La Chanson de circonstance
262 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

La Chanson de circonstance , livre ebook

-

262 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Du temps de l'Inquisition à celui de François Hollande, attitudes croustillantes, mesures scandaleuses ou inventions géniales ont donné libre cours à toutes sortes d'illustrations musicales. Voici plus de 300 extraits de chansons furtives entrées par mégarde dans la postérité. Les chansonniers ont utilisé la caricature ou le pamphlet pour brosser un tableau instantané des événements dont ils étaient témoins.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2015
Nombre de lectures 47
EAN13 9782336374048
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1150€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Collection Cabaret
Titre

Michel TRIHOREAU










LA CHANSON DE CIRCONSTANCE

Préface de Serge Llado
Copyright

Du même auteur :

La Chanson de Prévert , Editions du Petit Véhicule, Nantes, 2006.
renCONTrES , Editions du Petit Véhicule, Nantes, 2010.
La Chanson de Proximité , L’Harmattan, Paris, 2010.














© L’Harmattan, 2015 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-72415-7
PREFACE
C’était à propos du film Violette Nozières , datant de 1978 et réalisé par Claude Chabrol avec Isabelle Huppert dans le rôle-titre. Stéphane Audran et Jean Carmet incarnaient les parents. Celui-ci racontait 1 : « J’étais petit garçon à l’époque, j’habitais Bourgueil, et je me souviens très bien de mes parents commentant l’affaire Violette Nozières… Et, je me souviens, au marché, le marché avait lieu le mardi à Bourgueil, il y avait des camelots, qui venaient avec des accordéons, des orchestres, et qui chantaient la complainte de Violette Nozières sur l’air de Quand on s’aime bien tous les deux ».
Carmet avait bonne mémoire : ce fait divers avait inspiré nombre de chansons, écrites pour la plupart sur des airs préexistants. Celle qu’il évoque est interprétée dans le film par un chanteur des rues s’accompagnant à l’orgue de Barbarie :
« Elle assassine ses parents,
La méchante Violette Zonières,
Souriant de leur misère,
Pour leur soutirer de l’argent,
Sans pitié pour ces pauvres gens… »
Parmi le florilège de ces complaintes d’époque (consultables à la Bibliothèque Historique de la ville de Paris et, dans une moindre mesure, à la Bibliothèque des Littératures Policières), citons également L’Assassin , chanté sur l’air de Une Chanson dans la Nuit (Éditeur Marcel-Robert Rousseaux, 1933, Paris) :
« Pour faire la noce n’est-il pas dégoûtant
D’être criminelle
D’avoir souiller la maison paternelle
Du meurtre de ses parents
Pour la toilette, les amants, le plaisir,
Le luxe et la débauche
Cette poupée au cœur comme une roche
Empoisonne sans frémir. »
Mentionnons enfin, L’Empoisonneuse (paroles de Mme Godard sur l’air de La Paimpolaise ) qui se termine ainsi :
« Juges, soyez justes et fermes
Que celle qui donna le poison
Soit châtiée et qu’on l’enferme
Toute sa vie dans sa prison »
Ces « airs » qui commentaient les procès pour crimes crapuleux (une recette qui fonctionnait à merveille pour les mélodrames « sanglants » du Boulevard du Crime dès le XIX ème siècle) illustrent un des thèmes de prédilection de cette chanson de circonstance dont il est question dans ce précieux ouvrage. La plupart, qui relataient des faits ponctuels, oubliés, peu connus, anecdotiques n’ont pas survécu à leur époque, d’autres, dont les auteurs voyaient « plus loin que l’horizon », ont atteint l’universalité. Dans les deux cas, elles constituent un témoignage non-négligeable pour ceux qui s’intéressent à un passé plus ou moins récent, et à son contexte historique.
Les faiseurs de chansons sont des artisans que Michel Trihoreau connaît et fréquente de longue date. Je l’imagine, voyageur du temps et de l’espace, caché dans un trou de souris, transcrivant tel un greffier zélé les épigrammes, boutsrimés et autres quatrains-express qui firent la réputation des persifleurs du Pont-Neuf, des satiristes du Caveau, des pamphlétaires révolutionnaires, des sociétaires des goguettes ou bien des chansonniers du cabaret montmartrois… Les extraits de texte que nous allons découvrir ou redécouvrir dans cet ouvrage nous permettent de saluer nombre de nos aînés, auteurs-interprètes célèbres ou anonymes, témoins chantants de l’actualité de leur temps. Bravant la censure ou les foudres du pouvoir, ils nous ont transmis, parfois oralement, cette tradition railleuse, sceptique, engagée, frondeuse, humaniste, voire subversive que perpétuent aujourd’hui les plus inspirés de nos rimailleurs, pour la plupart marginaux, qui fédèrent un large public soit en café-théâtre, soit sous forme de chroniques radio, soit encore en vidéo sur internet ou DVD (généralement produits à compte d’auteur). En attendant que la télévision, toujours aussi frileuse, se décide à rattraper ses innombrables trains de retard…
La chanson française est d’essence populaire : alors que des hymnes comme La Marseillaise sont des musiques plutôt savantes, la chanson de circonstance, qui ne vise pas l’immortalité, est basée sur des airs connus, des « timbres » faciles qui permettront au grand public de mieux mémoriser le texte (d’autant qu’avant l’invention du phonographe, c’étaient les « petits formats » imprimés que vendaient les éditeurs et que popularisaient les musiciens des rues). Un texte dont les mots simples n’excluent pas ces tournures d’esprit, sous-entendus et double-sens qui donnent tant de saveur à cet exercice de style « bien de chez-nous ». C’est peut-être ce qui a permis à nombre de ces « chansonnettes » de braver les époques. Alors que, par comparaison, le chant guerrier signé par Rouget de Lisle est alourdi par un vocabulaire inapproprié parce que daté.
On feuillette ici un album riche en Histoire et en histoires. Car la petite histoire enrichit la grande… qui le lui rend bien. Témoin cette fameuse anecdote qui prétend que le « God Save The King » britannique aurait pour origine le motet composé par Lully sur des paroles de la duchesse de Brinon « Grand Dieu sauve le Roi », écrit pour célébrer la guérison de Louis XIV, qui se relevait d’une fistule mal placée. Ce qui valut au poème de Mme de Brinon d’entrer dans les annales, si j’ose dire. On l’a échappé belle : imaginez ce qu’auraient fait de cette histoire les trousseurs de couplets malintentionnés, toujours à l’affût de détails venant de la Cour…
Adolescent, j’avais subtilisé chez mes grands-parents deux tomes des Histoires d’amour de l’Histoire de France , de Guy Breton (par ailleurs auteur ou co-auteur de plusieurs chansons lestes dont Les Nuits d’une Demoiselle , immortalisée par Colette Renard). Lecture hautement instructive ! J’y découvris entre autres un François Ier très éloigné du portrait qu’en faisaient nos braves professeurs du Lycée Arago à Perpignan. Un souverain paillard, entouré de luronnes qui fredonnaient à longueur de journée une chanson à la mode, J’ai un Ciron sur la Motte et ne songeaient, selon le chroniqueur Brantôme, qu’à se faire « beluter » .
Le bon peuple salua sa mort en entonnant une épitaphe expéditive qui disait notamment :
« L’an mil cinq cent quarante sept
François mourut à Rambouillet
De la vérole qu’il avait »
Son fils Henri II avait de qui tenir, aveuglé qu’il était par sa maîtresse Diane de Poitiers, de vingt-et-un ans son aînée. Il n’y avait pas de paparazzi à l’époque, mais les chaumières se divertissaient avec des chansons qui valent bien les contes de fées de Paris-Match et les clichés volés de Closer :
« Malgré son grand âge,
Diane, ce soir, à Blois
Est en chasse, je crois,
Pour y forcer un roi… »
Lorsqu’il trompa Diane avec la gouvernante de la jeune Mary Stuart, une rousse écossaise nommée Lady Flemming, nos ancêtres chansonniers se déchaînèrent :
« Il s’est fait écosser le jonc
Par une fille d’Ecosse
Diane les vit sur le gazon
Et leur joie la rendit féroce
O le joly jonc,
Bon, bon, bon, mon compère
O le joly jonc,
Le joly jonc
Et chacun vit que le croissant
Dont tous les artistes vous ornent
O déesse, depuis vingt ans,
N’était qu’une paire de cornes… »
Ce qui, par parenthèses, dénote une de verdeur de langage que ne dédaigneraient pas nos rappeurs d’aujourd’hui.
Passionné de chanson populaire et d’Histoire, on doit à Guy Breton une série télévisée intitulée Le Cabaret de l’Histoire de 1969 à 1974 où la chanson satirique est servie par des interprètes comme Les Frères

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents