Éric Vigner, un théâtre plasticien
138 pages
Français

Éric Vigner, un théâtre plasticien , livre ebook

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138 pages
Français

Description

Éric Vigner, s'il est homme de théâtre, a d'abord une formation de plasticien. Ses œuvres théâtrales interrogent, à travers la scénographie, la plasticité sous toutes ses formes et plus particulièrement l'espace dans sa relation à la représentation, quand elles ne questionnent pas directement, à travers la mise en scène, l'élaboration de l'œuvre et le regard sur l'œuvre. De la plasticité des œuvres exposées au musée, nous passons à une plasticité événementielle liée au modelage de la parole qu'instaure l'acte de théâtre. Théâtre qui s'invente dans l'espace et le temps de la blancheur muséale.

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Informations

Publié par
Date de parution 15 mars 2017
Nombre de lectures 4
EAN13 9782140032387
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

esthétiques
Sous la direction de Sandrine Morsillo
ÉRIC VIGNER,
UN THÉÂTRE PLASTICIEN
le de Paris (2013/2015)
Lectures-performances au Musée d’Art Moderne de la ville de Paris (2013/2015)
Lectures-performances au Musée d’Art Moderne de la vil
Éric Vigner, un théâtre plasticien
ESTHETIQUESCollection dirigée par Jean-Louis Déotte
Pour situer notre collection, nous pouvons reprendre les termes de Benjamin annonçant son projet de revue :Angelus Novus. « En justifiant sa propre forme, la revue dont voici le projet voudrait faire en sorte qu’on ait confiance en son contenu. Sa forme est née de la réflexion sur ce qui fait l’essence de la revue et elle peut, non pas rendre le programme inutile, mais éviter qu’il suscite une productivité illusoire. Les programmes ne valent que pour l’activité que quelques individus ou quelques personnes étroitement liées entre elles déploient en direction d’un but précis ; une revue, qui expression vitale d’un certain esprit, est toujours bien plus imprévisible et plus inconsciente, mais aussi plus riche d’avenir et de développement que ne peut l’être toute manifestation de la volonté, une telle revue se méprendrait sur elle-même si elle voulait se reconnaître dans des principes, quels qu’ils soient. Par conséquent, pour autant que l’on puisse en attendre une réflexion – et, bien comprise, une telle attente est légitimement sans limites –, la réflexion que voici devra porter, moins sur ses pensées et ses opinions que sur les fondements et ses lois ; d’ailleurs, on ne doit plus attendre de l’être humain qu’il ait toujours conscience de ses tendances les plus intimes, mais bien qu’il ait conscience de sa destination. La véritable destination d’une revue est de témoigner de l’esprit de son époque. L’actualité de cet esprit importe plus à mes yeux, que son unité ou sa clarté elles-mêmes ; voilà ce qui la condamnerait – tel un quotidien – à l’inconsistance si ne prenait forme en elle une vie assez puissante pour sauver encore ce qui est problématique, pour la simple raison qu’elle l’admet. En effet, l’existence d’une revue dont l’actualité est dépourvue de toute prétention historique est justifiée… » Dernières parutions Claude AMEY,Duchamp & Warhol. De l’artiste à l’anartiste, 2016. Sandrine MORSILLO,L’exposition à l’œuvre dans la peinture même, 2015. Lucie ROY,: la perception au cinéma, UnLe pouvoir de l’oubliée essai à caractère philosophique, 2015.
Sous la direction de Sandrine Morsillo Éric Vigner, un théâtre plasticien Lectures-performances au Musée d’Art Moderne de la ville de Paris (2013/2015)
© L’Harmattan, 2017 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-11165-0 EAN : 9782343111650
INTRODUCTION UN THÉÂTRE PLASTICIEN Sandrine Morsillo
Éric Vigner a dirigé deux lectures-performances dans la salle Matisse au Musée d’Art Moderne de la ville de Paris en 2013, 2014 et 2015. L’une issue du texte duProcès 1 Brancusi, qu’il avait précédemment mis en scène en 1996 au festival d’Avignon puis en 1997 au centre Pompidou pour la réouverture de l’atelier Brancusi ; l’autre, à partir d’un texte tiré des conversations inédites entre Pierre Courthion, critique d’art, et Henri Matisse, intitulé 2 Chatting with Matisse .
