Riviera
117 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
117 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Stella, dix-sept ans, belle et blonde, vit avec sa mère, Antoinette, sur la Côte d'Azur. L'une est danseuse dans des clubs, l'autre femme de chambre dans un hôtel de luxe. L'une travaille la nuit, l'autre le jour, mais leur lien est permanent. Elles sont ensemble spectatrices d'un monde qui dépense et jouit, d'un monde comme à la télé, qu'elles côtoient sans cesse sans jamais le toucher. Arrive Romansky, agent immobilier en mission sur la Côte. Il croise la mère dans l'hôtel où il réside, puis désire la fille au club où il vient tuer son ennui.
Alors, l'improbable a lieu : une rencontre entre une trop belle fille et cet homme seul, peut-être le début d'une histoire d'amour.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 23
EAN13 9791022000161
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

RIVIERA

Scénario : Anne Villacèque Réalisation : Anne Villacèque

Production : Agat Films & Cie - Arte France Cinema - Natan Productions - Bac Films

Version : août 2004


© Presses Électroniques de France, 2013
0. EXTÉRIEUR-JOUR. AVENUE.


Une berline de luxe s'arrête au bord d'une large avenue.
Une jeune fille blonde passe le visage par la vitre de la portière passager.

Salut Sami.
Salut…
Dis, tu m'emmènes…
Tu vas où ?
Ben, j'allais jusqu'au Castel, voir si je trouvais pas des potes.
J'ai pas le temps, ma chérie. Je tourne à la prochaine.
Je croyais que tu voulais m'emmener au bout du monde.
Une autre fois. Où tu voudras. C'est promis.
Ça va, j'ai compris.

La voiture démarre.
La fille, restée seule, sourit doucement.

Musique et Générique
1. EXTÉRIEUR-JOUR. APPARTEMENT/BALCON

Sur un balcon, la fille, étendue sur le dos en plein soleil, en débardeur et culotte, comme endormie. Sa respiration, douce et régulière.
On voit sa peau, des morceaux de son corps. Ses pieds qui bougent très légèrement. Son nombril, orné d'un piercing scintillant. Elle soupire en se retournant sur le côté. Sa nuque. Ses cheveux blonds noués. Elle se redresse. Vue plongeante et panoramique sur une grande ville de la Côte d'Azur qui pourrait être Nice.
2. INTÉRIEUR-JOUR. GRAND HÔTEL/BLANCHISSERIE

Rupture d'ambiance : espace confiné et monochrome, bruit lancinant d'une machine à laver en plein programme d'essorage.
Une femme mince, le visage agréable mais marqué, des cheveux blonds-roux coiffés en permanente courte, et vêtue d'un uniforme bleu et blanc de femme de chambre, chuchote dans son téléphone mobile.
C'est Antoinette.
Elle parle avec une voix de petite fille martyrisée, une voix inattendue dans ce corps de femme mûre. Et pourtant, sur son visage fatigué, ses yeux sont extraordinairement vifs, comme si toute son énergie y était concentrée.
La conversation est hachée, entrecoupée de silences, quand elle n'est pas perturbée par le programme de la machine à laver.

ANTOINETTE
Je te réveille ?
« Oui… Oh… Merde… Attends… »
Oh, mon chéri, excuse-moi. Je ne voulais pas te déranger…
« Il est quelle heure ? »
Attends… Presque midi… Ça va ?
« Mouais. Qu'est-ce qu'il y a ? »
Rien, je voulais t'entendre. Mais je te laisse. Dors, mon chéri.
« Tu as une drôle de voix. »
Tu trouves ? C'est la fatigue… Je ne sais pas ce que j'ai…

Quelqu'un peut arriver à tout moment, alors elle jette de fréquents coups d'œil vers le couloir et parle à voix basse, avec une tendresse presque amoureuse, mais sans se départir de son ton plaintif.

ANTOINETTE
Il reste quelque chose à manger pour ce soir ?
« Je ne sais pas… Je peux m'en occuper. »
Non, ne t'en fais pas. Je n'ai pas faim, de toutes manières. Je n'ai rien pu avaler ce matin. Attends…

Antoinette se réfugie dans une minuscule pièce sans ouverture réservée au rangement des uniformes du personnel.

ANTOINETTE
Voilà.
« Tu es sûre que ça va ? »
Mais oui, mon chéri, ne te fais pas de soucis. Tu sais que je n'aime pas me plaindre pour rien… Bon, je te laisse, mon cœur. Bisous… Je dois y aller. À ce soir…
« Ce soir… »
Ah non… c'est vrai. Ce n'est pas grave. À demain, alors...
« Oui… »
Tu ne m'embrasses pas ?
« Oui, oui… »
C'est toi qui as une voix bizarre...
« Mais non. »
Tu es rentrée à quelle heure ?
« Je ne sais pas. »
Tu vas faire quoi, cet après-midi ?
« Tu voulais me dire quelque chose ? »
Non, non…
3. INTÉRIEUR-JOUR. GRAND HÔTEL/COULOIR

Antoinette pousse son chariot dans un couloir rose saumon du grand hôtel où elle croise des clients en claquettes et peignoirs de bain blancs.

