Ecritures algériennes
134 pages
Français

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Ecritures algériennes , livre ebook

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Français

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Description

Cet essai interroge les écritures d'écrivains et d'écrivaines d'Algérie ou simplement habitées par l'Algérie, sous l'angle du genre, en cherchant à déceler du féminin ou du masculin à l'oeuvre et à faire apparaître concrètement dans les textes la combinaison inévitable du sexe et du genre. Ce sont huit figures très représentatives des écritures de ce pays, toutes identités et tous sexes confondus qui nous accompagnent au cours de ce vagabondage littéraire : Isabelle Eberhardt, Albert Camus, Kateb Yacine, Leïla Sebbar, Rachid Mimouni, Rabah Belamri, Malika Mokkedem et Maïssa Bey.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2012
Nombre de lectures 34
EAN13 9782296480483
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Écritures algériennes

La règle du genre
Créations au féminin
Collection dirigée par Michèle Ramond

La nouvelle collection accueille des essais valeureux sur ce « féminin » que les créations des femmes comme celles des hommes construisent dans le secret de leur fabrique imaginaire, au-delà des stéréotypes et des assignations liées au sexe. Nous ne nous limitons pas, même si en principe nous les favorisons, aux écrivains et aux créateurs « femmes », et nous sommes attentifs, dans tous les domaines de la création, à l’émergence d’une pensée du féminin libérée des impositions culturelles, comme des autres contraintes et tabous.
Penser le féminin, le supposer productif et actif, le repérer, l’imaginer, le théoriser est une entreprise sans doute risquée ; nous savons bien cependant que l’universel est une catégorie trompeuse et partiale (et partielle) et qu’il nous faut constamment exorciser la peur, le mépris ou l’indifférence qu’inspire la notion de féminin, même lorsqu’elle concerne l’art et les créations. Malgré les déformations simplistes ou les préjugés qui le minent, le féminin insiste comme notion philosophique dont on peut difficilement se passer. Cette collection a pour but d’en offrir les lectures les plus variées, imprévues ou même polémiques ; elle prévoit aussi des livres d’artistes (photographes, plasticiens…) qui montreront des expériences artistiques personnelles, susceptibles de faire bouger les cadres et les canons, et qui paraîtront sous forme de e-books.


Dernières parutions

Catherine PÉLAGE, Diamela Eltit. Les déplacements du féminin ou la poétique en mouvement au Chili, 2011.
Michèle RAMOND, Quant au féminin. Le féminin comme machine à penser, 2011.
Séverine HETTINGER, Mémoires d’une poupée allemande. Pièce philosophique en deux Actes et dix Tableaux, 2011.
Jeanne HYVRARD, Essai sur la négation de la mère, 2011.
Michèle RAMOND, Masculinféminin ou le rêve littéraire de Garcia Lorca, 2010.
Christiane Chaulet Achour


Écritures algériennes

La règle du genre
© L’Harmattan, 2012
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-56900-3
EAN : 9782296569003

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Introduction
C ET ouvrage propose une lecture active sous l’angle du genre en recherchant sa présence dans les textes littéraires. Ces lectures ont, bien entendu, la prétention de dire autre chose mais aussi de modifier notre statut de lecteur/lectrice, en sachant que rien n’est vraiment spontané dans cette activité mais aux trois-quarts profondément culturel car nous sommes à la fois enrichis et alourdis par les conditionnements de notre formation et de notre environnement.

Mon propos est de lire des écrivaines et des écrivains sans attendre de découvrir une spécificité de l’écriture de chacun des sexes mais en sachant que, même si féminin et masculin sont à l’œuvre dans toute création, la dominante sexuée de l’énonciatrice ou de l’énonciateur doit bien avoir une incidence sur la mise en texte et l’écriture. Ce positionnement de lecture peut nous faire visiter de façon différenciée les sites de la littérature.

L’ouvrage qui suit, outre l’homogénéité de son choix de lecture, a tenu à construire un ensemble d’illustrations prises dans le même contexte, celui de l’Algérie, sur l’ensemble du XX e siècle, en en visitant huit figures très représentatives, en une sorte de vagabondage littéraire en leur compagnie. L’option prise d’une lecture « genrée » explique que la suite des analyses prennent comme ordre l’année de naissance de l’écrivain pour aller des aînés aux plus contemporains car la notion de génération a aussi à voir avec la perception que nous avons du sexe et du genre en littérature.

