dans l’anti-Œdipe, 2016.
Sous la direction de Xavier Lambert Action, énaction L’émergence de l’œuvre d’art
Du même auteur Corps en mutation, co-dirigé avec Carole Hoffmann, Pleins feux, 2010. Le corps multiconnexe : vers une poïétique de l’oscillation ?,Presses universitaires de Nancy, 2010. Le post-humain et les enjeux du sujet(dir.), L’Harmattan, 2012. Les processus de réception et de création des œuvres d’art, approches à la première et à la troisième personne, avec Edmond Couchot, L’Harmattan, 2016. © L’Harmattan, 2017 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-11403-3 EAN : 9782343114033
Introduction Cet ouvrage se propose de s’interroger sur la façon dont les paradigmes issus des technologies contemporaines, du numérique en particulier, ont une incidence sur les processus de création artistique dès lors que les artistes ont recours, problématiquement, à ces technologies. Et, au-delà, si on admet qu’effectivement ces paradigmes interviennent sur la poïèse de l’œuvre à travers la posture de l’artiste qu’ils impliquent, la nature des processus mis en œuvre, le statut même de l’œuvre tant dans son effectuation que dans son actualisation dans l’espace public, s’ils induisent une rupture, un bond qualitatif, ou un simple éclairage sous un angle nouveau de ce qui constituerait en soi la démarche poïétique, quels que soient par ailleurs, les outils et les techniques utilisés. Il va de soi qu’il paraît difficile d’apporter une réponse définitive et tranchée. Même si on admet, et nous posons l’hypothèse qu’il n’en est rien, que les processus poïétiques qui utilisent les technologies de l’émergence (algorithmes génératifs, biotechnologies, nanotechno-logies…) inscrivent une rupture substantielle dans les processus de création, nous restons malgré tout dans le domaine de la création artistique et cela suppose sans doute quelques invariants. C’est en tout cas ce que nous essaierons de démontrer à travers cet ouvrage. L’hypothèse que nous proposons dans un premier temps est que les démarches artistiques qui procèdent de 1 l’art génératif se construisent sur un mode de
1 .J’entends par art génératif les formes de création artistiques utilisant pour leur développement des dispositifs technologiques, numériques ou biologiques, qui résultent d’un processus programmatique. Ces œuvres supposent un développement autonome, à partir d’un
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fonctionnement où l’œuvre en train de se faire, si elle procède d’un dessein initial, s’organise sur des modalités où l’artiste n’intervient pas. Il met en place le substrat génésique qui va orienter le déploiement de l’œuvre. C’est l’articulation entre les données génésique et le milieu spécifique (numérique, biologique, voire chimique) d’accueil qui permet par leur interaction que l’œuvre s’actualise, le public pouvant être un élément du milieu en question. Les processus font système en même temps qu’ils dépendent d’un système. Mais c’est un système dynamique, un système en procès et c’est ce qui fait la particularité de ce genre d’œuvres, à savoir qu’elles se construisent sur des modèles qui sont proches de ceux du vivant. De ce fait, on peut aborder ces œuvres, ces démarches à partir de concepts qui sont ceux, notamment, de la biologie contemporaine. Ces concepts ont contribué à définir des approches du réel, et les représentations du monde qui en découlent, sur la base de systèmes processuels et interconnectés. Les théories du vivant ont été fortement influencées par ces approches qui ont contribué à une définition systémique du vivant. Un auteur comme Varela constitue une référence importante, notamment à partir du concept d’énaction qu’il a élaboré pour mettre en évidence la co-action de l’organisme et de son milieu : « … nous affirmons que l’organisme et l’environnement sont imbriqués l’un dans l’autre sur de multiples modes et ainsi, ce qui constitue le monde d’un organisme donné est
dispositif inchoatif mis en œuvre par l’artiste, par un développement de type néo-darwinien.
