L écriture musicale de Bernard de Vienne
208 pages
Français

L'écriture musicale de Bernard de Vienne , livre ebook

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208 pages
Français

Description

Tirer les enseignements de notre héritage, non seulement celui des musiques modales et tonales, mais aussi celui du XXe siècle dans ses dimensions multiples, en actualiser et en exploiter les possibilités, se donner les moyens techniques et esthétiques d'assumer des positions souvent instables : telles sont quelques-unes des conditions propres à innerver l'inventivité en ce début du XXIe siècle. C'est l'occasion d'interroger à plusieurs voix l'écriture de Bernard de Vienne.

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Publié par
Date de parution 01 février 2012
Nombre de lectures 38
EAN13 9782296481763
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

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Extrait

L’écriture musicale de Bernard de Vienne
Arts 8 Collection dirigée par Jean-Paul Olive et Claude Amey e Consacrée à l'art du XX siècle et à la réflexion esthétique, la collectionArts 8pour vocation de diffuser les travaux collectifs de a groupes et équipes de recherche, de promouvoir un débat transversal entre les diverses disciplines artistiques, et d'encourager les recherches et échanges autour de thématiques contemporaines importantes. Déjà parus Le récit et les arts, 1998 Théâtre 1, 1998 Danse et utopie, 1999 Théâtre 2, 1999 Les frontières esthétiques de l’art, 1999 e L’art au XX siècle et l’utopie, 2000 À partir de Jean-François Lyotard, 2000 La couleur réfléchie, 2001 Dialogues sur l’art et la technologie, 2001 Théâtre 3, 2001 La naissance de l’opéra. Eurydice 1600-2000, 2001 Théâtre 4, 2002 Dialogues sur l’art et la technologie autour d’Edmond Couchot, 2002 Musique et mémoire, 2003 Iannis Xenakis, Gérard Grisey. La métaphore lumineuse, 2003 L’art à l’époque du virtuel, 2003 Théâtre 5, 2004 Art : changer de conviction, 2004 Expérience et fragment dans l’esthétique musicale d’Adorno, 2005 L’opéra éclaté, la dramaturgie musicale entre 1969 et 1984, 2006 Pratiques artistiques, Pratiques de recherches, 2007 Edgard Varèse : Du son organisé aux arts audio, 2007 La musique et la scène, 2007Euréka, le moment de l’invention. Un dialogue entre art et science, 2008 La parole sur scène, 2008 Gestes, fragments, timbres : la musique de György Kurtág, 2008 Destruction, création, rythme, 2009 Pour une scène actuelle, 2009 Présents musicaux, 2009 Mémoires et histoire en danse, 2011
Sous la direction de Joseph Delaplace L’ÉCRITURE MUSICALE DE BERNARD DE VIENNE L’Harmattan
© L’Harmattan, 20125-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-55831-1 EAN : 9782296558311
Introduction Interroger la création en ce qu’elle a de plus vivant revêt aujourd’hui un certain caractère d’urgence, si l’on prend au sérieux un contexte au sein duquel celle-ci tend fréquemment à se confondre avec la production de divertissements mondains d’une part, avec la multiplication de produits commerciaux standardisés d’autre part. Les œuvres présentées comme le fleuron de la musique contemporaine par les plus prestigieuses formations ne manquent certes pas de technicité, ainsi que de subtilité pour certaines d’entre-elles ; en revanche, il est fréquent que l’inventivité et la fraîcheur leur fasse défaut, sous l’apparence d’une relation décomplexée au « beau son » et aux figures rabâchées de la tradition occidentale, éventuellement épicées de quelques emprunts superficiels à d’autres cultures ou 1 aux musiques dites « actuelles » . Corrélativement, un certain nombre de catégories esthétiques et analytiques, ainsi que les oppositions parfois univoquement binaires du type musique populaire / musique savante ou e simplicité / complexité, deviennent inopérantes en ce XXI siècle déjà bien entamé. Mais s’est-on posé sérieusement la question de ce qui peut leur succéder, de la façon dont la musicologie doit se donner les moyens de penser de façon efficiente les écritures d’aujourd’hui ? Cent ans environ après l’atonalité Viennoise, le manifeste bruitiste, les expériences de Cowell et les projections de son de Varèse, plus de cinquante années après la naissance des musiques concrètes et électroniques, du sérialisme généralisé dans sa période radicale, l’expérimentation musicale, dans sa dimension utopique,
1  Dans le champ desquelles un véritable dynamisme créatif s’est développé e depuis la fin du XX siècle.
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provocatrice, voire scandaleuse, relève bien du domaine de l’histoire. Les mouvements réactionnaires des années 1970-1990, la nouvelle simplicité, le minimalisme et l’ensemble des attitudes qu’on a étiquetées sous le terme un peu fourre-tout de postmodernisme sont également révolus, bien qu’un certain nombre de compositeurs actuels en ait assimilé les caractéristiques les plus saillantes. On peine aujourd’hui à appréhender une géographie de la création qui, à quelques exceptions près, est dominée par des œuvres « décoratives », propres à ravir un certain type d’auditeurs, et dont les institutions dominantes encouragent la multiplication. Nombre e de chefs-d’œuvre de la musique du XX siècle ne sont plus jamais programmés, les orchestres et les opéras ne prenant pas le risque, à la fois financier et esthétique, d’investir dans des projets exigeants à tout point de vue. On leur préfère les « valeurs sûres » de la tradition, où des créations dont on sait qu’elles ne mettront pas en cause les rouages d’un système bien lissé. Il est avantageux, en ce sens, de considérer les aventures esthétiques du siècle dernier, au mieux comme une page agitée de l’histoire des arts, au pire comme autant de brèches désormais colmatées. Il est pourtant fort à parier que certaines créations mises en avant par l’appareil médiatique et le monde de la musique depuis les années 1990 ne survivront pas à l’histoire, tant leur écriture semble dénuée des tensions vitales qui confèrent à une œuvre d’art sa profondeur, son sens, et aussi son caractère mystérieux. Il est en outre évident, pour qui se penche un peu sur l’écriture e des musiques du XX siècle, qu’on est loin d’en avoir épuisé les potentialités. La création est inséparable d’une remise en question permanente. Accepter que les œuvres bousculent nos certitudes, s’ouvrir à l’inouï, en tant qu’instrumentiste, auditeur, analyste ou encore critique, permet d’en saisir la beauté et la portée. Tirer les enseignements de notre héritage, non seulement celui
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e des musiques modales et tonales, mais aussi celui du XX siècle dans ses dimensions multiples, en actualiser et en exploiter les possibilités parfois restées en gestation ou à l’état d’ébauche, se donner les moyens techniques et esthétiques d’assumer des positions souvent instables : telles sont quelques-unes des e conditions propres à innerver l’inventivité en ce début du XXI siècle. C’est ce présent vital de la musique que nous entendons interroger à plusieurs voix, à travers l’écriture de Bernard de Vienne. Fruit d’une profonde connaissance des musiques du passé et d’une vive attirance envers les répertoires extra-européens, celle-ci puise une part de son dynamisme dans le rapport serré aux gestes instrumentaux qu’elle développe. Depuis plus de vingt-cinq ans, Bernard de Vienne compose une musique d’une grande densité, destinée à des effectifs variés. La précision de son écriture et l’intensité des processus qui s’y sédimentent nécessitent toujours un fort investissement de la part des interprètes. Celui-ci n’est pas lié à un niveau technique dans l’absolu, le compositeur élaborant aussi bien des pièces brèves pour l’apprentissage que des œuvres de concert d’une haute virtuosité. Il s’agit plutôt, pour les musiciens, de s’approprier un ensemble de gestes en lesquels puisse s’incarner le champ de tensions en perpétuelle mutation qui caractérise une telle écriture. Dans la lignée de créateurs comme Luciano Berio ou Carlos Roque Alsina, Bernard de Vienne sculpte un espace – temps musical multidirectionnel, toujours étroitement contrôlé, au fil d’une forme qui se déploie volontiers à la manière de spirales entremêlées. L’intérêt qu’il porte aux musiques du monde se traduit par une véritable « gourmandise » du timbre, des alliages sonores volontiers hybrides soutenus par une harmonie basée sur le chromatisme. Il puise aussi en diverses formes de création (peinture, littérature, poésie, photographie, cinéma etc.), ainsi que dans les sciences, une vitalité et des
