Feuillets pour Terpsichore
242 pages
Français

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Feuillets pour Terpsichore , livre ebook

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Description

La muse Terpsichore inspira de si nombreux écrits qu'aujourd'hui il s'en trouve encore de méconnus : traités théoriques, livrets de ballets, textes législatifs, partitions chorégraphiques, autant de feuillets qui ont trouvé leur place dans cette anthologie. De 1455 à 1715, la danse s'est écrite en français comme en latin, en prose comme en vers. Les auteurs ont consigné avec soin ses techniques, son lexique, ses règles, ses usages et ses modes pour tenter de fixer sur le papier un art des plus éphémères.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2007
Nombre de lectures 311
EAN13 9782336274034
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Univers de la Danse
Collection dirigée par Anne-Marie Green
La danse est un domaine de la culture qui a considérablement marqué la fin du siècle dernier tout autant que le début de notre siècle. Il s’agit d’un secteur vivant et dynamique qui provoque interrogation et réflexion. La collection Univers de la Danse est créée pour donner la parole à tous ceux qui produisent des études tant d’analyse que de synthèse concernant le domaine de la danse. Elle a pour ambition de permettre, favoriser et provoquer l’échange de la pensée, maintenir en éveil la compréhension de l’ensemble des faits de danse contemporaine ou de danse marquée historiquement.
Feuillets pour Terpsichore

