Renaud
242 pages
Français

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Description

Loubard, écologiste, père comblé, anarchiste, amoureux transi, mitterrandiste, chanteur à texte, démago, voix fausse, artiste engagé, marin, provocateur, nouveau Brassens, timide, etc. Chacun s'est construit une image du chanteur Renaud. Ce livre décrypte comment ces images ont pu s'élaborer. Qu'est-ce qui a permis au chanteur d'émerger dans l'horizon culturel et comment son image a évolué dans le temps ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2007
Nombre de lectures 243
EAN13 9782336274027
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
© L’Harmattan, 2007
9782296024816
EAN : 978229b024816
Renaud

Régis Chevandier
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Préface Introduction PREMIERE PARTIE : - LA PRODUCTION D’UNE ŒUVRE AUX FORMES CLASSIQUES ET AU TON PLUS ORIGINAL
Chapitre 1: - Un champ d’expérience culturel divers Chapitre 2: - Une production classique Chapitre 3 : - L’écriture renaldienne
DEUXIEME PARTIE : - LA MEDIATION OU COMMENT FAIRE PARVENIR L’ŒUVRE AU PUBLIC
Chapitre 4 : - Le travail de la production autour de l ’ individualisme de Renaud Chapitre 5 : - Les médias et Renaud, entre attirance et répulsion Chapitre 6 : - « Le chanteur énervant », engagé tous azimuts
TROISIEME PARTIE : - LES EVOLUTIONS DU PERSONNAGE DE « LAISSE BETON » A GERMINAL
Chapitre 7: - L’émergence d’un personnage dans le paysage culturel français (1975-1982) Chapitre 8 : - Le succès d’un chanteur populaire contre vents et marées (1983-1988) Chapitre 9 : - L’ancrage de Renaud dans l’horizon culturel hexagonal (1989-1996)
Conclusion ANNEXES ET BIBLIOGRAPHIE SOURCES ET BIBLIOGRAPHE REMERCIEMENTS
NOTE : Ce livre est tiré d’un ouvrage universitaire, un mémoire de maîtrise rédigé sous la direction de Pascal Ory, Université Paris I Panthéon-Sorbonne, soutenu en juillet 2004.
Préface
Bien que la bibliographie des principaux chanteurs français ne soit pas si mince que cela, on ne peut pas dire qu’on dispose pour la plupart d’entre eux d’une étude qui aille au delà de l’anecdote -au reste parfois de véracité douteuse- et des jugements de valeur creux. La plupart du temps, la double analyse esthétique et idéologique qui prouverait qu’on les prend enfin au sérieux fait toujours défaut.
Un progrès sensible avait eu lieu au milieu des années 60 –apogée du temps « rive-gauche », juste avant sa crise- quand la prestigieuse (à l’époque) collection « Poètes d’aujourd’hui » des éditions Seghers s’était ouverte à Léo Ferré et Georges Brassens. Depuis lors, on ne jurerait pas que la légitimation du chanteur comme poète fût totalement acquise mais les plus gros obstacles sur ce terrain semblent levés : peut-être, tout simplement, par disparition de la visibilité sociale des anciennes figures du poète... En revanche, ces chanteurs –qu’ils soient exclusivement interprètes ou qu’ils ajoutent à cette qualité indispensable celle de compositeur (souvent très aidé par un « arrangeur ») ou d’écrivain-, on est encore loin de les prendre pour ce qu’ils sont d’abord, dès lors qu’ils ont rencontré un certain succès -a fortiori un succès certain-, à savoir des héros de notre temps, aux côtés des deux autres grandes modalités du vedettariat, la sportive et l’audio-visuelle.
Il n’y a pas d’amour, il n’y a que des preuves d’amour : on ne peut pas déclarer d’un air pénétré que la chanson a conquis sa place au soleil et continuer, en fait, à la traiter, universitairement, intellectuellement, en demeurée. Il y a une « représentation du monde » chez Dranem comme chez Marianne Oswald, chez Elvis Presley comme chez NTM et dès lors qu’elle sait se faire entendre d’un large public (Elvis beaucoup plus que Marianne), elle mérite tout autant l’intérêt des sciences sociales (ici des historiens) que la production d’un Aloysius Bertrand ou celle d’Alexis de Castillon -je cite ici un poète et un musicien que j’aime bien, contrairement aux apparences- et son étude siège (devrait siéger) en égale dignité avec celle de ceux-là.

Alors, Renaud, dans tout ça ? Assurément, un auteur qui compte, de la catégorie des chanteurs qui témoignent explicitement de leur temps (les autres en témoignent implicitement) et dont, de ce fait, les chansons mais aussi les initiatives hors-disque rencontrent un écho prolongé auprès de ses contemporains. L’ouvrage de Régis Chevandier -qui fut, d’abord, un mémoire de maîtrise- est, à juste titre, sous-titré « construction d’un personnage social ». C’est dire que la dimension esthétique, si elle n’est pas oubliée, n’est pas au centre de l’enquête. ll restera, après celle-ci, encore beaucoup à dire sur le rapport entretenu par la thématique renaldienne et le patrimoine musical, français ou américain, au delà de l’anatole. Le propos de ce livre est d’abord de reconstituer d’une part la logique d’un engouement public, cristallisé autour d’une figure, elle-même évolutive, de l’autre le type de rapport que ladite figure entretient avec la société de son temps, à commencer par ce milieu décisif qu’est celui des « médiateurs » professionnels -ici les presses généraliste et spécialisée, les maisons de disques, les tourneurs et les réseaux associatifs-.
Après avoir lu ce premier essai, on comprend mieux l’identification qui a porté depuis trente ans une partie non négligeable de la société française vers l’auteur de « Mon HLM », « Morgane de toi » ou « A la Belle de Mai » -qui est aussi le chroniqueur de Charlie-hebdo ou l’acteur de Germinal. Renaud apparaît ici clairement au carrefour de deux ou trois traditions dont l’analyse systématique n’a toujours pas été faite -parmi bien d’autres chantiers qui attendent encore leur maître d’œuvre- : celle de la culture libertaire française, surreprésentée dans les formes d’expression peu légitimées du XXème siècle, du cinéma à la chanson en passant par le roman policier, celle de la chanson populiste (plus que populaire), cristallisée par Béranger et urbanisée par Bruant, enfin, tout simplement, la tradition de l’engagement intellectuel à la française, qui situe Yves Montand ou Coluche dans la même famille (celle des « intellectuels ») que Zola ou Sartre.
Pour le reste, c’est au travers de ses successifs avatars -au sens étymologique du terme- que Renaud justifie son intérêt, sinon son importance, historique. Apparu au cœur d’un temps plutôt difficile pour la « chanson française », entre l’âge d’or rive-gauchien et la génération des années 2000, dont le spectre est assez large pour aller de Vincent Delerm à M (qui, après tout, est le petit-fils d’Andrée Chédid et le fils de Louis : utilité des généalogies...) en passant par Benabar ou Sanseverino, Renaud, au contraire d’un Georges Brassens (d’un Albert Camus, d’un Pierre Mendès France,...) a tenu non parce qu’il restait (donnait l’impression de rester) « toujours le même » mais parce qu’il « a changé » (donnait l’impression de changer). Dans ce cas-là (Yves Montand, André Malraux, François Mitterrand,... ), ce qui pourrait apparaître comme retournements ou contradictions est assumé comme progression d’un individu autonome, quoiqu’en relation dialectique avec son temps. Il ne lui aura même pas manqué la qualité ultime d’être à un certain moment son pire ennemi, entre paranoïa et addiction. L’histoire d’Oscar Mériaux, racontée par Régis Chevandier à partir du Dictionnaire biagruphigue du mouvement ouvrier français -donc à partir d’informations qui étaient depuis longtemps à la disposition de tout le monde, pour peu qu’on fût un historien sérieux- devient dès lors moins un « scoop » qu’une métaphore de notre condition humaine. Bref, Renaud aura tellement ressemblé à tellement d’entre nous qu’il s’en sera plutôt rapproché qu’éloigné.

Pascal Ory
Introduction
« Tonton, laisse pas béton ». Cette publicité payée par Renaud le 7 décembre 1987, pour inciter François Mitterrand à se représenter aux élections présidentielles de 1988 dans le Matin de Paris, a marqué les esprits. Autrement que « Mitterrand ou jamais» de Gérard Depardieu le 22 décembre de la même année 1 . Cet appel fut rappelé au chanteur tout au long de sa carrière, à chaque engagement et sortie de disque. Il fut un sujet de plaisanterie à l’encontre de Renaud au sein de l’équipe de Charlie Hebdo lors de sa participation à ce journal entre 1992 et 1996. Il y intitula son hommage funèbre à François Mitterrand « Tonton m’a laissé béton » 2 . Pourquoi une telle différence de traitement dans la mémoire collective ? La pub

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