Ce que nous disent les ruines
320 pages
Français

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Ce que nous disent les ruines , livre ebook

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Description

Cet ouvrage cherche à cerner l'attrait universel des ruines, qui se rattache à l'exigence de l'ombre face à la radicalité des Lumières. Les ruines ne sont pas seulement un motif décoratif, elles sont un instrument méthodologique qui révèle un état de crise, dotées d'un pouvoir critique mais aussi d'une dimension existentielle liée à l'expérience de la perte.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2007
Nombre de lectures 162
EAN13 9782336253466
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1200€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Ouverture philosophique
Collection dirigée par Dominique Chateau, Agnès Lontrade el Bruno Péquignot
Une collection d’ouvrages qui se propose d’accueillir des travaux originaux sans exclusive d’écoles ou de thématiques.
Il s’agit de favoriser la confrontation de recherches et des réflexions qu’elles soient le fait de philosophes “professionnels” ou non. On n’y confondra donc pas la philosophie avec une discipline académique ; elle est réputée être le fait de tous ceux qu’habite la passion de penser, qu’ils soient professeurs de philosophie, spécialistes des sciences humaines, sociales ou naturelles, ou... polisseurs de verres de lunettes astronomiques.

Déjà parus
Alain MARLIAC, L’interdisciplinarité en question, 2007.
Serge BOTET, La philosophie de Nietzsche , une philosophie « en actes », 2007.
Shmuel NÉGOZIO, La répétition : théorie et enjeux , 2007.
Jacynthe TREMBLAY, Introduction à la philosophie de Nishida , 2007.
Jacynthe TREMBLAY, Auto-éveil el temporalité. Les défis posés par la philosophie de Nishida , 2007.
Jacinthe TREMBLAY. L’êlre-soi et l’être - ensemble . L ’ auto - éveil comme méthode philosophique chez Nishida , 2007.
Constantin MIHAI. Descartes. L’argument ontologique el à causalité symbolique, 2007.
Yves MAYZAUD et Gregori JEAN (dir.), Le Langage et ses phénomènes, 2007.
René LEFEBVRE, Platon, philosophe du plaisir , 2007.
Dominique BERTHET (dir.), Figures de l ’ errance , 2007.
Robert FOREST, De l ’ adhérence , 2007.
Fernando BELO, Les jeu des sciences : avec Heidegger et Derrida . (volumes 1 et 2.) 2007.
Jean-Luc POULIQUEN, Gaston Bachelard ou le rêve des origines , 2007.
Paul KHOURY, Le fait et le sens : esquisse d’une philosophie de la déception , 2007.
Iraj NIKSERESHT, Démocrite, Platon et la physique des particules élémentaires, 2007.
Ce que nous disent les ruines

Sophie Lacroix
© L’Harmattan, 2007
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296039391
EAN : 9782296039391
Sommaire
Ouverture philosophique - Collection dirigée par Dominique Chateau, Agnès Lontrade el Bruno Péquignot Page de titre Page de Copyright PRÉFACE INTRODUCTION Première partie : L’ÉVEIL D’UNE SENSIBILITÉ NOUVELLE AUX RUINES.
1) Un état de l’architecture. 2) Auxiliaire de l’architecture, le dessin développe un imaginaire des ruines. 3) L’influence décisive de G.B. Piranèse et de J.J. Winckelmann. 4) Le développement des fouilles. 5) Les ruines anticipées. Conclusion
Deuxième partie : ESTHÉTIQUE DES RUINES.
Introduction A) Esthétique du fragment. B) Esthétique du secret C) Evolution de l’esthétique des ruines. Le traitement esthétique des ruines dans le romantisme.
Troisième partie : LE THÈME DES RUINES ET L’HISTOIRE.
A) Traitement ambigu du thème des ruines dans la seconde moitié du XVIII e siècle et le début du XIX e siècle. B) “La leçon des ruines”: une pensée critique de l’histoire,Vohley. Une métaphysique de l’histoire: Schelling. C) A partir des ruines : une philosophie de fhumilité.
Quatrième Partie : PHILOSOPHIE DES RUINES
A) L’intérêt pour les ruines, indice d’une crise de la métaphysique classique. B) De l’anthropologie de la finitude à l’éthique du presque-rien.
CONCLUSION BIBLIOGRAPHIE Table des matières
Pour Michel Pour Alexis, Laure et Violaine Pour Caroline et Nizar

“Il fuit cependant, le temps, le temps irrévocable, tandis que sur chaque chose singulière, nous nous attardons, épris d’amour”
Virgile
PRÉFACE
par Eliane Escoubas

