Ça jamais, mon lieutenant !
86 pages
Français

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Ça jamais, mon lieutenant ! , livre ebook

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Description

"Ça jamais, mon Lieutenant" fut la réponse de Marcel Duhamel au supérieur qui lui ordonnait d'utiliser son arme contre des soldats français refusant d'obéir en raison de leur épuisement. Agent de liaison cycliste puis artilleur, Marcel Duhamel décrit son odyssée pendant la Première Guerre mondiale : course à la mer, bataille de la Marne, Champagne, Artois... Ce document contient un grand nombre d'anecdotes relatées avec précision, esprit critique et humour.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2014
Nombre de lectures 32
EAN13 9782336337364
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0474€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Mémoires du XX e siècle
Déjà parus

Xavier Jean R. AYRAL, HÉROÏSME - Jean Ayral, Compagnon de la Libération, Histoire et Carnets de guerre de Jean Ayral (18 juin 1940 – 22 août 1944), 2013.
Sabine CHÉRON, Les coquelicots de l’espérance, 2013.
Pierre BOUCHET de FAREINS, Madagascar, terre ensanglantée, 2013.
Jacques SOYER, Sable chaud. Souvenirs d’un officier méhariste (1946-1959), 2013.
Edith MAYER CORD, L’éducation d’un enfant caché, 2013.
Michelle SALOMON-DURAND, De Verdun à Auschwitz, L’histoire de mon père André Raben Salomon (1898-1944), 2013.
Robert du Bourg de BOZAS, Lettres de voyage. Avant-propos et notes de Claude Guillemot, 2013.
Marion BÉNECH, Un médecin hygiéniste déporté à Mauthausen. Portrait de Jean Bénech , 2013.
Larissa CAIN, Helena retrouvée. Récits polonais, 2013.
Lucien MURAT, Carnets de guerre et correspondances 1914 – 1918 . Documents présentés et annotés par Françoise FIGUS, 2012.
Zysla BELLIAT-MORGENSZTERN, La photographie, Pithiviers, 1941. La mémoire de mon père , 2012.
Serge BOUCHET de FAREINS, De l’Ain au Danube, Témoignages de vétérans de la 1 re Armée Française (1944– 1945), 2012.
Gabriel BALIQUE, Saisons de guerre, Notes d’un combattant de la Grande Guerre, 2012.
Jean DUCLOS, Notes de campagne 1914 – 1916 suivies d’un épilogue (1917 – 1925) et commentées par son fils, Louis-Jean Duclos Collectif-Artois 1914/1915, 2012.
Odette ABADI, Terre de détresse. Birkenau – Bergen-Belsen , nouvelle édition, 2012.
Sylvie DOUCHE, Correspondances inédites à des musiciens français. 1914-1918 , 2012.
Titre
Copyright
© L’Harmattan, 2014
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-68746-9
Citation
« On tue un homme, on est un assassin.
On tue des millions d’hommes, on est un conquérant.
On les tue tous, on est un dieu. »

Jean Rostand
Pensées d’un biologiste
Stock + Plus, 1978, p. 114
Mobilisation
« Par décret du Président de la République, la mobilisation des armées de terre et de mer est ordonnée, ainsi que la réquisition des animaux, voitures et harnais nécessaires au complément de ces armées. Le premier jour de la mobilisation est le dimanche 2 août 1914. »

Je suis mobilisable le deuxième jour. Donc, étant établi 16 rue Jouffroy, Paris 17 ème , dans les cycles et les motocycles, ce dimanche soir, je baisse le rideau de fer de mon magasin. Etant célibataire, c’est la fermeture ; il n’y a pas d’autre solution. Le rouvrirai-je ? Quand ?... J’achète chez Monsieur Laurent mon voisin, une bonne paire de brodequins en russia-calf , très bien, car les chaussures manquant à l’intendance, il est recommandé par voie de presse de s’en munir.

Lundi 3 août, deuxième jour de la mobilisation, j’arrive à Versailles où je dois rejoindre le 22 ème régiment d’artillerie, quartier des Petites Ecuries où j’ai fait mes deux ans de service actif. Je suis reçu par l’Adjudant Eude , qui était mon instructeur au peloton des sous-officiers six ans plus tôt, accompagné d’un payeur occupé à l’estimation et au paiement des chaussures ! Mon tour arrive. « Combien ? Me questionne-t-il. - Dix sept francs !... – Non ! - Mais oui, c’est le prix qu’elles me coûtent…- Donnez lui quinze francs, dit-il à son payeur » et comme cette décision est sans appel, je perds deux francs. La guerre commence mal !...Puis, enchaînant : « j’ai besoin d’un sous-officier cycliste pour l’état major du groupe, me dit-il, voulez-vous être celui-là ? » Je ne demande pas mieux. « Que dois-je faire ? - Rien pour l’instant. Je vais vous donner un bon et vous irez prendre livraison de votre bicyclette, ensuite, vous attendrez les ordres ! - Très bien ! » Je n’ai donc rien à faire : pas de pièce, pas d’hommes, pas de chevaux. Je prends contact ou pour mieux dire, je me présente au Commandant Marot , brave homme âgé qui devait prendre sa retraite en septembre, ainsi qu’au Lieutenant Chartier , son adjoint, homme jeune et dynamique qui dirigea en somme le groupe au nom du Commandant, ce qui créa pas mal de heurts avec les capitaines de batteries, conscients d’être commandés par un officier d’un grade inférieur au leur, pour peu de temps du reste, car tous deux seront tués six semaines plus tard.

