Le corps wigmanien d après Adieu et Merci (1942)
162 pages
Français

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Le corps wigmanien d'après Adieu et Merci (1942) , livre ebook

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Description

La "danse d'expression allemande" a connu son heure de gloire de la fin des années 1910 jusque dans le courant des années 1930. Tenant haut le flambeau d'une vision du monde radicalement singulière, les danseurs d'expression, dont Mary Wigman est une des représentantes-phares, se produiront dans des solos d'une intensité bouleversante. Ce livre tente de cerner ce qui est en jeu dans les solos de cette danseuse.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2011
Nombre de lectures 89
EAN13 9782296809185
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le corps wigmanien
d’après Adieu et Merci (1942)
Univers de la Danse
Collection dirigée par Anne-Marie Green


La danse est un domaine de la culture qui a considérablement marqué la fin du siècle dernier tout autant que le début de notre siècle. Il s’agit d’un secteur vivant et dynamique qui provoque interrogation et réflexion. La collection Univers de la Danse est créée pour donner la parole à tous ceux qui produisent des études tant d’analyse que de synthèse concernant le domaine de la danse. Elle a pour ambition de permettre, favoriser et provoquer l’échange de la pensée, maintenir en éveil la compréhension de l’ensemble des faits de danse contemporaine ou de danse marquée historiquement.


Déjà parus

Kamini RANGARADJOU, Bharata Natyam, la danse classique du sud de l’Inde , 2010.
Cécile JOUVEL, La danse Jazz et ses fondamentaux , 2007.
Marie-Joëlle LOUISON-LASSABLIERE, Feuillets pour Terpsichore, 2007.
Sarah Nouveau


Le corps wigmanien
d’après Adieu et Merci (1942)


L’H ARMATTAN
© L’H ARMATTAN , 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-54990-6
EAN : 9782296549906

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Je remercie Laurence Louppe pour sa présence attentive, son ouverture et sa disponibilité, pour son modèle d’exigence dans l’étude et pour son amour de la danse.
« La vie pour moi est une danse profonde, sacrée, joyeuse, remplie d’âme et de mystère. Mais c’est une danse. A travers les marchés, les maisons de passe, les abattoirs, les boucheries, les laboratoires scientifiques, les hôpitaux, Montparnasse, je marche avec mon rêve déployé, et je me perds dans mes propres labyrinthes, et le rêve déployé me porte. » {1}


« Quand un jeune danseur commence son travail, la première chose qu’il veut exprimer, c’est un hurlement. Ensuite, il apprend à dire autre chose. » {2}


« La seule tâche sensée d’une vie ne peut être que de se retourner contre sa maladie. Ce n’est qu’ainsi qu’on peut arriver à une vie créative, satisfaisante, jouissive. Sans doute sommes-nous largement programmés, déterminés par notre lésion. Mais en tout être humain, en tout organisme vivant existe un instinct qui aspire à la santé. C’est pourquoi beaucoup d’idéologies anti-vitalité n’arrivent jamais à s’imposer complètement malgré la terreur et la violence. J’ai plus confiance en mon corps qu’en n’importe quelle idéologie. » {3}


« Qu’est-ce que la beauté sinon l’image où nous trouvons reflétée la joie extraordinaire qu’éprouve la nature quand une possibilité de vie, nouvelle et féconde, vient d’être découverte ? » {4}
Avant-propos
C’est en visitant l’exposition « La vérité nue » sur l’expressionnisme autrichien–organisée au musée Maillol à Paris de janvier à avril 2001, qu’est née la première impulsion qui allait mener à cette recherche. J’ai été frappée par la force d’expression des œuvres qui y étaient représentées ; et, notamment, par les peintures d’Egon Schiele, avec ces corps aux contours tortueux, sinueux, taillés nerveusement, à même le vif me semblait-il. Je me suis alors posé la question : de quel corps s’agit-il, et pourquoi, ou, plutôt, par quel « truchement », quel moyen est-il aussi expressif ? Ces corps, aux proportions souvent invraisemblables, paraissant échapper aux catégories du regard dressé par la vision anatomique, et entretenant avec leur environnement immédiat (à savoir le fond du tableau, dont ils émergent ou se distinguent comme figure ) un rapport particulier, ces corps me renvoyaient à quelque chose de radicalement autre et de troublant.
Quelques temps après (à l’automne 2001), lors d’une soirée sur la danse libre à la Cinémathèque de la danse, le solo de 1942 de Mary Wigman « Adieu et Merci », qui faisait partie du programme, m’a fortement impressionnée par son énorme expressivité, avec, semble-t-il, des mouvements très simples. Tout en étant émue par la beauté de ce solo, je remarquai qu’il m’était difficile de mettre des mots sur ce que je venais de voir ; il m’était également impossible de ramener à des mouvements connus, répertoriés et identifiés (de par ma formation en danse) la danse de Wigman. Ce « presque rien » pourtant enraciné très profondément et communiquant au spectateur–même par le filtre de la vidéo–quelque chose qui semblait venir « de l’intérieur ». En tout cas, qui communiquait quelque chose de l’ordre du désir.

