Les Aïssawa
438 pages
Français

Les Aïssawa , livre ebook

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438 pages
Français

Description

La confrérie des Aïssawa est un ordre mystico-religieux fondé à Meknès au Maroc par Muhammad ben Aïssâ (1465-1526). En s'immergeant comme musicien rituel au sein des orchestres Aïssawa, Mehdi Nabti renouvelle l'approche des confréries de tradition soufie et apporte des données précieuses sur la structure de la confrérie, le dispositif rituel et les logiques d'affiliation à une organisation religieuse de type traditionnel dans une société musulmane moderne.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2011
Nombre de lectures 309
EAN13 9782296450608
Langue Français
Poids de l'ouvrage 7 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les Aïssawa
© L’Harmattan, 2010 5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-13800-1 EAN : 9782296138001
MEHDI NABTI
Les Aïssawa
Soufisme, musique et rituels de transe au Maroc
L’Harmattan
Histoire et Perspectives méditerranéennes Collection dirigée par Jean-Paul Chagnollaud
 Dans le cadre de cette collection, créée en 1985, les Éditions L'Harmattan se proposent de publier un ensemble de travaux concernant le monde méditerranéen des origines à nos jours. éjà parus
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Remerciements
Cet ouvrage se base sur un travail de terrain de onze mois (étalés de 2002 à 2005) réalisé avec les Aïssâwa de Fès et de Meknès au Maroc. Ma recherche a fait l’objet d’une thèse de doctorat d’anthropologie sociale soutenue publiquement à l’EHESS Paris le 12 janvier 2007.
Je remercie tout particulièrement ma famille, ma femme et ma belle famille pour m’avoir soutenu à tous les niveaux au cours de cette recherche.
Bien entendu, je remercie tous mes amis Marocains et les membres de la confrérie des Aïssâwa (plus spécialement lesmuqaddem-s Haj Saïd Berrada, Haj Saïd El-Guissy, Haj Muhamad ‘Azzam, ‘Abdallah Yaqoubi, Hassan Amrani et leurs musiciens) ainsi que les descendants du fondateur de l’ordre, messieurs Sîdî ‘Allal Aïssâwî, Moulay Idriss Aïssâwî et ‘Abderrahim ben Moussa.
J’adresse un remerciement particulier aumuqaddem de la confrérie des Hamadcha ‘Abderrahim Amrani Marrakchi pour son accueil dynamique et fraternel ainsi que pour son attention minutieuse apportée à mon projet.
Enfin, j’adresse ma grande reconnaissance aumuqaddem-muqaddmin des Aïssâwa, Haj Azedine Bettahi (ainsi que tous les membres de sa famille), pour, d’une part, son hospitalité toujours familiale, et, d’autre part, l’aide indispensable qu’il m’a prodiguée tout au long de mes séjours au Maroc.
Avant-propos
Les mots arabes sont en italique, excepté lorsqu’ils sont suffisamment connus en France ou passés dans le langage courant. Ils apparaissent alors dans une transcription simplifiée (par exemple imam, Gnawa).
Le mot Aïssâwa est employé pour désigner les membres de la confrérie d’une façon générale. A l’inverse, le terme Aïssâwî est utilisé pour identifier des disciples interrogés dans le cadre de mon enquête.
Afin de faciliter la lecture j’ai utilisé le système de translittération de l’Encyclopédie de l’Islamen le simplifiant. Les voyelles longues (a, i, u) sont notées avec un accent circonflexe (â, î, û). L’article est noté « al- » mais pour certains noms propres j’ai gardé la forme locale « el- ». Les expressions phonétiques vernaculaires peuvent aller parfois à l’encontre des règles de l’orthographe et de la grammaire de l’arabe classique. J’ai donc essayé de les transcrire au plus près de la prononciation locale, par exemple la lettre « r » est employée à la fois pour lerayn (noté usuellement « gh ») et lera(noté « r »). Ainsi les motsgharb(région du nord-ouest du Maroc) et ghayta(hautbois) deviennent pour moiRarbet reta.De plus, les termes
J’ai utilisé le pluriel arabe que lorsque les mots me paraissaient être suffisamment connus du public (par exemplechurfa,‘ulamâ`). Dans les autres cas, le pluriel est formé par l’ajout d’un simple «-s » final.
Certains noms propres sont notés comme dans la plupart des textes de la littérature maghrébine d’expression francophone. Les noms des personnes qui ont accepté de témoigner sans avoir recours à l’anonymat sont écrits tels que sur leurs papiers d’identité.
Introduction
NAISSANCE DE LA RECHERCHE