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produit ou énacté par l’histoire du couplage structurel de 1 cet organisme. » Il définit par ailleurs l’énaction comme « … un 2 couplage structurel qui fait émerger le monde. » À noter queenactionest un néologisme formé à partir du verbeto enact, et pris dans le sens, selon le traducteur de l’ouvrage, de « susciter », « faire émerger » ou « faire advenir ». La seconde hypothèse est que l’œuvre d’art, dans sa phase poïétique, fait système, et ce, quels que soient les techniques et les outils convoqués. Elle fait système parce qu’elle procède d’un rapport énactif entre l’artiste et l’œuvre en train de se faire. L’œuvre en train de se faire, en tant que système, procède de ce « couplage structurel » dont parle Varela entre le dessein de l’artiste et la résistance de l’œuvre, car l’œuvre résiste. Non pas tellement du fait qu’il faut que l’artiste se collète avec des matériaux, fussent-ils virtuels, mais parce que l’émergence de l’œuvre s’inscrit ontologiquement dans l’autonomie à l’artiste. Comme dans le mythe de Frankenstein, l’artiste construit une créature qui lui échappe et dont il n’a que l’illusion d’être le maitre. C’est ce qui fait dire à Blanchot : « … le poète n'existe qu'en face du poème et comme après lui, bien qu'il soit nécessaire qu'il y ait 3 d'abord un poète pour qu'il y ait le poème » Nous sommes bien dans un processus de co-évolution. Si l’artiste construit l’œuvre, il ne sort pas indemne de cette construction car l’œuvre construit aussi l’artiste à travers le processus énactif qu’est le moment de la poïèse. Et ce processus pourrait bien être un invariant, au moins
1 . Francisco J. Varela/Evan Thompson/Eleanor Rosch,L’inscription corporelle de l’esprit-Sciences cognitives et expérience humaine, op. cit., p. 274 2 .Ibid., p. 280 3 . Maurice Blanchot,L'espace littéraire, Paris, Gallimard, 1955, Folio, p. 114
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dans le contexte de l’art tel que l’a défini la modernité occidentale. Et, si l’émergence des systèmes génératifs dans la création artistique, dans le champ des arts plastiques en particulier, a induit des glissements certains quant à la posture de l’artiste dans le cadre de ce couplage structurel qu’est le moment de la poïèse, il est probable que l’on assiste finalement davantage à un nouvel éclairage du processus qui prolonge en les actualisant les travaux que des auteurs comme René Passeron ont largement contribué à ancrer dans le champ scientifique. L’objectif de cet ouvrage n’est donc pas de s’inscrire dans une rupture d’avec des modèles qui seraient dépassés du fait du développement des technologies de l’émergence dans le champ de la création artistique mais de proposer des pistes de réflexion en prenant pour modèle théorique une approche systémique de l’outil, numérique en particulier, et les processus de création qu’il permet de mettre en œuvre. Cet ouvrage se compose en trois parties. La première partie,L’émergence numérique, aborde spécifiquement les enjeux de la création artistique dans sa confrontation à l’outil numérique, en particulier dans sa dimension générative. La seconde partie,L’acte plastique, aura pour objectif d’étudier comment, à partir de pratiques plastiques, on peut aborder l’analyse des processus de création d’un point de vue systémique. La troisième partie enfin,L’action énactive, tente d’appréhender la création artistique de façon plus générale à la lumière du concept d’énaction. L’émergence numérique
Manuel Siabato propose de définir ce que l’art numérique peut convoquer de spécifique par rapport aux autres formes d’expression. DansLe couplage structurel comme analogie pour mieux comprendre l'art
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numérique, sa première question est de savoir si le principe de l’interactivité dans l’œuvre apporte une nouvelle expérience de l’art. Mais il précise que ce n’est pas à travers la question du sens qu’il convient d’aborder le problème, comme il le note reprenant Passeron, les «qualiaœuvres technologiques sont les mêmes que des celles des autres œuvres d’art ». Ce n’est pas, en tant que telle, l’interactivité de l’œuvre, la possibilité donnée au spectateur d’intervenir dans le processus de l’œuvre n’est pas spécifique à l’art numérique. Le changement vient, selon lui, de la possibilité nouvelle qu’a l’artiste de fonctionner sur des temporalités et des univers multiples et différents dans l’ici et le maintenant de l’œuvre à chaque parcours. Il s’agit donc, pour lui, de trouver des concepts qui permettent d’appréhender au plus près la réalité de l’art numérique. « Appliquée au domaine des Arts et à la théorie de l'Art, l'articulation conceptuelle action/enaction nous permet d'envisager une relation différente avec l'Art, dans laquelle c'est grâce à notre action en tant que spectateurs que l’œuvre d'Art existe ». Dans ce cadre, le rôle de l’artiste fait l’objet d’un glissement important. Il n’a plus pour objectif de conduire le spectateur à la découverte d’un sens initialement contenu dans l’œuvre, mais « de lui donner les commandes de son expérience ». De plus, autant du fait du travail collectif que suppose souvent l’œuvre (notamment avec un programmeur) que du rapport auteur-amont/auteur-aval qui implique la construction de l’œuvre dans son actualisation, « l’artiste devient alors une sorte de chef de projet ». En outre, le caractère immersif de l’interactivité peut amener le spectateur à une expérience plus intense de l’œuvre. Manuel Siabato souligne néanmoins la fragilité des œuvres numériques du fait de l’obsolescence technique du matériel et des logiciels, et,
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