Que s’était-il passé ? Comment cela était-il possible ? Ces questions résonnaient très fort pour moi dans la période où je me trouvais dans la pratique de la danse. Car je ressentais la nécessité de « bouger » autrement , la technique acquise devenant un conditionnement et une manière de faire ; je devais trouver le moyen d’affranchir mon corps de ses habitudes motrices, car celles-ci finissaient par le rendre totalement lisse et inexpressif ; ce fut aussi une plongée dans la mémoire affective du corps, et par là-même une grande question : qu’est-ce que le corps ? Mais cette question en entraînait immédiatement beaucoup d’autres : qu’est-ce qui bouge dans le corps ? Quelles sont les limites que rencontre un sujet qui désire s’exprimer avec son corps ? Comment peut-il trouver un chemin pour déjouer ces limites, sans risque de dislocation, et sans s’enfermer dans un pur défoulement qui n’a rien d’artistique ?

J’ai tenté d’articuler ces interrogations intimes avec le déroulement de ce travail. Avec une sorte de curiosité avide de connaître par quels chemins Mary Wigman était passée, pour arriver à ce solo, d’une simplicité et d’une beauté expressive extrême ; me disant que, parallèlement à l’étude du corps de Mary Wigman, je cheminerai dans la conscience de mon propre corps. Ainsi j’ai eu envie d’aller dans cette recherche avec tout le corps , et non seulement de manière intellectuelle.
Laisser le corps déployer son propre langage, m’imprégner corporellement de Mary Wigman (dans ce qu’il m’était possible d’en percevoir {5} ), en tâchant toutefois de passer sans trop de heurts de l’éminemment subjectif–ma perspective–à l’ objectivité de l’étude d’une personnalité de la danse.
Introduction
« Adieu et merci ». Etonnant que j’aie choisi ce solo au titre signalant un terme, alors que moi-même, en quelque sorte, j’entre dans la danse. En effet, il s’agit d’un solo de fin, le dernier qu’a dansé Mary Wigman avant de se retirer, son adieu à la scène en tant que danseuse soliste, sinon à la vie. Est-ce la volonté de saisir l’essence d’une artiste, qui se révèlerait de manière plus profonde et plus flagrante à la clôture de son parcours artistique ? Cependant, s’il s’agit de son dernier solo, Wigman a continué, d’une part, à chorégraphier (des œuvres de groupes…), mais également à transmettre son art, dans les différentes écoles qu’elle a ouvertes ; et, comme la pédagogie avait une place prépondérante pour elle, et était indissociable de son parcours artistique, on ne peut pas dire que « tout soit fini » avec ce solo. Il ne s’agit ni de sa fin d’être vivant, ni de sa fin de créatrice.
Mary Wigman est née le 13 novembre 1886 à Hanovre, et morte le 18 septembre 1973 à Berlin. Elle ouvre sa première école à Dresde en 1920, d’autres écoles seront créées ensuite dans plusieurs villes d’Allemagne, la chorégraphe recevant à la fois des subventions et une importance au niveau national. Sa dernière apparition sur scène en solo eut lieu à Leipzig le 27 avril 1942, jour de la représentation finale de son dernier programme de solos (son « chant du cygne », comme elle l’appelle), comprenant la danse de Brünhilde , la danse de Niobè , et Adieu et Merci. Après avoir mis fin à sa carrière de soliste, Mary Wigman chorégraphiera surtout des pièces chorales, et travaillera à des mises en scène d’opéras, comme Orphée et Eurydice , ou, plus tard, Alceste de Gluck, mais, également Catulli Ca

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