Salut Cousin !
133 pages
Français

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Description

Alilo débarque d'Alger à Paris pour en ramener une valise, un petit trafic. Il retrouve son cousin Mok, pure deuxième génération et parisien jusqu'au bout des ongles. Alilo perd l'adresse de son correspondant. Une course poursuite de cinq jours s'engage, durant laquelle chacun découvre le mode de vie de l'autre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 octobre 2013
Nombre de lectures 42
EAN13 9791022001427
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

couverture
SALUT COUSIN !

Scénario : Merzak Allouache, Caroline Thivel

Réalisation : Merzak Allouache


Découpage plan par plan : Juliette Sénik

© Presses Électroniques de France - L'Avant-Scène Cinéma, 2013

Générique

En son off, une voix dans un haut-parleur et des bruits de gare. « Votre attention s’il vous plaît… le trafic grandes lignes est totalement interrompu… le trafic grandes lignes est fortement perturbé… » Le générique est constitué de cartons noirs successifs en lettres jaunes et bleues façon manuscrite.

Quai de gare – extérieur jour

1. La voix du générique continue. Un travelling d’accompagnement arrière suit en plan rapproché des baskets blanches surmontées d’un jean, le long d’un quai de gare, dans un flot d’autres piétons. Des chaussures de sport rouges du dernier cri surmontées d’un survêtement noir et jaune viennent à la rencontre des baskets blanches. Le travelling s’arrête. Le dialogue qui suit est en off, la caméra restant sur les pieds et les mollets des personnages. Les voix sont celles de jeunes hommes dont l’une, celle d’Alilo, dénote un accent algérien.

Mok

Salut Alilo ! T’as fait bon voyage ?

Alilo 

Bonjour cousin ! Oui ça va… J’étais malade un petit peu dans le bateau.

Il pose un sac noir au sol

Mok

Ah bon !

Alilo

Je sais pas pourquoi, le train, il a arrêté beaucoup à côté de Lyon !

Mok

J’ai failli pas te reconnaître… Dis donc ! t’as drôlement changé toi…

Alilo

Toi aussi ! Regarde… la classe… Tu es habillé comme un Américain…

Mok

Hé ben ouais !

Ils se remettent en marche, Le travelling d’accompagnement le long du quai reprend

Alilo

Tu sais cousin… j’ai un problème… C’est très grave !… j’ai perdu une adresse… Je sais pas si c’est dans le train ou dans le bateau…

Mok

On la retrouvera sur le Minitel, ne t’angoisse pas…

Alilo

Non Mokrane ! s’il te plaît… Il faut que je fais un téléphone à mon patron à Alger…

Mok

Arrête de m’appeler Mokrane ! Sois gentil… Ici tout le monde m’appelle Mok… C’est plus simple. Appelle-moi Mok…

Les voix des personnages courent en off sur le générique qui se déroule à nouveau en lettres jaunes sur noir.

Mok

Tiens Alilo, y a une cabine là si tu veux…

Alilo

Ah oui Mokrane ! Alors donne-moi une pièce parce que j’ai pas l’argent de la France !

Mok

(Off)

Ici ça marche avec une carte !

Cabine téléphonique devant la gare de Lyon – extérieur jour

2. Plan rapproché d’une cabine téléphonique derrière laquelle on aperçoit les immeubles devant la gare de Lyon. À l’extérieur de la cabine se tient Mok, à droite de trois quarts dos, un jeune homme « branché » vêtu de noir, orange et jaune et coiffé d’une casquette noire de rappeur. Devant lui, de profil gauche, un jeune homme aux cheveux noirs et bouclés, aux yeux bleus et aux traits fins. Il porte une veste bleue de Chine qui ressemble à un vêtement de travail. C’est Alilo. Mok lui tend une carte téléphonique par la porte de la cabine ouverte.

Mok  

Tiens ! Tu la mets là… vas-y… 19… 213… et tu fais le 2 pour Alger…

Tandis qu’Alilo compose le numéro, un pano-travelling avant serre Alilo en plan poitrine. La porte se referme et Mok sort du cadre

Alilo

Allô ! Écoute ?

(En voix off sur la suite du générique)

j’ai perdu le papier avec l’adresse et le téléphone. Je peux pas prendre la valise…

3. = fin du plan 2.

(In)

Je peux pas… J’ai perdu… Le patron il est pas là ? Au Maroc ? Jusqu’à cinq jours et moi qu’est-ce que je vais faire alors ?

4. Plan épaules de Mok enfin de face. Il s’allume une cigarette. On découvre son visage orné d’une barbichette et de larges pattes. Il fronce les sourcils. 

Alilo

(Off)

Regarde si tu peux me trouver le numéro avec l’adresse…

5. = 3. 

(In)

Mais j’ai pas, j’ai rien du tout… Il faut que je la prends aujourd’hui… Je reviens demain… Je me débrouille ? C’est tout ce que tu sais dire ? N’âadine mouk ! Pourriture ! Ah merci beaucoup ! Merci merci…

Il raccroche rageusement

6. Plan moyen serré en raccord dans l’axe et en raccord sur le geste. À droite de la cabine, Mok est perché sur une rambarde. Il saute au sol quand Alilo sort de la cabine, recadré à gauche par un panoramique.

Mok

Alors ? Qu’est-ce qui se passe ?

Alilo

Mokrane ! je suis niqué… C’est la fin du monde… pour moi !

Mok

(Off, sur le générique)

Bon ! Allez viens ! Tu vas m’expliquer ça… On prend le bus ! Le métro c’est trop galère…

Bus – intérieur jour

7. Plan taille trois quarts face des deux cousins assis sur la banquette dans un autobus en mouvement.

Mok

Oh putain ! moi je pige rien ? T’es en vacances ou t’es pas en vacances ?…

Alilo

Attends ! Tu t’énerves pas ! Je te l’explique bien ! Moi je suis venu en France pour le travail. Tu le connais Trabendo ?