1  Les Minutes intégrales duProcès Brancusiété publiées pour la ont première fois sous le titreBrancusi contre Etats unis, un procès historique, 1928, traduit par Jocelyne de Pass., Paris, Adam Biro, 1995. En 1926, Brancusi envoie à New York une vingtaine de sculptures en vue de préparer une exposition personnelle. En arrivant à la douane, les œuvres sont saisies et taxées comme des marchandises, le statut d’œuvre d’art ne leur étant pas reconnu. Duchamp, ami de Brancusi réagit. Ainsi s’ouvre en octobre 1927, le célèbre procès autour de la définition de l’œuvre d’art.
2 Chatting with Henri Matisse,The Lost 1941 interview, les 17,18 et 19 décembre à partir de 20 heures avec Agathe Bonitzer et Jean-Michel Ribes, en salle Matisse, MAM Ville de Paris. Cette conversation n’est pas disponible en français. Elle est éditée sous le titreChatting With Henri Matisse, The Lost 1941 Interview. Edited by Serge Guilbaut, translation by Chris Mille, Getty Publications, 2013.
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C’est autour de l’intituléThéâtre plasticien que nous avons réuni des réflexions à partir de ces lectures-performances. La notion de plasticien est à considérer d’abord du côté du grecplassein, c’est-à-dire de « modeler, façonner, former » au sens où le théâtre va se former au fur et à mesure de sa présentation. Il va s’élaborer comme une matière par des passages progressifs dans l’espace et le temps. Plasticien est à entendre aussi du côté de l’élément produit c’est-à-dire des formes et de volumes créés dans l’espace scénographique ainsi que des images mentales que feront naître ces textes à dominante artistique. Nous pouvons également faire référence au qualificatif plasticien au sens employé par Dominique Baqué pour laphotographie plasticienne« qui ne s’inscrit pas dans une histoire supposée pure et autonome du médium, mais tout au contraire, vient croiser les arts plastiques, participant ainsi de l’hybridation généralisée des pratiques, du décloisonnement toujours 3 plus manifeste des champs de production » . Ainsi, parmi les différentes approches duthéâtre plasticien, c’est bien à la complexité d’un théâtre autre que nous tenterons de réfléchir, un théâtre en chantier et l’activité artistique en constitution au croisement de disciplines.
Rappelons en outre qu’Éric Vigner, s’il est homme de théâtre, a d’abord une formation de plasticien. Il faut alors souligner que ses œuvres théâtrales interrogent, à travers la scénographie, la plasticité sous toutes ses formes et plus particulièrement l’espace dans sa relation à la représentation, quand elles ne questionnent pas directement, à travers la mise en scène, l’élaboration de l’œuvre plastique et le regard sur l’œuvre (Le procès
3 Dominique Baqué,La photographie plasticienne, un art paradoxal, Paris, Édition du Regard, 1988, p.9.
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Brancusi1997). Ainsi ses mises en scène théâtrales sollicitent-elles largement le regard du spectateur. Regard, tour à tour empêché ou fasciné, qui se retrouve avec la faculté d’établir des relations à travers des objets scénographiques. DansLa Bête dans la junglede H. James à Washington, c’est un rideau de sept mètres de haut constitué de morceaux de bambou dont certains, trempés dans l’encre, dessinent une allée d’arbres. Le processus se développe à partir de cet immense rideau qui reprend le motif d’une sanguine montrant une vue en perspective L'allée ombreuse (1773-1774) de Fragonard. La perspective, fondée sur l’observation des lois de la vision donne au spectateur l’illusion du réel ; mais ici le jeu graphique du rideau brise cette illusion.
Tristand’ÉricVigner à Lorient - photographie Alain Fonteray - 2014.
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