C’est un intérêt personnel pour la musique maghrébine qui est à l’origine de cette recherche. Au cours de l’année 2000, alors que j’étais en Master I Sciences et Techniques en communication multimédias à l’université Paris 8, j’ai parallèlement étudié le répertoire rythmique de la musique classique du Maghreb auprès de l’ethnomusicologue libanais Habib Yamine. Cette initiation s’est complétée par un voyage d’étude de plusieurs mois au Maroc dans les villes de Rabat, Salé, Fès et Meknès. A Fès, j’ai tout d’abord suivi l’enseignement de Muhammad Briouel (directeur du conservatoire et chef de l’orchestre arabo-andalous) avant de faire fortuitement la connaissance dans un cybercafé de jeunes musiciens de la confrérie des Aïssâwa. C’est finalement auprès d’eux et de hauts responsables de l’ordre que j’ai poursuivi ma recherche, qui s’est peu à peu élargie à l’étude de la musique de la confrérie des Hamadcha. Avec le concours de plusieurs membres de ces deux confréries, j’ai créé et mis en ligne un site Internet contenant des extraits audio, des photographies et des traductions de quelques litanies 1 mystiques . J’ai immédiatement eu avec les Aïssâwî de nombreuses discussions mêlant symbolisme et technique musicale, politique, société et économie. Tout cela m’a questionné sur les modalités d’inscription du soufisme dans une société musulmane contemporaine. Une fois de retour en France j’ai consulté les sources coloniales et divers écrits ethnologiques sur les Aïssâwa à la lumière de mes données recueillies sur le terrain au Maroc (relevés musicaux, enregistrements audio et vidéo, photographies, dessins et descriptions des rituels). C’est cette étude à rebours de la littérature antérieure qui m’a incité à entreprendre une nouvelle étude sur le sujet. Après l’obtention de ma Maîtrise en juin 2001, j’ai soutenu un Master II Recherche sur le sujet à 2 l’Institut Maghreb-Europe (université Paris 8) avant de m’inscrire en doctorat à l’EHESS fin 2002.
1 http://confrerieaissawa.free.fr 2 Mon mémoire de Master II Recherche, intitulé« Les Aïssâwa du Maroc, transmission et transformations de l’ésotérique d’une culture », a été dirigé par Mourad Yelles. Ce texte, qui résulte d’une première enquête de terrain à Rabat, Salé, Fès, Meknès et
Etudié au départ à travers une passion artistique, le sujet s’est révélé occuper une place importante d’une part dans les modes de construction et d’expression des identités individuelles et collectives, et, d’autre part, dans la création de réseaux de solidarité économique. Le choix du sujet est donc l’aboutissement d’un chemin sinueux où se sont conjugués la pratique musicale et l’intérêt scientifique, ces deux facteurs m’ont révélé les tensions et les contradictions qui existent entre la situation et les discours des Aïssâwa et les représentations sociales stigmatisantes qu’ils subissent au Maroc.
LE SUJET
Le sujet de cette étude est la confrérie (tarîqa, litt. « voie ») religieuse des Aïssâwa, fondée à Meknès au Maroc par Muhammad ben Aïssâ (1465-1526 / 882-933 H.), surnommé le « Maître Parfait » (Chaykh al-1 Kâmil). Son mausolée est aujourd’hui dans lazâwiya qu’il fit bâtir de son vivant à Meknès, sainte demeure où se recueillent encore aujourd’hui plusieurs dizaines de fidèles au quotidien. Les termes Aïssâwiyya (‘Isâwiyya) et Aïssâwa (‘Isâwa), issus du nom du fondateur, désignent respectivement la confrérie et ses disciples. ème Dès le 18 siècle la confrérie essaime rapidement à travers toute l’Afrique du Nord : Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Egypte et jusqu’en Irak. En théorie le réseau confrérique est dirigé depuis lazâwiya-mère de Meknès par les descendants biologiques directs de Muhammad ben Aïssâ. Mais aujourd’hui au Maroc la véritable cellule de base de l’ordre religieux est latâ`ifa« équipe ») (« groupe », qui se présente au public sous la forme d’un orchestre musical constitué d’une quinzaine de disciples. C’est une configuration sociale exclusivement masculine, hiérarchisée et placée sous l’autorité d’unmuqaddemIl(« délégué »). existe actuellement des groupes musicaux de la confrérie dans tout le Maroc, mais ceux-ci sont en nombre particulièrement élevé dans les villes de Fès et de Meknès. Ces groupes Aïssâwa animent des cérémonies mêlant invocations
Moulay Idriss Zerhoun, est consultable à l’IME de l’université Paris 8 de St Denis et au CJB de Rabat (Maroc). 1 Le termeal-zâwiyasignifie littéralement « le coin ». C’est à la fois le lieu de résidence d’un fondateur de confrérie (ou de son mausolée) et une fondation religieuse où se pratique la méthode soufie. Lazâwiyaaccueille les réunions de groupes de disciples (syn.al-ribât, al-khânqâh, al-dergâh). 10
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