Les ruines ou l’épreuve de l’insubstantialité
C’est en pleine effervescence de la Révolution française que Volney publie son ouvrage Les Ruines ou Méditation sur les Révolutions des Empires .
Le moment est bien venu de parler de “révolutions”, mais l’est-il aussi de parler de “ruines”, alors que la plupart des acteurs de la Révolution française évoquent le terme de “progrès” ? Pourtant, l’époque des Lumières, celle qui a nourri la Révolution française, est déjà hantée par l’idée de ruines, mais alors l’expérience des ruines a lieu surtout dans les motifs de l’esthétique : il suffit, à cet égard, de mentionner Diderot et ses Ruines et paysages des “Salons” de 1767. Toutefois, “politique” et “esthétiquell, “esthétique” “et histoire” ne sont-elles pas justement dans une parenté croisée, à l’époque des Lumières comme à l’époque des Idéologues ? C’est l’enjeu précieux du livre de Sophie Lacroix que de déployer cette richesse thématique et de porter un éclairage sans égal sur la complexité de cette époque.
Nous ne prétendrons pas ici présenter en abrégé et en quelques pages le très beau livre de Sophie Lacroix, mais nous voulons seulement l’accompagner.
L’investigation des “ruines”, remarquons-le tout d’abord, se situe au croisement de multiples champs disciplinaires : l’histoire des idées et celle des idéologies, l’histoire événementielle et les philosophies de l’histoire, l’archéologie et la pratique des “fouilles” qui prennent précisément naissance au XVIII e siècle, mais aussi les analyses esthétiques, la littérature et la poésie. En somme, elle met en jeu, en même temps, une vision de l’histoire des hommes, des sociétés, des Etats et des civilisations et une vision de l’existence humaine en général.
En second lieu, remarquons que l’étymologie peut nous fournir de précieux instruments de compréhension. Le mot “ruine” vient en effet du latin “ ruo ” qui signifie “renverser” au sens de “tomber”, “s’effondrer”. Quant au mot “révolution”, il vient du latin “ Volvo ”, “ revolvere ”, qui signifie “rouler”, “tourner”, “faire un tour de l’avant vers l’arrière”. Les deux mots indiquent donc des mouvements quasiment opposés : l’un, du haut en bas ; l’autre, de l’avant vers l’arrière ou de gauche à droite. Entre “ruine” et “révolution”, n’y a-t-il pas pourtant une similitude : celle d’un processus d’effacement, de disparition, entendu soit comme une destruction, soit comme un “saut” entre des inverses qui serait lui-même destruction de leur entre-deux ? Mais alors, entre “ruine” et “révolution”, n’assiste-t-on pas à l’implication essentielle d’une temporalité qui ne cesse de détruire ce qu’elle a elle-même construit - puis, peut-être, de construire du “nouveau”, par un saut à partir de ce qu’elle a détruit ?
Entre “ruine” et “révolution”, quelle sorte de temporalité se met alors en œuvre ? On peut remarquer que, entre “ruine” et “révolution”, joue justement une analogie entre une temporalité de la nature et une temporalité de l’histoire — et sans doute est-ce cette analogie que Volney désigne du terme ambigu de “loi naturelle”. Avec la nature se manifeste une temporalité cyclique, où naissance et mort, croissance et dépérissement se succèdent sans fin. Dans cette loi cyclique, on ne saurait à vrai dire déterminer un début et une fin du cycle : positivement, dépérissement et mort semblent bien provenir de naissance et croissance ; mais n’a-t-on pas aussi le sentiment que c’est plutôt l’inverse, et que naissance et croissance ne se produisent que sur le fond du dépérissement et de la mort ? Un commencement est introuvable, une origine est indiscernable. Avec l’histoire (celle des empires, c’est-à-dire des sociétés humaines), la croissance et le dépérissement, la naissance et la mort se manifestent aussi, mais cette temporalité n’est plus, semble-t-il, cyclique, quoiqu’elle apparaisse sous la forme ambiguë du “re-tour” (la forme du revolvere ) . Mais que signifie ce “re-tour” ? Est-ce un retour à l’ identique, ou bien un retour sans précédent  ? N’est-ce pas, en effet, un retour sans précédent, c’est-à-dire un retour de la différence des temps elle-même, de l’écart du temps dans le temps ? De cet “écart” et de cette “différence” constitutifs du temps comme te) ? C’est le temps lui-même qui est écart et différence. Le “retour” du temps est retour de la différence temporelle elle-même et non pas retour de ce qui a lieu dans le temps. Le temps “diffère”, il est écart de lui-même en lui-même, telle est alors la définition même : le temps est passage , le temps ne s’immobilise jamais ; le temps “passe” constamment, et l’essence du temps, si l’on peut ainsi parler, c’est la constance du “passage”, c’est-à-dire la constance de l’inconstance. Le temps n’est donc ni “un” ni “continu”, il est multiple et discontinu ou, pourrait-on dire : le temps est continuellement discontinu. Dans cette discontinuité, le re-tour du revolvere est de l’ordre du saut — le temps “saute” en lui-même.
Sans doute

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