Ultra-peau
98 pages
Français

Ultra-peau , livre ebook

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98 pages
Français

Description

La métaphore de la peau révèle un aspect crucial du passage entre l'argentique et le numérique. Avec ce dernier, l'auteur se réfère au caractère non dermatologique de la surface numérique, du fait qu'il s'est produit sur elle une soustraction de la peau : c'est l'époque de l'ultra-peau, par opposition à l'époque de la dermatologie photographique. Nous vivons la fin de la surface contactée. Il vaut la peine de se demander ce que signifie pour nous d'abandonner les ombres et les peaux qui étaient à la base de l'expérience photographique. Quels types de subjectivités ressortiront d'un processus d'une telle ampleur ?

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Informations

Publié par
Date de parution 15 août 2017
Nombre de lectures 4
EAN13 9782140043659
Langue Français
Poids de l'ouvrage 8 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Eidos
Rodrigo Zúñiga
Ultra-peau Au-delà de la dermatologie photographique
Photographie
Série Collection
Ultra-peauAu-delà de la dermatologie photographique
ème Ce livre est le 111 livre de la
dirigée par François Soulages & Michel Costantini Comité scientifique international de lecture Argentine(Silvia Solas, Univ. de La Plata),Brésil(Alberto Olivieri, Univ. Fédérale de Bahia),Bulgarie(Ivaylo Ditchev, Univ. de Sofia St Clément d’Ohrid),Chili(Rodrigo Zuniga, Univ. du Chile, Santiago),Corée du Sud(Jin-Eun Seo, Daegu Arts University, Séoul),Espagne(Pilar Garcia, Univ. Sevilla),France(Michel Costantini & François Soulages, Univ. Paris 8),Géorgie(Marine Vekua, Univ. de Tbilissi),Grèce(Panayotis Papadimitropoulos, Univ. d’Ioanina),Japon(Kenji Kitamaya, Univ. Seijo, Tokyo),Hongrie(Anikó Ádam, Univ. Pázmány Péter, Egyetem),Russie(Tamara Gella, Univ. d’Orel),Slovaquie(Radovan Gura, Univ. Matej Bel, Banská Bystrica),Taïwan(Stéphanie Tsai, Unv. Centrale de Taiwan, Taipei) Série RETINA3 François Soulages (dir.),La ville & les arts11 Michel Gironde (dir.),Les mémoires de la violence 12 Michel Gironde (dir.),Méditerranée & exil. Aujourd’hui13 Eric Bonnet (dir.),Le Voyage créateur 14 Eric Bonnet (dir.),Esthétiques de l’écran. Lieux de l’image 17 Manuela de Barros,Duchamp & Malevitch. Art & Théories du langage 18 Bernard Lamizet,L'œil qui lit. Introduction à la sémiotique de l'image 30 François Soulages & Pascal Bonafoux (dir.),Portrait anonyme 31 Julien Verhaeghe,Art & flux. Une esthétique du contemporain 35 Pascal Martin & François Soulages (dir.),Les frontières du flou36 Pascal Martin & François Soulages (dir.),Les frontières du flou au cinéma37 Gezim Qendro,Le surréalisme socialiste. L’autopsie de l’utopie38 Nathalie ReymondÀ propos de quelques peintures et d’une sculpture39 Guy Lecerf,Le coloris comme expérience poétique40 Marie-Luce Liberge,Images & violences de l'histoire41 Pascal Bonafoux, Autoportrait. Or tout paraît42 Kenji Kitayama,L'art, excès & frontières43 Françoise Py (dir.),tpolareàrismnaéiuDmenredom-ts 44 Bertrand Naivin,Roy Lichtenstein, De la tête moderne au profil Facebook 48 Marc Veyrat,La Société i Matériel. De l’information comme matériau artistique, 1 49 Dominique Chateau,Théorie de la fiction. Mondes possibles et logique narrative 51 Patrick Nardin,Effacer, Défaire, Dérégler... entre peinture, vidéo, cinéma e 55 Françoise Py (dir.),Métamorphoses allemandes & avant-gardes au XX siècle 56 François Soulages & Sandrine Le Corre (dir.),Les frontières des écrans 58 F. Soulages & A. Erbetta (dir.),Frontières & migrations. Allers-retours géoartistiques & géopolitiques60 François Soulages & Aniko Adam (dir.),Les frontières des rêves 61 M. Rinn & N. Narváez Bruneau (dir.),L’Afrique en images.62 Michel Godefroy,Chirurgie esthétique & frontières de l’identité 63 Thierry Tremblay,Frontières du sujet. Une esthétique du déclin Suite des livres publiés dans la CollectionEidosà la fin du livre Publié avec le concours de
Rodrigo Zúñiga
Ultra-peau
Au-delà de la dermatologie photographique
Secrétariat de rédaction : Cécile Girousse, Marion Delgoulet, Gilles Picarel & François Soulages
© L’Harmattan, 2017 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-12772-9 EAN : 9782343127729
IntroductionLa photographie a toujours été une affaire de peau. Dès ses débuts, comme c’est connu, elle a maintenu une relation proche avec l’épiderme, avec le contact : l’imprégnation délicate de la lumière sur un support photosensible. Ce n’est pas étrange donc qu’une vraiedermatologie photographiqueait été à la base des discours théoriques et philosophiques les plus influents sur le médium, au cours de presque cent cinquante ans. On doit à Roland Barthes la métaphore dermatologiquemême s’il ne pouvait pas savoir qu’il — était en train d’annoncer le crépuscule de la technologie argentique, devant les premières lueurs de la révolution numérique. “ D’un corps réel, qui était là, [écrit Barthes à propos de la réception de l’image photographique par le spectateur], sont parties des radiations qui viennent me toucher, moi qui suis ici ; […] la photo de l’être disparu vient me toucher 1 comme les rayons différés d’une étoile ” . Et tout de
1 Roland Barthes,La chambre claire. Note sur la photographie,Paris, Cahiers du Cinéma, Gallimard, Seuil, 1980, p. 126.
