Bilan technique du roman moderne
155 pages
Français

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Bilan technique du roman moderne , livre ebook

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Description

Cet ouvrage cherche à faire le point sur l'art du roman, en évaluant les expériences les plus décisives dans ce domaine. A partir d'un choix arbitraire de corpus qui donne la primeur à certains écrits de Luc Estang et de Paul-André Lesort, il essaie de montrer les différentes étapes de l'évolution de la création romanesque.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2010
Nombre de lectures 57
EAN13 9782296432956
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

B ILAN TECHNIQUE
DU ROMAN MODERNE
Birahim T HIOUNE


B ILAN TECHNIQUE
DU ROMAN MODERNE
Du même auteur
Les nouveaux romanciers chrétiens. Code biblique et code de l’écrivain , L’Harmattan, septembre 2010.


© L’H ARMATTAN , 2010
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-10283-5
EAN : 9782296102835

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
À la mémoire du philosophe
Sémou Paté Guèye
À mes amis de Tours
Jack Vivier,
Peggy Richard,
Abdoulaye Sarr.
INTRODUCTION
Le roman au vingtième siècle est l’aboutissement de multiples avatars. Il s’est développé et enrichi des moyens techniques de tous les autres genres. Il a cherché à diversifier ses dispositifs tout en gardant comme référence principale le XIX e siècle. Le théâtre et la poésie ont eu très tôt des codifications à travers des poétiques. La première en date, celle d’Aristote (vers 344 avant J.-C.) établit les principes essentiels de la composition {1} . Bien plus tard, l’ Art Poétique de Boileau (1674) codifiera les règles devant régir la pratique des genres, en s’appuyant sur ce qui se faisait déjà. Cet auteur a eu le mérite de mettre en forme un existant solidement constitué, mais éparpillé dans une culture exubérante. Le roman qui pourtant repose sur des principes rigoureux de composition n’a pas connu de codification préalable.
C’est qu’il s’est inspiré des genres qui l’ont précédé, dans le traitement des données essentielles du temps et de l’espace, ce qui le rapproche du théâtre et de la poésie narrative ; mais également dans la création des personnages et des caractères, ce qui le rattache aux genres de fiction comme le conte et la nouvelle. L’art de la composition dans le roman concerne, pour l’essentiel, l’intrigue qui renvoie au déroulement des événements et les caractères qui constituent l’identité des personnages. Le roman au XIX e siècle s’illustre d’écrivains importants dans la littérature française d’aujourd’hui par le volume et la qualité de leurs œuvres. Stendhal, Balzac, Flaubert, Zola ont en effet donné au roman des possibilités nouvelles à leur époque. Il est intéressant d’observer les transformations qui ont fait que des auteurs – dont l’intention affichée n’était pas de constituer une doctrine – se sont retrouvés grâce à Gustave Flaubert sur un terrain représentant le système d’idées qui évoluera vers la doctrine naturaliste avec Émile Zola.
Un bilan littéraire n’est pas un bilan financier et ne peut avoir la même assurance dans la tenue des comptabilités.
« C’est dire qu’il doit être fait à la fois de visions très générales et de détails précis qui y doivent trouver leur place {2} ».
Sans prétendre, ni à la précision du bilan médical qui appelle l’administration d’un remède ni à la rigueur du répertoire de formes, il se situera entre le panorama et le choix personnel, entre l’ordre de l’objectivité attestée et celui de la subjectivité épurée. Il y a manifestement, dans la littérature de la première moitié du XX e siècle, un mouvement constant lié à la nature des idées esthétiques et des thèmes et aux changements opérés dans la création des personnages. Vont contribuer à la redéfinition des contours du personnage romanesque les sciences en expansion, au cours de la première moitié du XX e siècle, que sont la sociologie et l’anthropologie. La sociologie s’appliqua alors à faire correspondre les structures repérées dans la vie sociale et économique et celles des œuvres de littérature, l’anthropologie se donnant, pendant ce temps, les moyens de confronter les profils classiques du personnage, à travers des types d’énoncés non consignés, avec ses représentations dans les mythes, les contes populaires, etc. qui se passent de psychologisme. Il s’agira moins de s’attaquer à des massifs déjà constitués que d’établir des liens avec des phénomènes de profondeur dont le rôle, dans l’évolution des techniques et dans les processus de mutation de la conscience morale et spirituelle, est important quoique souvent mal perçu.
CHAPITRE I Les techniques traditionnelles du roman
Elles sont présentes, pour l’essentiel, dans les romans réalistes et naturalistes qui sont demeurés les sources permanentes des romanciers du XX e siècle. Le discours romanesque traditionnel utilise en effet des moyens variés pour instaurer un cadre et révéler les personnages. L’une de ses modalités les plus courantes est constituée par la narration des événements. Ceux-ci sont généralement relatés par un narrateur adoptant le point de vue de l’omniscience ; mais il arrive que les révélations soient faites à travers le regard du héros. La description qui présente le cadre où se déroulent les existences représente, à côté de la narration, un moyen privilégié de connaissance des milieux et des personnages. Balzac s’était érigé en défenseur de la description naturaliste à laquelle Zola a attaché son nom. Le dialogue joue également, dans l’esthétique classique, un rôle majeur puisqu’il permet de faire avancer l’intrigue, de procéder à l’analyse psychologique des personnages et d’éviter, en même temps, les intrusions de l’auteur dans le récit.
