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Description
Sujets
Informations
Publié par | L'Harmattan |
Date de parution | 01 juin 2010 |
Nombre de lectures | 86 |
EAN13 | 9782296263246 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 2 Mo |
Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
HISTOIRE DE LA LITTÉRATURE
ET JEUX D’ÉCHANGE
ENTRE CENTRES ET PÉRIPHÉRIES
Les identités relatives des littératures
Cahiers de la Nouvelle Europe
12/2010
Série publiée
par le Centre Interuniversitaire d’Études Hongroises
Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3
Directeur de la publication
Patrick Renaud
Secrétariat de Rédaction
Sophie Aude
Péter Balogh, Eva Havu, Judit
Maár, Martine Mathieu, Traian Sandu
1, rue Censier
75005 Paris
Tél : 01 45 87 41 83
Fax : 01 45 87 48 83
Sous la direction de
Jean Bessière et Judit Maár
HISTOIRE DE LA LITTÉRATURE
ET JEUX D’ÉCHANGE
ENTRE CENTRES ET PÉRIPHÉRIES
Les identités relatives des littératures
Préface de Jean Bessière
Cahiers de la Nouvelle Europe
Collection du Centre Interuniversitaire d’Études Hongroises
N° 12
L’Harmattan
Dernières parutions
Judit MAÁR
Poétique du fantastique, N° 1, 2004
Traian SANDU
Identités nationales, identité européenne, visibilité internationale, Hors série, 2004
Traian SANDU
Illusion de puissance, puissance de l’illusion. Histoire et historiographie de l’Europe Centrale entre les deux guerres. N° 2, 2005
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Frontières de l’histoire littéraire. N° 8, 2008
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Langues et identités finlandaises. N° 9, 2009
Catherine MAYAUX Janos SZÁVAI
Problématique du roman européen (1960-2007). N° 10, 2009
Patrick RENAUD
Les situations de plurilinguisme en Europe comme objet de l’histoire N° 11, 2010
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-12553-7
EAN : 9782296125537
Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
CENTRE ET PÉRIPHÉRIE
Points de vue littéraires
Quelques notations en guise de préface
Jean Bessière
On entend ici clarifier l’usage des termes de centre et de périphérie dans les études littéraires, sans caractériser, de manière typologique, les réalités qui leurs correspondent. Cette clarification procède d’une double manière : selon le rapprochement du doublet « centre-périphérie » avec des termes et des notions qui sont, en histoire littéraire, ses synonymes – cela dessine des ambivalences dont il faut dire la spécificité – ; selon une relecture du doublet « centre-périphérie », dans une perspective plus proprement contemporaine. Cette clarification n’entend pas être une clarification ultime, mais suggérer un usage relativement restreint du doublet « centre-périphérie » en histoire littéraire.
I. Des doublets, des synonymes et de la spécificité des synonymes
Les notions, les réalités, attachées aux termes de centre et de périphérie, ne sont pas des références constantes dans les études littéraires ; elles ne sont pas même fréquentes. Le doublet « centre-périphérie » peut cependant être d’un usage relativement lâche. On distingue ainsi des littératures de plus ou moins grande importance par le nombre et l’impact des œuvres publiées. On sait que cette distinction est indissociable du statut des langues et des pays de ces œuvres. On aime ainsi rappeler la centralité de la littérature française en Europe au XVIII e siècle ; il faut tout autant rappeler celle de la littérature italienne à la Renaissance, celle de la littérature espagnole du Siècle d’Or. On aime poursuivre le long d’une ligne historique, qui permet d’identifier d’autres centres des littératures européennes, des littératures de langues européennes – on aurait ainsi, au XIX e siècle, une double centralité, selon la littérature allemande, référable à l’Allemagne et à l’empire austro-hongrois, et selon la littérature anglaise, indissociable d’une nation impériale. Poursuivre cette histoire des centralités dans les littératures européennes et de langues européennes conduit inévitablement, aujourd’hui, si l’on considère, sans aucun commentaire, les termes de « world fiction » et de « littérature-monde », au constat de l’effacement, au moins pour les littératures écrites dans certaines langues, de la reconnaissance explicite de la dualité du centre et de la périphérie dans l’hypothèse que cette dualité a été explicitement et d’une manière assez étendue reconnue par les écrivains et par la critique. Le rappel de cette simple ligne historique des littératures européennes et des littératures de langues européennes est remarquable : il indique le caractère transitoire de tout jeu « littéraire » du centre et de la périphérie ; il suggère que les notions et les réalités, attachées au doublet « centre-périphérie », sont fort relatives ; il montre que l’identification de situations de production et de lecture littéraires selon ce doublet n’est que l’image d’un moment historique. L’identification de cette image a, dans cette histoire littéraire des littératures européennes et des littératures de langues européennes, deux conditions nettes : celle d’une hiérarchie des littératures, qui ne recoupe ni nécessairement ni exactement le doublet « centre-périphérie », et qui se reformule dans les réalités et les figures de la domination ou de l’asservissement. Que cette histoire littéraire, que l’on décide de lire suivant la dualité du centre et de la périphérie, s’achève aujourd’hui dans l’affirmation de la « world fiction », de la « littérature monde », impose un constat, intéressant en lui-même : cette affirmation peut autant se lire comme celle de l’égalité de toutes les littératures, écrites dans des langues que l’on dit cependant centrales (l’anglais et le français), que comme celle de la continuation du pouvoir littéraire des centres européens à travers la dissémination de leurs réalisations – par le biais des écrivains des pays extérieurs à l’Europe.
Le doublet « centre-périphérie » serait ainsi une lecture spatiale, géographique, de faits de domination linguistiques, culturels, littéraires les moyens de cette domination sont fort divers. Ainsi, de la « world fiction » et de la « littérature-monde » contemporaines, on ne sait si elles traduisent la fin du centre et la victoire des dominés ou, comme on le dit de la globalisation, l’évidence des pouvoirs unipolaires de quelques centres culturels. Il est remarquable que le choix de cette affirmation ou celui de cette évidence traduisent ultimement des positions idéologiques des écrivains : ceux qui se reconnaissent internationalistes – Salman Rushdie, Alain Mabanckou – ne croient guère qu’il y ait à reconnaître des promesses de libération à lire selon un jeu du centre et de la périphérie ; ceux qui ne se reconnaissent pas internationalistes pensent que l’histoire et l’histoire littéraire se poursuivent localement et que toute histoire locale de libération est une histoire qui se distingue de l’histoire, telle que la ferait lire la globalisation, telle que la feraient lire les jeux du centre et de la périphérie. Mongo Beti illustra ce choix du local, comme l’illustrent aujourd’hui les écrivains africains qui entendent s’attacher à des réalités politiques, définissables d’abord suivant leurs circonstances et leurs conditions africaines.
Cette synonymie du doublet « centre-périphérie » et des notions de hiérarchie et de domination s’explique aisément. On sait que ce doublet a été