Carnets militaires du général Lecourbe (1794-1799)
252 pages
Français

Carnets militaires du général Lecourbe (1794-1799) , livre ebook

-

252 pages
Français

Description

De juillet 1794 à avril 1799, le général Lecourbe a rédigé un manuscrit qui comprend les ordres donnés à ses subordonnés et sa correspondance avec ses supérieurs hiérarchiques. Elle laisse entrevoir les préoccupations d'un officier général, ses soucis, ses efforts pour maintenir la discipline, mais aussi le respect des civils tout en atteignant l'objectif de tout conflit : la victoire. En 1799, c'est le tacticien de la guerre des montagnes qui apparaît.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2015
Nombre de lectures 49
EAN13 9782336366241
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1100€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

es ux
Historiques
Sébastien ÉVRARD
Carnets militaires du général Lecourbe (17941799)
Un chef de guerre dans la Révolution
Historiques Travaux
sérieTravaux
Carnets militaires du général Lecourbe (1794-1799) Un chef de guerre dans la Révolution
Historiques Dirigée par Bruno Péquignot et Denis Rolland La collection « Historiques » a pour vocation de présenter les recherches les plus récentes en sciences historiques. La collection est ouverte à la diversité des thèmes d'étude et des périodes historiques. Elle comprend trois séries : la première s’intitulant « travaux » est ouverte aux études respectant une démarche scientifique (l’accent est particulièrement mis sur la recherche universitaire) tandis que la deuxième intitulée « sources » a pour objectif d’éditer des témoignages de contemporains relatifs à des événements d’ampleur historique ou de publier tout texte dont la diffusion enrichira le corpus documentaire de l’historien ; enfin, la troisième, « essais », accueille des textes ayant une forte dimension historique sans pour autant relever d’une démarche académique. Série Travaux Yann GUERRIN,La France après Napoléon, 2014. Émilienne LEROUX,Histoire d’une ville et de ses habitants, Nantes. De 1914 à 1939,Tome II, 2014. Émilienne LEROUX,Histoire d’une ville et de ses habitants, Nantes. Des origines à 1914,Tome I, 2014. Eric AGBESSI,Ce qu’en disait le Sud. La loi sur les droits civiques de 1964 : perspectives et arguments des opposants au projet,2014.Annie BLETON-RUGET,La Bresse bourguignonne. Les e e dynamiques d’un territoire. XVIII -XXI siècle, 2014.Jean-Michel PARIS,L’Humanitaire (1841), Naissance d’une presse anarchiste ?, 2014. Sébastien ÉVRARD,L’or de Napoléon. Sa stratégie patrimoniale (1806-1814), 2014. Eva PATZELT,Un haut fonctionnaire est-allemand aux prises avec l'intelligentsia (1963-1989), 2014. Edouard BARATON,De Gaulle ou l’hypothèque française sur le Canada, 2013. Anne METENIER,! La résistance desLiberté pour les Noirs Africains-Américains à la ségrégation et à l’esclavage (1619-1865), 2013.
