Souffle et matière
189 pages
Français

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Souffle et matière , livre ebook

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Description

Comment le cinématographe Lumière, simple attraction foraine à l'origine, en vint-il si tôt à s'apparenter aux arts ? Il fallut que la modernité reconnaisse en ceux-ci la prépondérance du matériau pour que le film se révèle puissance d'extériorisation sensorielle d'aspirations inouïes. L'action directe de l'esprit est requise afin de plier le matériau à un dessein excédant les possibilités du logos : souffle sur matière, dont les effets surpassent toute prévisibilité. D'où pellicule ensorcelée, selon l'expression de Bresson.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2010
Nombre de lectures 211
EAN13 9782296673328
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Souffle et matière
Champs visuels
Collection dirigée par Pierre-Jean Benghozi,
Raphaëlle Moine , Bruno Péquignot et Guillaume Soulez

Une collection d’ouvrages qui traitent de façon interdisciplinaire des images, peinture, photographie, B.D., télévision, cinéma (acteurs, auteurs, marché, metteurs en scène, thèmes, techniques, publics etc.). Cette collection est ouverte à toutes les démarches théoriques et méthodologiques appliquées aux questions spécifiques des usages esthétiques et sociaux des techniques de l’image fixe ou animée, sans craindre la confrontation des idées, mais aussi sans dogmatisme.


Dernières parutions


Delphine ROBIC-DIAZ, L’Art de représenter un engagement personnel , 2010.
Frédérique Calcagno-Tristant, L’image dans la science , 2010.
Marguerite CHABROL, Alain KLEINBERGER, Casque d’Or : lectures croisées, 2010.
Jean FOUBERT, L’Art audio-visuel de David Lynch , 2009.
Geneviève CORNU, L’art n’est pas un langage. La rupture créative , 2009.
Yves URO, Pauline Carton , itinéraire d’une actrice éclectique , 2009.
Bernard LECONTE, La télé en jeu(x) , 2009.
Gilles REMILLET, Ethno-cinématographie du travail ouvrier , 2009.
Jean-Paul AUBERT, L’Ecole de Barcelone. Un cinéma d’avant-garde en Espagne sous le franquisme , 2009.
Thibaut GARCIA, Qu’est-ce que le « virtuel » au cinéma ?, 2009.
Yannick MOUREN, Filmer la création cinématographique. Le film-art poétique , 2009.
Raphaëlle MOINE, Brigitte ROLLET et Geneviève SELLIER (sous la dir.), Policiers et criminels : un genre populaire européen sur grand et petit écrans , 2009.
Françoise LUTON, Peter Blake et Sergeant Pepper, 2009.
Dominique CHATEAU, Philosophie d’un art moderne : le cinéma , 2009.
Daniel Weyl


Souffle et matière
La pellicule ensorcelée


L’Harmattan
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-08251-9
EAN : 9782296082519