Marie-Joëlle Louison-Lassabliere
© L’HARMATTAN, 2007
5-7, rue de l’École-Polytechnique; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296030961
EAN : 9782296030961
A mes collègues et à mes élèves du Conservatoire Massenet
Sommaire
Univers de la Danse - Collection dirigée par Anne-Marie Green Page de titre Page de Copyright Dedicace Avant-propos La Renaissance
Chapitre 1 - La danse macabre Chapitre 2 - Les origines de la danse Chapitre 3 - Bals et ballets de cour Chapitre 4 - Une nouvelle science : l’orchestique Chapitre 5 - Danses dévoyées, danses décriées
Le Grand Siècle
Chapitre 6 - L’Académie Royale de Danse Chapitre 7 - De l’art et de la manière d’enseigner la danse Chapitre 8 - Le ballet baroque Chapitre 9 - Livrets de ballets Chapitre 10 - Festivités auliques
Bibliographie Glossaire Notes
Avant-propos
Il était une fois une muse qui s’appelait Terpsichore... Ainsi pourrait débuter le récit d’une aventure dont les origines remontent à l’antiquité gréco-romaine, celle de l’art chorégraphique. Nombre d’auteurs ont mentionné ce personnage légendaire en lui prêtant divers attributs : souvent représentée sous les traits d’une jeune fille couronnée de fleurs, elle danse au son de sa lyre en compagnie d’Erato qui préside aux destinées de la poésie érotique et du mime, et des autres muses. Depuis Platon, certains poètes ne se sont pas privés de jouer sur les mots : : korè (la jeune fille), chara (la joie) et choros (le chœur), car c’est par une danse rituelle en chœur que Terpsichore célèbre Apollon, dieu de la lumière et des arts. Au fil des siècles, le mythe désacralisé la désigne comme l’incarnation de la danse en général. Aussi dans le répertoire d ’Emblemata que publie Cesare Ripa en 1593, l’Allégresse se confond-elle avec Terpsichore : danseuse aux pieds nus, elle s’élance au milieu des fleurs, la chevelure rehaussée de feuillages, et brandit une carafe et une coupe, associant ainsi la danse à la fête. Bien avant que Nietzsche ne distingue danse apollinienne et danse dionysiaque, l’allégorie de Ripa représente simultanément les deux facettes de cet art par lequel la Renaissance goûte la perfection esthétique et l’envoûtement bachique. Exaltant la première et condamnant le second, le XVII e siècle revisite le mythe : Louis XIV fait de Versailles un nouveau Parnasse. Roi-Soleil et « Génie de la danse » 1 , il y préside aux réjouissances chorégraphiques et marque de son mécénat les ballets de cour qui glorifient son règne. Avec lui s’éteindra une certaine idée de la danse...
Pour réveiller cette Terpsichore enfuie, il suffisait de convoquer tous ceux qui lui ont dédié ne fût-ce qu’un feuillet : maîtres à danser, librettistes, historiens, moralistes, juristes, mémorialistes, hommes politiques, poètes... C’est de leurs regards croisés qu’a surgi cette anthologie des textes fondateurs de l’art chorégraphique : les plus anciens sortirent des presses d’une imprimerie encore balbutiante ; les plus récents évoquent le crépuscule du roi-danseur. De 1455 2 à 1715 3 , des milliers de pages ont écrit la danse avec ses techniques, son lexique, ses règles, ses usages et ses modes. En l’espace de deux siècles, en latin comme en français, en vers comme en prose, se dessinent les continuités et les ruptures d’une pratique autant esthétique que sociale. En inventant la pédagogie et la notation chorégraphiques, l’humanisme transcrit l’éphémère. Et la danse se fait science : c’est l’orchésographie et son corollaire, l’orchestique, qui en répertorie le patrimoine. Le Grand Siècle institutionnalise la danse et la codifie : de cette double démarche va naître la Belle Danse. De divertissements royaux en ballets de cour à connotation idéologique, la danse traduit les préoccupations d’un pouvoir soucieux de faire régner l’ordre en assignant à chacun le rôle qu’il doit jouer ou plutôt danser. De la danse en chaîne alternée aux duos réglés des bals officiels, puis aux danses de couples en colonnes permutées, se mesure l’évolution d’une société qui, après avoir peiné à se donner un protocole, finit par le transgresser ouvertement. La chorégraphie d’Ancien Régime qui avait cru fixer le vertige baroque par une rigueur toute géométrique chavire sous le souffle libertaire. Tel est le fil conducteur de cet ouvrage qui veut retracer les étapes chorégraphiques de cette mutation par une mise en perspective des contextes politiques, esthétiques, religieux et sociaux. Pour respecter les soubresauts qui secouèrent cette période, la première partie intitulée La Renaissance englobe la fin du XV e siècle, le règne des Valois, et s’achève avec celui d’Henri IV. Elle est marquée par l’avènement des ballets allégoriques et politiques (entre 1572 et 1610). La seconde évoque le Grand Siècle, celui des Bourbons, jusqu’à la mort de Louis XIV : s’y succèdent les ballets mélodramatiques et burlesques (de 1610 à 1636 environ) et ceux qui furent conçus selon les règles du théâtre et de l’opéra (comédies-ballets et tragédies-ballets) pour devenir des œuvres de commande dont la création est arbitrée par l’Académie Royale de Danse. Cette étude diachronique sert de cadre à des textes très éclectiques, commentés et annotés si nécessaire : de genres différents, ils sont rédigés sur des registres divers, du polémique au lyrique en passant le plus souvent par le didactique. Mais tous véhiculent des points de vue qui méritent d’être pris en compte tels qu’ils se présentent, avec leur style, leur vocabulaire et leur orthographe, si obsolètes soient-ils. Certains sont rebattus, d’autres ont longtemps dormi dans le fonds ancien d’une bibliothèque avant de trouver leur place dans ce livre. Qu’enfin mis en lumière et réhabilités, ils puissent offrir au lecteur une source d’émerveillement et l’inciter pas à pas à entrer dans la danse.
La Renaissance
Chapitre 1
La danse macabre
On est aujourd’hui très démuni pour étudier les danses anciennes. Rarement représentées, désignées par des termes ambivalents et attestées le plus souvent dans des textes aussi convenus qu’imprécis, elles ont plus ou moins sombré dans l’oubli ou, telle la carole médiévale, restent associées dans notre esprit à des situations romanesques plutôt que chorégraphiques. Seules nous sont parvenues les danses macabres quand les fresques où elles figurent ont échappé aux ravages du temps ou à la fureur destructrice. Certaines ont été sauvées par imprimerie et constituent l’un de ces tout premiers feuillets pour Terpsichore dont peut disposer le lecteur.
Publiée en 1485 à Paris, La Danse macabre de Guyot Marchant 4 est un in-folio qui contenait dix feuillets dont le premier est manquant. Dix-sept planches imprimées par xylographie illustrent un poème dans lequel le mort dialogue avec le vivant. Chaque gravure est un diptyque qui, dans un cadre architectural, arcs en plein cintre outrepassé reposant sur imposte et réunis par une clef de voûte en pendentif et sur un fond agreste pelouse émaillée de touffes de fleurettes qui rappellent les tapisseries mille-fleurs présente deux couples symétriques, formés chacun d’un mort et d’un vivant. Au total, trente-deux couples évoluent dans ce décor qui évoque celui d’un cloître. Rien d’étonnant à cela, puisque Guyot Marchant a élaboré son dessin d’après les fresques peintes en 1424 au charnier des Innocents 5 . C’était alors un lieu de promenade très prisé des Parisiens, parce qu’à l’entour du cimetière on pouvait flâner au milieu des étals de ferronnerie, et à certaines périodes de l’année écouter les prêches des moines franciscains 6 .
De fait, les danses macabres sont liées à une pédagogie diffusée par les ordres prêcheurs qui, sous la pression des événements, ont tenté de juguler la peur de la mort qui s’était emparée de la population. Il est vrai que les XIV e e

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