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fonctionnements qui, passés au prisme spécifique de l’écriture musicale, confèrent aux œuvres un relief saisissant. À travers diverses contributions ici réunies, nous souhaitons envisager la création actuelle, au sens le plus noble et le plus dynamique du terme, afin d’en cerner au mieux les mécanismes complexes, et afin de comprendre quels liens se tissent e aujourd’hui entre la musique, l’héritage d’un XX siècle dont nous n’avons encore qu’une compréhension partielle et souvent partiale, et une civilisation dont les repères tendent à se focaliser de plus en plus sur le visuel. La réflexion menée autour d’une esthétique musicale, la mise en exergue de ses singularités, pourront peut-être contribuer à montrer à quel point le sonore, par-delà son caractère ineffable, reste une puissance, puissance de la pensée, de la sensibilité, de l’utopie et du désir. Au sein de ce recueil se croisent les points de vue d’universitaires, de compositeurs et d’interprètes, afin que la pensée s’en trouve enrichie et réveillée. Les rapports problématiques entre le fragment et le processus, ou si l’on préfère entre le jaillissement et sa nécessaire incarnation dans la durée, se trouvent mis en perspective par un écrit de Jean-Paul Olive, centré sur le cycleLes Instantanés, pour piano. L’analyse duQuatuor n° 2proposée par Joseph Delaplace met en évidence pour sa part la densité de l’écriture et de la forme, sous-tendue par un arrière plan poético littéraire d’une grande richesse. En préalable à ces deux articles, Bruno Giner propose une introduction à l’œuvre de Bernard de Vienne à la manière d’un parcours synthétique à travers la production du compositeur, tout en détaillant quelques uns des domaines musicaux et extra-musicaux qui stimulent son imaginaire. Nous avons également souhaité donner la parole à Bernard de Vienne, sous la forme d’un long entretien. Au fil de la discussion, sont abordées différentes dimensions du musical et
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d’un itinéraire créateur, mais aussi l’importance du contexte qui fût celui au sein duquel le compositeur s’est épanoui en tant qu’instrumentiste (l’ensembleMusique Vivante) ; à travers cette expérience, il a pu prendre la mesure de ce qui s’est développé en matière de travail du timbre, de la forme, des gestes instrumentaux, entre 1960 et 1980. Cette période foisonnante de l’histoire de la musique récente a ouvert des perspectives immenses qui ne seront peut être prises en compte, dans leur globalité, que dans un avenir relativement lointain. Bernard de Vienne, lui, a toujours été sensible aux créateurs dont la démarche intègre une part de déconstruction d’un style, d’un langage, de formes établies, cette remise en cause visant à élaborer d’autres protocoles, des « manières de faire » souvent en prise directe avec les gestes instrumentaux qui leurs sont contemporains. Le compositeur reste très proche des interprètes, que ce soit dans le cadre d’activités pédagogiques, ou à travers les collaborations de longue haleine qu’il entretient avec des instrumentistes virtuoses. Dans sa lettre à Bernard de Vienne intitulée Sur une intimité artistique, qui ouvre le présent recueil, le flûtiste Yves Charpentier, directeur artistique du quintette à ventsLe Concert Impromptu, s’est interrogé sur les tenants et aboutissants d’une telle proximité. S’adressant au compositeur, en des termes qui peuvent parfois surprendre, mais qui cernent avec acuité les méandres d’une collaboration créative, il évoque avec poésie et sensibilité la fulgurance et la pérennité des liens qui engendrent et nourrissent certains projets musicaux. Joseph Delaplace
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