ANTOINETTE
Good morning.
4. INTÉRIEUR-JOUR. GRAND HÔTEL/CHAMBRE 509

Une porte s'entrouvre.
Dans la chambre 509, un couple est sur le point de sortir.
Ils font signe à Antoinette qu'elle ne dérange pas : oui, elle peut entrer.

ANTOINETTE
Good morning Madame, good morning Sir.

Elle enjambe le plateau du petit déjeuner et ouvre les rideaux. Dans la salle de bains, elle ramasse les serviettes encore humides éparpillées sur le sol carrelé. Pendant ce temps, l'homme s'est ravisé. Il a refermé la porte de la chambre et repousse la femme sur le lit.

LUI
(À voix basse)
C'mon baby, please…

ELLE
No, stop it, not now.


LUI
One more time, c'mon.

ELLE
(Elle rit)
Bad boy, oh you're so naughty.

LUI
I want you right now, baby…

Antoinette s'assied sur le rebord de la baignoire, en attendant que ça passe. Elle entend des feulements de plaisir. Puis, c'est le silence. Elle se lève en soupirant. Mais, après un bruit sourd de chute, les cris reprennent de plus belle. Elle entrouvre la porte. Dans la chambre, le couple s'agite sur la moquette. Antoinette esquisse un signe de protestation en les voyant, puis se rassied, résignée. Quand ils sortent finalement de la chambre, elle retire les draps du lit, puis passe du détachant sur la moquette.
5. INTÉRIEUR-JOUR. GRAND HÔTEL/ COULOIR

Elle pousse son chariot dans le couloir saumon.
6. INTÉRIEUR-JOUR. GRAND HÔTEL/OFFICE ÉTAGE

La bouche noire d'un énorme tuyau métallique.
Antoinette frappe trois coups sur le rebord. L'écho se propage dans les profondeurs du tuyau.
Elle y jette en vrac des paquets de linge sale : draps, serviettes, peignoirs…
7. INTÉRIEUR-NUIT. BOÎTE DE NUIT «LE MILK»

Dans une boîte à la déco blanche et rose, la fille blonde vêtue d'un string, fait bouger ses cheveux et ses hanches dans un cône de lumière irisé, comme un joli poisson coloré dans son bocal.
Elle a un visage grave et sérieux, un regard très doux.
Son vrai nom, c'est Estelle, mais on dit Stella tout court.
Elle se concentre sur la techno et sur les mouvements de son bassin devant une poignée de clients, adolescents sapés en Dior et Gucci, et VRP en goguette, le visage écarlate devant leur énième coupe de champagne.
Stella ne regarde personne. Elle fait son boulot. D'ailleurs elle aime bien ça, danser, faire bouger son corps sous les jeux de lumières.
Elle se caresse les seins, le ventre. Elle se mord la lèvre inférieure.
8. INTÉRIEUR-NUIT. «LE MILK»/VESTIAIRE

Plus tard dans la nuit, elle s'affaisse sur une chaise, dans le réduit laqué noir qui sert de vestiaire.
Tout près d'elle, une fille d'origine asiatique se rhabille rapidement, sans un mot.
Stella agrafe un soutien-gorge de sport blanc et attache ses cheveux.
Manu, le patron du club, un type aux cheveux grisonnants, lunettes roses de jet-setter et chemise à fines rayures sans manches, glisse deux ou trois billets enroulés dans le soutien-gorge de Stella.
Même chose avec l'autre fille, à qui il tâte un peu les seins au passage, pour voir, pour rire.

MANU
Mouais… Pas terrible. Je dirais… 85A. Non : B.

Elle se regarde dans le miroir, fait ressortir ses seins en les relevant avec ses mains.

LA FILLE
Bientôt je fais l'opération. Plus gros, ça sera beau.

MANU
(En entourant la taille de Stella)
Je vais te dire : moi, les petits seins, ça m'excite plus.

L'autre fille hausse les épaules.
LA FILLE
Bon, salut…

Et elle sort, son sac de sport sur l'épaule.

MANU
Quelle pétasse. Décidément, je n'aime pas les filles vulgaires.

Il regarde pensivement Stella pendant qu'elle finit de se rhabiller. Il lui caresse légèrement la joue.

MANU
Ce qui me plaît, chez toi, c'est que tu ne ressembles pas aux autres.

Elle essuie en vitesse son rouge avec un kleenex. Elle l'embrasse gentiment.
9. EXTÉRIEUR-NUIT. «LE MILK»/SORTIE

Dehors, une enseigne rose clignotante : Le Milk.
Stella enfourche son scooter couleur argent. Elle démarre.

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents