Haïti et les autres
141 pages
Français

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Haïti et les autres , livre ebook

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Description

L'événement historique par lequel les Haïtiens ont ébranlé l'édifice colonial pour forger une nation a exercé et continue d'exercer un énorme pouvoir d'attraction sur l'imaginaire des écrivains. Dans des genres différents - roman, théâtre, poésie, essai -, des écrivains de sensibilités fort diverses se sont exercés à l'écriture de l'événement unique de l'histoire moderne qu'est la Révolution haïtienne. Malgré leurs différences, on s'aperçoit que les textes littéraires sur Haïti forment un corpus plus ou moins cohérent qui détient ses règles, ses mythes, son langage.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2011
Nombre de lectures 22
EAN13 9782296456075
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Haïti et les autres
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-542341
EAN : 9782296542341

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Marie-Denise Shelton


Haïti et les autres


La révolution imaginée


L’Harmattan
Espaces Littéraires
Collection dirigée par Maguy Albet


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Pour mes filles
Pour la Terre-Mère, Haïti
I NTRODUCTION
Le vingt-et-unième siècle se veut le siècle de la mémoire. Se rappeler, commémorer, témoigner, autant d’actes par lesquels on exhume des histoires enfouies, occultées par l’histoire officielle. Ainsi on voit apparaître sur les rayons des librairies des ouvrages nouveaux sur l’esclavage et la colonisation. Des textes quelque peu oubliés du passé, tels Le Code Noir ou L’esclavage des Nègres de Condorcet, sont aussi republiés dans des éditions nouvelles et pas chères. Les instances politiques et internationales, elles, ont remis la question coloniale à l’ordre du jour. Déjà en 1997 l’Unesco proclamait le 23 août "Journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition". En 2001, est promulguée la loi française, dite Loi Taubira, qui "reconnaît la traite et l’esclavage du XVe au XIX siècle en tant que crime contre l’humanité". En 2006, la date du 10 mai est retenue pour "honorer le souvenir des esclaves et commémorer l’abolition de l’esclavage". En France, le Comité pour la mémoire et l’histoire de l’esclavage, créé par décret le 6 mai 2009, remplace le Comité pour la mémoire de l’esclavage établi en 2004. L’école et l’université un peu partout tentent de lever le voile sur ces pans de l’histoire. Et sur cette trame se déploie la polémique entre défenseurs de la mémoire menacée et ennemis de la ‘repentance’. Les vieilles querelles se rallument. Dans la presse parlée ou écrite, journalistes, historiens, écrivains, philosophes s’affrontent, parfois dans des débats passionnés, pour défendre l’une ou l’autre position. Quoi qu’il en soit, les faits historiques de l’esclavage et de la colonisation sont entrés dans la conscience moderne. L’oubli et le doute ne semblent plus permis.
On remarque de même un intérêt renouvelé pour Haïti, sa révolution et son histoire. En 2004, le 200 e anniversaire de l’indépendance haïtienne avait fait l’objet de nombreux colloques, conférences et expositions un peu partout dans le monde. On notera ironiquement que l’événement était passé presque inaperçu en Haïti en raison d’une crise politique particulièrement aiguë. Le séisme terrible du 12 janvier 2010 devait également rappeler au monde entier le destin singulier d’Haïti. Si bien qu’aujourd’hui Haïti se définit dans l’imaginaire collectif à partir de deux événements cataclysmiques : sa Révolution qui aboutit à l’indépendance de 1804 et le récent désastre du tremblement de terre. On ne peut plus parler d’Haïti sans évoquer l’un ou l’autre de ces deux événements. Dans le cadre de cette étude, il ne s’agira que du premier, la Révolution. Le second, le séisme, apparaîtra sans doute au fil de l’analyse en filigrane, entre les lignes. Aujourd’hui, le monde regarde Haïti à cause de son malheur mais aussi et surtout parce qu’il demeure de par son histoire le symbole d’une promesse, d’un idéal qui touche l’humanité entière.
Haïti, de fait, occupe une place d’exception dans l’histoire : première république noire du monde, deuxième république des Amériques, théâtre de la seule révolte d’esclaves réussie de l’histoire, Haïti incarnait par sa révolution les valeurs fondamentales modernes de liberté, d’égalité et de justice. Il y a comme qui dirait une exception haïtienne. Déjà du temps de la colonie, Saint-Domingue, le futur Haïti, se distingue parmi les autres terres d’esclavage. Appelé La Perle des Antilles, il est l’emblème de l’hégémonie française dans les Amériques. Pendant plus d’un siècle, Saint-Domingue sera le trophée que la France protège jalousement de la convoitise de ses adversaires anglais et espagnols. Au 18 e siècle où des conflits armés opposent les nations européennes dans des guerres cruelles, l’enjeu que représente Haïti est crucial. C’est comme si le fait de posséder Saint-Domingue voulait dire dominer le monde. Saint-Domingue deviendra ainsi une sorte d’Eldorado vers lequel se ruent les nations, les marchands et les aventuriers de tous poils. L’exploitation du sucre, du café, du coton, du cuir que la colonie produisait à profusion renflouait le Trésor français et attisait la convoitise de tous. C’est bien ce que souligne C.L.R. James dans la préface à la première édition (1938) des Jacobins Noirs : « En 1789, les deux tiers du commerce extérieur de la France se faisaient avec sa colonie antillaise de Saint-Domingue, laquelle représentait le plus grand marché de la traite européenne des esclaves. La plus grosse colonie du monde, fierté de la France et objet de convoitise de toutes les autres nations impérialistes, faisait partie intégrante de la vie économique d’alors. Tout cet ensemble reposait sur le labeur d’un demi-million d’esclaves. » {1}
La France met en place un puissant dispositif militaire, juridique et diplomatique pour maintenir son contrôle sur une source de richesses considérables. La mobilité de ses armées, le Code Noir et les Traités de toutes sortes consolident son pouvoir et jugulent les menaces internes et externes. Cela s’explique. De fait, c’est de Saint-Domingue que dépendait l’équilibre économique et politique de la France et au même titre son autorité, dirait-on, mondiale. Saint-Domingue alors symbolise une époque de prospérité, l’illusion du triomphe du colonialisme et du système esclavagiste. C’est également le lieu où l’imagination des hommes a projeté le plus de fantasmes et de rêves de richesses et de bonheur. Mais en 1791, un pas décisif est franchi. Les anciens esclaves de Saint-Domingue entrent violemment sur la scène politique pour redéfinir la donne. La logique manichéenne selon laquelle l’esclave noir serait l’éternel vaincu et le maître blanc l’éternel vainqueur est battue en brèche. C’est l’ébauche d’un nouveau monde qui exalte les uns et fait peur aux autres. Du 19 e siècle à aujourd’hui, la littérature a voulu rendre compte de l’événement par lequel un soulèvement d’esclaves se transformant en révolution défiait le cours de l’histoire moderne.
L’événement historique par lequel le

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