Le dernier come-back de Vince Taylor
200 pages
Français

Le dernier come-back de Vince Taylor , livre ebook

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200 pages
Français

Description

" Mon premier contact avec Vince Taylor eut lieu durant l'été 1960. Sa chanson "Brand new Cadillac" écoutée au juke-box d'un café de village en Suisse. C'est le mot "Cadillac" qui me l'avait fait choisir. J'avais onze ans. Trente et un ans plus tard, ne l'ayant jamais rencontré, j'appris qu'il venait de mourir à moins d'une centaine de kilomètres du village. Je décidai alors d'essayer de retracer son histoire et d'en faire un jour un roman." Jean-Michel Esperet

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Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2013
Nombre de lectures 51
EAN13 9782296531246
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

JeanMichel Esperet
Le derniercomebackde Vince Taylor Roman
Le dernier come-back de Vince Taylor
Jean-Michel ESPERET
LE DERNIER COME-BACK DE VINCE TAYLORRoman
© L’Harmattan, 20135-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-336-29031-7 EAN : 9782336290317
 Tout le monde se bat pour  une cuillerée. Howlin’ Wolf, « Spoonful»
1. LOVE ME
Brian Maurice Holden n’aurait pas dû naître le 14 juillet 1939, benjamin d’une famille besogneuse de cinq enfants. D’un père déjà quadragénaire, ouvrier agricole, scieur de long, peintre en bâtiment, mineur de fond ou manœuvre, au gré de l’embauche et des mises à pied, cérémonieux fumeur de pipe et buveur de thé à la maison, aspirant alcoolique au dehors. D’une mère bonne à tout faire, femme de ménage chez les autres et chez elle aussi, de service diurne à l’élevage de sa progéniture et aux travaux de couture, parfois de service nocturne au nettoyage des pubs du quartier ou à l’assouvissement de son mari. Ereintée par la vie et flétrie à trente-cinq ans.
Il n’aurait pas dû passer les sept premières années de sa vie sur fond de guerre mondiale, de désaffection parentale, de dénuement, de soumission, de médiocrité et d’une évocation obsessionnelle de la part de son père d’une prochaine et salvatrice émigration aux Etats-Unis. Il obéissait sans regimber aux consignes des adultes, eux-mêmes asservis au rythme des bombardements allemands, qui l’entraînaient avec eux aux abris puis qui, à travers les décombres de la nuit, dans les flaques d’eau noire laissées par les pompiers, le ramenaient dans sa chambre. Là, des cauchemars de sang et de feu s’emparaient aussitôt de son âme d’enfant. La guerre s’y prolongeait, mais plus intensément. Sans trêve et sans abri. Le cauchemar d’un de ses deux frères qui avait été pilote de laRoyal Air Forceet qui lui tenait de modèle, le père qu’il aurait voulu
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avoir, qui périssait sans cesse, son avion explosant en vol ou s’écrasant sur une ville en feu qui ressemblait à la banlieue de Londres. Brian était si mal en point et hurlait si fort qu’il fallait parfois recourir à un médecin pour lui administrer un sédatif. Eveillé, il refusait de manger, à moins d’être servi, cuillerée par cuillerée, faute du biberon hâtivement mis au rancard,sous la table de cuisine familiale.
Ou il n’aurait pas dû être emmené par ses parents aux Etats-Unis, en 1946, après des contretemps et des vexations de toutes sortes, en compagnie de son frère pilote et de ses deux sœurs, alors que son autre frère poursuivait sa carrière debobbyde police) au (agent service de la couronne britannique. Alors même que Londres célébrait la paix revenue et la fin des privations alimentaires.
Partie de Liverpool, la famille débarqua donc à Ellis Island, New York, avec, pour tout patrimoine, quelques valises et assez de dollars - la contre-valeur du mobilier londonien diminuée du coût de la traversée - pour subsister au plus un mois. Sirènes stridentes en guise d’accueil, qui firent à nouveau trembler Brian. Saleté portuaire, omniprésente, déjà visible du pont. Comme des centaines d’autres immigrants, italiens pour la plupart, la famille fut engloutie dans la bousculade de la passerelle et des quais puis, à nouveau, immobilisée dans la file qui s’allongeait devant les guichets de l’immigration. Injonctions dans une langue qui n’était pas tout à fait la leur. Peur des Noirs, dont Brian découvre l’existence. Passeports portant des visas en règle, longuement quémandés à l’ambassade américaine de Londres, d’abord exhibés comme des passe-droits, mais qui semblaient éveiller la suspicion d’un des officiers en uniforme bleu
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foncé. Mère et quatre enfants Holden en rang serré, aux ordres du père Holden qui, comme sous les bombardements allemands, entendait manifester son autorité alors même que les circonstances montraient à l’évidence qu’il n’en avait plus aucune. De fait, le couple Holden était beaucoup plus âgé que la moyenne des immigrants et, contrairement à beaucoup d’entre eux, il ne pouvait se targuer d’aucun contact personnel aux Etats-Unis, d’aucun savoir-faire qui pourrait y être utile, ni, d’ailleurs, d’aucune vocation particulière à s’y établir. Autres questions et formulaires, déclarations d’avoirs et aveu de pauvreté, serments d’hygiène, de tempérance et de non-communisme, déjà prêtés à l’ambassade. Ultimes promesses paternelles de bonne conduite et d’ardeur dans la recherche d’un job. Expéditifs vœux de bienvenue, en échange. Trois coups de tampon encreur sur les passeports, pour ouvrir le premier acte du rêve américain des Holden.
Next please !
Au suivant. Un court instant, Brian craignit d’être pris pour un des membres de la famille suivante qui se pressait déjà devant le guichet. A moins qu’il ne fût tenté de se joindre à elle.
Après quinze jours d’errance à New York, la famille partit au New Jersey où le père Holden retrouva trop facilement un de ses anciens emplois, celui de mineur de charbon, aussi épuisant qu’en Angleterre mais beaucoup mieux rémunéré, au moins selon ses dires. LeNew Deal de Theodore Roosevelt à moindre échelle. A portée de pic. Il loua une maisonnette en bois entourée d’un petit jardin couvert d’herbe rase et grise, au fond duquel Brian construisit un abri en planches. Il y transporta les rares
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