Un passager derrière Alilo se retourne

Mok

C’est qui ce mec-là ?

Alilo

Trabendo ! c’est t’besness. Tu achètes, tu vends. Léger ! Mouvement… Quand on peut pas acheter en Algérie, on achète ici on le ramène en douce et on le vend là-bas en Algérie.

8. Plan épaule d’un passager en train de lire l’Équipe. Il tourne un regard hostile vers Alilo à droite hors champ. Derrière ce passager d’une soixantaine d’années, une femme en chignon se retourne également vers le cousin. 

Alilo

(Off)

Tu as compris ? Le patron il est à Alger.

9. Plan épaules d’Alilo, tourné à gauche vers Mok. 

(In)

Il me donne l’argent pour le bateau, le billet pour le train. Moi je viens ici, je prends une valise, elle est déjà préparée, après je la rentre pour lui… lui il la vend là-bas avec la marchandise dans ses magasins. Mon patron c’est un grand,

(Son voisin de derrière se tourne vers lui)

Il fait rentrer les valises de tous les pays du monde…. Il me fait bien confiance c’est pour ça qu’il m’envoie, c’est la première fois pour les robes de luxe. Et moi comme un (âne)…

(Son voisin se retourne encore sur son accent algérien)

J’ai perdu l’adresse, c’est ça que je t’explique…

Sur l’attaque d’une musique arabe, le carton du titre en lettres jaunes :

Salut cousin !

et suite et fin du générique en cartons successifs.

Rue immeuble – extérieur tombée du jour

10. La musique baisse et disparaît. Plan d’ensemble d’un boulevard partagé par une allée. Les deux cousins avancent vers la caméra en traversant la chaussée. Ils contournent un immeuble muré taggé, s’engagent dans une ruelle piétonne et pavée. Un pano-travelling à gauche vers l’arrière les accompagne.

Mok

Voilà ! On y est… On est arrivés chez moi…

Alilo

Quoi ! C’est ici que tu habites ?

Mok

Ouais, c’est ici ! Ouais ! pourquoi c’est pas bien ?

La rue résonne d’une voix que l’on pourrait qualifier de « mégère ». La caméra s’élève en travelling ascendant par un mouvement de grue. On découvre la rue en plan général.

Mok

C’est un quartier super-classe, tu sais… Tout Paris cherche à habiter ici…

(Un homme corpulent se fait sermonner par une femme à sa fenêtre, gauche cadre. Leurs voix sont couvertes par des caquètements de poules. À l’homme)

Bonjour monsieur Vincent…

(À Alilo)

C’est rien Alilo… D’habitude c’est plus calme !…

Les deux cousins s’éloignent au fond de la ruelle, mais leurs voix restent présentes.

Alilo

Elle va plonger, elle va le frapper…

Mok

(À un homme, assis de dos sur un cube, qui fait de grands gestes).

Salut Isaac…

Isaac.

Salut les gars !

Mok

Isaac, c’est un acteur shakespearien… Il a fait une école de théâtre à Londres… Fais gaffe au trou…

Alilo

On dirait Alger…

Au fond de la rue, ils croisent un groupe d’Africains en djellaba.

Mok

Salut Abidjan…

Cheikh.

Salut frimeur, tu vas bien ?

11. Raccord dans le mouvement en plan moyen. Les Africains avancent face caméra et sortent à droite. Les deux cousins montent les marches d’un escalier à droite et entrent dans une bâtisse ancienne.

Alilo

Tu l’as pas peur ?

Mok

Peur de quoi ?

Alilo

Les Noirs !…

Mok

Ça va pas la tronche ? T’es raciste ou quoi ?

12. Raccord dans le mouvement en plan rapproché dans le hall d’un vieil immeuble. Les deux cousins entrent à gauche. Travelling d’accompagnement avant en caméra portée. On recadre Mok de profil en plan épaules qui ouvre une boîte aux lettres. Il en sort des prospectus. À l’arrière-plan, en haut des marches, un homme en chapeau balaie l’entresol. Derrière lui, du linge pend sur une corde. Mok, gauche cadre.

Mok

Les blacks, ils sont dans l’import-export. C’est des voisins. Bon, fais gaffe en montant, y a pas l’électricité.

Alilo

N’aie pas peur ! J’ai l’habitude ! À Alger, y a pas l’électricité dans mon immeuble… et il y a pas les choses là pour que tu attrapes. Un jour un vieux il est venu du bled. Il a fait un plongeon… Deuxième étage… Heureusement sa gandoura elle a fait le parachute… Il est tombé doucement…

Ils gravissent les marches. Travelling d’accompagnement en caméra portée et en contre-plongée

Mok

Putain ! encore de la pub…

À un Africain qu’il croise dans l’escalier.

Salut !

L’homme 

Salut Mok !

Ils passent devant l’homme qui balaie devant sa porte puis continuent de monter les marches.

Mok

Lui, c’est un romancier américain, il est là pour l’inspiration. Dans ce quartier, y a que des artistes et des intellos…

Ils sortent du cadre qui reste sur des femmes africaines assises devant leurs portes. 

(Off)

Le XVIIIe, c’est un arrondissement vachement métissé…

La caméra rattrape les deux cousins en panotant à gauche et vers le haut.

C’est l’avenir de Paris ! Ici c’est la piaule d’une grande pianiste japonaise… Yachimata…

Ils sortent du cadre qui se rapproche fugitivement d’un couple qui s’embrasse passionnément devant du linge étendu à une fenêtre.

Elle est en tournée en Australie…

Un panoramique ascendant à gauche recadre le visage émerveillé d’Alilo

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