I. Le pacte narratif classique
Les sources du roman réaliste se trouvent chez Gautier, Balzac, Stendhal et Mérimée dont les œuvres sont tributaires d’influences variées, provenant de l’histoire, de la littérature, mais aussi des arts et des sciences. En effet, ces écrivains évoluent dans une société bourgeoise et matérialiste où le profit est la principale tentation. Cela contribue d’ailleurs, dans une certaine mesure, au rejet des exagérations du romantisme. Attirés par les artistes vers une réaction de type classique, les écrivains manifestent plutôt un goût pour la science. Entre 1857 et 1880, on assiste au développement et à l’amplification des tendances réalistes.
Balzac pour sa part royaliste et tourné vers la religion se donne pour tâche la peinture de la société française entre trois Révolutions : celle de 1789, celles de 1848 consacrant la fin de la royauté et de 1851 par laquelle Napoléon III instaure l’Empire. Il passe en revue toutes les classes sociales et toutes les professions, montrant l’homme en proie à des passions humaines et révélant un caractère qui se modifie au gré des circonstances. Il montre que l’individu manifeste son être profond dans ses habitudes, ses tics, son physique, son costume, mais surtout son cadre de vie. Pour lui, l’univers romanesque doit se ramener à des détails et à un amas de petites circonstances. Il faut donc que le romancier ait une grande puissance d’observation et de pénétration des âmes pour atteindre une extrême précision et donner l’illusion du vrai. Balzac met en œuvre une pensée déterministe puisqu’il accepte comme postulat une relation étroite entre le milieu social et l’homme. Son art garde du classicisme le souci de la rigueur et de la clarté, mais par le lyrisme, le grossissement et l’imagination, il se rattache au romantisme. Il est surtout réaliste par son goût de la documentation.
Flaubert dans Madame Bovary, par exemple, va au-delà du réalisme subjectif et peint le paysage dans sa vérité, tel qu’il apparaît dans plusieurs endroits de France. Mais l’écrivain a pris soin de procurer le sentiment de beauté que le romancier-poète éprouve et cherche à communiquer à son lecteur. C’est donc un paysage transfiguré par le rêve et la poésie qu’il propose à travers la présentation d’un cadre naturel et le contraste de bruits légers, dans une atmosphère silencieuse. Flaubert a le don de l’observation précise, mais sa description cultive une fusion intime du réel et de la poésie. Ce qu’il reproche aux romantiques c’est de s’attacher à des aspects, parfois même invraisemblables, au lieu de peindre un monde ordinaire. De ce point de vue, il se situe dans le prolongement de Balzac.
Ainsi Madame Bovary, une fille aux origines modestes élevée dans un couvent et rêvant d’une vie policée, finit par épouser un médiocre avant de s’empoisonner. L’auteur créateur de fiction s’est efforcé de la peindre au gré des circonstances de sa vie, au lieu de prononcer un verdict sur une existence passée à rechercher un bonheur impossible. C’est que les réalistes s’abstiennent de tout jugement sur leurs personnages et sur la vie qu’ils veulent rendre dans ses aspects les plus sordides, mais aussi les plus sublimes.
Le roman naturaliste procède du roman réaliste et prétend appliquer les méthodes d’expérimentation au fonctionnement des réalités humaines. Son terrain de prédilection est le milieu populaire qui sert de prétexte pour dénoncer les injustices du corps social et justifier ses postures expérimentales. Mais, en même temps on assiste à une sorte de recul dans la création romanesque, puisque les conventions littéraires (ordre dans la composition, intrigue, perfection du style) sont négligées au nom de la vérité pure.
On peut retenir que Zola peint des existences marquées du sceau de la corruption et des âmes médiocres. Pour l’auteur de L’Assommoir, la vie est presque partout la même, grossière et misérable, et que la tâche du romancier est par conséquent de présenter des milieux gangrenés par la misère et des êtres menant des vies obscures. Germinal évoque le travail de la mine dans toutes ses rigueurs, mais Zola ne peint jamais ce contexte avec une totale objectivité, ou avec le souci de le rendre dans toute sa vérité, sans le déformer. Une puissante imagination donne un accent épique à l’existence des mineurs et beaucoup de poésie à un monde écrasé, mais redoutable par la force de changement qu’il représente.
Balzac, Flaubert et Zola ont institué des modèles de présentation spécifiques qui constituent le patrimoine narratif du roman moderne. Zola, en mettant en œuvre un roman expérimental où l’hérédité et le milieu jouent un rôle fondamental, a développé un mode descriptif approprié. De leur côté, Flaubert procède par juxtaposition d

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