N’ayant rien à faire, je prends ma bicyclette et rentre coucher chez moi à Paris d’où je repars le lendemain matin pour Versailles . Cela m’entraîne.
Vers la frontière belge
Le 22 ème régiment d’active est formé et prêt à partir. Le Général Perruchon (je crois) le rassemble sur la place d’Armes , le harangue, mais l’émotion lui enlève la faculté de s’exprimer longuement. Et c’est le départ pour la gare d’embarquement !

C’est maintenant notre tour de former nos batteries, ce seront les 24 ème , 25 ème et 26 ème batteries formant un groupe de l’artillerie de la 53 ème division de renforcement qui sera composée en plus d’un groupe du 11 ème et d’un groupe du 43 ème régiment et commandée par le Colonel Massene t, ayant comme adjoint le Lieutenant-Colonel Douis .

Nous avons tous une confiance totale en notre 75 1 . Chacun donne son opinion sur les ravages qu’il va faire dans les rangs ennemis et son appréciation sur le peu de temps qu’il faudra pour vaincre ! Le Sous-Lieutenant Magnus 2 à qui je demande dans combien de temps il pense que nous serons rentrés, me répond après réflexion : « Dans quatre à cinq mois, c’est à dire pour la fin de l’année, Noël par exemple ! » Cela reflétait bien l’enthousiasme qui régnait parmi nous qui devions déchanter peu après !

Enfin, vint le jour du départ et nous partîmes embarquer à la gare des Matelots , sous les applaudissements et les fleurs.

Le lendemain, nous débarquons à Laon , nous traversons la ville et cantonnons dans une agglomération faubourienne où nous restons en attente quelques jours, puis, par étapes, nous remontons vers le nord, la 53 ème division ayant reçu l’ordre d’assurer la liaison entre le 18 ème corps d’armée et l’armée anglaise. Vers la fin août, nous arrivons dans les environs de Vervins , puis enfin à la frontière belge au pont de Solre-sur-Sambre . Notre infanterie relève une compagnie de chasseurs à pied qui avait pour mission d’interdire à l’ennemi, l’accès de ce pont qui n’avait pas sauté. Quelques-uns de ces braves venus vers nous étaient à bout de force, leurs vêtements en lambeaux et leur équipement haché par les balles de fusil ou de mitrailleuse.

Nous voici donc à pied d’œuvre. Pour accéder à cet endroit, nous avons traversé une forêt (vraisemblablement la forêt de Jeumont). A l’orée de celle-ci, sur notre gauche, une ferme appelée, je crois me souvenir, la ferme Rouge . Elle est évacuée et les uhlans 3 sont venus la nuit précédente abattre une vache dans un herbage, l’ont débitée sur place et ont emporté les meilleurs morceaux. Il paraît, d’après certains renseignements que les auteurs de ce raid seraient actuellement dans la forêt.

De cet endroit, on découvre une certaine étendue de terrain en contrebas. L’état-major de l’artillerie est là au complet : le Colonel Massenet muni de ses jumelles inspecte le terrain ; le Commandant Marot , le Lieutenant Chartier et moi-même faisons partie de l’équipe. A l’œil nu, nous voyons évoluer à quelques kilomètres de là, des hommes se déplaçant de-ci, de-là, d’un bosquet à un autre. Le colonel et tous les officiers groupés autour de lui s’interrogent : Sont-ils français ? Sont-ils allemands ? Malgré les jumelles, il est impossible à ces Messieurs de leur attribuer une nationalité, ils sont trop loin, donc d’ouvrir le feu sans savoir sur qui on tire !... Finalement, devant tant d’hésitation, de palabres et de temps perdu, je ne puis m’empêcher de lancer à la surprise générale : « ce n’est pas difficile de savoir si ce sont des Français ou des Allemands, il n’y a qu’à y aller voir !... » et m’apprête à enfourcher ma bicyclette. Le colonel me regarde, suffoqué ; mais un capitaine de hussards (ou chasseurs à cheval) présent je pense comme agent de liaison, prend la parol

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