Le méchant à l écran :
270 pages
Français

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Le méchant à l'écran : , livre ebook

270 pages
Français

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Description

Le méchant à l'écran apparaît avant tout comme un archétype, et pourtant ses représentations se modulent, mutent et se réinventent. En associant critique typologique et approche générique, en passant en revue les séries télévisées et les grands classiques, et en mariant analyse civilisationnelle et étude de cas, ce volume entend multiplier les éclairages sur cette figure archétypale et montrer l'ensemble des vertus cinématographiques du vice.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2013
Nombre de lectures 26
EAN13 9782336331652
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1200€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
CYCNOS
Fondée sur les rives de la Méditerranée, la revue Cycnos s’est mise sous l’égide d’un antique roi de Ligurie, comptant bien partager le sort du personnage éponyme que le dieu de la poésie plaça parmi les astres du firmament.
La revue, fondée par André Viola, est publiée par le LIRCES (Laboratoire Interdisciplinaire Récits, Cultures, Sociétés) de l’Université Nice Sophia Antipolis. Elle accueille les contributions - en anglais et en français - de spécialistes extérieurs au Centre.
DIRECTEUR : Christian GUTLEBEN

COMITÉ SCIENTIFIQUE

Elza ADAMOWICZ, Queen Mary University of London
Michel BANDRY, Université de Montpellier
Ann BANFIELD, Université de Californie, Berkeley, U.S.A.
Gilbert BONIFAS, Université de Nice
Lucie DESBLACHE, University of Roehampton, Londres
Maurice COUTURIER, Université de Nice
Silvano LEVY, University of Hull
Jean-Pierre NAUGRETTE, Université de Paris III Sorbonne Nouvelle

COMITÉ DE LECTURE

Jean-Paul AUBERT, Université de Nice
Jean-Jacques CHARDIN, Université de Strasbourg II
Geneviève CHEVALLIER, Université de Nice
Christian GUTLEBEN, Université de Nice
Karine HILDENBRAND, Université de Nice
Marc MARTI, Université de Nice
Martine MONACELLI-FARAUT, Université de Nice
Susana ONEGA, Université de Saragosse
Michel REMY, Université de Nice
Didier REVEST, Université de Nice

La correspondance avec la revue doit être adressée à :
LIRCES Revue Cycnos ,
U.F.R. Lettres, Arts et Sciences Humaines
98, Boulevard Édouard Herriot, B.P. 3209
F 06204 - NICE Cedex 3 - France

Tél. 04 93 37 53 46 - Fax 04 93 37 53 50
Solen.COZIC@unice.fr
Titre
Copyright

© L’HARMATTAN, 2013
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-68175-7
Sommaire Couverture 4e de couverture CYCNOS Titre Copyright Sommaire Avant-propos : Autopsie du méchant Karine Hildenbrand et Christian Gutleben PROLOGUE À quoi servent les méchants ? Dominique Sipière I Larvé ou osbcène : le pouvoir du méchant Du tueur en série au terroriste : de quelques méchants sans visage dans le cinéma américain des années 2000 Julien Guieu « The Filthiest People Alive » : La célébration de la déviance comme terrorisme social Elise Pereira Nunes L’anonymat du méchant Amanda Studniarek De Smith à Schmidt : Hugo Weaving, un visage du Mal Hélène Valmary II Esthétique et idéologie du mal contemporain Profit : être au-delà Philippe Ortoli Les « méchants » du ghetto : les dealers de Clockers (Spike Lee, 1995) Delphine Letort Le méchant après le 11 septembre : terroristes sous surveillance dans 24 et Homeland Sébastien Lefait III Etudes de cas « Le méchant, c’est vous » : quand Billy Wilder tend un miroir à ses spectateurs Julie Michot Hidden in plain sight : les variations de points de vue dans la construction du personnage de Gus Fring dans Breaking Bad. Geneviève Dragon Lee Marvin, sur le fil du rasoir Jacques Lefebvre Bette Davis, ou le bonheur de jouer à la « méchante » Christian Viviani Abstracts Notes sur les auteurs Adresse
Avant-propos : Autopsie du méchant
Karine Hildenbrand et Christian Gutleben
Université de Nice Sophia Antipolis

La méchanceté est avant tout une volonté de destruction. Que l’acte soit spontané ou prémédité, il s’agit de porter atteinte à autrui (physiquement, moralement, psychologiquement, socialement...).
Dans la vie quotidienne, la méchanceté fait partie des composantes de l’être humain mais elle ne peut en aucun cas le définir. Dans la fiction au contraire, le méchant est un archétype : sa méchanceté est une constante. Il est l’antagoniste, l’élément perturbateur et l’obstacle. Son rôle est fondamental puisqu’il définit le héros, structure le récit et contribue à la dynamique diégétique. Enfin, il facilite une certaine lisibilité du monde. Nombres de récits fondateurs se structurent sur cette adversité où le Bien et le Mal s’affrontent, où l’harmonie finit par triompher des ténèbres et du chaos.

Comme les récits bibliques et les mythes, les contes de fées, pratiquement tout au long de l’existence humaine, ont constitué une littérature destinée à édifier tout le monde, les enfants comme les adultes. (Bettelheim 85)

Ce manichéisme caractérise une grande partie du cinéma muet, puisqu’il faut pouvoir rapidement identifier les personnages. Le stéréotype du méchant prend forme avec des personnages aux visages patibulaires, vêtus de couleurs sombres et entravant la progression du héros par tous les moyens 1 .
La technique et le langage cinématographique ne cessant de progresser, le personnage devient de plus en plus sophistiqué. L’apparition du son au cinéma donne naissance aux films de gangsters qui rencontrent un succès considérable. Le spectateur suit avec jubilation les trajectoires fictives de gangsters célèbres à la ville (entre autres Al Capone dans Little Caesar de Mervyn LeRoy, 1931). Figure toute-puissante, transgressive et flamboyante, le méchant se fait si séduisant qu’il est un des facteurs déterminant dans la mise en place du code Hays 2 . Puis les genres se mêlent et la narration mise sur la surprise du spectateur. Le film noir développe une esthétique expressionniste, qui favorise les thèmes du secret et de la paranoïa. Inspirés par le cinéma allemand des années 20, les réalisateurs hollywoodiens 3 jouent des contrastes du noir et blanc en créant des atmosphères sombres et interlopes, où les ombres portées envahissent l’écran. Les thématiques abordées sont celles de la trahison, de l’instrumentalisation et de l’espionnage. Souvent, le méchant est identifié au terme d’une enquête révélant à quel point les apparences peuvent être trompeuses ( The Maltese Falcon , John Huston, 1941, Double Indemnity , Billy Wilder, 1944). La méchanceté n’est plus réservée aux personnages masculins. Les femmes manipulatrices, vénales et fascinantes font leur apparition. Enfin dans les années cinquante la télévision se généralise et les possibilités visuelles et narratives se multiplient encore. Le petit écran reprend certaines conventions cinématographiques et mise également sur des formes sérielles qu’il emprunte à la radio et à la littérature 4 . Le format récurrent des feuilletons permet d’exploiter le méchant sous divers angles et d’approfondir sa psychologie. La série Dallas par exemple (1978-1991) se construit autour de J.R. Ewing (Larry Hagman), personnage pervers et manipulateur au sourire carnassier 5 .
En bref, le méchant à l’écran apparaît avant tout comme un archétype, et pourtant ses représentations se modulent, mutent et se réinventent à l’instar des media audiovisuels. C’est là, entre pluriel et singulier, que se joue le paradoxe fondamental du personnage : est-il possible de parler du méchant à l’écran devant l’immense variété des représentations proposées ? Et si la réponse est négative et qu’il s’agit plutôt des méchants à l’écran, n’est-ce pas nier le caractère intangible du personnage ?
Ce hiatus peut être comblé si l’on envisage le méchant comme un mythe, au sens où l’entend Roland Barthes. C’est à dire comme un « système sémiologique majoré » qui serait une conjonction de la sémiologie (forme) et de l’idéologie (histoire) : « c’est ce jeu incessant de cache-cache entre le sens et la forme qui définit le mythe » (Barthes 191). Concept mythique, le méchant se ferait mouvant au gré des circonstances historiques et de leur choix de représentation à l’écran :

Il n’y a aucune fixité dans les concepts mythiques : ils peuvent se faire, s’altérer, se défaire, disparaitre complètement. Et c’est précisément parce qu’ils sont historiques, que l’histoire peut très facilement les supprimer. (Barthes 193)

Plus précisément, la fonction du méchant (telle que définie par Vladimir Propp ou Bruno Bettelheim) serait une invariante tandis que les représentations du personnage seraient le reflet fictionnel d’une époque spécifique.
Pour exprimer cet écart entre statisme et mouvement, nous parlerons des ‘figures’ du méchant à l’écran. Notre ambition sera d’en esquisser l’autopsie en cons

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