CESAIRE
179 pages
Français

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CESAIRE , livre ebook

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Description

Pour qui se demande à quoi peut servir aujourd'hui la poésie de Cesaire, "surrealiste impénitent", cet ouvrage apportera des réponses -pas toujours faciles-, mais pertinentes et, souvent, "d'une profondeur abyssale": l'auteur se concentre sur "le poète inaugural de la modernité negro-africaine" et sur son oeuvre entière, qui est "mobilisée par la conscience et l'émotion d'avoir à affronter une histoire désormais devenue mondiale", et où "cette ténébrante préoccupation de l'Histoire baigne l'entier de l'oeuvre qu'elle innerve jusque dans ses composants intimes, créant un courant continu d'écriture".

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2005
Nombre de lectures 77
EAN13 9782336271002
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

CESAIRE
Fondation d'une poétique

Mamadou Souley Ba
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
© L’Harmattan, 2005
9782747593823
EAN : 9782747593823
Sommaire
Page de titre Page de Copyright Présentation Avant-propos Introduction - un processus de production en situation 1 — UN VOLUME SIGNIFIANT EN PERPÉTUELLE DÉSINSERTION. 2 — LA TRANSCROISSANCE GÉNÉRIQUE 3 — MOI, LAMINAIRE... SUPPLÉMENT AU MODE DE LECTURE Conclusion - La configuration d’un ordre textuel autonome Orientation bibliographique - Œuvres d’Aimé Césaire. CRITIQUE LITTERAIRES ET ESSAIS
“Choses écartez-vous faites place entre vous Place à mon repos qui porte en vague Ma terrible crête de racines ancreuses Qui cherche où se pendre” 1
Césaire, p 277, CP 6.
Présentation
Il existe déjà nombre d’ouvrages et d’articles critiques sur l’œuvre d’Aimé Césaire aux USA comme au Canada, en France comme aux Antilles, au Brésil comme en Allemagne. De même en Afrique (Nigeria, Cameroun, Côte d’Ivoire, Sénégal, Congo...)
Mais il est rare qu’un collègue nous propose sur cet auteur majeur de la francophonie une étude d’un niveau de langue si soutenu, d’une telle densité et d’une vue si pénétrante, en utilisant uniquement l’outil critique pointu de la sémiotique textuelle.
Mamadou Ba le manipule comme un laser, avec une extrême précision. Il l’introduit au cœur même de la démarche poétique de Césaire, se collant au texte avec exemples à l’appui, il y débusque le « forcènement de la langue », le « marronnage des formes » et la « pénétration déconstructrice ». Cette entreprise de négation radicale, le lecteur la ressent comme coups de grisou et explosions volcaniques ; Mamadou Ba en démonte les processus verbaux, syntaxiques, lexicaux, en détecte les modes et les techniques.
Mais pour Mamadou Ba, « cet intarissable procès soustractif » est nécessaire pour qu’émerge l’autre dimension du projet césairien : la requalification historique de la collectivité négro-africaine. Et dès lors, il étudie avec la même efficacité comment le poète recompose dans ses textes un nouvel espace de parenté, des marques d’alliance, des marques de reconnaissance « le fil rouge de mon sang, de ma raison, de mon droit ».
Comment dans ce « lieu des liens », Césaire attire le lecteur, le piège et le transforme, non tant pour raviver la mémoire ou le passé de la race, que pour la « révéler à elle-même et mieux anticiper l’avenir ».
« C’est d’une stratégie du signe qu’il s’agit » écrit encore Mamadou Ba ; « le lecteur se découvre prophétisé par un poème qui lui fournit le mode de lecture de l’Histoire... dont les aberrations sont renversées et directement réinscrites dans un autre système signifiant ».