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suite, dans un tournant fort caractéristique de son essai La Chambre claire, il ajoute : Une sorte de lien ombilical relie le corps de la chose photographiée à mon regard : la lumière, quoiqu’impalpable, est bien ici un milieu charnel, une peau 2 que je partage avec celui ou celle qui a été photographié. Une peau que je partage, une peau partagée, peau qui nous réunit, qui nous embrasse et nous accueille, qui nous contacte au cœur du paradoxe des temps qui se croisent entre eux : ainsi pensait Roland Barthes la “ certitude souveraine ” de la photographie. Dans cette rencontre entre spectateur et référent photographique, un fil de lumière prend corps et devient peau : un écran fin, un tissu délicat, impalpable, m’attache à l’image intensément, dans une étreinte amoureuse et fatale. Ce motif barthésien exprime avec force l’idée de ladermatologie photographique.Excavation qui laisse une empreinte, qui marque des reliefs, aux yeux de toute une tradition la photographie représenta une forme de contact spectral : dans sa peau fine, la lumière raccordait des temporalités hétérogènes qui, se frôlant, étaient la trame l’une de l’autre, comme un seul épiderme. La métaphore de la peau révèle un aspect crucial du passage entre l’argentique et le numérique. Avec ceci, je me réfère au caractère non dermatologique de la surface numérique, au fait qu’il s’est produit sur elle unesoustraction de la peau.Comme il en est question dans les premiers chapitres de ce texte (Les peaux liquidesetSortir des ombres), on pourrait parler de l’époque de l’ultra-peau, par opposition à l’époque de la dermatologie photographique. Nous vivrions peut-être
2 Ibid, p. 127.
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la fin de la surfacecontactée.En faisant face à des surfaces diaphanes, immatérielles, à de vraies présences des-incarnées (oupossibles numériques), il vaut la peine de se demander ce que signifie pour nous d’abandonner les ombres, la “ transmission à distance ” qui était à la base de l’expérience photographique. Quels types de subjectivités ressortiront d’un processus d’une telle ampleur ? Si le premier chapitre,Les peaux liquides,soutient cette réflexion dans un exercice de comparaison entre deux images célèbres (l’une de Diane Arbus, l’autre de Loretta Lux) que nous situons au cœur de la rupture entre l’argentique et le numérique, le second chapitre (Sortir des ombres) propose d’approfondir dans le vertige inquiétant des images d’ultra-peau en prenant appui sur le récit lui aussi célèbre d’Adolfo Bioy Casares, L’Invention de Morel. Les deux passages, dans l’effort pour déduire les dernières conséquences de l’abandon de la “ transmission à distance ” propre à la photographie, débouchent sur le même problème. Assistons-nous peut-être à la fin de l’époque du portrait ? Les nouveaux visages d’ultra-peau, à quel espace appartiennent-ils ? D’oùnous regardent-ils ?Comment nous regardent-ils, si jamais ils le font ? Avons-nous perdu pour toujours, peut-être, face à la massive désertion des technologies argentiques, la possibilité ducontactdes peaux, au sens photo-dermatologique ? Dans le même esprit de cette inquiétude, et tout en ouvrant des nouvelles pistes pour la considérer, les chapitres troisième et quatrième proposent, depuis des perspectives complémentaires, de brèves références à l’œuvre de l’artiste chilien Pepe Guzmán. Guzmán a développé uncorpusfortintéressant basé sur l’utilisation du scanner plat. La priorité duscanning, dans son travail, nous met au centre du problème de
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l’ultra-peau. Le chapitre trois,Le masque numérique, aborde une série scannographique de portraits(Retrato de un sueño transeúnte,2004), lesquels permettent une recherche sur la nature de l’étrangefrottaged’ultra-peau réalisé par l’artiste, qui module, avec ses mains, les surfaces des visages “ contactés ” à travers l’appareil. On insiste sur cette même opération au quatrième chapitre,Des yeux dactylaires, où on l’approfondit dans la conjugaison entre les yeux, les mains et le corps qui accompagnent à l’immersion du photo-topographe Guzmán au moment de scanner une autre classe d’objets (les restes abandonnés de démolitions et incendies), en étant disposés maintenant - une fois “ touchés ” par le scanner- pour être archivés et récupérés pour des nouvelles formes de signification esthétique. Enfin le chapitreL’ultra-peau propose quelques conclusions provisoires pour cette réflexion, en reprenant les aspects les plus marquants de l’argument traité aux paragraphes antérieurs, afin de projeter une lumière à propos de ce nouvel espace intermédiaire, d’une radicale immanence, lequel, avec ses avatars, a ouvert un passage inédit au champ sensible. *
Les idées proposées dans ce livre ont été développées au cours des années 2013 et 2014 dans le cadre du projet Fondecyt N° 1130016 (Conicyt, Chili) De la peau photographique à l’ultra-peau numérique. Contributions pour une analytique philosophique de l’“ apparition ” numérique au débat post-photographique contemporain.Ce livre, en conséquence, est l’un des résultats de cette recherche et il me plaît de laisser un témoignage de ma reconnaissance pour le soutien reçu de la part de Conicyt, afin de réaliser ma tâche.
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