Sébastien ÉVRARDCarnets militaires du général Lecourbe (1794-1799) Un chef de guerre dans la Révolution
Du même auteur e L’intendant de Bourgogne et le contentieux administratif au XVIII siècle. Paris, de Boccard, 2005. Les campagnes du général Lecourbe (1794-1799). Paris, L’Harmattan, 2011. e Une troupe de choc dans la Grande guerre : le 20 corps d’armée à travers le témoignage d’un officier d’artillerie. Serpenoise, 2011. L’or de Napoléon. Sa stratégie patrimoniale (1806-1814).Paris, L’Harmattan, 2014. Les Tables de la loi : de l’argile au numérique. Paris, L’Harmattan, Collections Logiques Juridiques, 2014.© L’HARMATTAN, 2014 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Pariswww.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-02552-0 EAN : 97823430025520
Avant-propos Dès avril 1792 s'ouvre en Europe une guerre continentale qui embrase le continent européen et qui va durer près d’une génération, pour s’achever à Waterloo en 1815. Mais entre ces deux dates, que d’épopées, de drames et de succès ont jalonné la marche des armées françaises. Si cette époque reste à bien des égards fascinante, c’est d’abord parce qu’elle a suscité le réveil de talents dissimulés et qu’elle a donc permis d’extraordinaires ascensions sociales qui n’eussent, dans l’ancienne société bousculée en 1789, pas été possibles. Ensuite, cette guerre a conduit à l’irrésistible essor du modèle français ; derrière les armées conquérantes, on trouvait en effet des juges, des administrateurs, des collecteurs d’impôt. Bref, tout ce qui forme l’ossature d’un État, lui permet de vivre et de se faire obéir des populations qu’il domine. Le présent ouvrage cherche à dresser l’itinéraire d’un homme qui, à travers ses réflexions, ses joies comme ses peines, est emblématique de la révolution armée. En effet, issus d’un milieu à la fois militaire et robin, Claude-Jacques Lecourbe fait ses premières armes comme simple soldat en contractant un engagement dans l’armée royale. Là, durant sept e années, il sert dans Aquitaine-Infanterie – plus tard 35 régiment d’infanterie – et connait l’épreuve du feu dans les Indes, précisément au moment même où le bailli de Suffren connait la gloire dans sa campagne navale contre ses adversaires britanniques. Sitôt dégagé de ses obligations (1785), l’ancien militaire soutient un père très âgé ; la Révolution saura lui offrir – comme à des milliers d’autres – un horizon très différent et reconnaitra tous les talents, pourvu qu’ils soient républicains. Cela étant, sa destinée telle qu’elle s’inscrit dans le Carnet d‘ordres, n’embrasse qu’une partie seulement de l’épopée républicaine et impériale : le récit tel qu’il est présenté ne débute qu’en juillet 1794, au lendemain de la célèbre victoire de Fleurus – à laquelle le personnage a participé avec sa brigade -, et s’achève en mars 1799, au moment même où commence la spectaculaire campagne d’Helvétie. Promu général de division en mars 1799, Lecourbe est ensuite, en octobre suivant, promu au commandement en chef d’une des plus réputées armées, celle du Rhin. Il en laisse le commandement à Moreau et devient l’un de ses lieutenants-généraux (1801-1802). En 1802, il exerce les fonctions d’inspecteur-général de l’infanterie dans trois divisions militaires. À la suite du procès er Moreau (février-juin 1804), Napoléon I le met à la retraite et Lecourbe doit alors se retirer dans le Jura. En avril 1814, réintégré par les Bourbons 5
dans l’armée, Lecourbe, fait comte en janvier 1815, est de nouveau inspecteur-général d’infanterie. Lors des Cent-Jours, rallié à l’Empereur, e il prend le commandement du Corps d’observation du Jura (devenu le 8 corps) et résiste victorieusement aux Autrichiens à Belfort. À travers près de cinq cents ordres qu’il a personnellement donnés, et qui témoignent de ses ambitions, de ses ordres comme des échanges parfois houleux qu’il entretient soit avec ses subordonnés, soit encore avec ses supérieurs hiérarchiques, le Carnet d‘ordres nous révèle l’armée en profondeur, c’est-à-dire dans son intérieur, sans protection de ce qui viendrait de l’extérieur. Il offre donc un regard intime sur un monde certes disparu, mais dont nous sommes les héritiers.
6
Introduction La découverte d‘un manuscrit autographe relatif aux guerres de la Révolution menées par un général français est en soit une agréable surprise. Elle l’est d’autant plus que ce haut gradé, Lecourbe (1759-1815), s’il n’a pas laissé de souvenirs, laisse indéniablement sa marque et ses pensées à travers la centaine de pages dans ce texte qu’il nous a laissé. Ensuite, si certains passages ont fait l’objet d’une publication passée, ils l’ont été dans des livres très anciens aujourd’hui introuvables et certains passages avaient été tronqués ; or le texte tel que nous le présentons dans son intégralité apporte des renseignements de premier plan tant sur l’histoire des mentalités que sur celle des activités militaires, particulièrement pour la période qui concerne 1797-1799. Il apparaissait donc opportun d’en favoriser l’édition, accompagnée d’un appareil critique et de notes pour en faciliter la compréhension. Hélas, le manuscrit comporte deux lacunes : d’une part, il s’achève en mars 1799 et laisse donc le lecteur imaginer une suite, au milieu des farouches combats qui ensanglantent le territoire helvétique. Ensuite, il existe une absence temporelle sous la forme d’une absence d’ordres durant une vingtaine de mois (de septembre 1795 - vendémiaire an IV – jusqu’à novembre 1797 - vendémiaire an VI) Cela étant, ce qui subsiste encore remplit bien son office qui consiste à révéler de l’intérieur l’armée républicaine de l’an II. Ces détails tels qu’ils apparaissent parfois crûment nous montrent une armée souvent éloignée des schémas officiels ; telle qu’elle devrait être et non pas telle qu’elle était en vérité. Ainsi, tout ce qui relève de la discipline, de la condition des troupes (armement, équipement, alimentation, solde) nous révèle une armée souvent traversée par la rébellion, la lassitude, la désertion, la rapine, tous fléaux des armées en campagne. Dans ce cadre, ces éléments nous confirment que le chef qui guide l’unité ne peut pas toujours accomplir de miracle pour améliorer le sort des soldats qu’il commande. Néanmoins, le chef peut insuffler le souffle du succès, il peut gonfler ses troupes et leur montrer le chemin de l’ambition en prêchant l’exemple ; c’est ce spectacle qui saute aux yeux quand on lit les ordres donnés pendant la campagne d’Helvétie aux sept mille soldats de sa division. Là, on voit un chef de guerre émerger dans les pires conditions, se frayer un chemin victorieux, accomplir de hauts faits d’armes – souvent en nette infériorité numérique, avec des troupes sous-alimentées, mal armées et non soldées - et devenir un redoutable tacticien de la guerre des montagnes. C’est comme une sorte de prodige qui apparait en Helvétie et qui redonne du moral aux troupes républicaines passablement 7
malmenées en ce difficile an VII (sur le théâtre italien comme en Allemagne). Quant aux recettes qui permettent d’expliquer ce miracle, elles reposent – le lecteur pourra s’en convaincre – sur quatre facteurs décisifs : la ruse, l’effet de surprise, le moral, la discipline. D’une part, le moral et la discipline. Or, si l’on remonte à l’an II, on se rend bien compte que ces deux facteurs sont sans cesse remis en cause. C’est particulièrement vrai lors du siège de Luxembourg, où le moral de l’armée semble être très faible ; dans une lettre qu’il adresse à son frère magistrat, le général Lecourbe émet ses états d’âme sur le conflit et fait part de sa profonde lassitude. Il est vrai qu’à ce moment, la guerre dure depuis près de trois ans. Mais Lecourbe a bien compris que sans morale et sans discipline, l’armée ne valait rien parce que sa combativité, son esprit de corps sont trop faibles pour espérer l’emporter. D’où de longues litanies sur l’indiscipline et la désobéissance aux ordres, ce qui montre les limites de cet exercice qui consiste à donner ses ordres sans être entendu. Tout changera dans les hauteurs de l’Helvétie où, sans ravitaillement et confrontée aux dangers de la guerre des montagnes, la division Lecourbe laissera un nom dans l’histoire de la guerre. Là, non seulement elle donnera la preuve de sa cohérence, mais en plus elle