Une dernière qualité de ce travail est la conclusion qu’il en tire pour l’Afrique. « Il faut en passer par Césaire. Le destin de la littérature africaine demeure étroitement lié à l’aventure singulière de ce nom propre » écrit Mamadou Ba et pour celui qui s’en étonne, il précise :
« Nous appartenons encore à l’époque qu’ouvre et encercle l’œuvre césairienne, et cette appartenance nous définit... Et, pour avoir irrémissiblement balisé des points de non-retour,... pour tout ce qu’elle provoque ou interdit, pour tout ce qu’elle déplace de notre rapport à l’Histoire, l’œuvre d’Aimé Césaire par sa force de rupture et d’inauguration, cadastre tout notre territoire. »
Pour qui a lu Césaire, et l’a aimé un peu, beaucoup, pour qui l’a compris un peu, ou pas mal, pour qui ne l’a pas lu mais s’interroge sur son envergure internationale, pour qui se demande à quoi peut servir aujourd’hui la poésie de ce surréaliste impénitent, la lecture de l’ouvrage de Mamadou Ba apportera des réponses — pas toujours faciles — mais pertinentes et, souvent, d’une profondeur abyssale...
Lilyan Kesteloot
Avant-propos
Portique inaugural de toute l’entreprise d’écriture africaine telle qu’appelée à se déployer, l’œuvre poétique d’Aimé Césaire ouvre un espace de questionnements, d’où n’ont cessé de surgir les questionnements propres à la communauté africaine et à sa diaspora. En condensant toutes les problématiques de cette communauté pour en faire sa problématique intime, l’œuvre césairienne constitue le “pour dire” de la culture africaine, à la fois pierre d’angle et pôle de référence. La question qui s’y agite est celle-là même de la possibilité de cette littérature et du cours qu’elle devrait prendre, engageant avec elle celle du mode de lecture de toute cette singulière production littéraire, écrite en français et qui n’a cessé de clamer, sur un mode quasi-litanique, la réalité de sa spécificité.
Sous ce registre, l’œuvre poétique d’Aimé Césaire offre, comme dans une expérience de laboratoire, la plus puissante tentative de ressaisissement d’une culture dans la compréhension de ce qui précisément la dessaisit. Jamais le devenir d’une communauté n’a été lié aussi indissolublement non pas uniquement à l’écriture d’un procès (celui de l’impérialisme en l’occurrence), mais au procès complexe d’une écriture qui joue à différents niveaux et se donne des moyens et des enjeux multiples 2 , C’est dans, à travers et par l’écriture poétique réglant son rapport pratique à une conjoncture déterminée pour s’ajuster à sa propre fin, que s’accomplissent du même coup la requalification d’une culture et l’amorce d’un autre rapport à l’Histoire.
Moment initial et initiateur de ce mouvement d’édification d’un continent littéraire nouveau, Cahier d’un retour au pays natal teste dans une euphorie fondatrice, c’est-à-dire vérifie leur réalité, des matrices formelles et symboliques que cette littérature aura pour tâche d’affirmer et de déployer. Le caractère instituteur de ce premier recueil (au sens où il pose les bases de cette littérature) réside moins cependant dans la mise en place d’un matériel symbolique que dans l’instauration silencieuse d’”un cahier de charges” (Valéry), c’est-à-dire d’un système de contraintes sans lesquelles cette parole nouvelle ne peut se tenir.
Cette littérature, née de l’expérience unique d’un assujettissement sans précédent, a circonscrit toutes les questions autour de la question unique de la spécificité culturelle. C’est pourquoi l’expression “identité culturelle” a émergé, prétendant consigner l’ensemble des thèmes et des intentions de cette écriture, recouvrant en fait l’impuissance à nommer et à concevoir ce qui est en jeu véritablement. Cette “identité culturelle”, affirmée et déclinée selon tous les modes possibles se révèle à l’analyse introuvable. Le postulat implicite, qui a conditionné cette focalisation de points aveugles étant qu’une littérature vouée exclusivement à la recherche d’une parole autonome en résonance avec sa tradition culturelle, ne saurait que se confondre avec cette tradition. Singulière illusion d’optique qui veut savoir par avance ce que recouvre un processus en cours, et qui condamne inévitablement à manquer le travail producteur de texte, en lui supposant une homogénéité et un irénisme qu’il ne possède ni ne postule, et en lui soustrayant toute la tension dont il est porteur.

D’où la nécessité de retravailler tous les termes de la question, et de les remettre en jeu dans un espace tout autrement distribué, afin de se dégager des évidences et de donner la priorité au texte. Ressaisir le texte comme frayage producteur, donc comme procès historicisé, dialectisé et possédant sa dynamique propre, c’est tenter de concevoir une poétique qui ne peut être autre qu’une poétique du décalage, d’où de l’intérieur d’un milieu culturel autre, le texte cherche à s’assurer d’un lieu d’énonciation propre.
Tout l’effort du texte poétique césairien vise à inscrire une présence culturelle (négro-africaine en l’occurrence) au sein d’une “formation signifiante” qui précisément la nie. Et c’est cette totalité conflictuelle d’écriture qui ne cesse de ramener l’attention à la réalité textuelle, dans son épaisseur et dans la matérialité de son accomplissement, qui détermine très exactement la spécificité de cette littérature.
Les recherches récentes en linguistique et en sémiotique, en développant les connaissances scientifiques portant sur l’ensemble des modes de symbolisation ou de production des significations, permettent de recentrer l’analyse sur le texte poétique comme tel, sur les procédures productrices qui en rendent possible l’existe

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