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
« Le maître est celui qui reconnaît dans le matériau l’œuvre qu’il peut en tirer. »
Andreï Tarkovski, Journal , 13 avril 1978
AVANT-PROPOS
Qualifier de 7 e art le cinéma revient à confondre, délibérément ou non, art avec divertissement. Celui-ci reconduit la légitimité, à le rendre désirable, du tumulte ordinaire du monde. Celui-là délivre l’esprit suffoquant dans la camisole du pensable, en éveillant ses ressources par des soulèvements qui touchent au tréfonds de l’Être. C’est dire combien cinéma et cinématographe – au sens bressonien – n’ont de commun que l’apparence, assimilable au discours narratif. Toute approche narratologique ou apparentée est donc vouée à entretenir la méprise, déniant le fondement qualitatif de la différence, où se légitime l’enjeu théorique ici proposé. Lequel suppose le lecteur consentir à d’étranges pistes relevant d’un fonctionnement de l’esprit autre que son émergence convenue, soumise à l’ordre du discours, alors que l’art requiert le choc sur le matériau du souffle ainsi formé.
Il importe donc, en faveur d’un bénéfice supérieur, de s’arracher aux puissants mythes attachés au cinéma, même si, comme l’écrivait Jean Mitry, celui-ci « n’a de raison d’être que dans la mesure où il s’adresse à un vaste public. Les œuvres d’art, dans ces conditions ne peuvent être qu’exceptionnelles ». {1}
Gageure par conséquent, s’agissant d’exception, il nous incombe ici d’affûter d’improbables outils afin de définir un idéal subsumant des objets introuvables !
Puisse à tout le moins s’y laisser pressentir la réalité de l’esprit humain tel qu’il rend ceux-ci possibles et nécessaires.
INTRODUCTION
Nous manquons de poètes, pas de techniciens. La tâche des premiers est en effet tellement contraire à tout intérêt envisageable qu’ils ne peuvent qu’être rares. Elle consiste, afin extérioriser un dessein spirituel, à façonner un matériau investi de discours, au prix de la déconstruction de celui-ci, que la technique a, elle, pour fin explicite de mettre en œuvre. Mais les conditions de possibilité du poétique sont tributaires de l’Histoire. Ainsi, la matière en général, où se puise le matériau, fut censément domptée par le triomphe de la technique, redevable aux Lumières puis à la révolution industrielle. D’où l’essor d’un art essentiellement thématique et rhétorique, qui culmina dans un certain romantisme du dix-neuvième siècle, ravalant le mystère humain à de l’immédiateté pensable.
L’art pourtant s’en est relevé avec l’avènement de la modernité. Laquelle réhabilite la matière, permettant alors à l’impensable d’informer le matériau support de discours et d’offrir à l’esprit un terrain d’épanouissement. Bref, le poétique réoccupe la place usurpée par le rhétorique. C’est à cette mutation historique que le cinématographe doit sans nul doute son fulgurant essor artistique : de ce que ce nouveau support s’affirmant comme matériau propre, ne s’est pas cantonné au rôle technique de faire-valoir des autres genres, comme il y fut tenté avec le « cinéma d’art » voici un siècle.
Glorifiée cependant par l’ Encyclopédie des Lumières puis placée au cœur de la culture par la révolution industrielle, la technique adopte aujourd’hui la forme de la promotion consumériste du technologique. Qu’on professe la « grammaire du cinéma », qu’on raffine sur le rhétorique ou qu’on interroge le rôle de la vidéo et du numérique sur l’avenir du film de cinéma, il y a offensive techniciste, dont le symptôme le plus évident est l’explosion du développement des effets spéciaux. La fascination pour la technologie elle-même est telle que certains vont jusqu’à postuler des genres artistiques nouveaux déduits a priori des technologies de pointe, telle que l’ « interactivité », avec les moyens électroniques de communication. Plus que jamais renvoyé à l’ordre technique donc, le discours sur le cinéma manque son questionnement sur l’art. Celui-ci du coup, en tant que moyen d’enregistrement du réel, est réduit au rôle d’imitation.
On est toujours tenté d’approcher ainsi de grandes questions par le petit bout de la lorgnette, dans l’illusion de maîtriser la réalité d’un objet complexe, alors même qu’on le dénature. Il y aurait donc méconnaissance du 7 e art, à laquelle, selon nous, n’échappe pas le champ théorique. Celui-ci ne s’est ni vraiment inquiété de la spécificité du matériau de son objet, ni surtout préoccupé de la dimension spirituelle, qui déborde considérablement le cadre dans lequel le sens filmique a été confiné. Ce qui ne remet nullement en cause la théorie, mais indique les impasses, qu’elle doit être capable de surmonter.
Il nous a donc semblé nécessaire de traiter la question générale de la théorie pour mettre en lumière sa nécessité d’être, et en même temps revendiquer la légitimité de notre propre projet théorique.
Il appert qu’en sciences humaines, la théorie ne se calque pas sur son objet, mais naît du croisement de plusieurs disciplines. En tant que telle, elle a affaire au tout de la science, soulevant lui-même des questions d’épistémologie. Il s’ensuit que le théoricien ne devrait pas méconnaître sa dette envers la philosophie, afin de ne pas manquer le point de vue général et les fondements présupposés comme principes de réglage de toute recherche scientifique.
Une définition de l’art en général s’imposait par conséquent avant que d’aborder le septième, lequel est avant tout envisagé ici en tant que structure poétique. Celle-ci fait apparaître six invariants structurels : matériau, technique, discours, rhétorique, éthique et poétique. La structure est celle d’une écriture , combinatoire non fondée sur la représentation, nullement linéaire mais organique, relevant d’une logique autre. De sorte que l’éthique nR

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