Sur la nécessité d’une lecture « genrée », on ne pouvait trouver meilleur exemple que celui d’ Isabelle Eberhardt (1877-1904) : elle pose, au tout début du siècle, la question de l’assignation à un genre, elle qui a vécu et écrit dans la porosité du féminin et du masculin. L’interprétation avancée s’appuie sur quelques-uns de ses textes, non édités de son vivant et publiés, pour certains d’entre eux, dans la presse : Mes Journaliers, Au pays des sables, Sud Oranais et également son roman inachevé, Trimardeur. Nous avons pris appui, pour cette œuvre qui n’a pas encore d’édition critique, sur la réédition proposée chez Joëlle Lodsfeld pour le centenaire de sa mort.

Notre étape suivante de lecture est consacrée aux œuvres de jeunesse d’ Albert Camus (1913-1960) : en plus de correspondances, L’Envers et l’endroit et Noces. Nous essayons de montrer que la masculinité de l’écriture peut se lire entre l’expression conventionnelle et l’aveu masqué. Le regard sur la mère, cette sacralisation tant exaltée par la critique, apparaît comme très partagée en Méditerranée. Il est reflet d’une fidélité plus que d’une réalité vécue. Si, plus tardivement, le théâtre parvient à camper des femmes partenaires – ni mère, ni séductrice –, les premières fictions sont toutes imprégnées d’une masculinité familière pour l’époque et le contexte, et les romans qui suivront, comme le montre une courte incursion dans les personnages féminins de La Peste, ne dérogeront pas à ce point de vue.

L’approche proposée de l’écriture de Kateb Yacine (19291989) traverse plusieurs références dont celle, incontournable de Nedjma, et celles moins connues des pièces de théâtre. Ce sont les personnages féminins et leur mise en texte que nous interrogeons. Le personnage de Nedjma est bien l’expression d’un lyrisme au masculin que seule la puissance poétique du verbe katébien transforme en beauté, l’arrachant à une expression de la femme assez récurrente en poésie, fascination et piège. La force poétique sublime la banalité de l’anecdote et de la perception de la relation amoureuse assez différente des prises de position féministes du citoyen Kateb. Prises de position, plus aisément investies dans les pièces de théâtre où le dramaturge met en scène des femmes exceptionnelles de l’Histoire du passé pour dire le poids et le désir de liberté des femmes dans le présent qu’il ne parvient pas à fictionnaliser. Les contradictions entre discours et créations se retrouvent chez nombre d’écrivains algériens. Mais la lucidité de Kateb, sur cette contradiction qu’il a formulée, explique qu’ils comptent tant d’héritières. Deux d’entre elles sont visitées, Yamina Mechakra et Leïla Sebbar.

Notre quatrième étape est précisément consacrée à cette dernière, Leïla Sebbar (1940). Son lectorat connaît sa fascination pour la photographie. C’est sur un exemple de celle-ci que nous nous arrêterons : aimantée véritablement par l’album de Marc Garanger, Femmes algériennes 1960, édité en 1982, la romancière n’a cessé de lire et d’écrire sur ces photos prises pendant la guerre et de transmettre son point de vue. Photographies dérangeantes, elles méritaient une analyse pour elles-mêmes et aussi pour comprendre le regard que Leïla Sebbar porte sur elles et comment elle les inscrit – elle n’est pas la seule, Nourredine Saadi les sollicite également –, dans des nouvelles et récits. Ce jeu de regards croisés entre les photographiées et le photographe, entre le photographe et les écrivains, apparaît comme un échange musclé et subtil entre le féminin et le masculin sur fond de guerre.

Rachid Mimouni (1945-1995) et Rabah Belamri (1946-1995), romanciers de la même génération sont visités au chapitre 5 pour faire apparaître leur manière de construire leurs personnages féminins. Deux démarches totalement différentes investissent ce même « objet » d’enquête et d’écriture. Pour Rachid Mimouni, les personnages féminins sont toujours secondaires, typées et peu ménagés ; parfois touchants mais toujours victimes. Le roman choisi est celui de 1984, Tombéza. Du côté de Rabah Belamri, le rapport aux personnages féminins apparaît

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