L utopie
253 pages
Français

L'utopie , livre ebook

-

253 pages
Français

Description

Un certain nombre d'utopies réalisées furent des échecs. Tel est le constat porté sur le siècle qui vient de s'écouler. Mais les utopies sont-elles mortes, comme on s'est empressé de le déclarer ? Ce serait faire abstraction de l'évidence : l'homme ne peut vivre sans utopie. Elle n'est pas, contrairement à l'idée reçue, l'irréel ou le rêve, mais un espoir chevillé à la vie. Quelles sont les relations que l'art entretient avec l'utopie ? L'art non seulement n'est pas étranger à cette notion, mais dans bien des cas, l'utopie semble s'incarner dans l'art.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2010
Nombre de lectures 410
EAN13 9782296252936
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sommaire
9 DominiqueBERTHET
Avant-propos
13 DominiqueBERTHET
L’art, une utopie incarnée ?
25 CécileBERTIN-ELISABETH
Utopie et veine picaresque :RinconeteetCortadillo
à l’épreuve du réalisme
47 CamillaBEVILACQUA
Seuils de l’art entre utopie et réel
55 LiseBROSSARD
L’œuvre d’art totale, une utopie ? Utopie et œuvre d’art totale
71 AlexandreCADET-PETIT
Le jardin créole, utopie ou réalité
97 DominiqueCHATEAU
Dégoût du futur journalistique
113 GérardDUROZOI
L’utopie de l’art et les utopies rivales
edans l’art du XX siècle
129 VéroniqueHALPHEN-BESSARD
Les métamorphoses de l’utopie chezGeorges Perec
141 Hugues HENRI
L’utopie libertaire enAragon etCatalogne entre 1936 et 1939167 CorinneMENCE-CASTER
Entre l’utopie de la langue et la langue de l’utopie :
José MaríaArguedas et l’écriture du castillan
179 René PASSERON
De l’utopie fondamentale
191 SENTIER
La pratique artistique conçue comme
la mise en œuvre d’une utopie
203 Hélène SIRVEN
eUtopie et vulgarisation des mondes lointains au XIX siècle
239 Roger TOUMSON
L’île, l’archipel et le continent. Imaginaires et représentations
247 PrésentationdesauteursAvant-propos
DominiqueBERTHET
Les textes qui composent ce volume proviennent d’un
colloque interdisciplinaire organisé par leCentre d’Etudes et de
1Recherches en Esthétique et Arts Plastiques (CEREAP) , qui
s’est tenu en décembre 2005, à l’IUFM de Martinique. Il
rassemblait des chercheurs de l’IUFM de Martinique, de
l’Université desAntilles et de laGuyane, de l’Université de Paris
1 Panthéon-Sorbonne, ainsi que des plasticiens. Plusieurs
disciplines étaient ainsi représentées : la philosophie de l’art, la
poïétique, l’histoire de l’art, la critique d’art, les arts plastiques, le
cinéma, les littératures française, hispaniste et comparée. Ce
colloque faisait suite à la parution du onzième numéro de
l’organe éditorial du CEREAP, Recherches en Esthétique,ayant
2pour thème « Utopies » . Les textes rassemblés dans ce volume
sont inédits et viennent compléter les textes publiés dans la
revue.
Quelles sont les relations que l’art entretient avec
l’utopie ? Comme plusieurs textes de ce volume le montrent,
l’art non seulement n’est pas étranger à cette notion, mais il en
est inséparable au point d’en être souvent l’expression. Jean-Luc
9Godard intitulait d’ailleurs son exposition à Beaubourg (mai –
août 2006), Voyage(s) en Utopie. A bien des égards et dans bien
des cas, l’utopie semble s’incarner dans l’art. Ces textes qui
évoquent les tentatives de réaliser une œuvre d’art totale, la
esubversion des avant-gardes artistiques du début du XX siècle
ou encore lesexpériences plus récentes de mise en relation de
l’art et de la vie, font état de différentes pratiques artistiques
comme autant de manifestations ou de réalisations de l’utopie.
Mais l’utopie appartient aussi au monde de la littérature. Si
dans l’Antiquité grecque et latine on trouve de nombreux textes
à mi-chemin entre l’utopie et le récit de voyage, faisant référence
à des îles où l’on vit dans la profusion, la sérénité et la paix, îles
du bonheur parfait, c’est toutefois à la Renaissance que naît
l’utopie à proprement parler. Les utopies littéraires de la
3Renaissance portent la trace de cette littérature antique . Les
utopies s’apparentent à des récits de voyages, offrent la
description d’Edens terrestres où l’homme vit heureux gouverné
par le meilleur des régimes. Elles deviennent progressivement
des projections vers quoi il faut tendre. La société idéale
dépeinte est alors ouvertement désignée comme un but à
atteindre.
erLe 1 septembre 1889, dans son journal Le père peinard,
Emile Pouget annonçait le récit prochain des aventures du Père
ePeinard, en 1900 : « Je vais vous raconter l’aventure au XX
siècle, quand la Sociale sera en marche… », écrivait-il. Le 28
septembre commence le feuilleton, sur trois pages où Pouget
relate son voyage en utopie.Dans la pure tradition des romans
utopistes, il narre l’histoire de trois personnes dont le Père
Peinard, évadés des prisons françaises, secourus par deux amis
qui les transportent en ballon dirigeable en Algérie, où ils vont
séjourner. Le récit porte sur l’expérience de ces hommes en une
Algérie anarchiste, dont le fonctionnement est une référence à la
société envisagée par Kropotkine avec «la prise au tas ». Le
feuilleton prendra fin dans le numéro du 22 avril 1891.Derrière
ce récit s’exprime une aspiration, un projet, une dynamique.
10eLe XX siècle donna lieu précisément à des expériences, à
plus ou moins grande échelle (il en est évoqué plusieurs dans ce
volume), de mise en place de certains projets de société nés dans
l’esprit d’auteurs comme Kropotkine, Fourier, Saint-Simon,
Marx, pour ne citer qu’eux.
eEn ce début de XXI siècle, le terme utopie, est pour
beaucoup l’expression d’une vue de l’esprit irréaliste quand il ne
porte pas la marque de l’insupportable et de l’inacceptable.C’est
au nom en effet d’une société meilleure que les pires choses ont
été commises. Les utopies réalisées, souvent, se sont
transformées en cauchemar. Elles furent globalement des
échecs. Tel est le constat porté sur le siècle qui vient de
s’écouler. Mais les utopies laïques sont-elles mortes, comme on
s’est empressé de le déclarer? Ce serait faire abstraction de
l’évidence: l’homme ne peut vivre sans utopie. Il ne peut se
satisfaire de ce qu’on lui impose, surtout lorsque ce qui s’impose
à lui ne répond pas à ses nécessités, ne satisfait pas ses besoins.
L’homme en réalité est toujours en quête d’utopie. La raison en
est que l’utopie est inséparable du réel et du vécu.Elle n’est pas,
contrairement à l’idée reçue, l’irréel ou le rêve, mais un espoir
chevillé à la vie, une lueur dans la pénombre du quotidien, le
désir qui s’insinue dans le politique.Elle n’est pas une fuite hors
du réel, elle s’appuie sur le réel pour en envisager un autre, plus
à la mesure de nos besoins et de nos souhaits.Elle appartient au
réel, elle en est issue. Elle est élan, moteur, ferment d’actions.
L’utopie est à la fois un désir et un besoin d’autre chose,
d’autrement.C’est ainsi me semble-t-il qu’il convient aujourd’hui
d’envisager l’utopie, non comme une pensée de l’impossible
mais précisément comme une pensée de l’autrement. C’est
d’ailleurs sous cet aspect qu’il faut appréhender les expressions
actuelles de résistance et de contestation.D’autres mondes sont
en effet possibles. Encore faut-il les penser, les imaginer, les
rêver. On observe dans l’actualité et dans les luttes sociales
d’aujourd’hui un regain d’intérêt pour des propositions
alternatives. Plutôt que de mépriser ou de rejeter l’utopie, il
11convient de la revendiquer, non pour ce qu’elle fut mais pour ce
qu’elle peut offrir de nouveau, d’inédit, de plus juste, de plus
épanouissant. Il ne s’agit pas d’attendre la venue de « lendemains
qui chantent », mais de travailler ici et maintenant à l’émergence
d’une existence meilleure, d’enclencher des processus de
contournement, de chercher de nouvelles voies, de penser les
choses différemment. L’utopie doit s’inventer hors des modèles
antérieurs, hors des idées de mesure, d’harmonie, d’idéal, de
bonheur commun. Edgar Morin déclarait il y a peu, non sans
lucidité : « J’espère en des temps futurs, sans pourtant croire en
un monde harmonieux, en une société où les êtres humains
seraient désaliénés (puisque je pense que l’aliénation fait partie
de la condition humaine). Nous devons abandonner le meilleur
des mondes, mais espérer en la possibilité d’un monde meilleur.
J

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