récoltera les fruits de sa rigueur à obéir aux ordres. Elle fera ainsi preuve d’un indéniable courage, à telle enseigne que Clausewitz comparera ces valeureux – et victorieux - soldats républicains à de «l’acier trempé». En définitive, sur ce point, Lecourbe, en réclamant inlassablement la discipline chez ses hommes, fait preuve de courage : au besoin, il punit les officiers coupables de manquement et il prêche ainsi l’exemple auprès des petits gradés comme des simples soldats. C’est, en fait, la référence implicite à Sun Tzu qui conseillait d’éviter aussi bien la complaisance que les peines excessives ; il fallait certes punir mais avec mesure et exemplarité : « Un général qui n’ose punir, qui ferme les yeux sur le désordre, qui craint que les siens ne soient toujours accablés sous le poids du travail, et qui n’oserait pour cette raison leur imposer, est un général propre à tout perdre. Ceux d’un rang inférieur doivent avoir des peines ; il faut toujours avoir quelque occupation à leur donner… Punissez avec sévérité, mais sans trop de rigueur. Procurez des peines et du travail, mais jusqu’à un 1 certain point ». Ensuite, reste le facteur temps qui agit sur le succès français ; Lecourbe a parfaitement compris l’élément décisif que constituait l’effet de surprise : il s’agit de frapper fort et vite, précisément là où personne ne 1 SUN TZU,L’art de la guerre. Éditions Mille et une nuit, 1996, p. 79. 8
vous attend. Pour maîtriser ce facteur, Lecourbe use de l’espionnage et du renseignement en s’appuyant sur des guides locaux qui connaissent parfaitement les conditions du terrain. À cet égard, c’est l’application concrète de ce que préconisait Sun Tzu dans sonArt de la guerre: « Ayez une connaissance exacte et de détail de tout ce qui vous environne ; sachez où il y a une forêt, un petit bois… un lieu marécageux, une montagne… enfin tout ce qui peut servir ou nuire aux troupes que vous commandez. S’il arrive que vous soyez hors d’état de pouvoir être instruit par vous-même… ayez des guides locaux sur lesquels vous 2 puissiez compter sûrement ». Pour ce faire, il s’agit aussi bien d’encourager les hommes à collecter des renseignements qu’à recruter des civils chargés de «missions d’éclairage». Autrement dit, Lecourbe, dans ses ordres, met en place un système d’espionnage militaire dans lequel les civils ont un rôle primordial. Encore faut-il relever qu’un pareil système repose d’une part sur des recrutements savamment choisis, mais encore sur l’emploi de sommes en numéraire pour offrir des gratifications aux impétrants. Or, au même moment, la désorganisation du service de l’administration militaire entrave la mise à disposition de ces fonds, de sorte que Lecourbe avance les sommes dont il a besoin, quitte à se faire rembourser par la suite de ses avances. De toute évidence, ce recours à l’espionnage explique une part des succès militaires ; en se donnant les moyens de connaître et les forces et le dispositif de défense de l’adversaire, le rédacteur duCarnetdispose de connaissances approfondies qui lui permettent de préparer un plan d’attaque bien calculé. Enfin, le troisième facteur résulte de la ruse : savoir dissimiler ses forces tout en connaissant parfaitement celles de l’adversaire. Il s’agit donc de voir sans être vu. En ce qui concerne les destinataires des ordres tels qu’ils apparaissent, ils sont adressés en quasi totalité à des militaires ; si des civils sont présents, c’est parce qu’ils servent de relais à l’autorité militaire et leur intérêt est donc épisodique. Parfois, ces correspondances sont savoureuses, telle cette lettre que Lecourbe adresse au Directoire de la République helvétique et dans laquelle il dénonce les agissements des représentants civils de ce gouvernement. Concernant les correspondants militaires, c’est-à-dire les personnes destinataires des ordres écrits, ils se partagent de manière presque égale entre le haut militaire et les officiers subalternes. Avec ces derniers, de véritables liens d’amitié se nouent, tandis que les liens se relâcheront 2 Ibidem, p. 64 9
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents